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Assassinat du journaliste Norbert Zongo : 20 ans après, vérité et justice sont toujours attendues

LEFASO.NET | Nicole Ouédraogo

Publié le vendredi 14 décembre 2018 à 13h00min

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Assassinat du journaliste Norbert Zongo : 20  ans après, vérité et justice sont toujours attendues

Chrysogone Zougmoré et certains de ses camarades se souviennent toujours du serment fait au cimetière de Gounghin. Le 16 décembre 1998, soit trois jours après l’assassinat de Norbert Zongo, directeur de publication du journal « L’Indépendant », et de ses trois compagnons, ils s’étaient engagés à poursuivre la lutte sans relâche, pour réclamer vérité et justice sur le drame de Sapouy. Ce jeudi 13 décembre 2018, soit 20 ans après, leur engagement n’a pas faibli.

« Aujourd’hui, 13 décembre 2018, cela fait 20 ans que nous sommes debout », a noté d’entrée de jeu Chysogone Zougmoré, porte-parole du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) et de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), à l’issue de la marche.

Vingt ans après, la mobilisation n’est peut-être plus celle des grands jours mais, clame Chrysogone Zougmoré, « nous sommes debout et c’est l’essentiel ». Puis de poursuivre : « Certains ont cru au début qu’au bout de 2 ou 3 ans, on n’en reparlerait plus, mais ça fait 20 ans que nous sommes là. Le nombre importe peu. C’est la détermination et la constance qui sont les éléments essentiels dans cette lutte pour la vérité et la justice ».

Et le thème de la commémoration de l’assassinat du 20e anniversaire du journaliste d’investigation et de ses trois compagnons (Blaise Ilboudo, Ernest Zongo et Abdoulaye Nikièma) appelle à plus d’engament : « 20 ans après, renforçons la lutte pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons et contre l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques ».

Bientôt la fin ?

L’avis favorable rendu par la justice française dans le cadre de la demande d’extradition de François Compaoré formulée par le Burkina, appelle à l’optimisme et marque même une victoire d’étape, selon le collectif. « Nous ne perdons pas espoir et peut être bientôt, nous verrons des éléments concrets, qui satisfassent notre soif de justice », espère le porte-parole des deux organisations.

Toutefois, le CODMPP et la CCVC appellent le peuple burkinabè à rester mobilisé. « Notre lutte doit se poursuivre jusqu’à l’extradition effective de François Compaoré et le jugement de l’affaire Norbert Zongo. Nous n’aurons de répit que lorsque tous les commanditaires et les exécutants du crime de Sapouy seront en prison », a martelé Chysogone Zougmoré.


Nicole Ouédraogo
Lefaso.net


Témoignage du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Alpha Barry
En tant que journalistes, à chaque fois qu’on travaillait sur un sujet et on pensait l’avoir vidé, Norbert [Zongo] revenait et partait au-delà avec des interrogations. Il m’avait d’ailleurs parlé de son ranch et m’avait alerté sur les éléphants qui détruisaient beaucoup les champs dans cette zone. Il m’avait alors demandé de venir faire un reportage pour le compte de RFI (…).

On avait programmé à plusieurs reprises d’aller ensemble. Lorsque j’ai appris sa mort, j’ai été très ému et j’ai eu très peur parce que j’aurai pu faire partie de cette expédition du 13 décembre 1998. Sa mort a plongé le Burkina dans une crise sans précédent (…). Je salue la mémoire de Norbert Zongo et il n’est pas exagéré de dire que son sacrifice a été important pour la démocratisation du Burkina Faso.

C’est suite à sa mort qu’il y a eu le Collège de sages qui a imposé des reformes importantes, la Commission d’enquête indépendante qui a mis en garde à vue, pour la première fois, le chef de sécurité rapproché du président Blaise Compaoré. Après le sacrifice de Norbert Zongo, suite aux propositions du Conseil de sages, on est revenu sur le mandat illimité du président du Faso. Le mandat présidentiel a été ramené à deux et est passé de 7 ans à 5 ans. Norbert Zongo a payé pour la démocratisation du Burkina Faso.

Propos recueillis par N.O.

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