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<I>Une lettre pour Laye</I> : La Caisse est-elle trouée ?

Publié le vendredi 24 février 2006 à 07h02min

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Cher Wambi,

J’ai reçu, en début de semaine, la visite de ton oncle maternel Patunizambo qui, depuis qu’il a pris sa retraite, s’est retiré au village pour cultiver, comme disent les Blancs, son propre jardin.

C’est un sexagénaire un peu paniqué qui s’est présenté à moi. Les raisons de son émoi, les informations qui ont circulé ces derniers temps sur la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

D’abord publiée par des confrères de la place, la déclaration de six centrales syndicales burkinabè sur la gestion de la boîte de Zampa (Idrissa Zampaligré NDLR) a ensuite été reprise en boucle par Radio France internationale qui a interviewé Moctar Zonou, le secrétaire exécutif du Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC).

Grosso modo, on reproche notamment aux responsables de la Caisse d’avoir restauré un de ses bâtiments à un coût jugé surrévalué ; d’avoir acquis une parcelle dans les mêmes conditions ; d’avoir effectué des placements à l’extérieur, et de prêter de l’argent à des particuliers ; bref, de dilapider l’argent des travailleurs qui cotisent pour leurs vieux jours. Sur ce point d’ailleurs, cher cousin, on ne voit que les employés et on oublie que les employeurs, avec leurs charges sociales, casquent le plus dans les cotisations à la CNSS.

Cela dit, y a-t-il eu ou non malversations ? Le Conseil d’administration a-t-il été régulièrement tenu informé des différentes opérations ? La caisse a-t-elle oui ou non effectué des placements à l’extérieur, notamment sur le marché financier ? Je ne saurais te le dire. Une chose est sûre, les autorités ont décidé de se pencher sur la question, et une enquête a été diligentée à cet effet.

J’apprends d’ailleurs, cher cousin, que les enquêteurs qui ont bossé pendant une quinzaine de jours ont fini leurs investigations et doivent être à la phase de rédaction de leur rapport. Le vieux Patunizambo devrait donc être bientôt fixé sur le sort du fruit de ses longues années de labeur. Mais déjà, j’entends que l’écrit qui s’est "fort opportunément", pour reprendre l’expression d’un confrère sur un tout autre sujet, retrouvé dans la presse est en fait un brouillon qui ne serait pas en tout cas identique au document final.

On dit aussi que dans un pays où on a vite fait d’ajouter un ou plusieurs zéros à un chiffre pour le grossir (à dessein ?), le lifting dont on a parlé n’aurait coûté, si on ose dire, "que" 100 millions environ au lieu du milliard annoncé. On raconte également, cher Wambi, que l’opérateur économique mis en cause, sa société avec, dans le volet "prêt à un particulier" de cette affaire a commencé à rembourser en versant, il y a quelque temps, une tranche de 100 millions, le reste de l’ardoise devant être échelonné. Mais ici, c’est même le principe du crédit qui choque certains.

Quoi qu’il en soit, cher Wambi, que les accusations soient fondées ou pas, que les chiffres soient grossis ou pas, c’est une occasion de transparence qui est offerte aux dirigeants de la société pour montrer patte blanche et, qui sait, montrer la face cachée des activités de la Caisse, beaucoup de gens ne voyant que ses attributions traditionnelles. Peut-être en saurons-nous davantage quand l’interdiction faite à Zampa, par sa hiérarchie, de s’exprimer sur ce dossier sera levée.


Quid de la Haute Cour de justice ? Tu sais, cher Wambi, que selon les dispositions de notre Constitution (articles 137 à 140) il est institué une Haute Cour de justice, composée de députés de l’Assemblée nationale (06) et de magistrats professionnels (03). Cette Haute juridiction est compétente pour éventuellement connaître des actes commis par le président du Faso dans l’exercice de ses fonctions, et également pour juger les membres du gouvernement si, dans l’exercice de leurs fonctions, il leur est reproché des faits qualifiés de crimes ou de délits.

