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Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

Publié le vendredi 27 mai 2016 à 23h26min

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Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

Le vendredi 20 mai 2016, la direction générale des transports routiers et de la mobilité urbaine a rencontré le public riverain de la route nationale n°4 (RN4), la portion urbaine qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T. Au cours de cette concertation elle a affirmé la possibilité de contribuer à la prise en compte des intérêts,des voisins de la route qui va de l’échangeur de l’Est à l’avenue de l’Indépendance (carrefour du S.P/C.N.L.S). Voici ma part de contribution à ce projet.

Ouagadougou une ville avec sa forêt urbaine

Ouagadougou avec 2 millions d’habitants et une superficie de 50 000ha environ, a connu une dégradation de sa végétation naturelle initiale en quantité et en qualité. Seules les espèces utilitaires telles que le karité (Vitelariaparadoxa), le résinier (Lanneamicrocarpa), etc., ont été épargnées ou conservées. Les principales espèces fruitières que sont le manguier (Mangiferaindica), l’eucalyptus (Eucalyptus camaldulensis), la pomme d’acajou (Anacardiumoccidentale) et le caïlcédrat (Khayasenegalensis) ont été plantées à l’intérieur ou aux alentours des concessions et le long des rues.

La forêt classée du barrage (composée du Parc urbain Bangr-Weogo de 214 ha et de la portion de l’ancien club de l’Etrier), le parc botanique du C.N.R.S.T de 14ha et quelques espaces verts constituent désormais pour la ville de Ouagadougou, les grandes réserves forestières qui retiennent la poussière et purifie l’air de la ville. La ceinture verte, mise en place avant la, et qui avait pour but de protéger la capitale des vents desséchants,de piéger les poussières et d’atténuer le transport des sols par les eaux de ruissellement vers les barrages, a été presque totalement « consommée » par les habitats spontanés ou les lotissements (Kafando, 2006). Par ailleurs, la ville produit des déchets domestiques dont 34% des 300000 tonnes produits sont constituées de matières organiques (animaux et végétaux), selon une étude du CREPA de 1993 et Korahiré (2013).

Selon le document Projet de la Stratégie de Réduction des Déchets de Ouagadougou Création d’Emplois et de Revenus par des actions de collecte, de tri et de valorisation (PSRDO-CER) de la commun de Ouagadougou, la Valorisation des déchets par le compostage par le Centre de Traitement et de Valorisation des Déchets (C.T.V.D).

Réflexion sur l’aménagement de la nouvelle avenue

Ne pas planter des arbres de rue parce qu’ils sont salissants, c’est faire un mauvais procès aux arbres. Car comparaison faite des bienfaits que l’arbre procure, « y a pas match ! » comme on le dit vulgairement. En outre la proportion de déchets d’origine végétale dans l’ensemble des ordures ménagères produite par la ville est très faible et ne peut justifier le danger de planter des arbres sur la route.

C’est pourquoi, nous souhaitons que la partie centrale de la voie soit remblayée par la terre en lieu et place du béton et des pavés inertes et qu’on y plante des arbres ou arbustes de petite taille, à système racinaire non extensif. Pour cela, nous disposons d’espèces fruitières et/ou ornementales spontanées (Bauhinia rufescens, Stereospermumkunthianum…) ou à défaut de plantes exotiques (Palmier dattier, bougainvillier, ...).

Les plantations annoncées des accotements viendraient alors en complément. Cela aura pour avantage de réduire la quantité de béton au niveau central de la route et réduire les couts financiers et le rayonnement du bitume. Du coup,on contribuera à améliorer l’infiltration des eaux de pluies et à augmenter la norme d’aménagement paysager par habitant. La norme recommandée par l’O.M.S est de 9m2 alors qu’au niveau national nous sommes à 4m2 par personne.

Il serait bon qu’avant d’entamer les travaux de la nouvelle rue, l’on songe à publier les documents techniques de l’aménagement de la rue pour informer le public en général et les riverains et recueillir des propositions pertinentes d’amélioration de l’ouvrage incluant en son sein de la végétation sur tout le tracé. Je pense personnellement que les spécifications techniques doivent répondre à des termes de référence prenant en compte la nature et qui incluent les arbres ou arbustes pérennes et plus faciles à entretenir sur la route pour la rendre vivante en lieu et place d’imposer un modèle standard peu adapté au contexte sahélien.

