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Élevage de lapins et agroécologie : 80 ménages de la commune de Loumbila tirent leur épingle du jeu

Publié le mardi 24 mai 2022 à 19h00min

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Élevage de lapins et agroécologie : 80 ménages de la commune de Loumbila tirent leur épingle du jeu

Lancé le 1er mars 2021, le projet « Développement de la cuniculture et agroécologie familiale : initiatives de lutte contre la précarité alimentaire et l’exode rural au Burkina Faso » va clore ses activités le 31 mai 2022. À six jours de cette date butoir l’ONG Tamat et l’association Manègdbzanga (développement pour tous en langue mooré) se sont retrouvés avec leurs partenaires, ce mardi 24 mai, pour présenter les résultats dudit projet.

Peu pratiquée au Burkina Faso, l’élevage de lapins est pourtant une activité rentable qui a de l’avenir. C’est ce que pense l’ONG italienne Tamat qui met en œuvre, depuis mars 2021, un projet ambitieux sur la cuniculture et l’agroécologie dans le village de Tanlargo, dans la commune de Loumbila. Dénommé « Développement de la cuniculture et agroécologie familiale : initiatives de lutte contre la précarité alimentaire et l’exode rural au Burkina Faso », ce projet est financé par la présidence du Conseil des ministres d’Italie à hauteur de 192 306 euros (126 144 605 F CFA).

Après quinze mois de mise en œuvre, le projet arrive à son terme le 31 mai 2022. Les acteurs se sont retrouvés pour dresser le bilan, mardi 24 mai 2022, dans l’enceinte de l’École nationale de l’élevage et de la santé animale. C’était en présence de l’ambassadeur d’Italie, Andrea Romussi.

L’atelier bilan s’est tenu à l’Ecole nationale d’élevage et de santé animale, l’un des partenaires de l’ONG Tamat

400 bénéficiaires en ligne de mire

L’ONG Tamat et son partenaire l’association Manègdbzanga font partie de ceux qui croient que la cuniculture et l’agroécologie peuvent lutter contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et peuvent du même coup fixer une jeunesse, tentée de rejoindre les grandes villes, à la quête d’un mieux-être. Le projet vise à renforcer les capacités des petits éleveurs afin d’augmenter la qualité et la quantité de la viande locale de lapin. Aussi, elle ambitionne promouvoir les techniques d’agroécologie comme la technique de la butte en sandwich, pour améliorer la production agricole familiale. À terme, le projet devrait profiter à 400 personnes.

Les participants étaient composés des partenaires mais aussi des bénéficiaires du projet

Formation théorique, mais surtout pratique

Dans son exposé, Mohamed Louré, ingénieur agronome, dit que le projet a permis de former 41 ménages (d’au moins 5 personnes) en cuniculture. Ceux-ci ont été identifiés avec le concours de l’association Manègdbzanga, de la mairie de Loumbila et du comité villageois de développement. Au-delà de la formation théorique et pratique assurée par une Zootechnicienne venue d’Italie, les bénéficiaires ont reçu des formations continues à domicile. Pour parfaire leur apprentissage, ils ont également effectué une sortie de terrain chez un cuniculteur pour un partage d’expériences.

La cheffe de projet Tamat, Bedini Fabiola a salué la confiance qui existe entre les différents acteurs du projet

Des cages et lapins offerts, des crédits octroyés

L’appui du projet est allé au-delà du renforcement de capacités, selon l’ingénieur agronome Mohamed Louré. Des cages pour lapins ont été confectionnés pour l’ensemble des ménages. Aussi, 133 lapins ont été achetés dont 123 lapins locaux (race bobo) pour les 41 ménages à raison de deux femelles et un mâle par ménage. Les dix autres lapins ont été achetés pour le centre. Il s’agit de huit femelles de race étrangère hyplus et deux mâles locaux. Un jardin potager a été mis en place pour produire des choux et des salades afin de compléter l’alimentation des lapins.

