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Koudougou : Les commerçantes de "Gbagbo yaar" déguerpis

Publié le jeudi 23 mars 2006 à 06h54min

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Elles l’avaient surnommé "Gbagbo Yaar", ce petit marché improvisé par des
vendeuses de légumes de l’ancien site provisoire du marché central. Ce nom,
dit-on, vient du fait que ces femmes ont refusé de rejoindre le nouveau
marché. Elles y gagnaient leur pain quotidien par le petit commerce de
légumes qu’elles faisaient. Mais, le matin du samedi 18 mars 2006, la police,
suite à la demande de la mairie, a fait déguerpir ce Yaar.

Les femmes vendeuses de légumes à "Gbagbo yaar" ont été déguerpies par
la police le samedi 18 mars. Le lundi 20 mars, elles étaient nombreuses à la
mairie, pour se plaindre du traitement qu’elles ont subi de la part de la police
pendant le déguerpissement.

Elles ont dit avoir été brutalisées, injuriées et
chassées des lieux sans égards par les agents de la police. Une femme en
grossesse que l’on nous présenta dit avoir reçu des coups.
"Gbagbo Yaar" était situé à côté de l’ancien site du marché provisoire de
Koudougou.

Ces femmes avaient occupé au flanc du bosquet côté sud de
l’auto-gare en construction. Ce marché a été improvisé par ces femmes qui
ont refusé de rejoindre le nouveau marché, le trouvant trop éloigné. C’est
d’ailleurs de là que vient ce nom de "Gbagbo Yaar".
Le commandant de la police municipale de Koudougou et le secrétaire
général de la mairie, Jean-Marie Bado ont rejeté toutes les accusations
portées contre eux par les femmes.

Selon les dires du commandant,
l’opération a été menée très tôt à 5 h du matin.
En ce moment, les femmes n’étaient pas encore arrivées sur les lieux. Il n’y a
donc pas eu de contact entre la police et les femmes. Quand elles sont
arrivées en début de matinée, elles n’ont pas eu accès à leur marché. Elles
sont restées loin du site. Ce sont là des éléments d’explication du
commandant de la police municipale.

Le secrétaire général, lui, dit avoir suivi l’opération de bout en bout et n’a
constaté aucun affrontement entre les forces de l’ordre et les femmes. C’est
donc selon eux un faux problème que les femmes évoquent.
Le problème de ce marché est né, selon le secrétaire général de la mairie,
depuis l’ouverture du nouveau marché. A l’époque, ces femmes, dit le SG de
la mairie, ont émis le vœu de rester à côté de l’ancien site provisoire pour
vendre leurs légumes. Le refus de la mairie a été catégorique.

Les raisons sont qu’après la construction de la gare routière, a dit le SG, il n’y
aura plus de place pour ce marché. Le bosquet sera aménagé et clôturé. Des
voies seront dégagées. La présence des femmes en ces lieux est donc mal
indiquée. C’est ce qui explique que la mairie refuse que ces femmes restent
là-bas.

Des démarches avait été menées, en collaboration avec l’Etablissement
public communal de développement (EPCD) pour qu’une solution au
problème de ces femmes soit trouvée. Malheureusement, dira le SG de la
mairie, les femmes refusèrent d’obtempérer. Voilà pourquoi selon lui, il était
obligé de faire appel à la police pour les faire partir.

Les femmes disent effectivement avoir demandé à rester sur l’ancien site du
marché provisoire après l’ouverture du nouveau marché central. Pour elles, le
nouveau marché est loin, or elles veulent rester à côté.
Elles disent avoir entrepris des démarches auprès du maire pour y rester.
Promesse leur avait été faite par le maire, selon elles, pour résoudre le
problème. Quelques jours après, la mairie a commencé à percevoir les taxes.
Cela leur avait donné espoir.

Elles ont donc été surprises que ce samedi 18 mars 2006, la police investisse
les lieux. Elles disent n’avoir jamais été informées auparavant de cette
opération. Elles disent avoir été mises devant le fait accompli et ne sont donc
pas contentes de leur situation. Elles crient à l’injustice. Elles veulent que la
mairie leur attribue cette place qui, pour elle, est inoccupée.

Pour la mairie, ces femmes ne peuvent pas rester sur ce site. Le choix des
sites des marchés dépend, selon le SG de la mairie, d’une vision globale de
gestion de l’espace urbain. Parmi les femmes, s’il y en a qui ne sont pas
attributaires de place dans un marché de Koudougou, elles seront recensées
et replacées dans un des marchés.

Par Noraggo Paul HIRY

Le Pays

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