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Téléphonie mobile : Fortunes diverses pour les vendeurs d’accessoires

Publié le jeudi 13 juillet 2006 à 07h33min

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Des milliers de jeunes trouvent des emplois grâce au boom du portable. A Ouagadougou, ils sont soit vendeurs de cartes de recharge ou d’accessoires, soit vendeurs de téléphones cellulaires de seconde main. Voyage dans un milieu où les jeunes mènent un combat sans pitié pour leur survie.

« Unité ! unité ! unité », ainsi s’écrient les petits revendeurs de cartes de recharge téléphoniques. Debout, postés à proximité des feux tricolores ou arpentant les grandes artères de la capitale, ils sont partout. Leur slogan « marketeur » a fini par leur coller à la peau. On les appelle « Unités ». Pourquoi ? Parce qu’ils en vendent. Ainsi, Assamy Compaoré, 15 ans était assis ce mercredi matin sous un arbre, le long de l’avenue de la Nation, attendant un hypothétique client. Alors qu’un chaud soleil abat ses rayons sur la ville et que la circulation n’est pas très abondante, il a choisi l’ombre pour vendre ses cartes.

Il en vend en moyenne six par jours. Mais, les meilleurs jours, il peut en vendre jusqu’à onze. Sur chaque carte vendue, Assamy Compaoré perçoit 50 FCFA. Ces gains seront réutilisés pour l’achat de nouvelles cartes. Et le cycle recommence, encore et encore ! Elève en classe de cinquième, Assamy fait des économies et espère avoir assez d’argent pour payer les frais de scolarité ou les fournitures. En effet, il n’a pas besoin de payer ses repas qui sont assurés par sa famille. Pour cet adolescent, la vente d’unités n’est que provisoire. A la fin des vacances, il va rejoindre les bancs de l’école. Par contre, Nikièma Issaka et Ousséni Ouédroago parcourent les rues toute l’année pour proposer leurs marchandises. Pour eux, l’activité est permanente.

C’est aussi un gagne-pain. Quoiqu’ils répondent d’un air fataliste à la question de savoir si l’activité n’est pas trop fatigante ? « Si », reconnaissent-ils. « Mais comment vais-je faire ? », s’interrogent-ils. Ils semblent se résigner à mener cette activité. En tous les cas, elle leur rapporte des bénéfices. D’un vendeur à l’autre, les fortunes varient. Certains multiplient leur chance de réaliser des profits en vendant également les accessoires de portables.

Ces derniers proposent entre autres à leurs clients des fourreaux, des habillages, des chargeurs. Ouédraogo Ousseni évalue son bénéfice net journalier à 2 000 F CFA. Selon lui, les cartes Telmob et Celtel sont les plus prisées. En l’occurrence, celles de 1 000 et 2 500 FCFA.

Dans l’ensemble, c’est le manque de travail qui pousse les enfants à se lancer dans cette activité. D’autres préfèrent vendre des cigarettes qui, semble-t-il, rapportent plus. En effet, un vendeur ambulant de tabac réalise un bénéfice allant de 50 F à 150 FCFA selon les marques de cigarettes. Outre cela, les vendeurs de cartes doivent faire face aux vols de leurs marchandises. « Quand on présente les cartes neuves aux clients de passage, certains à moto ou en voiture les arrachent et partent sans payer », a expliqué Assamy. Face aux vols répétés des cartes, les revendeurs ont développé des stratégies pour contrer ces « malfrats ».

Ainsi, ils mettent leur cartes neuves dans des sacs. Ils se contentent de brandir des cartes usées qu’ils disposent savamment sur un bâton. C’est leur méthode pour attirer les clients sans se faire voler. Dans ce milieu, les difficultés ne manquent pas. Les vendeurs de cartes côtoient au quotidien les accidents. Le risque de se faire cogner par un usager est permanent et cela les hante. « Moi, j’ai peur des accidents et des coups de soleil », a dit Ousséni Ouédraogo.

