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Attribution de parcelles à Koudougou : Le cri de détresse de Saïdou Nassa

Publié le mardi 25 juillet 2006 à 07h39min

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Malgré le problème de parcelles qui a conduit le chef de terre de Dapoya en prison et qui a failli empoisonner le climat social à Koudougou, on n’est pas prêt d’en finir avec ces histoires de parcelles. L’histoire que nous a contée M. Nassa Saïdou laisse perplexe et il est plus que nécessaire qu’on s’y intéresse sérieusement.

Saïdou Nassa est commerçant et réside à Koudougou depuis 1969. En 1988, soit il y a 18 ans de cela, il achète un terrain à Dapoya au secteur n° 1 dans la zone non lotie à 50 000 F CFA au compte de son frère aîné, qui se trouvait en Côte d’Ivoire. Il y fait construire deux maisons de 18 tôles chacune où il logera sa femme et l’enfant de son frère en question. Au moment du recensement, il fait recenser son frère aîné, sa femme et son neveu.

Au moment de l’attribution en 2001, toujours selon les dires de Saïdou Nassa, on attribue une partie de la cour qu’il occupait à une dame et le reste, d’une superficie de 870 m2, qui ne valait pas deux parcelles, lui a été attribué (en fait à son frère). C’était en présence de toute la commission d’attribution, composée du 1er adjoint au maire de l’époque, M. Désiré Yaméogo, d’un conseiller du secteur n ° 1, Joseph Yaméogo, et de Paul Ramdé, de M. Sana des Domaines, d’un certain Hermann qui lisait et interprétait le plan, de l’agent domanial de la mairie, Dieudonné Belemtougri, et de Réné Zoma.

"Ce jour-là, personne ne m’a signifié que la place était prévue pour 2 parcelles", a précisé Saïdou Nassa. Ces deux personnes recensées, qui avaient bel et bien leur carton, n’ont pas été attributaires et ont été classées comme déguerpies. Saïdou Nassa nous a confié que lorsqu’il est allé au domaine pour payer les taxes, on lui aurait dit que les P.-V. n’étaient pas prêts. "Alors, j’ai mis en valeur la parcelle avec l’accord et l’appui de mon frère aîné en y érigeant en plus de la clôture deux maisons de 90 et 60 tôles. Le tout a coûté 8,7 millions de F CFA". Ce n’est qu’en 2004, le 10 juillet, que ses ennuis vont commencer. Ce jour-là on lui téléphone et lui demande de venir sur le lot en question (c’est le lot n° 13, 1 sud section HK attribué en 2001).

Il y trouve un certain Moussa Sawadogo et des agents du Cadastre. "Ils m’ont dit qu’ils ont une place ici, attribuée à un certain Yemdegma Dramane Zoundi, résidant à Ouaga. Ils m’ont fait comprendre qu’en fait, j’ai construit sur deux parcelles alors que tel n’était pas le cas à l’attribution en 2001. Ils ont dit que je ne devrais pas construire sur les deux parcelles", a expliqué Saïdou Nassa.

Il a essayé d’expliquer qu’à l’attribution, il n’était pas question de deux parcelles et que si tel était le cas on aurait attribué la 2e à un des siens recensés. Ces explications sont restées vaines et on menaçait de casser ses maisons. Il a entrepris alors de joindre le nommé Yemdegma Dramane Zoundi.

Les démarches auprès du 1er adjoint au maire de l’époque, de la gendarmerie et des responsables des domaines n’ont rien donné. Yemdegma Dramane Zoundi a même refusé son offre de lui trouver une autre parcelle parmi trois au choix, qu’il lui a proposées. Zoundi reste campé sur sa position : détruire la cour et mettre à néant 8,7 millions de francs CFA d’investissements.

La version de Belemtougri est tout autre

Il faut dire que Saïdou Nassa en veut à Dieudonné Belemtougri, l’agent domanial de la mairie, qu’il accuse d’avoir tracé au crayon le trait de séparation des deux parcelles sur le plan et d’avoir fait mettre la 6e borne seulement en avril 2006 alors que l’attribution a été faite et les cinq autres bornes posées, en 2001. "Je ne comprends pas comment au niveau de la mairie, un seul individu peut manipuler les plans de lotissement à sa guise au risque de jeter le discrédit sur les autorités et les commissions d’attribution.

J’ai écrit six fois au précédent Conseil municipal sans réponse", a-t-il confié tout en se demandant s’il n’est pas un citoyen à part entière. Il estime que dans ces lotissements, les résidants ont été pénalisés au profit des non-résidants. Nassa accuse littéralement Dieudonné Belemtougri d’avoir dealé sa parcelle avec Y. Dramane Zoundi.

Cependant, quand nous avons rencontré, le mercredi 19 juillet à la mairie, M. Dieudonné Belemtougri, sa version est tout autre. Il n’a pas voulu entrer dans les détails nous disant d’attendre le jour du procès car l’affaire est maintenant en justice. Néanmoins, il nous a affirmé que Yemdegma Zoundi a été attributaire en 2001 de la parcelle 1 Nord lot 13, section HK, alors que Nassa l’a été de la parcelle 1 Sud lot 13, section HK. Ceci pour dire qu’il s’agissait de deux lots et que Saïdou Nassa n’avait pas le droit de disposer de tous les 870 m2 et qu’il n’y a aucun flou dans cette affaire et dans les plans et autres P.V. d’attribution.

Cependant, nous n’avons pas pu savoir avec lui si Zoundi ou un de ses mandats étaient présents en 2001 le jour des attributions. Car Saïdou Nassa répond par la négative en citant les personnes qui y étaient, dont le maire adjoint de l’époque et président de la commission d’attribution, M. Désiré Yaméogo, à qui il a même donné une chaise dans la cour en question pour s’asseoir.

Quand nous sommes allé sur les lieux le mardi 18 juillet dernier, le voisinage s’est étonné que cette parcelle puisse poser problème, car la famille de Saïdou Nassa et lui y séjournent depuis belle lurette. Un vieux voisin nous a précisé que cela fait effectivement environ 18 ans que Saïdou a acquis le terrain, y a construit et est son voisin depuis lors. Il ne comprend pas que quelqu’un puisse quitter Ouaga pour venir revendiquer la parcelle 4 ans après l’attribution.

C’est dire que c’est peut-être au niveau de la justice qu’on saura où est la vraie réalité des choses même si on aurait souhaité que les différentes parties résolvent leur différend à l’amiable comme le veut Saïdou Nassa. Ne dit-on pas qu’un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès ? En tout cas, il n’est pas tard de rectifier le tir surtout que l’autre y a déjà investi à hauteur de huit millions. Les détruire est-il vraiment la solution ? Répondez bonnes gens.

Cyrille Zoma

L’Observateur

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