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<I>Une lettre pour Laye</I> : Douk Saga se désenvoûte à Ouaga

Publié le vendredi 14 juillet 2006 à 09h06min

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Cher Wambi,

Pays principalement agricole, le Burkina Faso ne peut compter que sur les bras valides des paysans et la mansuétude du ciel. C’est pourquoi, fréquemment, le spectacle de cultivateurs scrutant avec une certaine anxiété mêlée de résignation "là-haut" s’offre à nos yeux. Comme pour dire "Pitié, nature !". A juste raison, on est en mi-juillet.

Dieu et les mânes des ancêtres ont dû entendre ces cris de détresse, eux qui ont envoyé ces derniers jours des "cordes" sur le Burkina, notamment sur la capitale, où la pluie semblait très capricieuse, choisissant de pleuvoir sur certains quartiers et laissant les habitants d’autres quartiers contempler l’eau qui tombait du ciel. Un phénomène rare, selon les gens d’un certain âge, qui ressassent avec dépit le temps où à la même période, il pleuvait chaque jour.

Ces pluies bienfaisantes sauvent ainsi les semis et les jeunes pousses dans certaines localités où ils commençaient à pourrir ou à flétrir. Ce qui incite à un optimisme, certes mesuré, mais à l’optimisme tout de même.

En tout cas, voici les relevés pluviométriques communiqués à moi par l’ASECNA et couvrant la période du 6 au 12 juillet 2006 : Dori : 11,2 mm, Ouahigouya : 30,2 mm, Ouagadougou aérodrome : 30,9 mm, Dédougou : 8,8 mm, Fada-N’Gourma : 35,9 mm, Bobo-Dioulasso : 6 mm, Boromo : 23,7 mm, Pô : 11,9 mm, Bogandé : 0,2 mm.

Il faut surtout espérer que, cette saison hivernale, soit bien arrosée, car sur le plan du labeur, les paysans n’ont plus rien à prouver, et si la nature remplit son contrat, ils rempliront le leur pour le bonheur des Burkinabè. Ça y est !


Les municipales partielles du 9 juillet font désormais partie du passé. Hier, la CENI a proclamé à son siège les résultats provisoires de ces élections locales, qui se sont déroulées dans certaines localités suite à des annulations de résultats par le Conseil constitutionnel. J’en connais un qui doit être tout heureux après cette reprise, car son parti obtient la majorité dans son fief : Youssouf "Ziniaré" pardon Youssouf "Tikaré", le ministre des Affaires étrangères.

En effet, à Tikaré après le scrutin du 23 avril, le parti de ce dernier, le CDP, avait engrangé 33 postes de conseiller, contre 40 pour l’ADF/RDA, dirigée sur le terrain par Galian Augustin Ouédraogo. A l’issue de cette reprise à Tikaré, le CDP gagne 11 sièges contre 9 à l’ADF/RDA et reprend la suprématie, avec maintenant 41 conseillers contre 32 pour le parti de l’Eléphant. Si donc les présentes données reçoivent le quitus du Conseil constitutionnel, ce sera sans doute le parti majoritaire qui dirigera la présidence du Conseil municipal de Tikaré.

Croisons cependant les doigts pour que les conseillers travaillent dans la symbiose, et que la fameuse phrase en mooré lancée souvent à la cantonade ou lors de rassemblement, à savoir "Kongoussi yankdé ti Tikaré yalin yankin", qui veut dire que Kongoussi décide et Tikaré suit, ne sera plus entendue. Bref, j’espère que cette rivalité entre Kongoussi et Tikaré, qui déteint sur tout ce qu’il y a comme action dans la zone, s’effacera au cours de ce quinquennat municipal. Mais comme on est en politique où on peut voir du blanc et dire que c’est du bleu...


