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Joseph Kahoun, ministre de l’Information : "Je ne suis pas un censeur de l’information"

Publié le lundi 24 octobre 2005 à 08h37min

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Joseph Kahoun

Il a longtemps bourlingué aux côtés de Mahamoudou Ouédraogo, dans les
départements en charge de la Culture ou des Communications. Loin d’en
faire définitivement un homme de l’ombre, cette relation de mano a mano
avec celui qui est actuellement ministre de la Culture, des Arts et du
Tourisme, est devenue un puits d’expérience qui permet à Joseph Kahoun,
c’est de lui qu’il est question, de bien tenir le gouvernail du ministère de
l’Information.

Après pratiquement un an d’exercice, il a bien voulu se confier à
nous, non sans avoir longtemps résisté à nos assauts. Exclusivité d’un
entretien où sont évoquées, entre autres, la couverture médiatique de
l’élection présidentielle du 13 novembre prochain, la question de la
convention collective pour les hommes de média, et la subvention à la presse
privée.

"Le Pays" : C’est certes difficile de faire un bilan après un an à la tête d’un
ministère tel celui de l’Information. Cependant, il y a certainement des acquis
et des difficultés.

Joseph Kahoun : Ma nature se prête mal à l’image qui consiste à se marteler
la poitrine, en disant "j’ai fait ceci, j’ai fait cela". D’abord je suis avant tout
membre d’une équipe gouvernementale, régie par la solidarité et la
collégialité. Cette équipe travaille selon les orientations définies par le chef
de l’Etat et le chef du gouvernement qu’est le Premier ministre, orientations
dont l’opérationnalisation revient aux ministres selon leur secteur, avec les
suggestions et les conseils avisés des personnalités sus-citées, ainsi que des
autres membres du gouvernement.

Ceci étant, je dirai simplement que nous avons trouvé des projets en cours,
initiés par mes prédécesseurs (dont vous me permettrez de saluer l’action), et
que nous avons conduit à leur terme ou presque.

On peut citer à titre
d’exemple, la modernisation des équipements des studios de la radio
nationale et de la radio rurale, l’extension de la couverture télévisuelle du
territoire, la décentralisation de la radio rurale, (dont les stations de Dori,
Fada et Ouahigouya seront bientôt mises en onde), et la modernisation des
équipements des Editions Sidwaya.

En plus des projets qui étaient déjà en cours, il faut ajouter que nous avons
travaillé avec nos collaborateurs à l’amélioration du contenu des médias de
service public, qu’il s’agisse de l’audiovisuel ou de l’écrit. A ce sujet, on peut
noter la production de documents audiovisuels sur le monde rural par la radio
rurale pour venir en appui aux programmes de la télévision, télévision qui
doit désormais tenir compte du fait qu’elle est entrée au cœur du milieu rural,
et n’est donc plus seulement une affaire de citadins.

Et dans le souci d’une
meilleure couverture de la zone ouest du pays et de l’amélioration des
conditions de travail, nous avons entrepris l’extension et la modernisation de
la direction régionale des Editions Sidwaya de Bobo, ainsi que la restauration
d’une liaison télévisuelle qui permet la transmission des éléments d’actualité
pour diffusion en temps réel à partir de Ouagadougou. De même, dans le
souci de consolider la politique du gouvernement en matière de
communication de proximité, les chantiers de trois stations de radio seront
bientôt ouverts à Ouargaye, Nouna et Gayéri.
- De nombreux projets sont montés qui attendent la disponibilité des moyens
pour démarrer.

Sont de ceux-là, la couverture radiophonique du territoire par
la radio, l’autonomisation de la radio rurale, la mise en place d’équipements à
Fada, Ouahigouya et Dori, qui permettront la transmission des reportages
télévisuels opérés dans ces zones en temps réel, comme c’est le cas pour
Bobo. Par souci d’économie et d’efficacité, nous envisageons l’installation
d’équipes de reportage permanentes dans ces trois localités.

