Cette rencontre, il faut le dire, n’était pas prévue dans le programme officiel du voyage présidentiel. Mais, Blaise COMPAORE, président de tous les Burkinabè, de l’intérieur comme de l’extérieur, a tenu à rencontrer ses compatriotes pour pendre la « température » de leurs conditions de vie et de travail en terre mauritanienne et les encourager à plus de solidarité, d’abnégation et d’intégrité.

A ce sujet, le président du Faso fera remarquer que le Burkina Faso étant le pays des hommes intègres, il va s’en dire qu’ils ont un lourd fardeau à porter. En d’autres termes, les Burkinabè partout où ils sont doivent poser des « actes intègres » qui répondent au nom de leur pays, le Burkina Faso.

L’organisation, la solidarité, le travail, l’amour de la patrie, le retour et l’investissement dans le « Bayiri », ont entre autres été au centre des échanges entre le chef de l’Etat et ses compatriotes.

Pour le président de l’Union de la communauté des Burkinabè résident en Mauritanie, M. Abdoulaye SERE, leurs problèmes concernent surtout les papiers, l’immigration, les cas sociaux et les emplois précaires. Il affirme cependant que le « vent froid » qui avait entre temps soufflé entre les deux pays n’a pas eu d’incidence particulière sur leur vie en Mauritanie.

A la tête d’une jeune structure, M. SERE tente de rallier tous les Burkinabè résidant en Mauritanie à la même cause, celle de défendre les intérêts de ses membres. C’est pourquoi, il a élaboré un programme d’action qui vise l’intégration au plan social, culturel et économique.
Mais, les moyens manquent. Et il l’a fait savoir au président du Faso.

En tout cas, ce ne sont pas les conseils et les encouragements présidentiels qui ont manqué. Paroles de Blaise COMPAORE : « ... Je voudrais vous dire combien nous sommes très heureux de vous rencontrer... loin du pays, et surtout heureux de savoir que même loin du pays, il y a des hommes et des femmes qui continuent d’avoir une attention sur le Burkina et portent la patrie dans leur cœur... Je me réjouis surtout de savoir que même loin du pays, vous essayez de vous organiser, d’être ensemble et d’être solidaires par rapport aux nombreux problèmes qui paraissent évidents lorsqu’on est aussi loin, dans un pays qui n’est pas aussi, vous le savez, très nanti. Les difficultés que vous partagez ici, le Burkina aussi les partage... Mais, rien ne vaut la solidarité. C’est pour cela que vous voyez que dans mes projets de société, cet aspect ressort toujours.

Quand on est seul, c’est difficile de s’épanouir, de faire aboutir des idées, des projets. Mais quand on travaille ensemble, de concert, il y a toujours des avantages, de tirer des leçons, des expériences des autres. C’est essentiel pour la vie d’une manière générale surtout lorsqu’on est loin du pays. Ce qui est important pour nous, c’est de savoir que vous restez très attachés au Burkina... Vous avez des hommes mariés à des Mauritaniennes, des femmes aussi, ça veut dire qu’en fait les pays s’interpénètrent ; nous sommes presqu’un même espace de communauté.

Le travail que vous faites ici pour développer la Mauritanie, c’est comme les Mauritaniens qui sont au Burkina, qui travaillent aussi pour développer le Burkina. Il ne faut pas voir une séparation entre nos deux pays. C’est pour cela, que nous dirigeants, nous travaillons à faire en sorte que la Mauritanie et le Burkina puissent agir ensemble, dialoguer... Nous allons lancer une commission mixte pour que sur certaines questions d’intérêts communs, nous puissions partager nos connaissances et potentialités. Nous avons constaté qu’il y a effectivement des domaines pour lesquels, le Burkina et la Mauritanie ont intérêt à agir ensemble... Nous sommes conscients de vos préoccupations relatives aux questions administratives et progressivement nous travaillons à élargir nos représentations diplomatiques et surtout créer des structures consulaires...

Dans le reste du continent, même si nous ne pouvons pas ouvrir des ambassades, nous allons aller vers la création de postes consulaires pour vous épauler et mieux vous assister... ».

Le président du Faso a aussi évoqué l’épineuse question de l’immigration tout en insistant sur le fait que les compatriotes doivent donner une image positive du Burkina dans leur vécu quotidien, même loin du pays. « Le Burkina doit se construire avec les Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur... Vous le constaterez quand vous aller venir au pays, les Burkinabè commencent à investir, à avoir des résidences, même loin de la patrie », a insisté Blaise COMPAORE.

En tous, les Burkinabè résidant à Nouakchott n’oublieront pas de sitôt ce face à face avec le président du Faso. Une rencontre qui s’inscrit certainement dans la logique de la volonté du chef de l’Etat de mieux comprendre ses compatriotes de l’extérieur.
Par Idrissa BIRBA

L’Opinion