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Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

Publié le jeudi 10 mars 2016 à 00h08min

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Rôle de la chefferie dans le processus démocratique  au Burkina Faso

Dans le village tout le monde connaît le nom de la vieille mais personne n’ose dire le nom de la vieille, parce que prononcer son nom serait un sacrilège. Dans les propos qui vont suivre, je vais donner un coup de pied dans la fourmilière. Mon objectif est de contribuer à jeter les bases d’une réflexion intellectuelle sur la place et le rôle des institutions coutumières dans un Etat qui cherche encore ses marques vers une véritable démocratie plus d’un demi-siècle après son indépendance. Deux problèmes seront discutés dans cet article : d’une part, le constat de la situation dans une perspective historique, d’autre part, les conséquences du comportement opportuniste des politiciens.

I-Le constat d’une situation

Depuis un certain temps on constate le retour en force de la chefferie coutumière dans l’arène politique nationale. On en veut pour preuve qu’à chaque meeting d’un parti politique, le nombre de bonnets rouges qui trônent aux premiers rangs ; et les médias (télévisions) se font le devoir ou le grand plaisir de les montrer en premier lieu et en gros plan. En fait, ce retour en force du pouvoir coutumier n’est pas nouveau. Il convient ici de faire quelques rappels historiques avant d’examiner les raisons de ce retour.

1.1. Qu’est-ce que la chefferie traditionnelle ?

La chefferie traditionnelle est une institution qui émane des sociétés politiques et des Etats qui existaient en Afrique avant la conquête coloniale. Le terme « traditionnel » a d’abord été utilisé par le colonisateur pour distinguer l’administration coloniale de ces royautés considérées comme dépassées et archaïques. Elle fut appelée par les mouvements des étudiants de façon impropre de féodalité en référence au Moyen Age européen. Profondément transformée par la colonisation, la chefferie traditionnelle a par la suite cherché à se positionner dans l’Etat postcolonial, désormais dirigé par une élite intellectuelle dite moderne.

Dans la majorité des Etats postcoloniaux, la chefferie traditionnelle est intégrée, mais également contrôlée. Par ailleurs, dans certains Etats, elle a purement et simplement été supprimée (cas de la Guinée en 1957 et du Sénégal en 1960). Mais du fait du poids des traditions et de leur influence morale sur les populations, la chefferie traditionnelle continue à jouer un rôle politique non négligeable de nos jours dans la majorité des Etats africains, notamment en tant qu’instance de pouvoir de proximité dans les zones dites rurales (Nach Mback 2000).

Finalement, j’emprunte à Jean Baptiste OUEDRAOGO (2011) la présente définition qui dit « nous entendons par chefferies traditionnelles, les autorités coutumières et religieuses traditionnelles, c’est-à-dire les chefs de villages, de cantons ou royaumes et les chefs de terres ou tous responsables coutumiers reconnus comme tels qui, en raison de leur statut social particulier, exercent une certaine emprise sur les populations placées sous leur autorité, et par conséquent, pèsent lourdement sur les prises de décisions d’importance, notamment celles engageant la vie de la société ». Cette définition, me permet de faire quelques rappels historiques.

1.2. Rappels historiques

Le pouvoir colonial dans sa quête de légitimité et de soumission des « indigènes » sous sa domination a eu recours au pouvoir traditionnel et ceci dans le cadre du recrutement de soldats pour les guerres coloniales, pour les cultures de rente (coton, arachide), mais aussi pour imposer et lever l’impôt de capitation. C’est aussi par l’intermédiaire de ces chefs que les travaux forcés (portage jusqu’aux ports, travaux de construction du chemin de fer Abidjan-Niger, construction de routes pour l’évacuation des produits de rente, etc.) étaient organisés à travers le recrutement des forces vives dans les villages. Mais, les chefs qui refusaient de collaborer, et il y en a eu, ont souvent été destitués au profit de chefs plus dociles.

