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Zéphirin Diabré : « Ah bon ! On voulait me nommer Premier ministre ? »

Publié le vendredi 10 février 2006 à 08h12min

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Zéphirin Diabré

Après avoir siégé pendant sept ans comme directeur adjoint du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), Zéphirin Diabré a jeté son dévolu sur AREVA, la géante du nucléaire français. Hier, dans une salle de réunion de l’immeuble des Nations unies, il a invité les journalistes pour faire le bilan de son passage au PNUD, qui, à l’écouter, est somme toute positif.

Parti depuis sa nomination le 7 décembre 1998 à l’Immeuble de verre à New York, Zéphirin Diabré, qui a été ancien ministre des Finances de notre pays, nous revient. En effet, il a décidé de poser ses valises à Ouagadougou, auprès des siens. Les nouvelles technologies et l’avion aidant, il pourra du même coup abattre son nouveau job pour AREVA.

Il va s’occuper de son rôle de « conseil et stratégies » au niveau des zones Afrique et Moyen-Orient de cette grande entreprise, qui gère au bas mot 58 000 employés. Mais pourquoi le Burkina comme résidence ? Cela répond à deux logiques pour Zéphirin Diabré. « C’est d’abord chez moi et c’est lié à la nature de mon travail pour lequel on n’a pas besoin d’être forcement à son siège ».

Il ajoutera d’ailleurs qu’il n’est pas le seul du genre et que ce n’est nullement pour un autre calcul. Lorsque l’ex-directeur général adjoint du PNUD intégrait cette institution, il fera remarquer que cette dernière traversait de grosses zones de turbulence. « Le PNUD était en crise et avait beaucoup perdu la confiance de ses bailleurs de fonds ».

A son départ, le nouvel homme d’AREVA a quitté le Programme des Nations unies, avec le sentiment d’avoir abattu un gros travail. « Depuis notre arrivée, l’institution dispose de deux fois plus de ressources. Mais comme un proverbe de chez nous dit que quand on a raison sur un chef, il ne faut pas y rester longtemps, j’ai décidé de repartir vers mon ancienne origine qui reste le privé ».

Par ailleurs, dans sa déclaration liminaire, il fera savoir qu’au PNUD, les Burkinabè, plus particulièrement, ont réussi, par leur travail, à occuper de nombreuses fonctions importantes, au point qu’à la date d’aujourd’hui, le Burkina est le pays du tiers-monde qui occupe le plus grand nombre de représentants résidents et de représentants résidents adjoints du PNUD. Un journaliste lui posera une question sur le nombre et l’évolution de la situation des travailleurs d’origine burkinabè depuis qu’il a secondé le principal responsable.

Avec ce ton direct et quelque peu anglo-saxon qu’on lui connaît, il sera assez tranchant en faisant savoir que ces derniers n’ont pas un traitement de faveur. « C’est une question à laquelle je ne répond pas d’habitude. Je ne cherche pas à savoir combien de Burkinabè il y avait, ni de quelle nationalité étaient les autres travailleurs. Je sais seulement que ceux qui ont été choisis là-bas l’ont été pour leur compétence professionnelle. Par contre, la lutte que nous y avons menée était pour que les nations pauvres et les femmes y soient bien représentées. Pour la situation de mes compatriotes, je n’ai absolument joué aucun rôle ».

"Il n’y a pas que le nucléaire à AREVA"

Aujourd’hui, comme nous le disions plus haut, Diabré a rejoint la méga entreprise française spécialisée surtout dans le nucléaire. Naturellement, avec ce choix, on est en droit de se demander si cet économiste-gestionnaire de formation peut être utile au Pays des hommes intègres, qui n’a pas pour le moment les ambitions de l’Iran, et où l’important, c’est d’abord l’eau potable à satiété et ensuite les trois repas quotidiens. « Pourtant si ! », fera-t-il savoir en disant qu’il ne faut pas voir seulement l’aspect « nucléaire » dans la nouvelle société qu’il a ralliée.

Elle s’investit non seulement dans l’électricité traditionnelle, mais aussi dans les énergies renouvelables et les mines. « Nous avons par exemple une collaboration dans le domaine électrique avec la Sonabel. A côté de nous, dans l’activité minière, nous sommes dans l’exploitation de l’uranium au Niger par exemple ».

On imagine bien qu’un débat avec Zéphirin Diabré finirait forcement par verser dans la politique. En effet, après la victoire du candidat Blaise Compaoré à la présidentielle et la démission du Premier ministre qui s’en est suivie, des pronostics de tous genres, aux résultats aussi incertains qu’un « 4+1 » du PMU-B, avaient été faits par les observateurs (avisés ?) de la scène politique nationale. D’aucuns ont donc susurré le nom de Zéphirin Diabré, parmi les « premiers ministrables », même si le doute avait commencé à naître en beaucoup, quand il a obtenu son poste dans l’entreprise AREVA, avant même la fin du suspense, c’est-à-dire la confirmation de Paramanga au poste de Premier ministre.

A l’évocation de cette hypothèse par un journaliste, le concerné, l’air étonné, dira n’avoir pas été au courant de ce qui se racontait. « Je n’étais pas ici. Vous m’avez vu ici ? Moi je ne savais même pas qu’il y avait une campagne qui se battait ici ! Moi en ce qui me concerne, j’avais estimé qu’au PNUD j’avais rempli ma mission et que je pouvais faire valoir mes compétences ailleurs, pour nourrir ma famille ».

Issa K. Barry

Observateur Paalga

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