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Championnat national de football : Sport-roi cherche argent

Publié le mardi 22 novembre 2005 à 08h35min

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Seydou Diakité, président de la FBF

Après le message de rentrée sportive du ministre des Sports et des Loisirs, Jean Pierre Palm, les différentes Fédérations attendaient la fin de la campagne présidentielle pour démarrer leurs activités.

Beaucoup d’entre elles ont déjà établi leurs calendriers en fonction des moyens dont elles disposent. Généralement, les sports dits mineurs organisent leurs championnats à partir du mois de mars jusqu’à septembre de chaque année.

Ce qui n’est pas le cas du football parce que là, il faut tenir compte du calendrier international sous peine de voir ces activités perturbées. Comme on le sait, le championnat national de football saison 2005-2006 était annoncé pour le week-end du 19 novembre après un autre report.

Mais le calendrier de la compétition n’étant pas encore prêt, on savait que c’était toujours le statut quo. Jusqu’à présent, c’est le silence du côté de l’avenue Kwamé N’Krumah et aucun membre du bureau fédéral n’est en mesure de vous dire exactement quand est ce que le championnat va démarrer.

Pendant ce temps, les clubs qui ont engagé des recrues par-ci par-là ont repris le chemin des entraînements depuis plus d’un mois. D’autres ont même recruté des entraîneurs pour essayer de faire mieux que lors de la saison 2004-2005. Des équipes, voyant que leur travail est devenu une espèce de routine, disputent des matches amicaux entre elles.

Actuellement, le souci des responsables des clubs c’est qu’ils doivent malgré la situation actuelle payer le salaire de leurs joueurs. Mais pour combien de temps ? On sait qu’à chaque début de saison, la Fédération remet à chaque club une enveloppe de 2 millions de FCFA. Pour le moment, rien n’a été fait dans ce sens et on continue d’attendre.

Les quatre clubs, à savoir le RCK, l’USO, l’USFA et l’EFO, qui ont terminé parmi les quatre premiers du championnat 2005, n’ont toujours pas reçu leurs prix. Ils savent que ce sera fait, mais aucune date ne leur a été donnée. En attendant, chaque club est obligé de développer des initiatives pour entretenir ses joueurs.

Ici, au Burkina Faso, il y a des supporters qui n’aiment pas entendre le mot cotiser à plus forte raison se procurer la carte mensuelle de son club favori.

Pour beaucoup d’entre eux, quand quelqu’un s’engage à diriger un club, c’est qu’il a les moyens de sa politique et il n’est pas question de se tourner vers les supporters pour leur demander quoi que ce soit. Il doit assumer jusqu’au bout ou démissionner pour céder sa place à quelqu’un d’autre. C’est ça leur raisonnement, leur rôle étant seulement d’aller pousser leur équipe à la victoire. Pas plus.

Maintenant que la Fédération s’enferme dans un mutisme opiniâtre, on peut penser que ses finances vont mal. En effet, depuis que son sponsor officiel, les cigarettes Excellence, s’est retiré du championnat, les choses sont devenues compliquées pour le président Seydou Diakité et son équipe. Comme on le sait, la cigarette et le football ne font pas bon ménage.

L’OMS et le CIO ont de concert interdit la publicité du tabac dans les stades pour éviter que les jeunes ne tombent dans la tentation. Une décision qui est bien fondée, mais qui n’arrange pas les affaires des Fédérations qui sont soutenues par les maisons de cigarettes.

Depuis quelques années, la MABUCIG, à travers Excellence, finance chaque année le championnat à hauteur de 200 millions de FCFA. Une somme qui permet à la Fédération burkinabè de football de mener ses activités sans accroc.

On se rappelle qu’à la fin de chaque saison, la remise des prix est une véritable fête avec des invités de marque. Que ce soit à l’hôtel Silmandé ou à l’Indé, la cérémonie se déroulait avec faste avec des ballons tout autour de la piscine.

Aujourd’hui, c’est la galère et on ne sait plus à quel saint se vouer. Sport-roi cherche donc argent. Le football, il faut le dire, coûte cher et les mécènes ne courent pas la rue.

Toutes les Fédérations qui se sont succédé ont toujours compté sur les maisons de cigarettes pour organiser le championnat. On n’a jamais pensé qu’un jour les choses pourraient changer. Et justement, c’est ce qui aiguise l’appétit de certains qui pensent qu’ils peuvent diriger une Fédération.

Pendant que nous y sommes, le moment n’est-il pas venu pour ceux qui veulent chasser Diakité et son équipe de se manifester ? Il n’y a pas d’argent pour démarrer le championnat et ça pourrait être un thème porteur. Ceux qui pensent qu’ils peuvent trouver l’argent ailleurs pour résoudre le problème ont là une occasion de sortir de l’ombre.

Au-delà de ce que vit la Fédération, cette situation pourrait lui servir de leçon qu’il faut être modeste en toute chose. L’Etat, qui a d’autres priorités, ne peut pas tout faire, mais cela ne devrait pas l’empêcher de trouver les moyens pour une politique sportive claire et précise.

Il nous revient que la Fédération, qui a entrepris des démarches auprès de son ancien sponsor, a réussi à avoir 200 millions de FCFA, mais l’administration chargée des impôts a prélevé 50 millions de FCFA. Ce qui n’est pas du goût du bureau fédéral, qui estime qu’avec le reste il ne peut pas boucler la saison. Il semblerait qu’on attende que Blaise finisse de savourer sa victoire à l’élection présidentielle pour voir s’il peut faire quelque chose dans ce sens.

C’est possible qu’il soit à l’écoute de Diakité et ses hommes surtout qu’il n’a plus de souci à se faire et qu’il attend impatiemment de déménager dans son nouveau palais.

Justin Daboné

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