Pour l’histoire de la Haute-Volta, certains chefs comme le Mogho-Naba Kom et son fils Saga II ont eu à jouer un rôle important dans la réunification du pays en 1947, jadis partagé entre la Côte d’ivoire, le Mali et le Niger à partir de 1932. A cet effet, le Mogho-Naba Saga II créa un parti politique dénommé Union pour la Défense des Intérêts voltaïques (UDIV). La création de ce parti n’était pas dénuée de toute ambition politique. En effet, le 17 octobre 1958, dans l’intention de proclamer une monarchie constitutionnelle, le fils du Mogho-Naba Saga II, le Mogho-Naba Kougri tente un coup d’Etat en envahissant avec près de 300 cavaliers l’Assemblée nationale où les députés se réunissaient. Cette tentative échouera définitivement le 20 octobre 1958. Maurice YAMEOGO qui devient le premier Président, proclame la République le 11 décembre 1958 et pour éviter toute nouvelle velléité du Mogho-Naba et une confrontation directe avec ce dernier, pris un décret le 8 juin 1962 supprimant la rémunération des chefs traditionnels et interdit leur remplacement en cas de décès ou de révocation. Deux ans plus tard, en 1964, un autre décret instituait l’élection des chefs de village au suffrage universel direct par les habitants d’une même localité inscrits sur des listes électorales, avec la possibilité pour chaque électeur d’être éligible. C’est dans cet affrontement de plus en plu ouvert que le député-roi de Boussouma avait résumé le conflit entre les deux pouvoirs en déclarant au Président Yaméogo : « Nous, on était toujours imbus de ce que nous étions. Tu es le président. On te respecte, mais tu n’es pas autre chose ». En d’autres termes, son pouvoir est un pouvoir octroyé par les blancs sans aucune légitimité à leurs yeux.

Cette décision de Maurice YAMEOGO, marquait le début de l’extinction progressive de la monarchie. Telle était la situation jusqu’au soulèvement populaire du 3 janvier 1966 qui le renversa.

Après le 3 janvier 1966 qui a vu l’avènement du Colonel Sangoulé LAMIZANA, la chefferie fut réhabilitée sans toutefois jouer un rôle fondamental. Avec la Révolution du 4 août 1984, la chefferie fut dénoncée comme réactionnaire et oppresseur du peuple. Elle fut malmenée par les CDR. Il faudra attendre le coup d’Etat de Blaise COMPAORE le 15 octobre 1987 pour voir une véritable réhabilitation du pouvoir coutumier. Ce fut un retour en force de la chefferie traditionnelle. En fait, cette chefferie sera avec l’armée et la corruption les trois piliers de la gouvernance du régime du capitaine Blaise COMPAORE qui lui ont permis de se maintenir au pouvoir pendant 27 ans. Sous la Transition, ce fut un véritable scandale, tour à tour, on a vu le premier Ministre Zida, le général Kwamé LOUGUE, le putschiste Diendéré, les candidats aux élections présidentielles, défiler au Palais du Mogho-Naba, qui, pour se mettre sous sa protection, qui, pour demander des bénédictions pour réussir dans sa mission, d’être élu ou pour que les élections se déroulent dans la paix. On a cru à un moment donné que la République n’existait plus et que le pouvoir central s’était déplacé de Kosyam au Palais de l’Empereur des Moosé, rendant caduque l’existence de l’Etat burkinabè et de ses institutions. Pourquoi un tel comportement des politiques ?

1.3. Raisons de ce glissement vers la monarchie

Je pense que dans l’histoire moderne du pays, sous la Transition, jamais l’existence de la République n’a été aussi menacée dans ses fondements. Je ne sais pas si le peuple avait pris conscience de cet état de fait. Quoi qu’il en soit peu ou pas d’intellectuels n’ont réagi à travers un quelconque écrit (sauf les internautes récemment). Tout se passait comme si la scène qui se déroulait devant nous était normale. Mais pourquoi un tel glissement ? La raison était simple, l’existence d’un contre-pouvoir incarné par le Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP) et le manque d’autorité de l’Etat expliquent cet état de fait.

