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Adoption d’enfants : Le chemin de croix d’une Burkinabè de France

Publié le vendredi 25 août 2006 à 07h39min

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Elle s’appelle Maryse Kaboré et réside en France depuis 1974. Prise de compassion pour une orpheline de mère de 2 ans du nom de Nadine Sanou, dame Kaboré décide de l’adopter. Si tout se passe sans difficulté au Palais de justice de Ouaga, ce n’est pas le cas à l’ambassade de France au Burkina où elle se heurte depuis 2005, à un refus de délivrance du visa à l’enfant qu’elle compte amener en France.

Ne sachant plus à quel saint se vouer, Mme Kaboré est venue nous conter son calvaire le 21 août dernier.

La petite Nadine sur les genoux, ses 2 autres filles à ses côtés, Mme Kaboré a retracé sa rencontre avec l’orpheline et ses démarches pour l’adoption. Tout a commencé, dit-elle, un jour où elle a rendu visite à sa cousine au quartier Dapoya de Ouaga. Dans la cour de cette dernière, elle trouve entre les genoux de sa parente, une fillette du voisinage. Spontanément, elle l’a prise et a eu un coup de foudre pour l’enfant, poursuit-elle.

Renseignements pris auprès de la cousine, la fillette a perdu sa maman, qui l’a mise au monde à 15 ans, et vit avec sa tante qui a du mal à bien s’occuper d’elle. Sans moyens, celle-ci envisageait d’envoyer la petite, dont le père est inconnu selon Mme Kaboré, dans un orphelinat. Ce ne serait pas tout à fait intéressant, estime notre interlocutrice qui s’est proposée d’adopter l’enfant. La tante n’ayant pas trouvé d’objection, l’enfant est amenée au service de Mme Kaboré qui l’a même présentée à ses collègues comme sa future fille.

Aux bons soins des Kaboré

De juillet à septembre 2005, Nadine Sanou est restée chez les Kaboré. Dans le laps Maryse Kaboré, en vacances au pays, fait établir un acte de naissance à l’enfant qui n’en disposait pas et cela dans l’optique de l’adopter. Avec l’acte de naissance, une demande de tutelle est introduite au Tribunal de grande instance de Ouaga qui n’y trouve pas d’inconvénients. Mme Kaboré devient donc la tutrice légale de la petite Nadine qu’elle compte amener en France à la fin de ses vacances. A cet effet, une demande de visa d’une durée de 1 an pour l’enfant est introduite à l’ambassade de France.

Refus catégorique du service visas de l’ambassade sans explications, selon la demandeuse. Il lui est suggéré de faire une adoption internationale à partir du moment où elle vit en France. Pour ce faire, il y a d’abord une demande d’agrément pouvant prendre 6 mois et sans certitude d’un aboutissement favorable à faire, précise-t-elle. Mais cela n’enchante pas l’ancienne employée d’Air Afrique qui compte bientôt rentrer au Burkina pour rejoindre son mari qui y est déjà installé.

Une autre suggestion faite est l’adoption locale. Là aussi Mme Kaboré n’est pas très enchantée car, dit-elle, cela désavantagerait la petite qu’elle ne pourra pas amener en France. Ses vacances tirant vers la fin, Maryse Kaboré confie Nadine Sanou à une de ses cousines qui s’est occupée d’elle de septembre 2005 à juin 2006, date de son retour au pays.

De nouveau à l’ambassade

Aussitôt rentrée, Mme Kaboré retourne à l’ambassade de France pour, dit-elle, s’expliquer et espérer obtenir gain de cause. Mais, c’est peine perdue jusque-là. Il n’est toujours pas question de délivrer un visa à la petite, et il lui est même conseillé de la confier à un orphelinat ; chose dont elle ne voudrait pas entendre parler.

En outre, on lui fait savoir que donner un visa à l’enfant serait faire un détournement de mineure, confie-t-elle, toute triste. Jusque-là, elle pensait que l’ordonnance du tribunal lui accordant la tutelle de l’enfant allait lui faciliter la tâche, ajoute-t-elle. "La tutelle ne donne pas droit à un visa", lui fait-on savoir à l’ambassade malgré l’ordonnance pour laquelle elle dit avoir été prévenue que l’ambassade est souveraine dans l’appréciation.

Mais ce qui est désolant est la non- reconnaissance manifeste de cette décision de justice si ce n’est simplement la suspicion, le doute sur ses conditions d’obtention, fait-elle savoir. Une fois de plus, les vacances de la Burkinabè de France tirent vers la fin et elle va devoir repartir pour reprendre ses fonctions de secrétaire juridique dans un cabinet d’avocats à Levallois où elle réside.

Si d’ici là la situation ne se débloque pas, il va falloir envisager l’envisageable, c’est-à-dire se séparer de l’enfant plus habituée aux Kaboré qu’à quelqu’un d’autre. "Elle ne dort plus bien la nuit, elle gémit, dit Mme Kaboré en parlant de la petite Nadine qui, selon sa tutrice, a comme un 6e sens qui lui fait savoir que le bonheur qu’elle vit va bientôt prendre fin.

Le service visas de l’ambassade de France contacté dans l’après-midi du 22 août pour savoir les raisons du refus ou encore s’il faut un visa pour un enfant voulant accompagner sa mère dans l’Hexagone a promis nous rappeler. Et cela après avoir pris des informations sur le dossier. A l’heure où nous bouclions la présente édition, le service n’avait toujours pas rappelé.

Par Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 25 août 2006 à 14:31 En réponse à : > Adoption d’enfants : Le chemin de croix d’une Burkinabè de France

    Bonjour,
    Etant burkinabé et ayant adopté ma nièce il y a 5 ans, je voulais dire à Mme Kaboré qu’il y a une procédure d’adoption à suivre aussi en France qu’il ne faut pas négliger. Elle est longue la procédure mais ça abouti. Il faut faire une demande d’agrément en France, des examens médicaux, des entretiens avec le psy etc.

    • Le 15 mars 2007 à 17:28 En réponse à : > Adoption d’enfants : Le chemin de croix d’une Burkinabè de France

      Bonjour, je suis jeanne,et j’ai déja adopté 2 enfants en afrique, je suis française ; je vis sur le continent depuis 15 ans.
      Je crois que mme kaboré ne doit pas se décourager et entammer les procédures telles qu’exigées par la loi française, néanmoins je pense qu’elle devrait s’orienter vers une adoption plénière de la petite fille plutôt que d’une tutelle. les tribunaux burkinabé sont totalement habilité pour cette procédure juridique qui peut prendre 1 an ; je ne sais pas si mme kaboré qui vit en france depuis 3O ans à la nationalité française, auquel cas il lui faudra une fois l’adoption plénière consentie par les tribunaux ouagalais, demander auprès d’un avocat parisien de son choix, une exéquature du jugement d’adoption qu’elle déposera auprès du service des immatriculations de nantes. Ce dernier vérifiera "l’organisation de l’adoption, " si elle est conforme, en respectant le droit burkinabé et ainsi pourra être entammée la demande des papiers français de l’enfant qui n’aura plus besoin de visa pour voyager.si mme kaboré n’est pas française, l’adoption plénière demandée et faite au burkina facilitera quand meme les choses !

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