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Regain du terrorisme au Burkina : Nous sommes tous responsables !

Publié le dimanche 27 juin 2021 à 21h50min

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Regain du terrorisme au Burkina : Nous sommes tous responsables !

La recrudescence des attaques terroristes fait de plus en plus jaser l’opinion nationale. C’est désormais l’effervescence dont les facteurs déclencheurs s’appellent attaque de Solhan avec son lourd bilan humain de 160 morts et attaque sur l’axe Barsalogho-Foubé qui a coûté la vie à 11 policiers. Avec comme ultime facteur, certaines communications gouvernementales qui ne semblent pas du goût de l’opinion. Conséquence : le 26 juin 2021, les populations de Kaya et de Titao ont occupé la rue, balais parfois en main, pour exprimer leur ras-le-bol.

Colère contenue de longue date mais qui traduisait en même temps la reconnaissance par les mêmes populations des efforts des autorités burkinabè dans cette lutte engagée contre l’hydre terroriste : loi de programmation militaire, revue à la hausse du budget consacré à l’Armée, cession de salaires par les membres du gouvernement, don d’un million de francs CFA par chaque député, renforcement en matériels d’équipements, forum sur la sécurité, recrutement de Volontaires pour la défense de la patrie (CDP), opérations Otapuanu et Ndofu, déplacements du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, à Berlin, Paris et Sotchi dans le cadre de la coopération bilatérale pour juguler le fléau terroriste, etc.

Que d’efforts herculéens fournis par les autorités mais la bête terroriste, telle la tapisserie de Pénélope, n’est pas prête à voir organiser sa messe de requiem. Conséquence : le scepticisme commence à gagner le cœur de certains Burkinabè qui, de plus en plus, ne croient plus à certains faits d’armes de leur propre Armée, notamment au bilan chevaleresque de l’opération Taanli (débutée le 10 juin dernier) menée de concert entre nos Forces de défense et de sécurité (FDS) et celles nigériennes et qui a permis de tuer une centaine de terroristes dans les zones frontalières au Burkina Faso et au Niger.

S’il est vrai que cette information venant du commandement de l’Armée n’est pas la première du genre et que malgré tout, les terroristes continuent de sévir, cela a le mérite de nous informer que la bergerie des terroristes est garnie d’innombrables moutons de Panurge et aussi d’interpeller chacun de nous à se préparer à une guerre de longue durée. Sinon, la culture de la dénégation des faits d’armes de l’Armée et du scepticisme, père naturel du défaitisme, ne feront que nous desservir et bonifier la santé de l’ennemi. A présent, c’est même sous cape que rient les terroristes lorsqu’ils nous voient manifester dans la rue contre nos autorités.

Nous devons donc tous avoir un moral d’acier doublé d’un fighting spirit et d’une résilience à nulle autre pareille pour se jeter tous à corps perdu dans cette bataille dont la victoire sera forcément à la Pyrrhus. Certes, n’oublions pas que le gouvernement a sa part de responsabilité à continuer à mener dans cette lutte et que le président du Faso a prêté serment de sécuriser les Burkinabè, mais nous devons quitter dans ce discours civilement et politiquement incorrect qui consiste à dire que c’est le gouvernement qui doit tout faire en matière sécuritaire.

Doter les FDS d’équipements de dernière génération

Tout comme de Ouaga à la Tapoa en passant par Komsilga et Réo, nous menons, à travers des louables initiatives citoyennes, des opérations de salubrité publique et d’entretien de nos pistes rurales, nous devons tous être des soldats sur le terrain en ayant le même réflexe selon lequel nous ne pouvons pas laisser toute notre sécurité entre les seules mains de l’Etat. Ce, tout en interpellant régulièrement le gouvernement pour qu’il joue sa partition.

Car comme le dit l’adage africain, « C’est unis que les tisons brûlent et c’est séparés qu’ils meurent ». Aujourd’hui, selon ce qu’une autorité m’a confié la semaine dernière à Fada, Tanwalbougou qui était l’épicentre des attaques renoue de plus en plus avec la quiétude. La raison : tout le monde a compris l’intérêt de se faire enrôler VDP et d’être à tout moment sur le qui-vive en veillant l’arme à la main.