a) Le contre-pouvoir

Blaise COMPAORE avait créé un monstre, le RSP qui a failli l’emporter lui-même en 2011. Tout se passait comme s’il y avait un Etat dans l’Etat. Dans une telle situation, toute menace du RSP avec à sa tête le célèbre général Diendéré, n’avait pas de répondant. L’armée elle-même avec son Chef d’Etat-major ne pouvait faire le contre poids dans la mesure où elle disposait des armes mais sans munitions. Les Organisations de la Société Civile (OSC) qui formaient un conglomérat d’organisations n’offraient pas de garantie de sécurité à des personnes en rupture de banc éventuel avec les autorités du moment. Mêmes les partis politiques ne pouvaient constituer des voies de recours en cas de menaces. De toutes les façons, ces partis étaient trop préoccupés d’arriver rapidement à Kosyam ; et de ce fait, ils avaient des attitudes opportunistes consistant à ménager la chèvre et le chou. Alors, quel lieu pour se réfugier ? Chez le Médiateur du Faso ? Chez le Cardinal ? Chez le Grand Imam ? Ah ! Chez l’ancien Président Jean Baptiste OUEDRAOGO, médiateur infatigable, militaire comme les hommes du RSP ? Nullement. Si le 3 janvier 1966, tel leader politique était caché chez le Cardinal, tel autre dans son laboratoire ; durant la Transition, les hommes politiques ont fait de nouvelles découvertes, le Palais du Mogho Naba, là où même le militaire avec sa Kalachnikov sait que les lois divines peuvent découvrir ses intentions. Il s’est posé bien là un problème d’éthique.

Ainsi qu’on le voit, l’incapacité des hommes politiques et les contradictions qui ont surgi entre eux, ont placé le Mogho-Naba au centre de la gestion du pouvoir d’Etat malgré lui. Heureusement qu’il a su faire preuve de sagesse et de diplomatie jusque-là. Mais, n’est-on pas en train de réveiller les vieux démons d’un pouvoir monarchique avec l’affaiblissement de l’Etat républicain ? On a coutume de dire que l’appétit vient en mangeant, je dirai que le goût du pouvoir vient quand on est trop sollicité.

b) L’autorité de l’Etat,

De quel Etat tu parles ? Il y a longtemps que sous le régime de Blaise Compaoré l’Etat a fait place à un réseau de mafieux, caractérisé par la corruption. Cette corruption qui s’est développée avec la bénédiction de grands intellectuels, a gangréné le pouvoir d’Etat et avec lui, les institutions qui sont entrées en putréfaction, non disons en dépérissement. Sans exagérer, j’ai eu l’impression qu’on était désormais dans une jungle. Tenez ! des postes de police qu’on brûle, des maternités sont saccagées pour la faute d’une sage-femme , le conducteur de voiture qui fait un accident avec une mobylette est obligé de prendre ses jambes à son cou avant que la foule déchainée ne rende la justice du « pauvre ». Les mobylettes occupent la chaussée des voitures « parce qu’on est tous des citoyens burkinabè ». Quelle société on nous a laissé après 27 ans de règne d’un homme « irremplaçable » ?

La justice n’existe plus, les fonctionnaires partent au service quand ils veulent, le directeur est obligé de coopérer avec ses subordonnés pour sauvegarder son poste, car eux ils sont les hommes du ministre. Mêmes les clubs de football sont gangrenés. L’Etat, c’est la famille, c’est le cercle d’amis. Des taxes de toutes sortes sont instituées au nom du « Prince » comme au bon vieux temps

Que reste-t-il ? Ces politiciens véreux se souviennent qu’il y a encore des institutions qui demeurent intactes avec leur autorité, et sont de celles-là, la chefferie traditionnelle et le pouvoir religieux. Voilà pourquoi, après avoir détruit l’Etat, les politiciens se rabattent sur ces deux pouvoirs qu’ils risquent d’entrainer dans leur mégalomanie.

c) Les raisons de l’implication du pouvoir traditionnel

Historiquement, on a vu les ambitions de cette chefferie et aussi comment le pouvoir colonial l’a utilisée pour assoir sa domination. Dans le même esprit, le pouvoir de Blaise COMPAORE en mal de légitimité et pour assoir sa base politique va s’appuyer, suivez mon regard grâce à ses « conseillers » occultes, sur cette chefferie traditionnelle. Cette situation a été favorisée d’une part, par la pauvreté de certains chefs traditionnels, qui, face aux réalités de la vie, étaient obligés de prendre la carte du CDP ou tout simplement qu’ils étaient installés par le parti, créant des conflits de succession dans les familles (situations conflictuelles déjà observées à l’époque coloniale) ; d’autre part, par l’arrivée progressive d’intellectuels retraités ou non comme chefs dans leur village, et qui à tort ou à raison, se sont jetés dans la politique sans être nécessairement CDP.

