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<I>Une lettre pour Laye</I> : Les députés de la Gnagna et le triple assassinat de Pièla

Publié le vendredi 1er décembre 2006 à 07h45min

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Cher Wambi,

Petit à petit, le centre politique de la capitale, et donc du Burkina, est en train de se déplacer à Ouaga 2000. Comme tu le sais déjà, une présidence qui brille de mille feux a été construit à Kosyam, et comme il faut bien se rapprocher du prince, les ministères et les ministres déménagent dans cette zone futuriste objet de tant de controverses.

Pour les uns, elle fait la fierté de la ville et du pays, pour les autres, c’est la face émergée de la corruption et de l’impunité indécente dans nos contrées où la majorité de la population croupit dans une misère crasse.

Mais en fait, du moment que ceux qui nous gouvernent et tous ces "mogos puissants" de l’économie et de l’armée peuvent s’y retirer et nous laisser avec notre vieux Ouaga, il faut les y encourager, cher cousin. Mais quand je vois tous ces immeubles qui poussent de terre, je ne puis m’empêcher de penser, cher Wambi, qu’ils manquent, pour la plupart, terriblement d’originalité.

C’est du béton et de l’acier massif, ce sont des carreaux partout alors que je me suis laissé dire que l’architecture est l’une des sept formes artistiques majeures et que tout ce qui s’y rattache doit être empreint d’originalité et de créativité et refléter, autant que faire se peut, nos valeurs culturelles.

De ce point de vue, les concepteurs du palais de Kosyam semblent y avoir pensé. En effet, cher cousin, quand il m’arrive de passer vers là-bas et de le regarder avec mes yeux de profane, j’ai comme l’impression qu’il est surplombé au milieu par un grand bonnet avec de part et d’autre un petit bonnet. Serait-ce donc ce fameux bonnet (rouge), symbole de chefferie dans certaines ethnies du Burkina ?

C’est fort possible même si d’aucuns pourraient y voir cette conception nabale du pouvoir dont on accable régulièrement les tenants du régime. Mais une œuvre d’art, c’est aussi cela. Une fois qu’elle est conçue, elle est livrée pour ainsi dire à la critique voire à la psychocritique.

Quoiqu’il en soit, les ministères qui ont les terrains à Ouaga 2000 gagneraient à s’inspirer de notre architecture locale pour éviter d’ériger des buildings d’une banalité affligeante. En disant cela, je pense surtout au ministère des Affaires étrangères qui voit défiler ambassadeurs, consuls, membres de gouvernements étrangers et qui, plus que tout autre département, est la vitrine du Faso.

Alors n’allez pas nous construire sur cette parcelle bien située un monstre de béton et d’acier qu’on pourrait retrouver à Hong Kong, Paris ou Dubaï ; mais sortez-nous quelque chose d’original et de typiquement burkinabè qui peut s’inspirer par exemple de l’habitat traditionnel kasséna, peulh, lobi, etc., dont la réputation a parfois franchi les frontières du Burkina.

Déjà que la voie royale, si on peut dire, qui mène à la nouvelle présidence est pavée de centaines de plants de ce majestueux baobab bien de chez nous, il ne manquerait plus que l’environnement immédiat jure avec cet environnement local. Mais si ça se trouve, le chef de la diplomatie burkinabè y a déjà pensé.
Mais passons cher cousin.


Alors qu’ailleurs à travers le Faso les différents conseils municipaux issus du scrutin du 23 avril s’activent, à qui mieux mieux, pour l’effectivité de la décentralisation et de la communalisation intégrale, à Pô, la capitale du Nahouri, les électeurs doivent reprendre le chemin des urnes.

La crise née de l’élection du maire PAI, Henri Koubizara, avait provoqué, tu te rappelles, la dissolution du bureau communal en Conseil des ministres le 7 septembre 2006.

Depuis, c’est le préfet de Pô qui assure l’évacuation des affaires courantes. Dans l’arène, les formations politiques en présence devront impérativement se soumettre au verdict des urnes.

J’ai hâte, en tout cas, de savoir le sort que les électeurs réserveront au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), sorti majoritaire au soir du 23 avril, mais grand perdant de l’écharpe du bourgmestre du fait des querelles intestines internes. Rude sera la bataille, j’en suis sûr, et nous ne sommes pas au bout tant de nos surprises que des déceptions.

De sources proches du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, il me revient que la dernière date retenue pour les consultations partielles à Pô est celle du 18 février 2007. A quelque deux mois des élections législatives, n’est-ce pas, cher cousin une campagne dans la campagne ?