Quand on vient à la tête d’un ministère comme celui de l’Information qui
regorge d’intellectuels et de professionnels, la première des choses à faire
est de travailler en bonne intelligence avec les collaborateurs qu’on est venu
trouver pour combler les attentes des uns et des autres. Si le chef de l’Etat a
fait appel à moi pour diriger ce ministère, c’est parce qu’il l’a jugé utile.

Dans
cette logique, nous travaillons tous, mes collègues ministres et moi, à mériter
cette confiance placée en nous, mais surtout à apporter notre modeste
contribution à la construction de l’édifice Burkina. La chance a voulu que je
trouve dans ce ministère des collaborateurs dynamiques et totalement acquis
à la cause de la promotion des médias, et donc de la promotion du processus
démocratique que vit à fond notre pays.

Si je dois présenter un bilan, il faut
donc comprendre que c’est celui d’une équipe ; celle que j’ai autour de moi
que ce soit au cabinet ou aux directions générales de la Radio et de la
Télévision nationale, des Editions Sidwaya, de la Radio rurale. Dans mon
entendement, le travail d’un ministre est avant tout celui d’un manager. Il
donne des orientations, mais le succès dépend du ton et de la manière dont
ces orientations sont données.

Quel est l’état des lieux que vous avez pu dresser, suite à votre tournée à
travers pratiquement tout le territoire national ?

Il fallait absolument aller sur le terrain pour un constat objectif et un état des
lieux précis des moyens de communication. Il fallait voir ce que l’Etat a
réalisé, ce que les citoyens ont fait et recueillir les attentes de ceux-ci. J’ai
donc mis à profit les visites du chantier de la couverture télévisuelle du
territoire pour échanger avec les populations, les producteurs et les
promoteurs, sur leurs préoccupations.

Nous nous sommes rendus compte
que le projet de couverture télévisuelle du territoire était le bienvenu et les
populations nous ont dit toute leur satisfaction à l’endroit des plus hautes
autorités de ce pays qui ont initié et conduit ce chantier à sa réalisation. A
l’occasion, nous avons constaté que les populations ont réellement besoin de
moyens de communication de proximité. Elles ont également besoin de
l’accès aux journaux qui, le plus souvent, sont le fait des villes.

Après cette
tournée, nous avons engagé, au niveau du ministère, la réflexion afin de
répondre un tant soit peu aux préoccupations des populations des différentes
localités du Burkina.
Pour ce faire, nous avons mis en branle divers projets. Au niveau de la
radio-diffusion par exemple, nous avons constaté que la Radio nationale ne
couvre pas toutes les localités. Nous avons donc jugé possible de couvrir tout
le territoire à partir du satellite. Ensuite, nous nous sommes rendus compte
que les populations réclamaient des moyens de communication de proximité.

Ayant constaté que la radio joue un rôle capital dans les localités où il y en a,
qu’elle soit nationale, privée, associative ou confessionnelle, nous avons pris
la décision d’inciter à l’implantation de la radio partout où il n’y en a pas.
Nous avons aussi engagé une étude pour la mise en place d’une messagerie
et d’une centrale d’achats. Nous avons noté que les journaux, qu’ils soient
publics ou privés, n’arrivent pas dans toutes les localités.

C’est un problème
réel. La messagerie concernera l’ensemble de la presse écrite. Il ne s’agit
plus aujourd’hui de travailler de façon parcellaire ou sectaire, car la presse
burkinabè dans sa majorité vise le noble objectif de promouvoir la démocratie
et le développement de notre pays. Toujours dans notre quête de bien faire,
nous allons engager une étude sur la contribution de l’information et de la
communication dans la lutte contre la pauvreté.

Une contribution qui est très
importante et grâce à cette étude, des statistiques précises seront
disponibles. Cela démontrera à quel point l’information et la communication
peuvent booster le développement. Certes, c’est une étude qui nécessite le
travail de grands experts, demande du temps et surtout beaucoup
d’investissements financiers, mais elle a son importance. L’essentiel serait de
l’initier et avec l’appui de certains partenaires, nous pourrons la réaliser.

La radio et la télévision nationales sont considérées, à tort ou à raison,
comme deux boîtes très politisées. Avez-vous eu des appréhensions à ce
sujet quand vous avez été nommé ministre de l’Information ?