Quoi qu’il en soit, si le retour en force de la chefferie traditionnelle a longtemps profité à son animateur Blaise ; il a aussi contribué à la division dans les familles et dans les villages (souvent deux chefs dans le même village), sapant les bases de toute cohésion sociale. En effet, le chef politicien ne représente plus toute une communauté, une société, mais un parti politique, de sorte que ses sujets ne se reconnaissent plus en lui. Quelle mobilisation peut-il faire pour développer désormais sa communauté ? Quelle médiation peut-il faire entre ses sujets en conflit ? Et quelle autorité morale un tel chef peut représenter ? Car comme dit Ouédraogo (2011) « Les chefs traditionnels sont des repaires sociaux et garants des valeurs humaines fondamentales. Ils constituent donc des références privilégiées aussi bien pour la société elle-même qui les reconnaît comme telles que pour les pouvoirs publics ». Cela me conduit à examiner les conséquences qui peuvent en résulter.

II-Conséquences de la situation

J’examinerai successivement les conséquences pour l’avenir de l’Etat-nation, la cohésion sociale et les dérives des politiques.

2.1.L’avenir de l’Etat-nation

Les chefs traditionnels représentent en effet le pouvoir de proximité qui prévaut dans le milieu rural depuis des siècles et ceci avant qu’on ne parle d’une nation voltaïque ou burkinabè. C’est dire que chaque communauté, de l’est à l’ouest, du nord au sud avait ses traditions et en fonction de l’état de développement des forces productives s’organisait sous forme de royaume, de confédération, de communauté sans pouvoir hiérarchique, de chefs de terre, etc. Dans certaines régions comme l’ouest et le sud-ouest, il n’existait pas de forme d’organisation hiérarchique comme chez les Mossis ou les Gourmantchés. Mêmes dans les régions où la chefferie était fortement implantée avant l’arrivée du colonisateur, son importance n’était pas uniforme, mais dépendait plutôt des traditions de chaque région. Aujourd’hui, on observe ces survivances dans les diverses communautés, et donc évitons de prendre le roi des moosé comme représentant l’ensemble des chefs traditionnels (à moins qu’il ait été désigné comme tel, autant pour moi si tel est le cas) du Burkina ou le pouvoir supérieur de la Nation. Sinon, nous pouvons mettre en péril l’Etat-Nation.

Afin de légitimité par le droit moderne cette chefferie, la Constitution burkinabè de 1991 reconnait dans son préambule « la chefferie coutumière et traditionnelle en tant qu’autorité morale, dépositaire des coutumes et des traditions dans notre société ». Toutefois, il faut rappeler que cette reconnaissance constitutionnelle a été ajoutée par la loi du 11 juin 2012. C’est un additif à la Constitution. Question, pourquoi cet additif ? Quelles étaient les intentions du législateur et notamment du gouvernement de la IVème République en insérant dans la Constitution cet additif ?

Au regard de la complexité du sujet, c’est à juste titre que l’African National Congress (ANC) de Nelson MANDELA sur la question du partage du pouvoir pour la construction de la nouvelle Afrique du Sud post apartheid s’interrogeait « que faire de la chefferie traditionnelle en Afrique du Sud ? ». De nombreux débats ont eu lieu entre les différentes composantes de la société, et finalement il a été retenu d’accorder une place à cette chefferie ; et le gouvernement a su faire progresser la démocratie, en « dé-féodalisant » les zones rurales tout en gardant des caractéristiques de la culture africaine noire. L’Etat devra s’assurer du respect de la coutume et éviter d’enfreindre à la règle tout en gardant la place de l’Etat central associée à une omniprésence de la démocratie dans toutes les sphères du gouvernement dans un esprit de stabilité et de cohésion sociale.