En attendant, dans tous les partis qui composent la faune politique burkinabè, les militants excellent toujours dans leur sport favori, le nomadisme. Même le parti présidentiel, le CDP tu comprends bien, n’en est pas épargné bien que quelque part certaines démissions aient habilement été habillées du manteau de l’exclusion.

De sources dignes de foi, à la suite du député Léonard Massimbo du Zoundwéogo qui s’en est allé créer le Rassemblement populaire des citoyens (RPC), une autre grosse pointure s’apprêterait à faire ses adieux au mégaparti : il s’agirait du député Mamadou Christophe Ouattara de Diébougou, qu’on annonce dans les prochains jours à l’UPR du député Toussain Abel Coulibaly.

Si cela venait à se confirmer, cher cousin, les prochaines législatives prendraient l’allure d’une bataille de frères ennemis, les démissionnaires du CDP soutenant toujours et à jamais Blaise Compaoré, le grand Sachem. De là à penser que la mouvance présidentielle pourrait devenir majoritaire...


Dans la province de la Gnagna, la tension ne cesse de monter, suite à l’assassinat, dans la nuit du 28 au 29 octobre dernier, de trois ressortissants de Piéla par des éléments de la police. Ne dit-on pas que mieux vaut prévenir que guérir ? J’ai vu à cet effet circuler une lettre de députés, toutes tendances confondues, à l’adresse du ministre de la Sécurité. Vu la qualité de ses signataires et l’urgence du problème soulevé, je t’en propose la teneur :
- Député Yarga Larba (CDP)
- Député Lankoandé Diakobga Juste (CDP)
- Député Lankoandé Folga Ildevert (ADF/RDA)
- Député Bangou Yienignia Aimé (UPR)
- Député Lankoandé Djingri Fidèle (PDP/PS)

A

Monsieur le Ministre de la Sécurité OUAGADOUGOU

Objet : Suite à l’assassinat de 3 ressortissants de Piéla (28-29/10/2006)

Monsieur le Ministre,

Nous venons par la présente vous saisir de la situation très préoccupante qui prévaut dans la province de la Gnagna et particulièrement dans le département de Piéla, suite à l’assassinat de trois (3) habitants à l’instigation du directeur provincial de la Police de la Gnagna : il s’agit de Djolgou Yarga et de ses deux employés Bandambé Lankoandé et Hamsonguin Mano.

Dans la province, c’est la consternation générale et un deuil a été observé à Piéla durant les jours qui ont suivi ces actes crapuleux commis pour récupérer des biens du nommé Djolgou Yarga, acheteur d’or notoirement connu et conseiller municipal depuis fin avril 2006.

Du reste, la situation antérieure qui a prévalu en juin-juillet 2005 au Commissariat de Piéla reste présente dans la mémoire collective. Et le Commissaire actuel de Piéla, qui connaît suffisamment les habitants et les notables, dont faisait partie Djolgou Yarga, est suspecté de complicité.

Par la présente et vu ce qui couve dans la ville de Piéla, nous venons vous suggérer :

a) qu’une enquête indépendante pour faire la lumière sur cette macabre affaire soit diligentée (si ce n’est déjà le cas) ;

b) de relever de toute urgence le Directeur provincial de la Police nationale (DPPN) et le Commissaire de Piéla de leurs fonctions en attendant que les enquêtes nous situent sur toutes les responsabilités et les suites judiciaires à y donner.

Les 2 perquisitions faites au domicile de Djolgou Yarga n’obéissent à aucune légalité ; non seulement les policiers n’étaient pas munis de mandat de perquisition, et même si c’était le cas, aucun membre de la famille n’a été accepté pour suivre l’opération ; cela ne peut qu’accréditer la thèse d’une volonté d’accaparement illégal des biens matériels et financiers du regretté Djolgou Yarga.

Nul ne peut prévoir ce qui sortira des concertations dont les échos nous parviennent. En effet, ceux qui aident à apaiser la situation risquent d’être débordés d’ici là, d’autant plus que certaines personnes à Piéla et dans d’autres départements les accusent de faiblesse et de laxisme.

