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Burkina/Centre-nord : La FAO et la Coopération belge sur la plaine de Louda, plus de 420 tonnes de riz attendues à la satisfaction des populations

Publié le jeudi 21 décembre 2023 à 21h00min

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Burkina/Centre-nord : La FAO et la Coopération belge sur la plaine de Louda, plus de 420 tonnes de riz attendues à la satisfaction des populations

Une équipe de l’Organisation des nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de la Coopération belge a, lundi, 18 décembre 2023, effectué une mission conjointe sur la plaine rizicole de Louda, sise dans la commune de Boussouma, région du Centre-nord, où 120 hectares sont exploités dans le cadre du projet GCP/BKF/068/BEL « Renforcement de la résilience des ménages vulnérables face aux effets néfastes du changement climatique par les boulis multi-usages, dans les régions du Nord, Centre-nord et du Sahel ». Ce projet de la FAO, financé par la Belgique, bénéficie ici, et pour cette année, à 821 exploitants directs, dont 201 personnes déplacées internes. La visite s’est soldée par le lancement de la récolte, d’où il est attendu 420 tonnes de riz.

L’objectif du projet est d’améliorer la sécurité alimentaire et la résilience des populations face aux effets néfastes du changement climatique, ainsi que la conservation de la biodiversité et des écosystèmes dans ses régions d’intervention.
A Louda, village situé dans la commune de Boussouma et à quelques encablures de la ville de Kaya (chef-lieu de la province du Sanmatenga et de la région du Centre-nord), le projet est mis en œuvre à travers l’exploitation effective d’une plaine rizicole de 120 hectares (sur 180 hectares aménagés). Il bénéficie à 821 exploitants directs, dont 523 hommes et 298 femmes. Parmi ces bénéficiaires, on dénombre 201 personnes déplacées internes.

Le maraîchage, une des retombées, fait également le bonheur des populations.

Dans la présentation faite sur les rives de la plaine par Marc Ouédraogo, un des porte-paroles, il ressort qu’outre ces centaines de bénéficiaires (117 ménages), le projet a permis de développer la maraîcheculture au profit d’importantes autres populations. D’où son expression de joie et de reconnaissances à la FAO et son partenaire, la Belgique, pour l’initiative de ce projet. La variété de riz produite a un cycle de 120 jours et le rendement prévisionnel est de 3,5 tonnes par hectare, soient 420 tonnes de riz attendues sur l’ensemble de la récolte, dont le top départ a d’ailleurs été donné par la mission. « C’est le riz récolté ici qui approvisionne les cantines scolaires de la région à travers la contractualisation avec l’Union provinciale des producteurs de riz », informe M. Ouédraogo.

Sur une capacité de 180 hectares aménagés, 120 hectares sont exploités ; c’est pourquoi, et au regard de l’impact réel de ce projet sur les populations, Marc Ouédraogo a plaidé auprès de la FAO et son partenaire belge pour l’opérationnalisation du gap, aux fins de permettre à davantage de populations de bénéficier de la plaine.

C’est avec le même sentiment de gratitude que le chef du canton de Louda s’est également adressé à ses hôtes, en expliquant que ce projet est, au-delà de son apport en vivres et en devises pour les populations, un maillon de promotion et de consolidation de cohésion sociale et de vivre-ensemble. Ce d’autant que, apprend-il, sa circonscription compte plus de 16 000 personnes déplacées internes qui vivent en symbiose avec les populations d’accueil. C’est pourquoi a-t-il, lui également, plaidé auprès des partenaires pour la mise en valeur des 60 hectares restants au profit des populations.

La cheffe de Coopération Belge, lançant ici la récolte.

« Le peuple burkinabè est résilient, et nous souhaitons qu’ils (la FAO et la coopération belge, ndlr) nous accompagnent dans ce sens-là. (…). Le vivre-ensemble est une nécessité ; quand vous avez des problèmes, comme le vivent les populations aujourd’hui, la cohésion sociale avec les personnes déplacées et les autres est une nécessité. Nous n’avons pas le choix, nous sommes des frères, nous sommes dans un même pays, nous n’avons pas un autre Burkina Faso, c’est le même pays, nous sommes tenus de vivre ensemble, et en aménageant cette plaine, ceux qui n’ont pas de terres pour travailler sont les bienvenus et cela va perpétuer notre vivre-ensemble », motive l’autorité coutumière.