2.2.La cohésion sociale et l’incidence sur le pouvoir coutumier

Selon Abdoul Azizou GARBA (2009) que je résume. Au Niger, des années 1990 à nos jours, le statut de la chefferie a connu plusieurs évolutions. Avec la décentralisation, les chefs sont devenus des conseillers municipaux de droit. C’est une façon de les intégrer dans la gestion des communes et d’harmoniser leurs fonctions de conciliation dans un contexte nouveau. Cependant, pour une question de neutralité, il est interdit à la chefferie de faire la politique. Le chef traditionnel est normalement le chef de toute sa communauté et c’est pour cette raison qu’il doit s’éloigner de toute situation qui l’amènerait à choisir un camp. A priori, la chefferie paraît donc à l’abri de toute manipulation, corruption ou instrumentalisation par la politique et le politique. Mais cette situation ne va pas durer longtemps puisque sous le président Tandja, de nombreux chefs avaient soutenu le « Tazarcé », terme Haoussa signifiant la continuité (ou révision de la Constitution) ; une des conséquences a été que le palais royal du chef de Dosso a été saccagé et incendié par les anti-tazarcé. Récemment, au Burkina Faso, avec le projet de révision de l’article 37, les chefs coutumiers affiliés au CDP et à l’ADF/RDA, n’étaient pas loin de voir leur palais réduit en cendres les 30 et 31 octobre 2014, n’eut été quelquefois les interventions de certains sages dans les villages. De tels actes auraient constitué des précédents aux conséquences incalculables pour les communautés villageoises respectueuses de la tradition et des valeurs ancestrales.

Qu’il s’agisse du Chef de Dosso ou de certains chefs au Burkina Faso, leur pouvoir s’est trouvé amoindri et le respect que les communautés villageoises leur vouaient s’est effrité. Le rôle de tampon, de garant de la stabilité sociale dans le royaume, ainsi que le respect que les politiques leur devaient se sont estompés.

L’exemple du Ghana voisin est celui qui semble avoir influencé le plus le débat au sein de la classe politique et de la société civile burkinabè. En effet, en décidant de donner une place constitutionnelle à la chefferie coutumière par la création d’une « Chambre des Chefs », le président Rawlings a su responsabiliser cette force sociale pour assurer la stabilité du régime démocratique au Ghana ; en même temps que cela a permis une fois pour toutes de déconnecter formellement la chefferie coutumière du jeu politique partisan. On remarquera à ce propos comment le Président John KUFFUOR a su user de ce pouvoir social pour endiguer toute vélléité de remise en cause par son propre camp de l’élection transparente de son successeur Atta Mills.

2.3.Les dérives des politiques au Burkina

Du Premier Ministre Zida en passant par le Général Kwamé LOUGUE sans oublier l’autre Général putschiste, tous sont partis faire allégeance au Moro-Naba sous la Transition, traduisant par-là que le véritable détenteur du pouvoir était l’Empereur des Mossis. Imaginons que le général Diendéré n’eut pas été exfiltré, et que la foule eut pris d’assaut cette nuit du 21 septembre 2015 le Palais et saccageait tout ? Que ce serait-il passé par la suite pour toute une communauté pour qui l’Empereur est sacré ? Le responsable ne serait pas a priori le Mogho Naba, mais bel et bien ces militaro-politiciens. Mais, penchons-nous sur le cas de Kwamé Lougué à qui la foule demande de prendre le pouvoir, au lieu d’aller à la RTB ou à au palais de Kosyam pour faire sa déclaration, il part chez le Mogho Naba pour demander conseils et bénédictions. Ah ! quel général ? L’autre général (Diendéré) fait tuer des gens et va aussi demander conseil et bénédictions à l’empereur des Moosé comme si c’était ce dernier qui l’avait envoyé perpétré son coup d’Etat et ses crimes. Vous voyez l’amalgame qu’une foule en colère serait capable de faire ?

