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Mises au point du président Roch sur le GIGN : Un « Non » diplomatique aux autorités françaises ?

Publié le jeudi 7 avril 2016 à 00h30min

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Mises au point du président Roch sur le GIGN : Un « Non » diplomatique aux autorités françaises ?

En visite en France, le président du Faso après avoir rencontré son hôte François Hollande, a débarqué à la place Beauvau, siège du ministère français de l’intérieur. Il a dit diplomatiquement au locataire, Bernard Cazeneuve qu’il n’avait pas aimé sa façon de communiquer sur l’envoi des éléments du GIGN à Ouagadougou. La manière y avait certes manqué, reste à nos autorités de ne pas fermer les yeux sur le fonds aussi.

Alors que le ministre de l’intérieur de France Bernard Cazeneuve était au bord de la lagune Ebrié au lendemain des attaques terroristes de Grand Bassam, il avait laissé entendre que dans le cadre de l’opération Barkhane, et suite aux contacts qu’il a pris avec le directeur général de la gendarmerie nationale, ils avaient « décidé de positionner à Ouagadougou des éléments du GIGN ».

Dans notre édition du 17 mars 2016, nous dénoncions cette attitude paternaliste, très peu courtoise du ministre de l’intérieur de France qui depuis la Côte d’Ivoire, apprenait à tout le peuple burkinabè que son territoire accueillerait des gendarmes français. « On ne peut comprendre qu’un ministre, fut-il de l’intérieur de France, annonce l’arrivée de troupes françaises au Burkina, à partir d’un autre pays », écrivions-nous.
Des propos empreints de désinvolture qui n’ont pas été du goût de bien de Burkinabè, mais aussi apparemment de leurs autorités. Plus que le fond en ce moment, c’est la manière de balancer la nouvelle qui laissait perplexe plus d’un. Pour que le « sécurocrate  » français tienne de tels propos, nous imaginions que nos autorités étaient informées. Pas du tout. C’est par les media qu’elles étaient aussi informées, au même titre que le Monsieur de la rue. Inutile de dire qu’elles n’ont pas apprécié.

Et pour preuve, en visite en France «  notre président » a tenu à le faire savoir. D’ailleurs l’aspect sécuritaire faisait partie de son programme à l’occasion de ce premier voyage en tant que président du Faso dans l’hexagone. Après avoir eu un tête à tête avec le premier des français, François Hollande, il a fait une descente à la place Beauvau, siège du ministère français de l’Intérieur pour une mise au point. « Le gouvernement burkinabè n’a pas été saisi sur la question du GIGN ; ça s’est très important ! Nous l’avons exprimé au président Hollande et nous l’avons exprimé au ministre de l‘Intérieur et tout le monde a été d’accord que là il y avait un ‘couac’. Selon les discussions que nous avons eues, il s’agit d’une assistance technique de deux ou trois membres du GIGN à l’amélioration des conditions de travail de notre sécurité intérieure ». Voici les vérités du président du Burkina Faso, au ministre de l’intérieur de France.

Un ‘’Couac’’ que l’on pourrait qualifier de « NON » diplomatique. En d’autres circonstances, le mot aurait été plus direct. Mais passons. Ils se sont dit les vérités. Et le Président Roch Marc Christian Kaboré aurait plutôt plaidé pour le renforcement des capacités des Forces de Défense et Sécurité burkinabè, notamment par la formation, les échanges des renseignements et l’appui en logistique dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Et à propos des accords avec la France sur les questions sécuritaires, le Chef de l’Etat a indiqué que ce sujet fera l’objet d’échanges approfondis entre les deux pays.

Au-delà de toute considération, il faut saluer cette clairvoyance du président Kaboré qui n’a pas raté l’occasion de le marteler. C’est une fermeté que nous lui souhaitons sur des sujets aussi importants que ceux qui touchent à la souveraineté du ‘’pays des hommes intègres’’. Si à l’intérieur on chante à l’unisson que plus rien ne sera comme avant, nos partenaires qui qu’ils soient doivent également sentir que le pays a changé de visage et tient à se faire respecter, comme une nation souveraine.

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
Lefaso.net
Crédit photo : Ambassade du Burkina Faso à Paris

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