Au regard de son domaine d’activités, l’intéressé disposait d’armes, mais celles trouvées à son domicile ont été acquises par lui légalement (excepté le fusil de traite que son défunt père lui a laissé). La rapidité avec laquelle ces assassinats sont intervenus (alors même que des voleurs identifiés et remis à la police de Piéla y séjournent depuis plusieurs semaines sans que le Procureur du Faso n’en soit saisi) d’une part, et l’écrit fait par la police provinciale pour induire en erreur d’autre part, suscitent l’indignation ; une simple affectation courroucerait davantage les Gnagnalais.

Et nul ne peut prévoir le comportement de certains éléments de la population. Dans cette attente et avec l’espoir de contribuer à désamorcer la tension, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de nos sentiments distingués.

Ampliations :
- Premier ministre
- Maire de la commune de Piéla

Aux dernières nouvelles, cher Wambi, il m’est revenu que le directeur provincial de la police nationale (DPPN) de la Gnagna et le commissaire de police de Piéla ont tous été affectés ailleurs, mais pas relevés de leurs fonctions.


Toute autre chose, cher cousin : tu connais le problème de chefferie qui dure à La-Toden depuis l’intronisation de Naba Tigré en 2003. Sache que depuis mardi dernier, alors que Naba Tigré voulait sacrifier à sa traditionnelle cérémonie coutumière appelée "Sudinga", les opposants se sont armés de gourdins et d’armes blanches pour encercler le marché, histoire de l’empêcher d’accomplir le reste des rites qui devaient s’y dérouler.

Comme on aime à le dire, mieux vaut prévenir que guérir. C’est ainsi que le commandant de brigade (CB) de gendarmerie a demandé un renfort à Ouahigouya qui n’a pas hésité à y dépêcher un contingent.

Tout porte à croire que les autorités aussi bien coutumières qu’administratives manquent de courage pour mettre définitivement fin au problème. Pourtant, officiellement, c’est le Naba Tigré qui est cité comme chef de La-Toden. Récemment à la cérémonie du cinquantenaire de l’école de la mission catholique, dans la préséance au niveau des discours, tous ont reconnu un seul chef, le Naba Tigré, qui a d’ailleurs échangé des cadeaux avec certaines notabilités, notamment le Larlé Naba Tigré, son homologue, et le ministre Odile Bonkoungou.

Il a également été invité à remettre des prix à des lauréats. Pourquoi alors, continue-t-on au niveau local à lui opposer une résistance qui ne semble plus relever du bon sens ? On susurre qu’il y aurait des complices et pas des moindres dans les milieux politiques et même parmi certains hauts gradés de l’armée. A quelle fin ? Certaines sources accréditent la thèse d’apparenté plutôt qu’autre chose. Mais on gagnerait, pour l’unité des filles et fils de La-Toden, à résoudre cette équation royale.


Avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher cousin, parlons show-biz : retiens ton souffle, car ce qui suit pourrait être l’événement musical, sinon artistique de cette fin d’année. Eh oui, Fatou Diendéré serait en studio pour proposer son premier opus aux mélomanes.

Tu ne t’es pas trompé, cher cousin, il s’agit bien de l’honorable député, la dame de fer du Passoré. Mais rien d’étonnant pour qui se rappelle qu’aux lendemains du 4 août 1983, elle incarnait déjà les "Colombes de la révolution". Pour sa sortie sur la scène musicale, qui d’autre que le coaching de Tall Mountaga et de Seydoni Production pour lui assurer un franc succès ?


Le programme Alpha de la Coopération suisse au Burkina était à l’honneur le 18 septembre dernier à New York. Au cours d’une rencontre internationale organisée par la Maison-Blanche et coachée par Laura Bush, en présence de son mari George Walker et de la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice, le Programme que coordonne Mme Koumba Boly/Barry a en effet été retenu, en même temps que des initiatives du genre émanant de six pays (Inde, Afrique du Sud, Afghanistan, Mali, Brésil et Egypte), comme faisant partie des meilleures pratiques mondiales en matière d’alphabétisation.

Le Burkina y était représenté par Chantal Compaoré l’épouse du chef de l’Etat, Odile Bonkoungou la ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA) et par Tertius Zongo, ambassadeur auprès des Etats-Unis. Selon des sources concordantes, Mme Boly qui est intervenue la dernière aurait fait la meilleure présentation, et Laura Bush, ambassadrice de l’UNESCO pour l’alphabétisation, n’a pu contenir son enthousiasme et a chaleureusement congratulé la présentatrice.

Puis elle a embarqué séance tenante les membres du panel sur l’alphabétisation et l’indépendance économique des femmes (dont faisait partie la représentante du Burkina) pour une visite au New York stock exchange (N.Y.S.E.), entendez la bourse de New York.