Le plaidoyer ne sera peut-être pas bien compris car la recherche polyvalente de foresterie urbaine dans notre pays est à ses balbutiements. L’information existante est très dispersée et difficilement accessible. Il y a peu de données publiées sur la relation des habitants des villes (en particulier les pauvres) aux espaces verts urbains, sur la façon dont ils la mettent en valeur et comment les forêts urbaines impactent la santé et le bien-être. Les forestiers et les amis de la nature(existe-il encore un parti écologique au Burkina Faso ?) sont donc invités à murir la réflexion et privilégier des positions écocitoyennes dans les aménagements urbains à l’image des efforts des agronomes pour augmenter la production agricole urbaine.

Les arbres urbains devraient être considérés comme partie intégrante de l’infrastructure urbaine des pays arides et semi-arides. La qualité de vie, en particulier des groupes vulnérables dans ses pays peut être considérablement améliorée par une meilleure intégration des arbres urbains polyvalents et d’arbustes dans la conception urbaine et des initiatives de développement urbain. Toutefois, la foresterie urbaine n’a pas encore reçu l’attention qu’elle mérite dans l’architecture urbaine.

Si des efforts sont faits pour relever le niveau social des constructions routières, nous souhaitons qu’il en soit de même du volet écologique. Il faut donc éviter le déracinement systématique des arbres d’alignement des routes en aménagement.

Vous regretterez la chaleur qui vous envahira sur la nouvelle route,entre 12 et 14 heures de la journée, pendant la saison sèche chaude.

Références bibliographiques
Kafando Y., Transport urbain et santé des populations : le cas de Ouagadougou (Burkina Faso). DEA environnement et santé, Université d’Abomey Calavi, République du Bénin. 95 p., 2006.

Korahiré V., 2013. Burkina Faso : « Ouagadougou génère annuellement 300000 tonnes d’ordures ménagères ». Sidwaya quotidien du 1e février 2013.

Par Ganaba Souleymane, Département Environnement et Forêts, INERA, BP 7047 Ouagadougou 03, Burkina Faso

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2016 à 08:12, par wend kassabo En réponse à : Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

    Tres bonne reaction que je trove constructive. Vivement que l’on vous entende quelquepart.

  • Le 28 mai 2016 à 11:38, par El_monstro En réponse à : Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

    Sacrés burkinabè. J’ai comme l’impression qu’ici on veut toujours réinventer l’eau chaude. Détruire ces arbres est un blasphème. Il faut savoir faire la politique de ses moyens. Pour un projet de genre, la bonne approche débutait par une étude sérieuse. Il ne faut pas facilement sélectionner 1 bureau d’études simplement sur la base de ses références. Il fera ce qu’il veut ou simplement nous subirons ce qu’il peut. La bonne approche aurait été de lancer un concours d’idée même international du projet d’aménagement du tronçon et voir toutes les propositions qui en découleraient (on y verrait toutes les suggestions possibles allant des options sens uniques, parcours labyrinthiques, table rase comme le projet exécutable ; etc.). Sinon, une ville ne doit pas être figée... Il faut toujours aménager, évoluer. Personnellement, vue la qualité architecturale des ouvrages environnant, s’approprier quelques mètres voir raser serait un moindre mal que d’abattre plus de 2000 arbres dans ce pays sahélien... Perdons de l’argent pour faire une bonne étude de ce tronçon que de vouloir perdre 2500 arbres centenaires.

