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Exploitation de l’or : À Yalgo, les inquiétudes et incompréhensions du maire

Publié le mardi 2 octobre 2018 à 23h20min

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Exploitation de l’or : À Yalgo, les inquiétudes et incompréhensions du maire

La dissémination du rapport 2016 de l’Initiative pour la transparence des industries extractives-Burkina Faso (ITIE-BF) se poursuit dans les communes abritant des sites miniers. Ce 1er octobre 2018, une équipe était dans la commune de Yalgo, province du Namentenga. Elle a partagé, avec le comité local, la substance du dernier rapport. Comme dans les autres localités traversées, les débats ont souvent été houleux. Les populations avaient des questions qui sont restées longtemps en suspens ; elles voulaient donc avoir de « grosses loupes » pour mieux voir dans l’activité des sociétés minières.

La grand-messe de la transparence a été dite ce 1er octobre 2018 dans la commune de Yalgo, abritant la Société minière de Taparko (Somita). La version simplifiée en main, avec le truchement d’un interprète pour ceux qui ne parlent pas la langue de Molière, tout le comité local de l’Initiative pour la transparence des industries extractives-Burkina Faso (ITIE-BF) de Yalgo a pris connaissance, point par point, du contenu du rapport 2016.

Huitième du genre depuis que le Burkina Faso a adhéré à cet instrument international pour la bonne gestion dans l’exploitation des ressources extractives, le rapport 2016 de l’ITIE-BF est divulgué aux populations.

Lire aussi : Transparence dans l’extraction minière : La population de Mogtédo voit désormais clair

En rappel, le rapport de l’année 2016 a pris en compte seize sociétés minières qui ont toutes en commun d’avoir payé plus de 300 millions à l’État, et d’être toujours en activité en 2018. Le consultant indépendant qui s’est chargé de l’élaboration du document a surtout comparé les montants que les seize sociétés minières ont payés avec ceux que les services de l’État ont reçus.

En 2016, le Burkina Faso a atteint 38,53 tonnes d’or (dont 204 kg provenant de l’exploitation artisanale). La valeur d’exportation de cette quantité est de 929,74 milliards de francs CFA. Les terres du Burkina sont également riches en zinc. Pour ce minerai, ce sont exactement 155 700 tonnes qui ont été extraites en 2016, selon le rapport de la Chambre des mines du Burkina. La valeur de ce zinc exporté est de 53,715 milliards de francs CFA.

Comme à toutes les étapes, la présentation du rapport a donné lieu à des échanges entre l’équipe pluridisciplinaire de la dissémination et la population locale qui, visiblement, attend ce genre d’occasion pour éclairer sa lanterne sur l’activité minière. Outre les questions presque traditionnelles sur l’employabilité des jeunes dans les sociétés industrielles, la contribution de la mine au développement de la commune hôte, certains participants ont demandé plus de transparence de la mairie en ce qui concerne les taxes et impôts qu’elle reçoit de la mine.

Pour Sibiri Ouédraogo par exemple, un membre du comité local ITIE, Somita devrait faire plus en termes de payements volontaires et obligatoires. Selon lui, les défis de développement de la commune sont énormes, et la société minière, qui profite des richesses de la localité, doit encore mettre la main dans la poche. Sa préoccupation a été partagée par Oumarou Sawadogo, représentant de l’Association des élèves et étudiants au sein de l’ITIE locale, qui estime qu’il n’y a pas suffisamment de communication pour que les jeunes sachent ce qui est fait par la mine. Il indexe les autorités locales.

Le maire de Yalgo

Le maire de Yalgo, Issaka Yaméogo, saisit alors l’occasion pour énumérer quelques réalisations faites par la mine. La clôture de la gendarmerie et de la police locale, l’ambulance du CSPS, les salles de classes, des adductions d’eau potable, la plateforme multifonctionnelle...ce sont des réalisations faites par Somita.

« Le problème, c’est la communication ; les gens ont raison », a reconnu le maire, avant d’appeler à la responsabilité de chacun de ses administrés. Il faut venir aux réunions, sinon vous n’aurez pas d’information. Et quand on vient à une rencontre comme représentant d’une entité, il faut faire une restitution après, a suggéré le bourgmestre de Yalgo.

Les inquiétudes du maire et les taxes superficiaires

Le représentant des étudiants

Les sociétés minières doivent déposer de l’argent pour réparer les dégâts causés à l’environnement. Le fonds de réhabilitation et de fermeture de la mine était à 2 649 087 054 F CFA à la date du 31 décembre 2016. « On ne croit pas à la restauration. Ce n’est pas possible de ramener les terres dans leur situation d’avant la mine. Rien ne dit que l’argent est toujours à sa place, avec toutes les priorités que le gouvernement a. Il fallait restaurer progressivement. Ce sont des décennies que les mines ont pris pour creuser ces fosses. Combien d’années va-t-on prendre pour restaurer tout cela ? (…) Mon inquiétude est fondée. Je ne suis pas un technicien, c’est vrai, mais à voir les impacts causés par la mine avec les trous béants, il est de mon plein droit d’émettre des inquiétudes ». Ce sont les réflexions du maire, jugées légitimes par l’équipe de dissémination qui l’a rassuré que les fonds sont à leur place.

Aussi, les taxes superficiaires perçues par la commune de Yalgo ont occupé une bonne partie des échanges. Au titre de 2016, ce sont exactement 4 798 800 F CFA qui ont été versés à la commune. Le maire et ses administrés ne comprennent pas. Pour eux, le ministère en charge des Mines doit expliquer davantage la clé de répartition des taxes superficiaires.

Chargé de communication ITIE

« Je ne comprends pas que la taxe superficiaire, payée au km2… Près de 60% de ma commune est impactée par la société minière et je reçois la même somme qu’une commune qui n’abrite aucun km2. Lors de la session budgétaire, ce fut l’objet d’un débat houleux. Les conseillers m’ont dit de prendre mes responsabilités pour leur apporter des précisions... », a poursuivi le maire, par ailleurs président du Réseau des maires des communes abritant les mines. Ce n’est pas une question spécifique à sa commune, a-t-il précisé, puisque lors des assemblées générales du réseau, les mêmes préoccupations sont récurrentes.

La mission de dissémination du rapport 2016 de l’ITIE-BF se poursuit ce 2 octobre dans la commune de Sabcé, dans la province du Bam, toujours pour un souci de redevabilité et dans le but de permettre d’installer un climat apaisé entre les sociétés minières et les communautés.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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