Ce serait prétentieux de dire que je n’ai pas eu de crainte de façon générale.
En dehors de la radio et de la télévision nationales, le ministère de
l’Information est un département réputé difficile, en raison de la nature du
travail qui y est fait.

En général, si ce secteur est réputé très difficile, c’est
parce que les gens travaillent sous pression, que ce soit à la radio, à la
télévision ou au niveau de la presse écrite. Ensuite, à partir du moment où les
journalistes ont un contact très poussé avec le public, qu’ils le veuillent ou
non, ils deviennent des vedettes. Et qui dit vedette évoque le mythe. C’est vrai
que je suis venu à ce ministère avec des appréhensions.

Seulement, ce qui
est déterminant quand vous travaillez avec des hommes, c’est le
management. Je ne suis pas venu ici avec la prétention que je connais plus
que tout le monde. Je suis venu en ayant à l’esprit qu’avec ceux qui sont là,
nous puissions réaliser ensemble la promotion de la démocratie dans notre
pays à travers la presse, et cela dans le but fondamental de participer au
développement du Burkina dans tous les domaines. Je suis venu à la tête de
ce ministère avec des appréhensions, mais avec beaucoup d’humilité. Et j’y ai
rencontré des hommes et des femmes de valeur avec qui je fais route.

Nous
nous soumettons à l’appréciation du public et essayons toujours de corriger
le tir, en fonction de ses critiques. Le secteur de l’information est difficile, non
pas uniquement à cause des hommes et des femmes qui y travaillent, mais
aussi à cause des exigences du public. Du reste, la vie des hommes serait
sans doute sans saveur, si elle ne connaissait pas ces difficultés qui nous
permettent de toujours mieux faire.

Nous n’avons donc pas de grandes difficultés, si ce n’est l’éternel manque de
moyens. L’information est un domaine où la technologie évolue très
rapidement et coûte très cher. Or l’Etat qui a beaucoup de priorités ne peut
pas donner entière satisfaction à tout moment.
C’est dans cette logique que nous exhortons les organes de presse à faire
des efforts personnels, en plus de ceux que l’Etat fait.

Il faut que ce que les
organes de presse ont comme ressources leur permette de faire des
investissements visibles. C’est dans cette optique que la télévision nationale
et les Editions Sidwaya ont fait des acquisitions sur leur propre budget.

Vous arrive-t-il d’intimer l’ordre à ces médias publics de couvrir les activités
d’un ami, d’un collègue ministre ou du parti au pouvoir ?

Cela arrive rarement. Du reste, le cabinet avait initié une correspondance à
l’endroit de tous les demandeurs de service, dans le sens que les requêtes
doivent être adressées avant tout aux organes de presse, pour permettre la
planification à ce niveau. C’est à la suite de cela qu’une ampliation est
déposée au ministère de l’Information pour suivi.

Il m’arrive d’intervenir pour
attirer l’attention des organes de presse sur l’importance de tel ou tel
événement. Il m’arrive aussi d’intervenir, après-coup, pour relever le fait que
tel ou tel aspect d’un sujet n’a pas été suffisamment pris en compte. Mais je
n’interviens jamais avant, comme un censeur. J’ai confiance aux journalistes
et ce serait les empêcher de développer leur esprit d’initiative, de créativité ou
d’apprentissage, en les marquant au pas.

Pensez-vous que tous les Burkinabè, quelles que soient leur condition
sociale ou leur appartenance politique ont un accès égal aux médiats d’Etat ?

Oui. Je crois sincèrement que tous les Burkinabè, sans distinction de
religion, de sexe ou d’appartenance politique, ont un accès égal aux médias.
Quand on prend par exemple les statistiques du Conseil supérieur de la
communication, les chiffres sont extrêmement éloquents. Il est ressorti que
sur les antennes de la télévision nationale par exemple, pour la période du
premier trimestre 2005, l’opposition, toutes tendances confondues, avait
occupé un temps beaucoup plus long que celui de la majorité au pouvoir.

Au
niveau des grandes émissions à la TNB, les journalistes font en sorte qu’il y
ait un équilibre entre les personnalités de toutes les tendances. De même, à
Sidwaya, au niveau de certaines grandes rubriques comme "l’invité de la
rédaction", les responsables de cet organe veillent à l’équilibre.