C’est pourquoi il faut saluer les initiatives parallèles que certains citoyens développent et déplorer dans le même temps certains comportements inciviques qui font l’affaire de l’ennemi. Quand dans une localité de la Tapoa, nous brûlons le commissariat pour les policiers, que gagnons-nous ? D’autant plus que les populations de la localité reviennent plus tard pour demander le retour de ces FDS. Quand dans certaines localités de la province de la Gnagna, certains villages refusent d’enrôler des VDP en leur sein, que gagnons-nous ?

Quand on demande de lever le paiement de frais de péage au motif que la réhabilitation de la route concernée tarde alors que c’est les mêmes frais de péage qui permettent en partie le financement de la construction des routes et de boucher les nids-de-poule où les terroristes déposent leurs engins explosifs, que gagnons-nous ? En plus, quand on saccage le haut-commissariat de Titao, quelle plus-value cela nous apporte-t-il dans notre lutte antiterroriste ?

Et puis, quand j’apprends parallèlement que ma suggestion de faire contribuer nos autorités coutumières en recourant aux génies de nos ancêtres, aurait été partagée et expérimentée et que certaines parties prenantes n’auraient pas joué franc jeu pour son succès, je tombe des nues. Bref, il est temps de mettre le holà et de reconnaître que nous sommes tous responsables de la situation sécuritaire dans laquelle nous sommes, d’autant plus que ce sont nos propres frères burkinabè qui nous livrent cette sale guerre et que nous ne les dénonçons pas parfois.

En attendant le discours du président du Faso à la Nation dans quelques heures, il convient d’inviter le gouvernement à doter les FDS d’équipements de dernière génération afin de rendre possibles toutes sortes d’interventions, même celles devant avoir lieu la nuit comme le suggérait l’attaque de Solhan. Même si cela va devoir nous coûter encore des sacrifices financiers. Sinon, la récente création salutaire des forces spéciales par le président du Faso risque d’être inopérante.

En conclusion, renforçons les modes de lutte que nous avons déjà expérimentés tout en sonnant la mobilisation générale des populations dont il faut travailler à restaurer la confiance affectée avec le politique et l’Armée, en réexpérimentant avec d’autres acteurs le recours avorté aux génies de nos ancêtres, etc. Et en sanctionnant par la pendaison toute personne qui voudra faire du business avec les ressources affectées à la lutte antiterroriste. Sans état d’âme. Ce, en attendant l’ultime piste de changement de partenaire international dans cette lutte.

Cbs l’iconoclaste
L’écrivain chroniqueur

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Vos commentaires

  • Le 27 juin 2021 à 23:15, par Mymy En réponse à : Regain du terrorisme au Burkina : Nous sommes tous responsables !

    M. Cbs l’iconoclaste l’écrivain chroniqueur, qui vous a payé pour nous distraire de la sorte ? La situation est très grave. Et vous, vous passez de la pomade sur le dos de ceux qui ont mis notre pays dans cette situation épouvantable. Quand allez-vous appeler un chat, un chat ? C’est vraiment triste. Encore et toujours le tube digestif. Moi d’abord, et le Faso après ? C’est ça ?

    A Sotchi, c’est une femme digne qui a réprésenté la RCA, en qualité de ministre de la Défense. Ensuite, la RCA a reçu aussi plus de 100 blindés (véritables). Et c’est avec ça que l’armée nationale chasse les terroristes (Tchadiens, Soudaniens,...) qui déstabilisaient le pays. M. Kaboré a été aussi à Sotchi ; avec son fameux ministre fétiche Barry Alpha. Jusqu’aujourd’hui, le Burkina a reçu quoi ? Pourtant, le Burkina est plus "riche" que la RCA. Cherchez l’erreur, bonnes gens...!

    C’est vraiment triste. Même quand la Case commence à cramer, il y a en qui racontent toujours n’importe quoi.

  • Le 28 juin 2021 à 01:21, par jeunedame seret En réponse à : Regain du terrorisme au Burkina : Nous sommes tous responsables !

