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Négociations Gouvernement-Syndicats : Pas d’augmentation de salaires en 2006

Publié le vendredi 5 mai 2006 à 08h24min

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La rencontre gouvernement/ syndicats autour de la plate- forme revendicative des travailleurs s’est ouverte le 4 mai 2006 dans la salle de conférences du ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Elle s’est ouverte sur des notes d’espoir. Le gouvernement s’est engagé à faire des promesses fermes qu’il entend tenir.

Dans ses réponses, il est formel : "cette doléance a déjà été satisfaite à travers les augmentations décidées en décembre 2004 et le gouvernement ne peut, en l’état actuel des ressources du pays, y faire droit à nouveau pour l’exercice budgétaire 2006". Au niveau des syndicats, c’est le wait and see avec la volonté de discuter et l’espoir de voir la situation s’améliorer.

Ils étaient une fois de plus assis face-à-face. D’un côté, des membres du gouvernement et leurs collaborateurs, et de l’autre, les responsables des organisations syndicales du Burkina.

D’entrée de jeu, Jérôme Bougma, ministre du Travail et de la Sécurité sociale a fait savoir que les négociations entamées était le signe qu’il y a une "volonté commune de poursuivre le dialogue politique et social dans la perspective de consolider l’Etat de droit et la démocratie". Selon lui, cette rencontre est la concrétisation d’une promesse faite par le Premier ministre, Ernest Paramanga Yonli, au cours de la première audience solennelle qu’il a accordée aux responsables des organisations syndicales cette année. Et d’ajouter qu’elle s’inscrit dans la volonté politique du président du Faso qui fait de la valorisation du capital humain le premier axe majeur de son programme politique, "le progrès continue pour une société d’espérance".

Le gouvernement, en prélude aux négociations, a fait connaître sa position et les réponses aux différentes préoccupations des organisations syndicales.

Quid des réponses du gouvernement

P comme... projet de loi sur le relèvement du taux d’annuité des pensions et sur les risques professionnels des agents publics. Selon le gouvernement, la question du taux d’annuité concerne uniquement les pensions des travailleurs du privé. Deux textes ont été inscrits à l’ordre du jour de la session de l’Assemblée nationale des 11 et 16 mai (le projet de loi portant régime de sécurité sociale applicable aux travailleurs salariés et assimilés au Burkina et le projet de loi portant création de la catégorie d’Établissements publics de prévoyance sociale prenant en compte les préoccupations des partenaires sociaux). Pour ce qui concerne les risques professionnels des agents publics, le gouvernement a fait savoir que la question sera à l’ordre du jour du conseil des ministres d’ici le 30 juin 2006.

T comme... traitement de dossiers de justice. Selon le gouvernement, les recommandations du comité chargé de la mise à plat desdits dossiers de justice sont en voie d’application et peuvent faire l’objet d’une évaluation au cas par cas au cours des négociations en cours.

R comme... retard d’avancements des fonctionnaires. Le gouvernement a reconnu le retard des années 2003 à 2005. Il se chiffrerait à 18 milliards de F CFA. En attendant d’avoir des solutions appropriées pour y faire face de manière graduelle, la délégation gouvernementale s’est engagée à proposer un échéancier d’apurement au plus tard le 30 septembre 2006.

N comme... négociations portant sur les augmentations de salaires. Les autorités ont demandé que ce point soit examiné en rapport avec celui relatif au relèvement du taux des allocations familiales.

N comme... négociations sur les taxes des hydrocarbures, de l’électricité et de l’eau. Le gouvernement a noté la nécessité d’un diagnostic minutieux des effets économiques et sociaux, présents et futurs de la hausse tendancielle du prix du pétrole afin d’identifier les solutions pertinentes à apporter. "Les taxes perçues permettent de subventionner l’accès des plus pauvres à ces denrées essentielles", a-t-il fait remarquer. Il s’est également engagé à faire connaître sa décision au plus tard le 30 juin 2006. Et d’ajouter que les efforts faits dans ces domaines ne sont pas à négliger.

500 millions de F CFA pour la démolition de Rood Woko

R comme... reconstruction du marché central Rood Woko. L’Etat aurait mis à la disposition de la commune (le maître d’ouvrage), la somme de 500 millions de F CFA pour les travaux de démolition de la partie sinistrée. Seule la commune pourra donc situer les curieux sur la question.

A comme... application au niveau du privé des augmentations de salaires décidées par le gouvernement en décembre 2004. Selon les autorités, les augmentations de salaires décidées pour le public n’ont pas d’incidence automatique sur le privé. Et d’ajouter qu’il considère la fixation des salaires dans le privé comme un acquis du dialogue social. Cela "relève désormais de la négociation collective entre patronat et organisations syndicales des travailleurs". Il s’est dit disponible pour faciliter la reprise du dialogue entre partenaires.

M comme... mise en place d’une allocation chômage au profit des travailleurs victimes des restructurations, privatisations, etc. Sans occulter la légitimité de cette doléance, le gouvernement a fait savoir que "chaque entreprise fait l’objet d’un traitement spécifique et qu’il a toujours respecté ses engagements en matière de paiement des droits légaux conformément à la réglementation en vigueur. Pour ce qui concerne l’allocation-chômage, le gouvernement a déclaré qu’il est favorable à engager une étude de faisabilité et souhaite recevoir les propositions des organisations syndicales en la matière.

R comme... relèvement du taux d’allocation familiale et les négociations portant sur les augmentations de salaires. Selon le gouvernement, ces doléances nécessitent une mobilisation de ressources financières importantes que le budget national ne peut supporter en intégralité en 2006. Il dit avoir satisfait la doléance relative aux augmentations de salaires décidées en décembre 2004 : "Le gouvernement ne peut, en l’état actuel des ressources du pays, y faire droit à nouveau pour l’exercice budgétaire 2006". Cependant, "comme signe supplémentaire de (leur) bonne volonté", les autorités consentent à faire un effort exceptionnel consistant à doubler le taux des allocations familiales pour compter du 1er janvier 2007.

R comme... relèvement des premières tranches de l’ONEA et de la SONABEL respectivement à 20 m et à 100 Kwh. Le gouvernement dit avoir pris en compte cette préoccupation dans la politique tarifaire de deux sociétés. Ce qui lui coûterait plusieurs dizaines de milliards par an.

A comme... adoption de décrets d’application de certaines dispositions du code du travail comme le chômage technique. Concernant ce point, les autorités se sont engagées à soumettre à la commission consultative du travail, un projet de texte sur le chômage technique et ce, au plus tard le 30 septembre 2006.

Au moment où commençaient les concertations et avant d’avoir pris connaissance des réponses du gouvernement aux différentes doléances, Laurent Ouédraogo, responsable de la CNTB et président du mois des centrales syndicales, a fait savoir qu’ils sont ouverts au dialogue. Les syndicats accepteront-ils les propositions du gouvernement ? Laurent Ouédraogo a déclaré qu’ils jugeront de cela après les négociations.

Par Alain DABILOUGOU

Sidwaya

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