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Israël-Palestine : La violence est un feu qui renaît de ses cendres

Publié le mardi 24 octobre 2023 à 22h19min

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Israël-Palestine : La violence est un feu qui renaît de ses cendres

Que se passe-t-il dans le monde ? Où va le monde ? Les conquêtes technologiques n’y font rien, la bestialité en nous est la plus forte, notre face obscure domine notre être et c’est en vain que l’on recherche l’ange qui se cacherait dans l’homme d’aujourd’hui. Depuis plus d’une quinzaine de jours, la guerre sans fin entre Israël et la Palestine a recommencé et est menée par les radicaux des deux bords : le Hamas et le gouvernement de Benyamin Nétanyahou. La résurgence actuelle a commencé par une attaque spectaculaire du Hamas le 7 octobre 2023 qui a surpris Israël, l’invincible.

Par les airs, la mer, la terre, les attaquants du Hamas ont déferlé sur le pays contre lequel, en même temps ils ont envoyé une pluie de roquettes. L’effet est spectaculaire, comme l’attaque du Kippour en 1973 ou du 11 septembre 2001 aux USA. Le monde entier est sous le choc de cette guerre où chaque camp s’en prend aux civils, mais malheureusement chacun choisit son camp, et l’homme n’est plus un homme, selon qu’il est Palestinien ou Israélien. A cette allure, les risques d’une extension du conflit à toute la région sont réels. En Afrique subsaharienne, reconnaissons-le, l’opinion publique ne se sent pas trop concernée.

Nous reprochons aux autres d’oublier nos guerres au Sahel, au Soudan, en Ethiopie, en République démocratique du Congo… mais nous ne nous mobilisons pas assez pour la paix dans le monde. Pourquoi le Moyen orient est à feu et à sang depuis 75 ans ? Pourquoi les représentants de la solution à deux Etats ne sont pas visibles et audibles ? A défaut de nous engager et nous ranger d’un côté contre un autre, si on essayait de voir quelles leçons on peut tirer de ce conflit ? Qu’est-ce que cette guerre dit de la nôtre, celle du Sahel ?

Cette guerre dure depuis la création de l’Etat d’Israël. L’Organisation des nations unies (ONU) en 1947, par la résolution 181 de l’Assemblée générale du 29 novembre envisageait un partage de la Palestine, mais Israël dès le départ des Britanniques proclame son indépendance. L’ONU après le choc de la découverte de la solution finale, la Shoah, a décidé d’accorder un territoire aux juifs en Palestine. Il faut signaler qu’un moment, il a été question de créer l’Etat hébreu en Ouganda.

La Palestine a ainsi été divisée en trois parties avec un Etat arabe, un autre hébreu et une zone internationale comprenant les lieux saints, de Jérusalem et sa proche banlieue, communs aux trois religions se réclamant d’Abraham : juive, chrétienne, musulmane. Cette division n’est pas acceptée par les Etats arabes et la guerre éclate et Israël débute sa politique de colonisation en dehors de ce que les nations unies lui ont donné. Ainsi, les populations de Palestine ont dû quitter déjà en 1948 par centaine de milliers, leur territoire, leurs maisons, leurs biens parce que cette terre appartenait maintenant à Israël, ou avait été annexée par elle. Et cette frustration est énorme.

En 1967, Israël attaque l’Egypte, la Syrie et la Jordanie et triomphe au bout de six jours créant le mythe de la puissance de l’Etat hébreu. En 1973 c’est la guerre du Kippour, Israël est surprise et consent des pertes mais gagne à la fin. Chaque victoire, est une occasion pour une fuite en avant foncière pour l’Etat hébreu qui annexe envoie des colons dans de nouvelles zones. La résolution à la base qui attribuait « 56,47 % de la Palestine à un État juif (pourtant moins nombreux ajouté par nous) et 43,53 % à un État arabe, la ville de Jérusalem placée sous statut international. » est devenue caduque. Israël pense que ce sont les conquêtes militaires qui sont l’horizon de ses frontières mais pas les résolutions des nations unies.

Ce choix de certains dirigeants israéliens est celui de la violence depuis la proclamation unilatérale de l’indépendance du pays. Choisir uniquement la violence pour régler un problème suppose d’imposer par la force sa solution par l’anéantissement de l’adversaire. Car la défaite militaire n’est qu’un moment du conflit puisqu’on refuse d’écouter l’autre, de discuter avec lui, d’accepter aussi son droit à cette terre. Et c’est ainsi que dure cette guerre depuis 75 ans, avec différentes organisations palestiniennes : le Fatah, l’OLP, le Hamas et le Jihad islamique. Tant qu’il restera des Palestiniens, si on ne négocie pas, le conflit se poursuit.