Parfois, sous
le coup des stéréotypes hérités d’une époque passée, des gens ont tendance
à ressasser la même rengaine. Ils ne se privent pas de taxer les médias d’être
à la solde de telle ou telle personne, et qu’ils ne font pas assez ceci, ou font
trop cela. Une analyse actualisée nous permettrait de relativiser toutes ces
affirmations que je considère comme gratuites.
Quand on aborde la question d’un point de vue politique, les médias ne
peuvent pas faire la communication d’un parti politique.

Les médias ne vont
que là où ça bouge. Quand on parle d’égal accès aux médias, c’est d’abord
vouloir y accéder. Lorsque quelqu’un n’a rien à dire, ou ne fait pas quelque
chose qui intéresse les médias, il ne devrait pas accuser ceux-ci d’être
inaccessibles. En tout cas, nous allons où il y a de l’événement. Et le
phénomène s’est amplifié avec la couverture télévisuelle du territoire. La
communication, comme tout le monde le sait, a un coût.

Mais très peu de
structures dans notre contexte sont prêtes à endosser ce coût. Il est de
notoriété publique, sous tous les cieux, que le succès de tout projet de
quelque nature que ce soit, dépend en grande partie de la communication
qui l’accompagne. Ainsi, le budget de communication d’un projet est
universellement évalué à 15% du coût brut du projet, tandis qu’un bon
reportage sur un événement donné, doit se situer entre 5 et 10% du budget
de l’événement.

Dans notre contexte où les médias ne sont pas les initiateurs
des événements, on attend qu’ils assurent les couvertures à leurs frais,
surtout quand il s’agit des médias de service public. Ce qu’on ignore, c’est
que même les médias de service public ont un coût qui doit être supporté par
la collectivité.
Si vous prenez l’exemple de la France, le coût de la redevance audiovisuelle
payée par chaque foyer est de 116 euros pour la France métropolitaine, et de
74 euros pour les départements d’outre-mer.

En Grande-Bretagne, la
redevance est de 180 euros, et en Allemagne c’est encore plus cher avec 204
euros par foyer. En faisant la conversion on voit que les citoyens des pays sur
lesquels nous prenons nos exemples acceptent un sacrifice, pour la qualité
de leur information. Car, c’est cela qui permet aux médias de service public
de jouer convenablement leur rôle que nous leur envions.

Des dispositions ont-elles été prises pour qu’à la faveur de la campagne
électorale qui s’ouvre en principe, demain 22 octobre, tous les candidats
aient un accès égal aux médias publics afin d’éviter les plaintes récurrentes,
notamment des partis d’opposition ?

Une partie de cet aspect incombe au Conseil supérieur de la communication
qui a organisé pour les candidats, des temps d’antenne à la radio et à la
télévision, et un espace dans le quotidien d’Etat. Les interventions des
candidats seront ainsi bien réglementées. Les organes d’Etat n’ont pas
d’autre choix que celui de respecter effectivement les décisions du CSC en la
matière . Il y a également le volet campagne proprement dite. Les candidats
seront suivis dans les provinces.

Pour cela, outre le fait que le CSC demande
à l’ensemble des candidats de déposer ce programme de campagne au
niveau des organes de presse, nous avons pris sur nous de les inviter aussi à
nous donner leur programme de campagne afin de nous permettre de faire
une simulation avec les moyens matériels et les ressources humaines dont
nous disposons à l’heure actuelle. L’équilibre et l’équité seront garantis.
Toutefois, nous couvrirons l’événement là où il sera, selon le dynamisme de
chaque candidat et de son état-major. Les médias, c’est le mouvement.

La subvention de l’Etat à la presse privée est aujourd’hui de 150 millions de
francs CFA. Cette somme est-elle suffisante, selon vous, avec le paysage
médiatique qui s’agrandit et les besoins des organes de presse qui ne
cessent de croître ?