Là, Dame Boly a appelé les magnats de l’économie américaine à beaucoup s’investir dans le développement des pays pauvres, car le tout n’est pas de faire le show et d’organiser des rencontres, mais de transformer les paroles en actes concrets. Bravo, Mme Boly !


Si c’était un garçon, on aurait dit que la relève est assurée au sein des Etalons du Burkina. A moins que ce soit une future Princesse de Mme Karama. Car, l’attaquant de pointe de l’équipe nationale de football, Moumouni Dagano, est depuis le mardi 27 novembre 2006 père d’une charmante fillette. Un joli cadeau de sa ravissante épouse Safi. Celle qui fut Miss Burkina il y a quelques années de cela a accouché à Montbelliard en France. A sa naissance, Ashley comme ses parents l’ont prénommée pesait 3 kg 635 et mesurait 54 cm.


La caravane du Sahel est devenue depuis 1997 un des événements majeurs de la vie culturelle de notre pays. On se souviendra encore de cette randonnée ghanéenne en 2005 où les caravaniers ont fait un ressourcement dans le célèbre village de Gambaga.

A partir de demain, le département d’Aline Koala lance à Diapaga la 8e édition de cette caravane qui devrait parcourir Diapaga, Pama, Ouargaye et Bittou. Il faut souligner qu’outre les lauréats de la Semaine nationale de la culture et des Grands prix nationaux, qui constitueront le plateau artistique tournant qu’est la caravane, le ministère en charge de la Culture fait cette année une ouverture aux festivaliers privés. Il faut rappeler que la caravane du Sahel constitue jusqu’à l’heure actuelle un des cadres institutionnels privilégiés en matière de promotion des musiciens aussi bien modernes que traditionnels.


Demain samedi 2 décembre 2006, Sa Majesté le Dima de Boussouma célèbre sa fête coutumière, dénommée "Naab-Kitoaaga". En marge des réjouissances au programme, l’Association des jeunes pour le développement de Boussouma vous convie à une conférence publique suivie d’une exposition d’objets anciens qu’elle organise demain samedi à partir de 9h dans la salle de cérémonies du Centre des loisirs de Boussouma.

Le thème qui y sera développé par le Dr Poussi Sawadogo, enseignant-chercheur à l’Institut diplomatique et des relations internationales de Ouagadougou, est intitulé "Histoire du royaume de Boussouma : des origines à nos jours". Le développement nécessitant aussi la maîtrise de l’histoire, vous y êtes cordialement invités.


Le 10 décembre 2006, sera célébrée la fête des grands-parents. A cet effet, l’Association Générations solidaires organise du 8 novembre au 10 décembre 2006 une campagne d’actions pour les personnes âgées, dénommée "CAPA 2006", avec au menu plusieurs activités : tontine afin de venir en aide aux personnes âgées, en détresse, formation en conseil sur le VIH/Sida et la prise en charge des personnes victimes ou affectées par la maladie. Vieux et vieilles de tous les âges, cette manifestation est la vôtre.

C’est le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, qui a été choisi pour parrainer ces activités dont le clou sera le gala d’hommage aux personnes âgées pour donner de la joie aux personnes du 3e âge. Pour la participation au gala, il y aura des conditions très abordables pour les "vieux et vieilles", voire une entrée gratuite.

La séance de sports et d’exercices corporels a eu lieu hier jeudi au stade municipal, avec la participation des agents de l’administration et aussi de la presse. J’allais oublier : Daouda Traoré, le directeur général du Laboratoire national de santé publique (LNSP), et également président de l’Association Générations solidaires, me charge de te préciser que le gala d’hommage et de solidarité avec les personnes âgées aura lieu le dimanche 10 décembre 2006 à 19h 30 sur le site du SIAO.

Retiens bien la date du 10 décembre, car ce sera chaque année à cette date que les personnes du 3e âge seront à l’honneur, à l’instar des journées internationales de la femme, de l’enfant, de la jeunesse et que sais-je encore.


Autre événement culturel majeur au seuil de l’année 2007, c’est incontestablement le "Festival international de la culture, des arts et les journées du chapeau de Saponé", prévu pour janvier. C’est une heureuse initiative de l’Association Servir la Vie/Viim Nifu (ASVN), qui bénéficie déjà du soutien des plus hautes autorités du Faso. Sibiri Nestor Samné et les siens nous ont promis ce festival.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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