Cher Wambi, tu n’as peut-être jamais entendu parler du docteur Moussa Sié. Il est un chercheur burkinabè et vit à Bouaké. Il est un sélectionneur de riz de bas-fonds à l’ADRAO, un centre de recherche basé à "Soroland". Moussa Sié a cherché et a trouvé ; il est le premier Africain à être lauréat du Fukui international Koshihikari rice price 2006 du Japon.

Ce prix, institué en 1997 par le pays du soleil levant, encourage le développement du Koshihikari, l’une des variétés de riz japonais les plus consommées. Quand je te dis souvent qu’il y a des chercheurs, de surcroît burkinabè, qui trouvent, tu es sceptique, voilà au moins un exemple patent. Vive Moussa Sié ! Et c’est normal que tu n’entendes pas parler de lui, car à Bouaké, les nouvelles qui y fusent sont plutôt relatives aux actions des Forces nouvelles, des Guillaume Soro, Wattao et autre commandant Fofié.

Mais, cher Wambi, je puis te dire qu’il n’y a pas que "la capitale du Nord" de la Côte d’Ivoire qui fasse parler d’elle, il y a aussi sa rivale (au propre comme au figuré), Abidjan, d’où proviennent des images de ce qu’on peut appeler des Interahames ivoiriens. Je ne parle pas du ministre public de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, le "général des jeunes patriotes", qui s’est inscrit dans la logique de la chasse aux allochtones. Non, ces dernières semaines, le "général" a fait des émules.

Ainsi, il y a quelques jours de cela, la photo de Charles Groguhet a fait la une d’un journal. Sur cette image, l’homme tenait une kalachnikov, se faisait menaçant et jurait de s’en prendre à tous les opposants de Gbagbo. Il est le leader du Groupement des patriotes pour la paix (GPP). Dans la foulée, Mao Glofiéi, patron du Front de libération du grand Ouest (FLGO), pavoise à Abidjan en revendiquant 10 000 miliciens, "encadré par des éléments des FANCI".

Dans cette stratégie pour protéger Gbagbo, les Forces anti-terroristes (FAT) verront le jour avec pour dirigeant Eugène Djué. De son côté, Marc Bertrand Gnatoa mettra sur pied le Front de sécurité du Centre-Ouest (FSCO), qui pourrait écumer Guiberoua, Divo, Lakota... Enfin, je ne saurais terminer avec ce qui ressemble à une foire à la tuerie sans mentionner l’ex-leader de la Fesci, Jean-Yves Dibopieu, qui a créé sa Solidarité africaine (SOAF) avec des éléments armés.

Si tu ne sais pas qui est Dibopieu, c’est celui qui assume la paternité du célèbre appel au meurtre au temps fort de la crise ivoirienne : "A chaque Ivoirien, son petit Français". Avec la hantise des escadrons de la mort, de sinistre mémoire, il y a de quoi, cher Wambi, avoir la chair de poule, surtout quand on sait qu’il y a de l’eau dans le gaz au sujet du fameux DDR. Dieu sauve la Côte d’Ivoire !


Aller au 7e ciel pour trouver de l’or !

Les orpailleurs ne manquent pas d’imagination. La dernière trouvaille pour ces chercheurs d’or est de faire l’amour à 15 mètres... sous terre pour trouver rapidement le métal jaune. Et pour accroître ses chances de trouver des pépites, il faut faire cette partie de jambes en l’air sept jour sur sept, de quoi donc fatiguer même un étalon hors pair.

Mas à ce qu’on dit, les candidates à cette aventure ne manquent pas, car, que voulez-vous, on fait des affaires en or, en s’amusant, vu que sur les sites, ce n’est pas l’argent qui manque pour régler ce genre de note. Seul hic de ce vent de métaphysique qui souffle sur ces lieux, le Sida. Prend-on le temps d’enfiler une capote ? L’exigence de son port est-elle d’ailleurs de mise ici ? Je ne saurais y répondre, à moins de faire une virée pour constater de visu, encore qu’il faille descendre dans des profondeurs abyssales. Et là c’est une autre affaire !