C’est une question pertinente. Il serait juste de souligner qu’une aide n’a
jamais suffi. Le propre de l’aide, c’est de venir en appoint à l’existant. L’Etat
n’a pas l’intention de se substituer aux ressources de ces différents organes
de presse. Il appartient aux organes de presse de voir où cette aide peut les
soulager. A partir de cette année, nous engagerons la réflexion avec les
bénéficiaires afin de voir comment cette aide peut être le plus utile à
l’ensemble de la presse privée. Ce n’est pas possible que l’aide aille à tout le
monde.

Cette aide pourrait par exemple être accordée sous la forme d’exonérations
ou autres allégements des impositions fiscales...

Ce sont des pistes qui pourraient être exploitées. Je ne voudrais pas donner
l’impression d’orienter les réflexions que nous allons mener. Dans tous les
cas, ce sont les bénéficiaires qui savent comment utiliser de façon très utile
cette aide.

La convention collective tarde à voir le jour au Burkina. Qu’est-ce qui retarde
l’avènement de ce concept qui ne peut que contribuer à l’existence d’une
presse de qualité encore meilleure ?

C’est un problème qui doit être réglé de façon consensuelle. Qui parle de
convention collective parle de patron et d’employé. Or dans le cas de la
presse, on n’a pas affaire qu’à des organes d’Etat mais aussi à ceux privés. Il
faut donc que le principe soit accepté d’abord par tous. Ce travail a été fait et
la nécessité d’une convention collective est apparue, tant au niveau des
responsables d’organes que des employés. Au niveau du ministère qui est un
organe d’accompagnement, nous avons élaboré des projets de textes que
nous soumettrons à la discussion, dans les mois qui viennent.

Donc, la convention collective n’est pas strictement le fait du ministère, mais
de ses partenaires que constituent le ministère, les professionnels et les
patrons de presse. Il faudra faire en sorte que les employeurs et les employés
tombent véritablement d’accord sur les principes fondamentaux. Il ne sert à
rien de se précipiter et de faire un texte par décret dont l’application sera
difficile. Il faudra prendre toutes les précautions parce que c’est un texte qui
engage la vie d’hommes et d’institutions.

Quelle est votre appréciation sur l’ensemble de la presse burkinabè ?

C’est une presse que j’apprécie très positivement, même s’il y a encore des
efforts à faire. C’est une presse qui a beaucoup de qualités. Je le pense
sincèrement, contrairement à ceux qui ont tendance à assimiler les médias à
la corruption à outrance.

Etant à la tête de ce ministère, je n’ai pas vu les
choses dans la même proportion que certains. Ensuite, j’entends dire
qu’ailleurs la presse est beaucoup plus offensive. A l’extérieur les gens
saluent hautement la presse burkinabè pour la qualité de ses prestations,
surtout quand celles-ci sont mises en rapport avec les moyens dont dispose
le pays. Quand j’entends des réflexions contraires, cela me fait mal au coeur.

Nous sommes un des pays les plus démocratiques au monde. Nous ne
devons pas nous le cacher. Même la peine privative de liberté qui existe dans
le code de l’information ne s’applique pas. Je sais que ça me fait autant mal
qu’aux journalistes, lorsqu’en les comparant à d’autres, on dit d’eux qu’ils ne
sont pas aussi bons. On pense que le milieu est miné par une corruption
rampante alors que les hommes et femmes que moi je fréquente
quotidiennement sont loin d’être des corrompus. Il y a des brebis galeuses
partout, mais elles ne peuvent avoir une prédominance sur l’ensemble du
groupe.

Vous avez dit qu’il n’y a pas l’application des peines privatives de liberté
contenues dans le code de l’information. On ne saurait tout de même passer
sous silence le cas de l’assassinat de notre confrère Norbert Zongo...

C’était vraiment un malheureux accident. C’est très regrettable. C’est arrivé
ici, c’est aussi arrivé ailleurs. C’est malheureusement fréquent sous d’autres
cieux. En tout cas, ce n’est pas à la suite de l’application d’un texte que ce
malheureux cas s’est produit. Du reste, la justice suit son cours normal, car
nous sommes dans un véritable Etat de droit au Burkina.

Propos recueillis par Morin YAMONGBE
Le Pays

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