Arafat, Rabin, Oslo, la paix sont tous partis

Les Etats unis sont le seul Etat qui peut imposer une solution négociée à Israël, mais les dirigeants américains de ces dernières années ne le peuvent pas pour certains et ne le veulent pas pour d’autres. Mais la situation actuelle du peuple palestinien ne dérange pas outre mesure, l’Union européenne, la Russie et la Chine sans parler des dynasties arabes qui préfèrent claquer des fortunes pour le football. Et ces derniers jours avant le début du conflit on parlait d’accord entre l’Arabie saoudite et Israël.

Le premier succès de cette guerre, est d’avoir suspendu les discussions de l’accord d’Abraham. Une des caractéristiques de l’option militaire, est qu’elle vous amène à vouloir anéantir l’adversaire, le détruire totalement pour imposer votre solution. Ce faisant on règne, on domine, on possède une terre sans être vivant. C’est la solution qu’espère le gouvernement Netanyahou qui a fait plus de 5 000 morts par ses bombardements dans la bande de Gaza, contre 1 400 pour le Hamas.

En se vengeant sans discrimination, Israël fait la propagande de la violence qui est considérée comme la seule voie pour régler le conflit. Nous sommes face à deux fanatismes : pas d’Etat palestinien, pas d’Etat israélien. Des deux côtés pourtant, tant en Palestine qu’en Israël, il y a eu des hommes de paix des partisans de la solution à deux Etats. Un Etat démocratique palestinien et un Etat démocratique juif. Voilà l’espoir qui s’est levé au Proche Orient avec les accords d’Oslo en 1993 signés par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le gouvernement israélien de Itzak Rabin sous l’égide des Etats unis.

Bien qu’en faveur d’Israël, la droite de ce pays et le Hamas s’y sont opposés. Le Hamas surfant sur ce désaccord a gagné les élections dans la bande de Gaza et y a expulsé l’OLP en assassinant beaucoup de ses responsables. Les dirigeants actuels d’Israël se félicitaient de la victoire du Hamas qu’ils considéraient comme celle qui éloigne la création d’un Etat palestinien. Dans cette guerre qui se déroule sous nos yeux, les civils sont massacrés tant par le Hamas que par les forces armées israéliennes. Aucun des camps ne défend les valeurs humaines et ne respecte les droits de l’homme.

Et chez-nous, au Faso

Au Burkina Faso et au Sahel la guerre contre le terrorisme fait davantage de victimes civiles comme entre le Hamas et Israël. Mais chez-nous, que veulent les groupes terroristes, quelles sont leurs revendications ? Nous avons tort de laisser des questions aussi importantes sans réponses, de parler d’hommes armés non identifiés après autant d’années. Ce n’est pas parce que nous avons des exemples de guerres sales sur nos écrans que nous devrons faire la même chose au Sahel. Nous avons la chance que notre conflit se compte encore sur le bout des doigts de la main. Ne fermons pas notre cœur à nos frères essayons de les rencontrer, de les entendre, de discuter et de chercher des solutions ensemble.

Voyons comment la violence a quitté les champs de bataille pour s’installer verbalement sur les réseaux sociaux et se répand dans notre vie, à tel point que certains qui refusent d’aller se battre contre ceux qui ont pris les armes contre le pays menacent de sortir les machettes contre les syndicalistes qui veulent se rencontrer entre eux. Pourquoi cette haine débordante a pris certains Burkinabè qui ne veulent plus voir ceux qui ne pensent pas comme eux ?

Faut-il tuer tous ceux qui disent qu’on n’a pas encore résolu notre problème, pour que le problème disparaisse où soit résolu ? On fait la guerre aux terroristes, aux journalistes aux magistrats, aux syndicats, et ainsi de suite. La guerre alimente la guerre pour un feu qui ne s’éteint pas. L’histoire entre la Palestine et Israël nous dit que vaut mieux la paix que de s’entretuer sans fin.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 24 octobre 2023 à 22:06, par Oxb En réponse à : Israël-Palestine : La violence est un feu qui renaît de ses cendres

    Ce commentaire m’a fait couler une larme. La logique humaine a foutu le camp. Les africains qui se réjouissent de la crise en Ukraine juste par haine des occidentaux . Alors que la majorité des morts sont des innocents. Les gens prennent parti soient pour Israël ou la Palestine. Alors que les victimes sont des civils. On a perdu notre empathie, notre humanisme. On se déteste tous. Au Burkina il y’a les patriotes et les apatrides. Et pourtant, les terroristes sont unis. J’ai perdu ma foi en l’humanité. Même sur le forum, regardez comment les gens sont agressifs.

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  • Le 25 octobre 2023 à 15:27, par lamoussaa En réponse à : Israël-Palestine : La violence est un feu qui renaît de ses cendres

    On fait la guerre aux terroristes, aux magistrats, aux syndicats, aux journalistes,et ainsi de suite.
    Notre journaliste savant a oublié une catégorie importante
    La guerre doit également se faire aux jounaleux apprentis manipulateurs au service de leur ventre et de l’impérialisme internationale !!!

    Répondre à ce message

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