En attendant, je t’ouvre à présent le carnet secret de Tipoko l’Intrigante sur la question des migrations :

- Le ministère de l’Economie et du Développement organise, du 13 au 15 juillet, un symposium sur les migrations au Burkina Faso. La question des migrations est, depuis ces derniers jours, au centre des préoccupations des dirigeants de l’Europe et de l’Afrique. Ton neveu Bernard Zangré qui est de retour de Rabat au Maroc, et qui a pu suivre une réunion de dirigeants euro-africains sur ce phénomène, t’en dira encore davantage, après les comptes-rendus faits par lui les mardi et mercredi derniers.


- Ram Ouédraogo est et demeure dans le groupe PDP/PS et apparenté. C’est la substance de la missive que le patron du RDEB a envoyée à Passek-Taalé pour lui signifier qu’il ne quittera pas ce groupe parlementaire. Une précision qui fait suite à la dernière Lettre pour Laye, qui faisait état du départ du premier politicien Verts du Burkina Faso de ce groupe parlementaire. "A une encablure de la fin de la législature, cela serait contre productif pour le travail parlementaire et compliquerait l’organisation administrative du parlement", écrit-il dans sa lettre.

Il faut, du reste, louer l’esprit pondéré de cet homme qui sait chaque fois cultiver la mesure, qualité rarissime chez les politiques. Car une autre personne dans ce cas de figure se serait lancée dans l’invective à l’encontre du journal, pour s’être mépris sur son compte. Merci au député Ram Ouédraogo, et toutes nos excuses.


- Ce samedi 15 juillet, la vague des installations de maires se poursuit. Notamment à Loumbila et à Manga. Dans le chef-lieu de la province du Zoundwéogo, c’est Jean-Claude Bouda, actuel Secrétaire permanent du SIAO, élu maire de Manga, qui sera officiellement installé.


- Du rififi à la Circonscription d’éducation de base (CEB) de Boulmiougou, notamment au niveau du sport. A la base, une histoire de match de football. Ce match devait opposer l’équipe de l’école primaire publique de Wend-Panga à celle de Ouaga V et devait se dérouler le 27 juin 2006 à partir de 8h30 sur le terrain du Mogho-Naaba.

Au jour et à l’heure dits, les joueurs de Wend-Panga arrivent et attendent jusqu’à 10 heures pour s’entendre dire que le match est reporté au lendemain à 15 heures au même lieu. Le 28 juin, le lendemain donc, revoilà Wend-Panga sur le terrain à 15 heures. Et surprise, on fera savoir aux joueurs que Ouaga V est venue le matin et, constatant l’absence de Wend-Panga, a signé forfait. Une affaire qui fait grand bruit au CEB de Boulmiougou.


- Ta parente Charlotte de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Marie célèbre ce week-end son jubilé d’or. Cette congrégation a été fondée par l’abbé Charles Foyer en 1823 à Torfou, un petit village à l’Ouest de la France, suite à l’appel de Monseigneur Joseph Bretault, alors évêque de Koudougou. Ces Sœurs foulèrent le sol voltaïque en 1957 et s’installèrent à Yako, dans le diocèse de Koudougou.

En Afrique cette congrégation est présente au Bénin, et au Tchad. L’ouverture de ce jubilé (1957-2007) est prévue pour ce dimanche 16 juillet à la paroisse Cathédrale de Koudougou, en attendant la grande célébration les 5 et 6 janvier 2007 à Yako.


- Toujours dans le registre religieux, il y a la clôture des activités de l’Aumônerie catholique des étudiants de Ouagadougou, à la Rotonde ce week-end. Aujourd’hui vendredi, il y a un concert de chorales et des prestations d’artistes ; le dimanche 16 juillet aura lieu une grande messe d’action de grâce à 8h30, et à 10 h une grande kermesse.


