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Les bloggers, des journalistes du virtuel !

Publié le mardi 27 décembre 2005 à 07h53min

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web personnel. Le blog ou weblog est un espace de liberté, d’expression individuelle ou collective. Média d’échange, de conversation, le blog donne des informations sur divers sujets. Des discussions, débats naissent. De nombreux internautes dans le monde s’y adonnent.

"Le blog1 donne à chacun, quelles que soient sa formation ou ses compétences techniques, la possibilité de devenir éditeur.... Les blogs sont un formidable outil pour la liberté d’expression. Ils ont délié la langue des citoyens ordinaires. Ceux qui jusqu’à présent n’étaient que des consommateurs d’information sont devenus les acteurs d’une nouvelle forme de journalisme, un journalisme à la racine selon les termes de Dan Gillmor, c’est-à-dire par le peuple et pour le peuple", affirme l’Association pour la protection des journalistes, Reporter sans frontières.

Un particulier, une association, une entreprise peut, grâce au blog publier ses idées, l’actualité en temps réel et recevoir instantanément les commentaires des internautes. Quelque chose amuse, touche, choque, l’intéressé peut le partager. Le blog est là.
Production soutenue. Publication instantanée.

Communication de proximité. Réactions des internautes. Commentaires "à chaud". Sur le Net, tout cela est permis par le blog. Le blog, espace d’instantanéité supplante les médias traditionnels (journaux, radios, télévision...). Il modifie les conditions de production, les contenus et les rapports auteurs-lecteurs, journalistes-non journalistes.

Espace d’expression

Outre les citoyens, les journalistes occidentaux s’approprient le weblogging sur initiative propre ou sur injonction de leur employeur. Ces journalistes-webloggers y développent des informations. Surtout celles qu’ils n’ont pu traiter dans leur média. Ils publient également des articles censurés. Cette situation permet un renforcement du contrat de lecture entre le lecteur et le site web du journal. Conséquences : audience accrue. Pour autant la version papier du journal garde son lectorat.
Tribune, le blog est également espace de controverse.

http://www.bufafa.blogspot.com est le blog de Amétépée Koffi, journaliste au Journal Jeudi. Pour lui, le blog est : " une occasion d’initier un débat sur la politique telle qu’elle se fait et se défait au Burkina ". C’est pour quoi son blog se veut "un espace de coups francs sur la politique burkinabè".

Autoritarisme oblige, l’espace républicain est miné. Censure, autocensure, désir mal fondé d’indépendance de certains éditeurs sapent la liberté de presse et d’expression. Des journalistes se sentent muselés. Et la presse souterraine se fait une part belle. "Le blog donnerait la possibilité à tous de s’exprimer sans peur et en toute convivialité avec l’assurance de voir ses expériences personnelles apprécier par d’autres. Dans un pays où tout est encore secret, cela peut libérer les consciences ", assure Parfait Silga, journaliste au quotidien Le pays.

Dans la même lancée, Reporter sans frontières soutient : "Dans les pays où la censure est reine, lorsque les médias traditionnels vivent à l’ombre du pouvoir, les bloggers sont souvent les seuls véritables journalistes. Ils sont les seuls à publier une information indépendante, quitte à déplaire à leur gouvernement et parfois au risque de leur liberté ". Puis de lancer : "Les blogs passionnent, inquiètent, dérangent, interpellent. Mais, une chose est sûre : les blogs ne laissent plus indifférent".

Créer son blog

Pas besoin de connaissance technique pour en créer. Sur ces sites http://www.blogger.com/start ; http://www.over-blog.com/ ; http://www.skyblog.com/ ou http://www.u-blog.net suivez simplement les instructions pour en créer.
"Ces blocs-notes en ligne sont encore plus hétéroclites que la presse. Difficile de faire le tri entre les publications d’information, les tribunes personnelles, les vraies enquêtes et les témoignages bidons, difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. Il est probable que certains bloggers développent peu à peu leurs propres standards éthiques, pour renforcer leur crédibilité et gagner la confiance de leur lectorat", souligne Reporter sans frontières. L’originalité fait émerger du lot des communs. La voie originale pour un blog est "d’apporter un point de vue ou des informations délaissées par les médias traditionnels". Le blogger doit faire connaître sa publication, trouver son public. Un blog sans lecteurs a peu de chance d’être connu.

Lorsque produire de l’information est une activité à risques, les bloggers ont intérêt à préserver leur anonymat. Les cyberpolices veillent. Elles sont devenues maîtres dans l’art d’épier la toîle. Débusquer les " troubles-net " est leur surf favori. Pour ceux qui, au nom de la liberté d’expression, entrent en résistance par leurs seuls écrits, mieux vaut disposer de compétences techniques pour leur échapper2.

Dans certains pays, les cyberdissidents sont confrontés à un problème crucial : le filtrage. La plupart des pays "autoritaires" disposent de moyens techniques leur permettant de censurer le réseau. A Cuba et au Viêt-nam inutile de rechercher des informations mettant en cause la politique gouvernementale. Pas plus que celles dévoilant les affaires de corruption ou les violations des droits de l’homme.

Participer à la liberté d’expression

Au Burkina, le blog est très peu connu des journalistes. "Je ne sais pas ce que c’est qu’un blog", avoue John-William Somda, journaliste à Horizon sport et à la télévision privée SMTV. Cette situation est due à plusieurs pesanteurs : le manque d’intérêts et ou de formation pour les technologies de la communication et de l’information (TIC).

Les rédactions sont très mal équipées ou pas du tout. Les sujets ayant trait aux TIC sont très peu. " Les médias burkinabè ont leur place dans tous ces concepts et dans le web ", reconnaît Parfait Silga du journal Le pays.

Amétépée Koffi, un des rares journalistes burkinabè à posséder un blog se veut être l’un des pionniers : " Le phénomène blog n’a pas encore débordé dans nos médias traditionnels. Mais, j’ai l’espoir de voir mes confrères et l’opinion suivre le mouvement. J’espère qu’à partir de mon blog, les médias burkinabè s’inviteront au débat. Ils auront la possibilité de donner de nouveaux sentiers d’analyse de l’expression et de la démocratie. Ces dernières se veulent sans frontières et sans censure ".

Le blogging, le fait de publier un blog, tout comme le journalisme sont des émanations de la liberté d’expression. Ils sont une nécessité et un devoir d’informer. Le premier vient donner plus de perspective au second. Le blogging n’est pas simplement un passe-temps. Il est la bouche et les oreilles de milliers d’internautes.

Ramata. sore@gmail.com
L’Evénement

1 Sous cette appellation, on trouve sur le net des journaux intimes, le carnet de bord de photographes, des sites relatant quotidiennement des anecdotes. Les raisons de l’élan d’un weblog sont variées. Des hommes politiques se côtoient sur ces espaces.

2 Lire le Guide pratique du blogger et du cyberdissident de Reporter sans frontières. Voir également ce site de cette organisation au www.rsf.org

P.-S.

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