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Energies renouvelables : L’Occident à la pointe, l’Afrique à la traîne

Publié le vendredi 14 juillet 2006 à 08h48min

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Pour éviter une forte dépendance vis-à-vis du pétrole du Moyen-Orient, d’Asie centrale et de Russie, la Grande Bretagne compte développer, pour les 50 prochaines années, le nucléaire et les énergies renouvelables (énergies solaire et éolienne). Les Etats-Unis nourrissent la même ambition, c’est-à-dire dépendre moins du pétrole venant de l’étranger par le développement de ces mêmes sources d’énergie.

A cette fin, George W. Bush s’est fixé un impératif : en 2025, les importations de pétrole en provenance du Moyen-Orient auront diminué de 75%. La révolution aura-t-elle lieu ? Est-ce des promesses creuses ? En tout cas, les services fédéraux de l’Administration d’information sur l’énergie n’y croient pas. Ils estiment que l’objectif est pratiquement voué à l’échec. L’opposition démocrate est tout aussi sceptique. Car, non seulement George Bush est issu des milieux pétroliers texans, mais en plus, il est prisonnier du lobby pétrolier et son administration dépendante des compagnies pétrolières.

Mais, c’est déjà heureux que George Bush ait élevé la dépendance vis-à-vis du pétrole à la dimension de "grave problème". Dès maintenant, les recherches avancent à grands pas, et, pour s’en convaincre, le président américain vient de se faire l’écho d’une augmentation de 22% des fonds consacrés à la recherche sur les énergies non polluantes.

La France, elle aussi, manifeste la volonté de rompre "les chaînes", le gouvernement ayant installé, le 7 juin, un groupe baptisé "Flex fuel 2010", dont la mission est d’identifier une alternative durable et crédible au pétrole.

Au Brésil, Volkswagen ne produira plus que des véhicules capables de rouler indifféremment à l’essence ou à l’éthanol, ce carburant végétal obtenu à base de sucres (canne, betterave, maïs et blé) ou d’huiles (tournesol, palme, soja...). Selon notre confrère "Jeune Afrique", 75% des véhicules neufs qui y ont été vendus sont "flex fuel", c’est-à-dire capables de rouler entièrement à l’éthanol. La Chine, la Malaisie ou la Suède développeraient elles aussi leurs capacités de production en biocarburants.

Comme on le constate, un peu partout en Occident et en Asie, les choses bougent dans le sens de mieux se passer du carburant "fossile". Une preuve que l’on sait anticiper, se projeter dans l’avenir. C’est de bonne guerre. Car, après tout, puisque le carburant "fossile" est non renouvelable, il est, par conséquent, appelé à tarir un jour. Une fois encore, l’Occident montrera-t-il la voie à suivre aux pays non producteurs africains ?

Le Brésil est un pays bien singulier. Afin de limiter sa dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur, le pays a lancé un plan "ProAlcool", après le choc pétrolier de 1973. Malgré la baisse du prix du pétrole dans les années 80, il a conservé l’habitude des biocarburants. Ce modèle est-il transportable en Afrique ? En tout cas, le continent ne manque pas d’atouts.

Il possède en effet des réserves énergétiques importantes qui n’attendent qu’à être exploitées si la volonté y est véritablement.

Mais, le drame est que si l’Occident trouve les moyens d’anticiper, on ne saurait en dire de même pour certains pays africains, tout aussi très fortement tributaires des importations de produits pétroliers. Confrontés à l’augmentation du prix de l’essence, ils ne donnent pas l’impression de s’inquiéter de l’avenir et de rechercher, pendant qu’il est encore temps, des solutions endogènes à leur problème énérgétique. Dans ces conditions, comment pouvoir s’affranchir ? Il n’est pas exagéré de croire que ces pays africains importateurs de pétrole se comportent en victimes résignées, attendant qu’on leur assène le coup fatal.

Toujours prête à se contenter de machines thermiques fournies clés en mains, dont l’âge est parfois douteux, à se comporter en simple consommateur, alors qu’elle peut se donner ses propres moyens de révolution dans le domaine, cette Afrique-là se réveillera-t-elle jamais ?

A dire vrai, tant que les marchands occidentaux de vieilles quincailleries voudront lui imposer leurs machines et lui imprimer la marche à suivre, ils ne trouveront pratiquement pas d’obstacles sur leur chemin. Tant qu’ils décideront du type de fournitures électriques qui conviennent à ce type de pays sous-développés, il en sera ainsi.

Il est pourtant clair que dans les prochaines années, l’Afrique devra nécessairement trouver les moyens de faire face à une consommation énergétique plus accrue si elle veut sortir du sous-développement et répondre aux exigences sociales de meilleures conditions de vie. Si elle accuse un grand retard sur le plan énergétique, elle dispose au contraire d’importantes réserves d’énergies, notamment renouvelables, mais jusque-là peu exploitées. La production d’électricité solaire s’est jusqu’ici bornée à quelques rares essais. Quand les équipements ont été acquis, généralement, ils ont été jugés trop onéreux pour les populations.

C’est dire combien la technologie n’a pas été vulgarisée, et combien les prix sont restés jusque-là dissuasifs pour l’usager moyen. Et que dire de l’éolienne, dont les installations sur le continent sont quasi inexistantes ? Pour rendre ces énergies accessibles à tous, il faudrait peut-être songer à exonérer de taxes les importations sur les matériaux. Des sacrifices pour l’Etat, certes, mais la formule est payante à long terme.

Dans une perspective de la lutte contre la pauvreté, l’heure devrait être à l’économie des devises de plus en plus dévorées par le pétrole. Mais après tout, si la volonté politique ne s’est pas encore fortement manifestée, c’est sans doute parce qu’il y a beaucoup d’argent à amasser dans le secteur du pétrole, et que les lobbys ne sont pas prêts à céder d’importantes parts de marchés. Le Maroc, en tout cas, a dépassé ces considérations, elle qui compte beaucoup d’éoliennes et de plaques solaires.

Le Pays

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