Les difficultés, énumérées par les populations bénéficiaires sous l’angle de doléances, sont relatives à l’ensablement du barrage et du canal principal, à la défectuosité des canaux d’irrigation, l’absence d’équipements de labour motorisés. « Nous souhaitons que le barrage soit curé et tous les canaux d’irrigation au niveau du périmètre réhabilité, afin de permettre à la population de pouvoir l’exploiter conséquemment et pour que le rendement puisse s’augmenter (le rendement est de 3, 5 T/ha, nous souhaitons que ce taux s’augmente à 7, voire 8 tonnes par hectare). Tout cela dépend des travaux qui seront effectués au niveau du périmètre et au niveau du barrage. Nous comptons sur la FAO et son partenaire privilégié, la coopération belge, pour pouvoir donc mettre en valeur les 60 hectares restants. Nous sommes vraiment très heureux et leur adressons toutes nos bénédictions », a exposé le chef de Louda.

Le représentant de la FAO (en képi), devisant la cheffe de la Coopération Belge et le représentant du ministre en charge de l’agriculture (à sa gauche).

Le secrétaire général de la région, Inoussa Kaboré, représentant le gouverneur, s’est dit heureux de ce qu’il a vu sur le terrain et entendu des bénéficiaires. Il a profité de l’instant pour réitérer les félicitations de l’autorité régionale au chef de Louda, pour l’accueil qu’il a réservé aux personnes déplacées internes et surtout de leur permettre d’exploiter cette plaine aménagée.

« Nous avons été émerveillés par ce que nous avons pu voir et surtout les commentaires que nous avons entendus. Cela participe au renforcement de la cohésion sociale tant recherchée au Burkina », a-t-il dit.
En réaction à toutes les interventions, qu’il a attentivement suivies, le représentant de la FAO au Burkina, Dauda Sau, a rassuré les populations bénéficiaires par rapport aux doléances émises. Il a ensuite présenté le projet, les régions d’intervention, son contenu, ses attentes. D’un montant de cinq millions de dollars US, le projet « Renforcement de la résilience des ménages vulnérables face aux effets néfastes du changement climatique par les boulis multi-usages, dans les régions du Nord, Centre-nord et du Sahel » couvre les trois régions sus-énumérées, pour les trois années à venir (à compter de 2023).

Le secrétaire général de la région...

Parmi les nombreux résultats engrangés en 2023, on note la mise en valeur de 425 hectares de niébé vivrier pour une production de 637, 5 tonnes ; la mise en valeur de 254 hectares de niébé fourrager pour la production de 452 tonnes de fourrage ; la mise en place de plus de 60 clubs dimitra dans 20 villages pour la promotion de cohésion sociale et le vivre-ensemble ; la mise en place de trois fermes agro-écologiques ; le renforcement des capacités des acteurs.

« L’objectif au niveau de cette plaine, c’est d’apporter des techniques de production en ligne avec la variabilité de la pluviométrie, le changement climatique et aussi de voir comment les producteurs peuvent avoir la maîtrise de l’eau. Nous avons pris notes des doléances, avec les autorités, nous allons effectivement rendre les canaux libres de sable, réhabiliter les fissures, assurer les reboisements dans la bordure du champ pour éviter l’ensablement. En termes de techniques, c’est de faire en sorte que dans ces plaines rizicoles, les producteurs puissent exploiter pendant tous les douze mois de l’année ; quand la récolte de riz est faite, on peut poursuivre avec d’autres cultures maraîchères. Et aussi, l’aspect des chaînes de valeurs peut être valorisé pour permettre d’accroître les revenus des producteurs de façon durable. C’est cela qui va faire que la résilience sociale et économique des ménages soit importante », a démontré Dauda Sau.

Les populations, remettant un sac de riz, recolté de la plaine, étuvé et conditionné.

Selon ses explications, parallèlement à ce volet, la FAO apporte des approches de renforcement des capacités des bénéficiaires sur les techniques, technologies, à travers des approches « Champ école-agropastorale » et Association villageoise d’épargne et de crédit et ce, en plus des mécanismes mis en place pour permettre aux villages, aux communautés de pouvoir, eux-mêmes, prévenir les sources de conflits, planifier leurs priorités en termes de besoins, etc.

Tout comme le prédécesseur, la cheffe de coopération belge, Marie Goretti Nyirurakundo, n’a pas fait dans la langue de bois… « C’est quand on fait des visites conjointes, comme celle-là, qu’on se rend compte des réalités qu’on ne lit pas dans les papiers. (…). Nous sommes fiers de voir que les aménagements ont été exploités et que la production a augmenté. C’est donc une satisfaction. Mais comme on le dit : ‘’c’est bon, mais ce n’est pas arrivé ‘’ ; ce n’est pas encore le summum, on voudrait redoubler d’efforts. Il y a eu des doléances que les populations ont émises, des défis énumérés. L’objectif, c’est de se mettre ensemble à l’issue de cette visite et voir comment on peut trouver, ensemble, des solutions à ces problèmes qui nous ont été adressés », a réagi la cheffe de coopération belge, magnifiant la population pour sa résilience qui lui a permis d’atteindre les résultats.