Je pensais qu’avec les élections démocratiques qui se sont déroulées, les nouvelles autorités auraient eu plus de recul et de maturité politique, mais force est de constater qu’elles ne font pas mieux que la Transition, puisque le 30 janvier, le Ministre de la Culture Tahirou BARRY en visite chez le Mogho Naba déclarait que c’est son devoir de venir se présenter à sa majesté pour « recueillir » ses précieux conseils et surtout ses bénédictions. Plus loin, il poursuivait, « Le Mogho Naba est un digne dépositaire des valeurs traditionnelles et culturelles de notre pays, j’ai estimé que ses précieuses recommandations, ses conseils et bénédictions étaient nécessaires pour nous permettre de réussir la noble mission qui nous a été confiée ». Dans la même recherche des bénédictions, et comme un Tahirou peut en cacher un autre, le Ministre des sports, Bangré est allé aussi le même jour demandé des conseils et des bénédictions à sa Majesté (tous ces propos sont rapportés par par Tiga Cheick Sawadogo de « lefaso.net » du 30 janvier 2016). Quelques jours plus tard, en réponse probablement aux visites fréquentes chez le Mogho Naba qui est le Naba des Moosés seulement, c’était au tour du ministre Nestor BASSIERE de rendre visite au Chef suprême des Bobo Mandarè pour solliciter ses bénédictions et montrer que les Bobo aussi ont leur Naba. Interrogé par la presse, il dira en substance au Chef : « Je suis venu vous dire que j’ai été nommé à la tête du département de l’environnement. Avant d’entreprendre toute action, je suis venu à la source pour demander vos bénédictions pour mener à bien la mission qui m’a été confiée ». Au moment où nous bouclions cet article, le Premier Ministre Paul Kaba ne s’est pas fait prié aussi en emboitant le pas à ses ministres. Il est allé aussi le 19/02/16 demander à l’Empereur des Moosé ses sages conseils et ses bénédictions pour pouvoir mener à bien sa mission. Bientôt on verra le Président de l’Assemblée nationale Salifou DIALLO, le Président du Faso Marc Christian KABORE et bien sûr le ministre d’Etat Simon COMPAORE défiler à la queue leu leu pour recevoir les bénédictions et les sages conseils de l’Empereur de tous les burkinabè.

Face à de telles attitudes, on peut se poser un certain nombre d’interrogations :
1°) le Burkina Faso est-il une République ou une monarchie constitutionnelle ?
2°) qui a remplacé François Compaoré dit « le petit président » pour nommer désormais le premier ministre et le gouvernement actuels : est-ce la Troïka du MPP ? Est-ce le Mogho Naba ? Où est-ce une coalition politico-coutumière ?

Au regard des faits précédents, il est important que l’Assemblée nationale légifère sur cette chefferie coutumière de façon définitive. Tout en prenant en compte les caractéristiques de la société burkinabè et au regard des exemples des pays comme le Ghana, le Niger ou l’Afrique du Sud, il sera possible de définir un cadre juridique et veiller à son strict respect. Dans un premier temps, il faudra donner l’opportunité aux chefs traditionnels de mener une réflexion approfondie sur leur statut et leur rôle dans la cité et en politique. Ce rapport sera transmis à l’Assemblée nationale qui analysera les résultats de ces réflexions et qui pourra au besoin commanditer d’autres réflexions complémentaires avant de légiférer. De mon point de vue, il doit ressortir clairement dans les textes, l’interdiction formelle à tout chef coutumier de faire de la politique, donc de briguer un mandat politique (député, ministre, conseiller municipal, etc.). Je ne partage pas le point de vue de Ouédraogo (2011), lorsqu’il dit « Un chef traditionnel peut être un homme politique au sens moderne du terme, c’est-à-dire qu’il peut briguer un mandat électif car il conserve sa qualité de citoyen à part entière, ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres citoyens. La qualité de chef traditionnel et celle de représentant élu peuvent en effet être assumés par une seule et même personne ». Je pense que là, Ouédraogo rentre en contradiction avec lui-même, car dans sa communication que je trouve pertinente, dans la conclusion, il s’inquiète et s’interroge « Comment les chefferies traditionnelles en tant qu’institutions coutumières pourront-elles conserver leur autonomie et leur indépendance dans un engagement politique trop prononcé des chefs traditionnels au nom de la démocratie ? »

Auparavant, il avait donné plus loin une réponse en ces termes parlant des élections : « La pression électorale exercée sur les populations par l’intermédiaire des chefferies traditionnelles est encore si forte qu’elle entrave le libre choix démocratique ». A mon avis, les chefs traditionnels tiennent leurs pouvoirs de la tradition et des coutumes, dans les limites de l’administration moderne. De ce fait, le chef traditionnel peut supplier à l’administration centrale dans le village pour un certain nombre de tâches. En tant que tel, il doit pouvoir bénéficier d’une rémunération. De son côté, l’administration doit éviter avec les partis politiques de s’ingérer dans la désignation de ces chefs coutumiers. Elle doit veiller au strict respect de la coutume. Le chef traditionnel doit choisir entre son pouvoir de chef, représentant une communauté, et ses ambitions politiques qui l’éloignent de sa représentation communautaire.

