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Gouvernement-Syndicats : Négociations rompues

Publié le lundi 8 mai 2006 à 09h10min

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Les négociations gouvernement-syndicats débutées le 4 mai dernier, et qui devaient prendre fin le 5 mai se sont finalement terminées en queue de poisson. Et pour cause, l’augmentation du prix de l’essence.

Comme préalable à la reprise des pourparlers, les syndicats demandent le retour à l’ancien prix du "jus". Le gouvernement, lui, se dit toujours ouvert au dialogue.

Le "très haut", invoqué par Dr Jérôme Bougma, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, dans son discours d’ouverture des négociations, n’était certainement pas intéressé par la proposition. Les débats ont duré seulement une journée. Il était clair que certains points allaient bloquer les discussions- dont le niet du gouvernement à l’augmentation des salaires pendant cette année 2006- mais on ne s’attendait pas à une fin pareille.

Des syndicats qui claquent la porte parce qu’ils ont reçu une nouvelle qu’ils considèrent comme une gifle venant du gouvernement : l’augmentation du prix de l’essence à près de 19%. C’est dans la nuit du 4 mai, premier jour des négociations, que la nouvelle est tombée.

Les responsables syndicaux ont appris l’augmentation du prix de l’essence au moment où ils s’apprêtaient à examiner les réponses du gouvernement aux différents points de leur plate-forme revendicative. Le lendemain matin, 5 mai, ils étaient une fois de plus au rendez-vous. Mais cette fois, pas pour négocier, mais plutôt pour exprimer leur ras-le-bol et demander au gouvernement de revenir à l’ancien prix de l’essence qui se trouve être également dénoncé par les syndicats.

Ce sont des syndicalistes déçus et grommelant leur colère que nous avons rencontrés sur les escaliers du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, lieu choisi pour les négociations. Que s’est-il passé ? Y a- t- il eu mésentente sur certains points ? C’est Laurent Ouédraogo, le président du mois des centrales syndicales, qui nous répond : "Hier soir, nous avons appris, et c’est vérifié et constaté, que le prix de l’essence a augmenté.

L’essence est à 705 F CFA ce matin, donc une augmentation de près de 19%, pendant que c’est un des points de nos négociations. Nous avons dit que nous sommes choqués et que c’est vraiment inconvenable qu’on laisse faire cette augmentation pendant les négociations. Et la condition sine qua non pour les syndicats de retourner à la table de négociations, c’est le retour à l’ancien prix que nous n’avions même pas accepté".

Pendant que les syndicats battaient le rappel de leurs troupes pour les informer de "la gifle reçue" et décider de la conduite à tenir, les ministres hôtes, eux, se sont retrouvés à huis clos. Une trentaine de minutes plus tard, le Dr Jérôme Bougma, minsistre du Travail et de la Sécurité sociale, nous recevait dans son bureau.

Il a tenu à donner sa version de l’affaire : "Ils ont décidé d’arrêter les négociations en posant comme préalable que le gouvernement revienne aux prix antérieurs. Le gouvernement a exprimé ses regrets et sa surprise. Regrets, parce qu’il s’agit d’une rupture unilatérale des négociations.

Et surprise parce que ce point ne faisait pas l’objet des préoccupations." Les taxes sur les hydrocarbures font pourtant partie des points sur lesquels les débats sont menés. L’augmentation des salaires n’est-elle pas une alternative à la situation ? Selon le ministre Bougma, l’objet des préoccupations des syndicats, "c’était les taxes sur les hydrocarbures. Et sur ce point, le gouvernement avait fait des propositions.

Le gouvernement a précisé qu’il avait engagé des réflexions sur la question et qu’il allait transmettre sa réponse au plus tard le 30 juin." Pour lui, l’augmentation du prix de l’essence n’est nullement une provocation, comme le font savoir les syndicats : " Le gouvernement et la SONABHY procèdent de façon régulière à l’ajustement des prix.

A quel niveau se situe le prix du baril de pétrole au niveau international ? Il faut s’attendre à ce qu’il continue de monter. Le gouvernement ne peut pas prétendre avoir de l’influence sur l’augmentation du coût de l’essence. Par contre, sur les taxes, il y a une possibilité, et le gouvernement a manifesté sa disponibilié à rechercher les moyens pour réduire cet aspect des choses".

Concernant l’augmentation des sont implacables. Et le Burkina ne peut pas constituer une exception. Un Etat vit sur des taxes. C’est avec les taxes qu’il peut augmenter les salaires éventuellement et assurer également son rôle. En l’absence de ressources, il serait irresponsable pour le gouvernement de prétendre augmenter les salaires alors qu’il n’en a pas les moyens. Sur tous les plans, le gouvernement a manifesté sa disponibilité de faire des efforts". "Sans dialogue, comment nous allons évoluer ?", s’est-t-il interrogé. Et d’ajouter que l’équipe du Premier ministre Yonli est toujours ouverte au dialogue social.

Au niveau de la Bourse du travail, les centrales syndicales s’étaient réunies pour une dernière consultation qui a été couronnée par un point de presse. Laurent Ouédraogo, président du mois des centrales syndicales, Tolé Sagnon de la CGTB, Jean Marc Liliou de la CSB, etc. ont réaffirmé leur ras-le-bol lors de cette rencontre.

Pour eux, le gouvernement doit assumer ses responsabilités : "Nous sommes dans un Etat républicain. Un Etat qui gère doit prévoir... La question est politique et doit avoir une solution politique. Nous avons démontré par un schéma technique que le gouvernement est en mesure de diminuer les différentes taxes qui sont incorporées au niveau du prix du carburant.

Et en dehors de cela, il peut y trouver une solution politique. Soit il est responsable, soit il ne l’est pas. On ne peut pas, au nom de cette prétendue libéralisation, laisser le peuple dans la rue... Parce qu’à cette allure, le peuple sera dans les rues". "Eux, ils ne connaissent pas le prix du carburant. L’un d’entre eux était même surpris quand on lui a fait savoir que le prix du carburant avait augmenté depuis la veille", dit le président du mois des centrales syndicales.

En attendant la réaction du gouvernement, les syndicats ont décidé de déposer un préavis de grève ce lundi 8 mai 2006. Pas de négociations tant que le prix du carburant ne fléchira pas. C’est ce qu’ont décidé les centrales syndicales.

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays

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