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Migration : Une conférence publique pour discuter des enjeux et défis dans le corridor Burkina Faso/Côte d’Ivoire

Publié le mercredi 23 mars 2022 à 11h39min

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Migration : Une conférence publique pour discuter des enjeux et défis dans le corridor Burkina Faso/Côte d’Ivoire

L’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a organisé le mardi 22 mars 2022, une conférence publique autour du thème principal « regards sur les inégalités liées à la migration ». La cérémonie a été présidée par le directeur adjoint de l’ISSP Dr Georges Guiella.

La migration existe et elle existera toujours. La question est de savoir comment la rendre positive. Un avis partagé par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP). Ce mardi 22 mars 2022, l’institut a abrité une conférence publique. Cette tribune d’échanges et de partage de connaissances a réuni des étudiants et le corps professoral. Pendant plus de quatre heures, les communicateurs, au nombre de quatre, ont tenu en haleine les participants.

André Bazié, inspecteur de l’éducation spécialisée s’est appesanti sur la question des enfants affectés par la migration. Le trafic des enfants a été abordé par Moussa Lallogo, lieutenant de police. Quant au directeur de la promotion économique et des investissements de la diaspora, Mandèma Jean Baptiste Sankara, il a soulevé la question des transferts de fonds des migrants avec tous les problèmes y relatifs. L’on retient de sa communication que les difficultés auxquelles font face nos compatriotes à l’étranger sont de divers ordres. Les plaintes liées au coût des transferts de fonds qui peut atteindre jusqu’à 10%, la règlementation protectionniste dans les pays d’accueil, les politiques d’immigration qui empêchent ceux qui sont en situation irrégulière de faire des transferts de fonds par le circuit classique. D’où le développement des circuits parallèles des transferts de fonds.

Les participants lors de la conférence publique

Sur la période 2015 à 2019, le paneliste estime le montant cumulé des transferts de fonds de la diaspora vers le Burkina à 1 122 milliards 750 millions de francs CFA. La contribution de la diaspora au développement du Burkina est évaluée à environ 3% du PIB, poursuit-il. Au regard de cette contribution non négligeable, des solutions sont envisagées du côté des banques, du Trésor public, de la BECEAO, des ONG et associations intervenant dans le domaine de la migration, pour réduire le coût des transferts de fonds. Cette réduction, aux dires de M. Sankara, fera gagner des milliards de francs CFA au Burkina Faso.

Les migrants ont des points de convergence au niveau de la motivation, selon Pascaline Ouédraogo dont la communication a porté sur « jeunesse, emplois et migration ». La quête d’un travail décent est la principale raison qui explique, selon elle, le départ vers d’autres horizons. En effet, explique-t-elle, selon une étude réalisée par l’Organisation internationale pour la migration (OIM) en 2020, 95% des hommes et 50 % des femmes migrent pour des raisons de recherche de travail.

La part contributive de la diaspora burkinabè au PIB est estimée à environ 3%, informe le panéliste Mandèma Jean Baptiste Sankara

Parmi les destinations favorites des migrants du Burkina, il y a la Côte d’Ivoire. Faisant la genèse, Mme Ouédraogo dira que la migration des Burkinabè en Côte d’Ivoire a démarré sous la contrainte à l’époque coloniale mais s’est accrue à partir de 1946, suite à l’abolition du travail forcé et dans un contexte de forte croissance de l’économie ivoirienne.

S’appuyant sur données du département des Nations unies pour l’économie et les affaires sociales (2019), elle a, en outre, indiqué que les ambassades et consulats ont enregistrés 1 011 682 Burkinabè à l’étranger dont plus de 927 756 en Côte d’Ivoire.

La conseillère de jeunesse et d’éducation permanente, Pascaline Ouédraogo, a dressé un bilan critique de la situation qui prévaut dans notre pays en matière d’employabilité des jeunes

Et qui dit migration, dit jeunes. Selon une étude réalisée par l’ISSP en 2017 et qui a concerné les personnes âgées de 15 ans au moins, il est ressorti qu’environ 71% d’immigrés sont jeunes (15 à 34 ans). Une chose a motivé leur départ, l’absence de perspectives d’amélioration de leurs conditions d’existence. En effet, le chômage et le sous-emploi sont des phénomènes qui touchent particulièrement les jeunes. « L’enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel a révélé en 2018 que le taux de chômage est de 4,7% en général et 6,6% chez les jeunes. Cela laisse penser que le taux de chômage est faible. Mais quand nous prenons le taux de sous-emploi, il est de 35,6% de façon générale et 40,7% chez les jeunes. Concernant le taux d’emplois vulnérables, il est estimé à 72,5% ; cela en fonction du niveau d’instruction », a confirmé la communicatrice. Face à cette situation, le ministère en charge de la jeunesse, avec l’accompagnement de ses partenaires techniques et financiers, a développé des actions en faveur de la promotion de l’emploi tant en milieu urbain qu’en milieu rural.

De 2018 à 2020, l’ANPE a accompagné la mise en œuvre d’un projet de l’Union européenne pour la réintégration des migrants de retour, foi de Mme Ouédraogo. A cela, il faut ajouter le Programme d’appui à la formation professionnelle, et à l’apprentissage de type dual (PAFPA-Dual) mais aussi le Projet d’appui à l’emploi des jeunes et le développement des compétences en milieu rural (PADEJ-MR) qui cible 8 000 jeunes.

Selon le coordonnateur, dans l’agenda de la visibilité des résultats du projet MIDEQ, une émission télé-débat est prévue pour les jours à venir

A l’issue des présentations, des échanges constructifs ont eu lieu entre les participants et les conférenciers, sous la modération de Pr Augustin Palé, enseignant-chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo.

La présente conférence publique s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet de recherche « Migration pour le développement et l’égalité ». Un projet qui regroupe un pool d’experts de 13 pays européens, américains, asiatiques et africains, dont le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Le directeur adjoint de l’ISSP Dr Georges Guiella a relevé que l’objectif de ce projet est de répondre au défi du développement durable en s’assurant que la migration sud-sud réduit-plutôt qu’elle n’augmente les inégalités pour aboutir au développement des pays du Sud.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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