Par Taladidia THIOMBIANO, professeur à la retraite

Bibliographie :
DJIJKEMA Clarke : Partage du pouvoir : que faire de la chefferie traditionnelle en Afrique du Sud ? Site Irénées.net, octobre 2005, Grenoble
GARBA Abdoul Azizou : Le « Tazarcé » et la chefferie traditionnelle : la complicité invisible – CETRI du 10/12/09
KINDO Bassiratou : Bobo-Dioulasso : Nestor Bassière a rendu visite au chef Bobo mandarè, in Lefaso.net du Ier/02/16
MBACK Nach (2000) : cité par Garba dans le Tazarcé et la chefferie traditionnelle
OEDRAOGO Jean Baptiste (2011) : Rôle et place de la chefferie traditionnelle dans la démocratie. Communications au Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques, séance du 25 juin 2011
SAWADOGO Tiga Cheick : Le ministre de la culture, Tahirou Barry était chez le Mogho Naba, in Lefaso.net du 30/01/16
SYLMpeddia : Le coup d’état monarchiste de 1958 en Haute-Volta

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Vos commentaires

  • Le 9 mars 2016 à 17:02, par Truth Hurts En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Bon travail tonton. Ceci est une contribution patriotique à la bonne gouvernance de notre chère patrie. Qu’ALLAH vous donne longue vie.

  • Le 9 mars 2016 à 17:29, par Wendpanga En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Professeur en rétraite, es tu offusqué de ce que le premier ministre ne s’est pas encore présenté devant le chef des Gourounssi ou Gourmantchéma ?
    En fait je veux dire que si jusqu’ici notre pays connait un calme et une paix inter ethnie sans égal, c’est du fait que les gens ne font pas de différence. Et c’est bien peur que des sois disant intellectuels ou professeurs n’induisent les gens dans des problèmes. Je partage l’idée selon laquelle les chefs doivent se départir de la politique mais voir les visites chez le Mogo Naba comme une sorte d’allégeance (Du Premier Ministre Zida en passant par le Général Kwamé LOUGUE sans oublier l’autre Général putschiste, tous sont partis faire allégeance au Moro-Naba sous la Transition, traduisant par-là que le véritable détenteur du pouvoir était l’Empereur des Mossis) c’est vraiment de l’ hypermétropie vous soufrez. Cher professeur, le problème ne se posera pas avec vous les intellectuels mais c’est au niveau de ceux qui disent être allé à l’école... Bref sans vexer personne, je vous invite à mesurer vos propos surtout quand c’est adresser à tout le monde.

  • Le 9 mars 2016 à 18:33, par Turbo En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Mr Wendpanga de grâce ayez un peu du respect pour les groupes ethniques et culturels du Burkina. Vous semblez être un moaga de par votre prénom. Il n’y a jamais eu de Moro-Naba mais plutôt de Mogho-Naaba. Je pense que plusieurs de mes prédécesseurs ont déjà attiré l’attention sur l’orthographe et la prononciation de ce Nom.

  • Le 9 mars 2016 à 18:46 En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Salut au professeur pour cette tribune. Cette réflexion nous engage tous à plusieurs titres : celui de l’Etat moderne par rapport à l’ancien régime, celui de la culturelle nationale (ou dirait-on de la diversité des nationalités culturelles), celui de l’équité socio-ethnique et globalement l’égalité des citoyens.

    Ce débat là, les intellectuels doivent l’assumer. Professeur, c’est le bon pas et le bon ton. Je m’y associe pleinement en ma qualité de sociologue, et de républicain. J’ai mal de voir mon Premier Ministre, le Premier Ministre de tous les burkinabé se prosterner devant un Naaba fut-il le plus important d’un groupe ethnique le nombreux soit-il numériquement. La tradition peut être d’un secours à l’Etat moderne mais évitons les compromissions coupables au risque d’un Burkina sans avenir pour la république. Les chefs de partis politiques, au meilleur des cas laisser les Naaba venir à vous plutôt que d’aller aux Naaba. Ou bien en y allant laisser nous notre république.

    Ce débat ne doit pas être celui de farfelus, du genre on est contre le Moro ou contre telle ou telle ethnie.

     ; Le débat du genre de l’internaute N°2..

    .