Cette Haute Cour qui est élue à l’occasion de la mise en place d’une nouvelle Assemblée nationale commémore son troisième anniversaire le 27 février prochain pour ce qui concerne la législature actuelle. Elle est présidée par le député Larba Yarga, ancien ministre, garde des Sceaux. Mais si une telle institution existe bel et bien sur le papier, on est loin de sa visibilité sur le terrain. A telle enseigne que beaucoup finissent même par ne plus se souvenir de sa réalité.

Il est vrai que, sauf erreur, elle n’a jamais eu à connaître du cas de l’une ou l’autre des hautes personnalités justiciables devant elle. Il est vrai également que, pour qu’une personnalité soit traduite devant elle, il faut que la majorité qualifiée de l’Assemblée nationale (4/5 des voix pour le président du Faso, 2/3 pour les membres du gouvernement) se prononce pour. Il est vrai enfin qu’à ce jour, et à ce que je sache, aucune autorité n’a posé des actes ayant peut-être mérité sa saisine.

Mais, enfin, cher Wambi, puisqu’elle existe, il faut quand même qu’on la connaisse ! Figure-toi que notre Haute Cour de justice ne figure même pas lisiblement sur la liste protocolaire relative aux cérémonies publiques, préséances et honneurs civils, telle qu’elle a été établie par décret n°2005-184/PRES-PM-MAECR. Tout cela m’amène à vouloir entrer rapidement en contact avec son président, Larba Yarga, pour en savoir davantage sur ce qui se fait dans cette institution qui reste peut-être la plus mal connue de la République.


Les municipales auront-elles enfin lieu le 23 avril après les multiples reports et surtout la guéguerre entre le Conseil constitutionnel, la CENI et les partis politiques, principalement ceux de l’opposition ? Question d’autant plus légitime qu’on sait que le Conseil constitutionnel avait dû mettre de l’ordre dans la maison de Moussa Michel Tapsoba suite à des plaintes formulées par les formations politiques quant à l’irrégularité de certaines dispositions relatives à l’organisation des municipales.

Entre autres griefs, on reprochait à la CENI sa décision de reconduire les mêmes membres de ses structures que ceux ayant piloté la présidentielle du 13 novembre 2005.

Comme pour régulariser la situation, l’affaire fut confiée à l’Assemblée nationale pour examen. Mais voilà que de ce côté aussi, ça coince ; en tout cas, au dire de certains, depuis un certain temps, des concertations ont lieu au niveau des différents partis de l’opposition pour adopter une stratégie commune face à ce qu’ils considèrent comme une volonté manifeste du pouvoir en place de violer la Constitution par l’Assemblée interposée.

Il en est qui seraient même allés plus loin en adressant une lettre de recours au Conseil constitutionnel pour attirer l’attention de cette institution sur le sujet, dans l’espoir que celle-ci ne se dédira pas. Une conférence de presse de 13 partis de l’opposition est d’ailleurs prévue ce samedi 25 février 2006 à 10h au siège du PAI à cet effet. C’est dire que les prémunicipales promettent de chaudes empoignades dans tous les sens du terme.


Mais en attendant, sache que ces joutes ne s’annoncent pas sous de bons auspices pour le parti de Gilbert Ouédraogo dans l’arrondissement de Boulmiougou. En effet, on constate depuis quelques jours des défections au sein de l’ADF/RDA pour appuyer la sous-section CDP du secteur 17 de Ouagadougou. Elles concernent essentiellement la coordination des élèves, des lycées et collèges dudit secteur, des responsables du bureau du parti de l’Eléphant et surtout des 40 bureaux de zone.

Les militants de ces dernières structures qui totalisent quelque 640 personnes comme base de mobilisation ont fait leurs valises en laissant entendre à qui le veut qu’ils soutiendraient les candidats du CDP aux municipales de 2006 en vue de l’atteinte de l’objectif de 6 élus sur 6 pour ce parti. Maintenant que Prosper Zéréné, coordinateur du comité de soutien, et ses ouailles ont claqué la porte, Gilbert Ouédraogo devrait revoir sérieusement ses troupes s’il ne veut pas que l’Eléphant perde le nord le 23 avril prochain. Pour l’heure, on se frotte les mains au sein de la sous-section CDP du secteur 17 de Ouagadougou.