Pour leur permettre de mieux gérer leur élevage, les ménages ont été formé. Trente-deux d’entre eux ont demandé et obtenu un crédit de 65 000 F CFA à rembourser chaque 4 mois sur une durée d’un an et à un taux de 8%.

Un protocole de partenariat a été signé entre l’ONG Tamat et l’Association patronale des Restaurateurs et Hôteliers du Burkina

La cuniculture, un élevage délicat

Même si les résultats du projet sont réconfortants, l’ONG Tamat note un taux de mortalité élevé (68 lapins morts sur 151 achetés et 83 lapereaux morts sur 159). Selon les responsables du projet, cela est due à une mauvaise gestion des bénéficiaires, mais aussi à une forte chaleur pendant les mois de mars et d’avril. Si certains producteurs attendent toujours l’assistance du projet en cas de pépins, d’autres par contre s’investissent davantage et ne manquent pas d’astuces pour pallier les difficultés. Comme recouvrir la cage de lapins à l’aide d’un séko pour atténuer la chaleur.

Techniques d’agroécologie et de lutte phytosanitaire

Le deuxième volet du projet, qui a concerné l’agroécologie, a permis également de former 40 familles de petits agriculteurs sur la technique de la butte sandwich, des biofertilisants et des biopesticides à base de feuilles, de graines et d’huiles de neem, de feuilles de papayes, de citronnelle, de tabac, de piment et d’ail.

Pour leur permettre d’élargir leur horizon et d’apprendre de ce qui se fait mieux ailleurs, les bénéficiaires ont effectué une visite de terrain chez l’association “Saisonnière”. Et comme pour le volet cunicole, les petits agriculteurs ont reçu une formation en création et gestion d’une microentreprise et de micro-crédits

Plusieurs spéculations ont été produites telles que la salade, le chou, la tomate, le poivron, le piment. Pour y arriver, le projet a mis en place un puits photovoltaïque. Mais la baisse du débit de l’eau a contraint l’équipe du projet à s’adapter. Ainsi, selon l’ingénieur Mohamed Louré, les bénéficiaires ont été répartis en deux groupes de 20 personnes. Les membres de chaque groupe devaient arroser leur jardin un jour sur deux à partir de 15h.

L’ambassadeur d’Italie au Burkina, Andrea Romussi a invité les producteurs à intensifier et diversifier les productions

Un partenariat scellé

En marge de cet atelier de présentation des résultats du projet, un protocole de partenariat a été signé entre l’ONG Tamat et l’Association patronale des Restaurateurs et Hôteliers du Burkina (APRHB), en vue d’accompagner les producteurs dans la commercialisation de leurs produits. Selon le président de l’APRHB, Mahamoudou Pierre Célestin Zoungrana, cette convention permettra de changer un tout petit peu les habitudes alimentaires des Burkinabè à travers la préparation de la viande de lapin dans les restaurants.

Pour l’ambassadeur d’Italie au Burkina, Andrea Romussi, qui a salué cette convention, le volet commercialisation est un maillon important de la chaîne de valeur cunicole et agricole. « Ce que nous souhaitons, c’est que les Burkinabè puissent poursuivre le projet. C’est une question de leadership local ». Selon lui, la guerre en Ukraine doit amener les producteurs à diversifier et intensifier leurs productions.

Dans son mot, la cheffe de projet Tamat, Bedini Fabiola a félicité les partenaires et les bénéficiaires pour le climat de confiance qui a prévalu tout au long du projet. « Nous voulons avancer dans cette démarche en cherchant les opportunités pour des projets durables. Nous donnons les moyens pour bien travailler. Nous ne donnons pas l’argent. Je l’ai toujours souligné aux bénéficiaires », a rappelé Bedini Fabiola.

Même si les producteurs de la commune de Loumbila n’ont plus vraiment de terres cultivables notamment en raison de la construction de l’aéroport de Donsin, de l’implantation de l’université Thomas Sankara et des agrobusiness-men, le président de l’association Manègdbzanga, Kassoum Ilboudo reste optimiste et promet travailler pour faire de Loumbila, « une zone de production de lapin par excellence ».

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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