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SNC 2023 : La Boucle du Mouhoun à l’affût du graal

Publié le mardi 25 avril 2023 à 22h23min

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SNC 2023 : La Boucle du Mouhoun à l’affût du graal

Les troupes « Badenya » et « Yoropo » de Dédougou, pour ne citer que ces acteurs culturels, auront la lourde charge de représenter la région de la Boucle du Mouhoun à la Semaine nationale de la culture (SNC), édition 2023, à Bobo-Dioulasso. Elles travaillent d’arrache-pied dans l’espoir de séduire le jury.

Au secteur n°4 de Dédougou, ce mercredi 19 avril 2023, il est exactement 17 heures 30 minutes. L’ampoule rougeâtre du soleil couchant, à l’ouest, se presse de disparaître à l’horizon. Au même moment, la troupe « Badenya » s’installe pour une énième répétition. Elle cadre avec les préparatifs de la participation du groupe à la 20e édition de la biennale de la culture à Bobo-Dioulasso.

Le lieu des répétitions, une cour d’habitation. Elle est exiguë. Impossible donc à l’équipe d’une dizaine de membres de se mettre en situation de scène. Une contrainte, parmi tant d’autres, qui laisse une tache noire dans les préparatifs, selon Samou Dembelé, premier responsable et encadreur de la troupe. L’esprit d’équipe dans le travail préparatoire permet néanmoins aux artistes musiciens traditionnels de surmonter les obstacles, foi de l’encadreur Dembelé.

Rien au monde n’entame pourtant le rêve de la « team » de se hisser sur la plus haute marche du podium au soir de la manifestation dans la catégorie « musique traditionnelle instrumentale ».

La troupe Badenya en pleine répétition

Rêver grand

« On part à Bobo, ce n’est pas pour participer seulement. Notre plus grand souhait c’est de remporter le premier prix dans la catégorie musique traditionnelle instrumentale », rassure Samou Dembelé.

A seulement cinq années d’existence dans le landerneau culturel et participant pour la première fois à la Semaine nationale de la culture (SNC), le rêve de « Badenya » (ndlr fraternité en français) pousse des ailes. « La SNC, c’est surtout un passage pour nous. C’est pour aller se faire connaître. Rencontrer d’autres partenaires aussi, et même en dehors de la SNC, qu’on puisse continuer », confie l’artiste musicien traditionnel. La troupe du secteur 4 n’est pas la seule à caresser le rêve d’inscrire en lettres d’or le nom de la Boucle du Mouhoun à cette édition 2023.

La troupe « Yoropo » de Open Elisabeth Kondé ambitionne de soulever le trophée le plus convoité dans la catégorie « danse traditionnelle pool jeunes ». Nous l’avons trouvée en pleine répétition le jeudi 20 avril 2023 au secteur n°1 de la cité du Bankuy. L’équipe est constituée notamment de scolaires. Elle se réunit uniquement dans les soirées, après la fermeture des classes, pour les séances de répétitions, sous le regard professionnel de la promotrice et des instructions d’un technicien de la Direction régionale en charge de la culture. « Les préparatifs se passent bien. Avec toutes les difficultés, on espère quand même que ça ira », souffle dame Kondé munie de sa canne et dont la voix vibrante et retentissante trahit l’âge et le physique.

La troupe Yoropo

Plusieurs catégories à l’affiche

« Yoropo » signifiant « demain sera meilleur » en langue bwamu est un gage d’espoir et d’espérance pour les jeunes danseurs. Sur scène, ils se trémoussent et se donnent à fond dans les préparatifs. Encore davantage, ils promettent de le faire à Bobo-Dioulasso. La troupe a été créée en 1994. Elle a remporté le premier prix en danse traditionnelle pool jeunes à l’édition 2018 de la SNC. Bientôt, elle aura participé, à quatre reprises, à la grande messe de la culture burkinabè.

Des représentants de la Boucle du Mouhoun, il faut compter Orokia Tangani. Elle devra faire valoir les potentialités culinaires de la région à cette 20e édition dans la catégorie « plats lourds ». A l’instar des autres, Madame Tangani est dans le feu des préparatifs. Elle nous reçoit à son domicile sis au secteur n°5 de Dédougou le lundi 24 avril 2023. Celle qui aspire au premier titre dans sa catégorie s’active à concevoir un mets. Entre autres composantes, du beurre de karité, du poisson pêché au fleuve Mouhoun, du riz local, du soumbala en poudre, voilà ce qu’il a fallu à cette femme pour accoucher d’un plat fumant de riz gras.

Orokia Tangani se perfectionne sous la supervision de ses mères qui lui ont appris le métier

Ce sont au total sept troupes en art de la scène, une trentaine de lutteurs, trois archers et quatre candidates en art culinaire qui participeront à la 20e édition de la SNC pour le compte de la région de la Boucle du Mouhoun, informe le directeur régional chargé de la culture, Jean-Baptiste Dakuyo. La plupart des ambassadeurs de la région à la 20e SNC bénéficient, d’une manière ou d’une autre, de l’appui technique de la direction à travers ses six représentations provinciales, soutient le directeur régional. Il se dit confiant au regard de l’investissement des acteurs dans les préparatifs de leur participation.

Des difficultés financières

Qu’à cela ne tienne, des difficultés subsistent chez bien des acteurs. Essentiellement d’ordre financier, ces contraintes mettent du plomb dans l’élan préparatoire. Chez « Yoropo » comme chez « Badenya », l’insuffisance des moyens financiers se fait sentir. « Les moyens financiers nous manquent alors qu’il faut renouveler les instruments de musique et acheter des tenues pour les enfants. Sans appui financier, on ne peut pas. Mais, on se débrouille quand même avec nos moyens de bord », martèle la promotrice de la troupe « Yoropo ».

Chez « Badenya », la rareté du nerf de la guerre impose des répétitions dans un espace inadapté. « Ce qui fait que nous sommes à la maison ici, c’est par manque de moyens. Sinon, il y a un autre coin à cinq kilomètres de la ville, mais les frais de carburant pour s’y rendre font défaut », déplore Samou Dembelé.

Selon le directeur régional en charge de la culture de la Boucle du Mouhoun, Jean-Baptiste Dakuyo, son institution suit de près les préparatifs.

Tous espèrent que de bonnes volontés entendront leur cri de cœur et voleront à leur secours car, « il n’est jamais trop tard pour bien faire », rappelle Madame Kondé.

La 20e édition de la Semaine nationale de la culture se déroulera dans la capitale économique du Burkina Faso à Bobo-Dioulasso, du 29 avril au 6 mai 2023 sous le thème : « Diversité culturelle, ferment de l’unité nationale. »

Yacouba SAMA

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