- Du 11 au 23 juin 2006, en Géorgie (USA), 3 Burkinabè ont pris part à un séminaire sur les études stratégiques. Ce sont Pagomziri Alexandre Ouédraogo du MBEJUS, le colonel Noufou Beremwoudougou et Diaby Kassamba Madina du ministère des Affaires étrangères. Ce programme d’études se situe dans le cadre des activités du Centre d’études stratégiques de l’Afrique/Université de la défense nationale des USA.


- Stéphane Hamidou Doukouré dit Douk Saga, tu connais ? Peut-être pas, puisque jeune musicien, Douk Saga ne semble pas faire dans le genre de sonorités dont tu raffoles. C’est vrai, lui, il ne fait pas dans le warba ou le wiré, mais plutôt dans le "coupé-décalé". Et selon certains jeunes branchés, Douk Saga est le créateur de cette nouvelle danse qu’exécutent à la perfection certains de nos compatriotes.

Cette jeune star de la musique ivoirienne est dans nos murs (à Ouagadougou) depuis quelques jours pour se soigner. Selon certaines sources, il aurait été envoûté par un rival, et ses nombreux séjours dans les cliniques européennes n’ont aucunement réussi à le tirer d’affaire.

Et c’est un Douk Saga bien méconnaissable qu’il nous a été donné de rencontrer à son logement. Peut-être bien que la haute personnalité burkinabè qui le soutient et le tradi-praticien qui le soigne réussiront à requinquer le créateur de la sagacité. En tout cas, ils sont nombreux ses fans qui attendent de revoir Douk Saga sur scène. Notamment les boucantiers de la Jet-set.


- Dans le rapport public 2003 et 2004 de la Cour des comptes en pages 69 et 70, il est clairement dit que certains députés ne finissent pas de solder le prêt d’une législature antérieure et en bénéficient encore au cours de la législature suivante. Qui pis est, d’autres n’ont jamais remboursé leur prêt. La Cour a ainsi constaté la mauvaise tenue des contrats de prêts et la non-mise à jour des fiches de suivi des prêts.

Ainsi, concernant la première législature (1992-1997) et au 31 décembre 2001, les restes à recouvrer des prêts accordés aux députés s’élévaient à 30 010 431 FCFA. A la date du 30 juin 2003, ce reste à recouvrer était de 28.099. 931 FCFA. Quant à la 2e législature (1997-2002), le reste à recouvrer au 30 juin 2003 était de 64 530 191 FCFA. Et le total à recouvrer des deux législatures au 31 décembre 2001 était de 254 838 432 FCFA.

Concernant les prêts des membres du gouvernement, les impayés s’élevaient, à la date du 30 juin 2003, à 8 922 000 FCFA. Au vu de tous ces impayés, il est loisible de dire que l’exemple ne vient pas toujours d’en haut. Mais enfin ! Intéressant, ce rapport de la Cour des comptes l’est à plus d’un titre. En effet, en le feuilletant, nous apprenons que :
- la première législative comptait 70 fonctionnaires et 4 militaires ;
- la deuxième législature, 60 fonctionnaires et 4 militaires ;
- la troisième législature compte 48 fonctionnaires et 2 militaires.


- Pour terminer, je t’informe qu’Hadama Yaméogo, auparavant secrétaire général à l’Organisation de l’UNDD, a rendu officiellement son tablier. Dans la lettre qu’il a fait parvenir au président du parti, son frère Hermann Yaméogo, il fait savoir que c’est avec un profond regret qu’il prend cette décision, lui qui a toujours été de cœur avec Hermann.

La raison de cette démission serait ses occupations professionnelles, qui sont devenues difficilement compatibles avec ses activités politiques, sous peine de les compromettre. C’est la raison officielle avancée parce qu’en fait, depuis le 4 octobre 2004, Me Hermann Yaméogo lui avait demandé de se mettre en réserve et de se délier de ses engagements pour ne pas avoir sur la conscience les privations que les siens et lui pourraient subir du fait de son attachement au parti et des activités qu’il y mène.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

L’Observateur

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