    Vous avez un bel esprit patriotique avec des questions conscientisant. « Quand dans une localité de la Tapoa, nous brûlons le commissariat pour les policiers, que gagnons-nous ? » Mais quand dans une politique de gouvernement nous liquidons la justice et nous sapons les efforts des juges pour exalter l’orgueil des escrocs et protéger leurs butins, que gagnons nous ? Quand dans nos appels au combat nous abattons les koglewéoogo sans correction profonde, ni alternative ni alternance encourageant ou inspirant, que gagnons-nous ? Quand dans nos concerts de gouvernement et de politique anti terroriste, nous évitons de dire la vérité crue et de citer des noms, et nous rentrons tard pour susurrer nos complicités avec nos collègues pour le mal, que gagnons nous ? À quand la fin de notre méditation ?

  • Le 28 juin 2021 à 08:10, par Raogo En réponse à : Regain du terrorisme au Burkina : Nous sommes tous responsables !

    @ M Cbs l’iconoclaste l’écrivain chroniqueur

    Monsieur ! je ne suis point responsable.
    Juste une victime comme les plus de 1 000 000 de déplacés interne souffreteux et affamées dans leur propre pays du faite de l’incapacité notoire et avérée de leurs gouvernants actuelles.

  • Le 28 juin 2021 à 08:52, par Primed En réponse à : Regain du terrorisme au Burkina : Nous sommes tous responsables !

    Vous avez raison de rappeler que nous sommes responsables de notre destin collectif.
    Toujours attendre des autres que ce soit pour développer le pays ou protéger les citoyens est un renoncement qui ne permet pas d’avancer.
    Toutes les mesures cohérentes doivent s’associer. Les plus humbles ont aussi à apporter leur contribution.
    De mon point de vue, lorsque le peuple crie son indignation, c’est aussi efficace qu’une armée de militaires. C’est contre les terroristes qu’il faut manifester, pas contre le gouvernement qui fera sa part.

  • Le 28 juin 2021 à 14:43, par Paul En réponse à : Regain du terrorisme au Burkina : Nous sommes tous responsables !

    "Nous sommes tous responsables" ! Et, bien, NON. C’est faire croire que les 80% de la population du monde rural sont responsables de cette situation ! Et, bien, NON. Idem pour les 20% en ville. Un adage dit que le poisson pourrit toujours par la tête. En français facile, nous avons très mal à notre gouvernance. Si en 60 ans d’indépendance, nous n’avons pas pu contribuer au développement de notre pays, il faut la chercher au niveau de notre élite dirigeante qui est là pour détourner ce qui peut l’être ! Pas un jour, sans qu’un scandale n’apparait dans les journaux... Tous les fils et filles de nos gouvernants font leurs études aux USA ou en Europe (combien de leurs parents peuvent justifier honnêtement l’argent pour payer des études dont le coût peut atteindre les 20 à 30.000 euros par an voire plus ?) tandis que les fils et filles des paysans ne peuvent même pas venir à l’université de Ouaga faute de revenus suffisant pour les loger et les nourrir. Depuis quelques années, nous avons l’or. Mais, il brille pour quelques uns mais certainement pas pour les jeunes qui ruinent leur santé dans ces trous poussiéreux dont le travail est une autre forme d’esclavage qui ne dit pas son nom. Les 1,5 millions de déplacés internes ne sont pas responsables ! Le Cbs l’Iconoclaste, expliquez nous pourquoi les jeunes du Sahel et de l’Est s’enrôlent auprès des terroristes ? C’est à cause du terreau fertile de la misère ! et, de l’abandon de ces zones par l’état central depuis des décennies ! Sur la photo, vous êtes un jeune aisé. Combien de jeunes, avant d’être enrôlés, ont gagné en 6 mois voire en un an le coût de vos chics habits pour survivre ? sans compter le coût de votre divan pour vous assoir ! alors que beaucoup de jeunes ruraux n’ont juste qu’une daba pour gratter le sol et semer ! Commençons à remettre de l’ordre dans notre gouvernance et le reste suivra y compris le recul du terrorisme.

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