Cher cousin, tu te rappelles sûrement une de mes missives dans laquelle je t’informais que notre compatriote Mathieu N’Doh du journal San Finna, par ailleurs membre du Bureau exécutif de l’UNDD, a été retrouvé dans le coma dans sa chambre d’hôtel à Abidjan. Evidemment cela avait suscité une vive émotion, et l’on s’interrogeait, à juste titre, sur ce qui avait bien pu lui arriver.

Eh bien, sache que les dernières nouvelles qui me sont parvenues sont assez rassurantes. En effet, m’apprend-on, N’Doh se serait remis de ce malaise, et serait en rééducation suite à une sciatique consécutive à ses premiers maux. On nous annonce même son retour dans les tout prochains jours, le traitement étant concluant. De toutes les façons, je te tiendrai informé de l’évolution de son état.


Cher Wambi, le Xe Sommet de la Francophonie s’est tenu à Ouagadougou en novembre 2004. Si cette manifestation des pays qui ont en partage le français a été un franc succès, elle n’en continue pas moins de faire des mécontents surtout au sein des prestataires de services. Dans ma lettre du 29 mai 2005, je t’informais qu’un d’entre eux m’a fait cette confidence : pour une facture de deux millions et demi, il n’a reçu que sept cent mille une semaine après l’événement. Depuis, plus rien. D’autres viennent de me dire qu’après de longues et vaines attentes, on leur avait promis de réagir favorablement en décembre dernier.

Du coup, ils s’étaient mis à rêver d’une belle fin d’année 2005. Espoir de nouveau déçu. Jusque-là, c’est un silence de cimetière. On leur a tout simplement dit de patienter, toujours patienter, et que les choses sont au niveau du Trésor. Les anciens membres de la Commission finances du Sommet doivent, à mon avis, tout faire pour payer ces dettes qui n’honorent pas le comité d’organisation ni le Burkina, car si après chaque manifestation, les prestataires de services doivent attendre des années pour empoigner leur gombo alors qu’il n’y a jamais de retard dans le décaissement des perdiems des organisateurs, viendra le jour où ils exigeront de passer à la caisse avant de livrer quoi que ce soit. Est-ce d’ailleurs une façon de ruiner à petit feu de petits opérateurs économiques qui n’ont pas encore les reins solides ?


Pendant que nous y sommes, cher cousin, il m’est parvenu qu’il y aura l’organisation, du 08 au 10 juin 2006 sur le site du SIAO à Ouagadougou, du premier Salon des fibres et matières d’Afrique. Et comme son nom l’indique, c’est un grand rendez-vous des acteurs de la mode et du textile, pour lequel nombre de pays consentent à délier les cordons de la bourse.

A l’annonce de l’événement, nombreux sont ceux qui nourrissaient le secret espoir que l’argent des bailleurs, dont la France qui met plus d’un milliard dans la cagnotte, profiterait aux nationaux. Hélas, mille fois hélas, cher cousin, la gestion des fonds risque d’être la pomme de discorde de ce salon. En tout cas, à quelque quatre mois déjà de ce rendez-vous continental, des grincements de dents se font déjà entendre, pour déficit de transparence, dit-on. Saura-t-on jamais qui porte quel casque dans ce deal ? Osons bien le croire.


Avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher cousin, permets que je partage avec toi la douleur de nos populations rurales.

S’il est un phénomène ces temps-ci qui leur ôte toute envie d’oser, ce sont les vols quotidiens de bétail qui s’opèrent dans les différentes fermes aux alentours de notre capitale. A Komki-Ipala, on n’a pas encore détecté la moindre trace de ces prédateurs, qu’à Ziga on est déjà sur le pied de guerre. Il faut coûte que coûte démanteler la filière, entend-t-on dire çà et là. Pour ce que je sais, cher cousin, l’une des célèbres victimes de ces voleurs de bétail est ton oncle Boureima Bougouma.