L’activité requiert du courage et des muscles. « Je rôde partout. Je ne veux pas rester les bras croisés », a-t-il poursuivi. Le boom du téléphone portable ces dernières années a créé pas mal d’emplois pour les jeunes. Des vendeurs de cartes de recharge et d’accessoires en passant par les réparateurs jusqu’aux revendeurs de portables cellulaires, les petits métiers autour du portable se sont multipliés. Des milliers de jeunes s’auto-emploient ainsi et à leur manière luttent contre la pauvreté.

Devant le siège de Telmob, on ne compte plus les vendeurs de portables de seconde main. Ils sont à l’affût du client avec leur petite mallette noire. Ils attendent les personnes qui viennent à Telmob pour s’abonner.

Ils sont tellement nombreux au point qu’on se demande s’ils ne se font pas concurrence et si chacun peut gagner de quoi vivre. Ces vendeurs s’agglutinent devant le siège de la nationale téléphonique du matin au soir. « c’est une guerre permanente » pour la survie. Ils proposent le rachat des cellulaires qu’ils revendent à d’autres usagers. Ou encore, ils s’approvisionnent auprès de grossistes. Les prix sont fonction de l’état de l’appareil. Les minima sont de 20 000 FCFA. Par exemple, le Motorola C115 se vend à 30 000 F alors que le Nokia 1100 l’est à 35 000.

Ces portables viennent soit de Dubaï, soit de Hongrie. Abdoul Nassiro, vendeur de portables, déambule dans l’espoir de rencontrer un client soit pour racheter ou vendre un portable. Il estime vendre en moyenne cinq portables par jour. Ceux qui veulent acquérir un nouveau portable viennent avec leur ancien appareil auquel ils rajoutent une certaine somme pour avoir un portable neuf.

Une sorte de troc ! Le marché des portables est organisé en circuit. Il y a les grossistes, les revendeurs, les racheteurs et les intermédiaires. Chacun à son niveau essaie d’en tirer profit. Mais, ils sont peu bavards sur leur activité. « Si vous voulez qu’on parle, payez 5 000 F », ont-ils martelé. En fait, ils craignent des représailles du commissariat. « On nous accuse de vendre des portables volés », s’insurge Aziz.

Mais, ajoute-t-il, « on ne voit jamais le plaignant ou le propriétaire de l’appareil ». Pour Aziz, la vente des portables ne lui suffit pas pour vivre. Il avoue que sans le soutien de sa famille, il ne pourrait vivre de la vente des portables. Aziz rappelle, en outre, que les gains sont trop aléatoires. « On peut passer trois jours ou une semaine, sans rien vendre », dit-il d’un air résigné. Certes, il y a des bas et des hauts dans cette activité.

En effet, si pour Aziz c’est en ce moment la croix et la bannière, d’autres comme Abdoul Nassiro pensent le contraire. Quand on lui demande s’il n’y a pas trop de concurrence, il assure qu’il n’en est rien. « J’ai des clients qui reviennent ou qui me recommandent à des amis. C’est ainsi pour chacun d’entre nous » . Il pense que ses gains ont certes diminué, mais des bénéfices existent toujours. « Moi, je peux gagner au moins 5 000 F par jour. Ce sont les premiers vendeurs de portables qui ont fait fortune. Ils ont payé des voitures et construit des maisons », a-t-il confié.

Le portable fait vivre d’une part, et rend esclave d’autre part. « Le portable, c’est chiant », martèle une abonnée de Celtel. Elle se déclare dépendante de son portable. De plus, poursuit-elle, le portable est budgétivore.

Certes, et pourtant qui n’a pas un ou plusieurs portables. Si ce n’est pas pour appeler c’est pour être joint, « Appelez-moi donc ! ». Plus le phénomène du téléphone portable prendra de l’ampleur, mieux le commerce des accessoires téléphoniques se portera.

S. Nadoun COULIBALY
Estelle MILLOU (stagiaire)

Sidwaya

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