  • Le 28 mai 2016 à 11:45, par El_monstro En réponse à : Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

    Sacrés burkinabè. J’ai comme l’impression qu’ici on veut toujours réinventer l’eau chaude. Détruire ces arbres est un blasphème. Il faut savoir faire la politique de ses moyens. Pour un projet de genre, la bonne approche débutait par une étude sérieuse. Il ne faut pas facilement sélectionner 1 bureau d’études simplement sur la base de ses références. Il fera ce qu’il veut ou simplement nous subirons ce qu’il peut. La bonne approche aurait été de lancer un concours d’idée même international du projet d’aménagement du tronçon et voir toutes les propositions qui en découleraient (on y verrait toutes les suggestions possibles allant des options sens uniques, parcours labyrinthiques, table rase comme le projet exécutable ; etc.). Sinon, une ville ne doit pas être figée... Il faut toujours aménager, évoluer. Personnellement, vue la qualité architecturale des ouvrages environnant, s’approprier quelques mètres voir raser serait un moindre mal que d’abattre plus de 2000 arbres dans ce pays sahélien... Perdons de l’argent pour faire une bonne étude de ce tronçon que de vouloir perdre 2500 arbres centenaires.

  • Le 28 mai 2016 à 23:40, par noonga sida En réponse à : Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

    J’ai vraiment de la peine d’accepter la destruction de ces 2500 arbres. Il faut qu’on se rende à l’évidence. Jusqu’à présent la plupart des gens n’ont pas encore pris conscience du danger de la destruction de l’environnement mais je pense que la canicule de cette année est une expression concrète de ce danger qui nous menace et qui ira crescendo. Puisque chaque nouveau maire qui arrive n’a que pour seule vision de développement de lotir et on détruit des étendues de forêts pour cela.
    Bref, c’est vraiment avec résignation qu’on va constater la destruction de ce patrimoine, mais de grâce, il faudra davantage de vision prospective pour ne pas avoir à réinventer chaque fois la roue. Ce bitume qui sera construit doit durer le plus longtemps possible car s’il est vrai que la route du développement passe par le développement de la route, il autant vrai que la planète nous a été léguée par nos devanciers,nous devons l’emprunter aux générations futures.
    Je profite interpeller le ministère de l’environnement par rapport à l’occupation anarchique de la ceinture verte de Ouagadougou(celle qui relie kossoghin route de kamboinsin à Toukin sur la route de ziniaré). Des kiosques installés partout, et très récemment un citoyen est venu avec un caterpillar raser un demi hectare qu’il a délimiter avec des fleures. nous ne savons pas à quelle fin, mais ça nous inquiète.

  • Le 29 mai 2016 à 12:59 En réponse à : Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

    Une très belle analyse, une contribution géniale que les nouvelles autorités et celles à venir doivent tenir compte dans les schémas d’aménagement des villes du pays. Les nouveaux conseillers, les nouveaux maires issus des élections, voilà une contribution à prendre en compte. Merci pour cette contribution citoyenne Mr Ganaba

  • Le 29 mai 2016 à 15:46, par Echangeur très utile En réponse à : Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

    La construction de l’échangeur qui passera devant le CHU Yalgado est d’une grande utilité publique. Car la voie est quasiment en embouteillage régulièrement .A certaines heures de pointe et durant les fêtes de fin d’année, des ambulances rencontrent trop de difficultés pour se frayer rapidement un passage pour accéder à l’hôpital avec des malades. La direction générale de Yalgado a fourni des efforts par la réalisation en 2012 de caniveaux à l’intérieur de l’hôpital, ce qui a permis d’éviter les risques d’inondations à l’instar de celle du 1er septembre 2009 qui avait beaucoup endommagé des équipements médicaux au CHU. La réalisation de l’échangeur qui sera doté de grands caniveaux évitera que les eaux de la ville qui convergent vers la zone du bois ne se déversent encore dans l’enceinte de l’hôpital. Alors, vite que ce projet qui a trop traîné se concrétise selon les règles de l’art dans l’intérêt de tous.

  • Le 29 mai 2016 à 23:00, par tiiga En réponse à : Peut-on améliorer l’aménagement de la rue qui passe entre l’hôpital Yalgado Ouédraogo et le C.N.R.S.T ?

    Je prie Dieu que l’esprit de tous ces arbres, de cette forêt et de tous les animaux qui bénéficient de leur bienfait vous empêchent de réaliser ce projet assassin. Ce tronçons peut bien être aménagé sans ce crime que vous projetez et parce que vous vous en tirerez 80 a 100 millions. Dieu ne vous pardonne jamais.

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