Eh oui, le gouverneur de la région du Centre a, lui aussi été dépouillé de son troupeau de bœufs dans la nuit du 08 au 09 décembre dernier. Sur trente têtes, les visiteurs malfaisants n’en ont laissé qu’une dans la ferme, à Gobi dans les environs de Komsilga. Jusqu’à l’heure où tu me lis, cher cousin, ton oncle est sans nouvelle de ses bœufs, en dépit du ratissage mené d’est en ouest et du nord au sud. L’ampleur que prend le phénomène commande, en tout cas, qu’on fasse quelque chose, mais quoi ? Face à des populations qui se refusent à toute déclaration, par peur de représailles, il faut avouer qu’il sera difficile de séparer le bon grain de l’ivraie.


Ballet de chefs coutumiers ce samedi à Saponé ? Ils seront, en effet, des dizaines, voire une centaine de dépositaires de nos us et coutumes à la rencontre annuelle, qui vient après celle de Baagem nini tenue l’année dernière. Invités d’honneur ce samedi 25 février sur les terre de Naaba Kouda : le chef de Zorgho et son homologue de Kokologho. Grand jour pour Naaba Padré et les siens, qui rime avec célébration de notre culture.


Depuis le 04 février 2006, le Comité exécutif de l’Association des femmes juristes du Burkina Faso a un nouveau visage. C’est le fruit de l’assemblée générale ordinaire tenue dans la salle d’audiences du Tribunal de travail de Ouagadougou. En voici sa composition :
— Présidente : Me Toé/Bouda Franceline, avocate
- Vice-présidente : Mme Traoré/Ouédraogo Somkinda, magistrate
- Secrétaire générale : Mme Dermé/Traoré Maïmouna, magistrate
- Secrétaire générale adjointe : Mme Zombré/Zida Léontine, magistrate
- Trésorière : Mme Zongo/Da Brigitte, Inspectrice des douanes
- Trésorière adjointe : Mme Zabramba/Yaméogo Adélaïde, cadre de banque
- Secrétaire aux relations extérieures : Mme Guissou/Zouré Nana, cadre de l’aviation civile
- Commissaires aux comptes :
- Mme Sanou/Touré Fatimata, magistrate
- Mme Fofana/Ouédraogo Ramata, magistrate.


Les fans du ballon rond sont unanimes pour reconnaître, à sa juste valeur, l’acte posé par le ministre des Sports et des Loisirs, Mory Jean-Pierre Palm, en faveur des clubs de football de première division de la ville de Sya, qui tirent le diable par la queue. 1 000 000 de francs CFA pour chacun des quatre clubs, plus 500 000 FCFA pour la Ligue de l’Ouest, assurément, c’est un bel exemple qui mérite d’être suivi.


Plus d’un l’auront remarqué, depuis une dizaine de jours, l’aéroport international de Ouagadougou est devenu un passage obligé pour toutes les compagnies de transport aérien quadrillant le ciel ouest-africain. Si les avis restent partagés sur les raisons de cette convergence des oiseaux de fer vers la capitale burkinabè, ils sont nombreux qui jurent, le cœur sur la poitrine, que c’est le ravitaillement en kérozène qui en est la cause. Y aurait-il problème ailleurs, ou est-ce la position stratégique de Simonville qui les y attire ?


Ce week-end serait-il celui des fêtes coutumières des chefs mossis ? Oui, si l’on se réfère au calendrier des uns et des autres. Et dans la capitale d’abord, où le Baloum Naaba Tanga II sacrifiera à la tradition. Ensuite, à Tanghin-Dassouri où toutes les troupes traditionnelles envahiront le palais de Naaba Sinbolo le dimanche 26 février à partir de 12h 00, pour boucler la boucle. Enfin à Niou où le wagré de Naaba Karfo refusera du monde, le tout Kourwéogo se sentant concerné.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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