« Nous avons trouvé ici du riz qui est dans le champ et également du riz dans des sacs (produit fini). C’est dire que la chaîne de valeurs est assurée, même s’il y a encore des améliorations qu’il faut faire. Et les leçons que nous avons apprises ici, c’est l’importance des autorités locales, qui ont accepté d’intégrer les populations déplacées internes ; cela est très important dans ce pays où on a des préoccupations humanitaires. C’est l’occasion de les remercier, voir comment elles ont donné les terres pour pouvoir travailler.

C’est très important. C’est quelque chose à souligner », apprécie-t-elle avant de réitérer ses encouragements à redoubler d’effort pour augmenter la production, tout en misant sur la résilience au changement climatique.

« Ce projet a été initié pour pouvoir prendre en compte le changement climatique, c’était l’objet premier de cette intervention. Maintenant, c’est de voir comment les populations peuvent apprendre des techniques plus appropriées à la résilience au changement climatique ; certains veulent des variétés de semence qui résistent plus au changement climatique, voir comment on peut utiliser de l’énergie solaire plutôt que le gasoil pour les petites motopompes par exemple. Et surtout améliorer la gestion au niveau familial. Nous avons parlé de comment la femme peut aussi être impliquée dans la gestion des récoltes, c’est très important ; parce qu’une fois que la récolte est faite, elle est parfois gérée par l’homme, alors que c’est la femme qui travaille. C’est très important pour nous aussi, ce changement d’habitude qui doit être porté pour que la femme puisse jouer son rôle et être reconnue comme une gestionnaire au sein de la famille. Nous avons constaté quand même que les femmes sont à un nombre assez conséquent au niveau de la plaine, ce n’est pas encore la parité ou la majorité, mais je pense qu’on est sur le bon chemin, pour pouvoir y arriver », a poursuivi la cheffe de la coopération belge, Marie Goretti Nyirurakundo.

Le chef du canton de Louda.

Satisfaction pour le représentant du ministre de l’agriculture et des ressources animales et halieutiques, Inoc Pooda, chef de département de la résilience et de la nutrition au Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (SE-CNSA). « Le ministère a lancé une grande offensive agro-pastorale et halieutique 2023-2025, qui est de produire un million de tonnes de riz, deux millions de tonnes de maïs, la pomme de terre, le blé. Le message à l’endroit des partenaires, c’est d’accompagner le ministère avec de telles initiatives. C’est déjà salutaire qu’on puisse arriver à nos ambitions, parce que l’offensive, l’Etat seul ne peut pas, il faut l’accompagnement des partenaires. C’est dans ce sens que ce que fait la FAO, avec l’appui de la coopération belge, est déjà salutaire pour atteindre les résultats de l’offensive », a présenté M. Pooda, exhortant les bénéficiaires du projet à, au regard du contexte national et international, utiliser à bon escient et efficacement les ressources.

Il souhaite, en outre, que l’accent soit mis sur la maîtrise totale de l’eau, pour compenser le déficit de production dans les parcelles de hautes terres (au regard des nombreuses poches de sécheresse).

La journée s’est poursuivie par une rencontre entre la mission conjointe et les chefs des bureaux terrain des agences des nations-unies à Kaya. Là, et après avoir situé les collaborateurs locaux sur le contexte de la mission conjointe et encouragé dans leurs actions au Centre-nord, la délégation a eu droit à un état des lieux, assorti de plaidoyers. Les préoccupations soulevées par ces collaborateurs se résument en l’immensité des besoins sur le terrain par rapport aux ressources disponibles.
A son tour, la délégation a surtout insisté sur la nécessité de faire remonter les informations du terrain et de travailler également sur le volet relatif à la consolidation de la paix. « Par exemple, si je n’étais pas venue, je n’aurais pas pu savoir les difficultés que vous avez sur le barrage (la plaine, ndlr).

Le représentant de la FAO au Burkina Faso, Dauda Sau, commentant les doléances émises par les populations bénéficiaires du projet.

Ce n’est quand même pas normal ! Ce n’est pas normal qu’on doit tous se déplacer de Ouagadougou à ici pour savoir qu’en fait, le projet dans lequel nous sommes tous engagés à Kaya, a des difficultés parce qu’il y a un barrage qui est ensablé. Ce genre d’informations, vous devez en parler, on a tellement besoin de ça », a souligné la cheffe de coopération belge, Marie Goretti Nyirurakundo, sous fond d’encouragements à ses interlocuteurs à trouver les moyens de faire remonter les informations.

Outre la FAO et la coopération belge, le projet « Renforcement de la résilience des ménages vulnérables face aux effets néfastes du changement climatique par les boulis multi-usages, dans les régions du nord, Centre-nord et du Sahel » a pour partenaire technique, la direction régionale de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques du Centre-nord et pour partenaires opérationnels, l’Association vision action développement (AVAD) et l’Union provinciale des producteurs de riz du Sanmatenga (UPPRS).

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