  • Le 9 mars 2016 à 19:04, par King En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Merci professeur pour ce courage et cet écrit d’une belle facture intellectuelle.C’est un écrit de haut niveau.No comment.Vous avez eu le courage de crever l’abcès d’un sujet réel et de rejeter le débat sur le rôle et la place de ces organisations et chefferies coutumières et religieuses dans l’édification de notre République.Je conseille à ceux qui veulent cerner ce sujet de lire aussi l’écrit de monsieur Jacques Zanga Dubus (ozdubus@gmail.com)," Culture et diversité des cultures au Burkina Faso" publié sur le site de "lefaso.net" le mardi 16 février 2016.

  • Le 9 mars 2016 à 19:09, par larba En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    votre analyse est à mon d’une logique et d’une pertinence irrécusable et je vous formule mes hommages bien mérités. cependant professeur, les propos envers et contre les visites de certains politiciens à l’endroit du Chefs des mossi me égoïstes bien vrai que la société burkinabè est tributaire de plusieurs chefs traditionnels dont le votre est tout aussi à respecté et à visiter. mais votre chef traditionnel reconnait sans risque de se tromper pas la suprématie mais
    l’influence sociopolitique et même culturelle du MOOGO NAABA. mais cela ne m’empêchera pas de certifier ISO 2016 sans rancune votre production intellectuelle. Desormais corrigez simplement la modestie de la vérité par des interrogations.

  • Le 9 mars 2016 à 20:07, par Samogo En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Bonsoir et merci beaucoup au prof pour cette contribution objective. Internaute 2 n’a rien compris à l’écrit je pense qu’il est un attardé analytique cad qu’il analyse pas au fond les choses. L’écrit du prof est clair, précis et surtout prémonitoire, il nous met en garde car de nos comportements l’avenir de nos enfants en dépend. Séparer la monarchie de l’état je pense que c’est un mal nécessaire. Si bassiere a été chez le chef des Bobo mandaré c’est pour équilibrer et tenez-vous bien je saie que la fibre ethnique est en nous tous (peul, mossi, gouroussi, bobo, dafi, samo, etc.) et petit à petit le burkina peu se fissurer ethniquement car tout ministre nommé va décider d’aller chez lui pour remercier ses ancêtres et les autorités coutumières (comme on le fait déjà en Afrique centrale) et bonjour les dégâts.
    Je propose que le Mogho Naba mette fin à ces visites politiques de lui-meme et n’accepte que des visites thématiques (comme la salutation). Il y va de notre futur.

  • Le 9 mars 2016 à 21:54 En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso : son role au Burkina est partout, sauf dans l’arene politihors !

    Tout chef qui se met a faire de la politique est en train de jouer avec le feu.
    Pendant tous ces temps turbulants que le pays a traverse et le comportement des politiciens vereux, le Mogho Naba a pu demeurer au delas de la partialite et de la mesquinerie ; cependant, il est triste de constater que certains chefs, par cupidite ou stupidite, se sont jetes, a pieds joints dans l’arene politique et, par ce fait, ont perdu toute credibilte et dignite. Pire, ils ont fait porter le bonnet de la honte a l’institution de la chefferie.

    Sans ambiguite, la chefferie traditionnelle n’a pas sa place dans la politique. Les chefs traditionnels auraient beaucoup a gagner en restant loin de cette arene dont le jeu est sans loi ni foi. Meme pendant la periode des vaches maigres, il est toujours fois mieux de manger le peu qu’on a dans la paix, la tranquilite, et avec dignite.

  • Le 9 mars 2016 à 23:44, par kjgf En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Je crois également que les chefs coutumiers doivent rester en dehors de la politique. Ce sont surtout les politiciens qui les entraînent dans la politique pour leur intérêt egoistes. On ne peut pas empêcher quelqu’un d’aller demander conseil à un chef, mais attention à ce que cela ne soit pas dorénavant perçu comme une obligation pour l’exécutif. Enfin, un bon chef doit être impartial. Heureusement que le moogho naaba est sur ce point apolitique.

  • Le 10 mars 2016 à 07:42, par Okpayielo En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Bonjour à tous et merci au Pr Thiombiano pour son article ci-dessus.

    Je suis Gulmantché et j’en suis fier !

    A celui qui se désigne ici "Wenpanga" : il me semble que le présent forum des internautes est sensé abrité des avis, certes souvent contradictoires, mais ayant un fond d’enseignement et d’ouverture d’esprit. Dicton danois:DU LEVER AU COUCHER DU SOLEIL, SI TU N’AS RIEN APPRIS DE NEUF, C’EST CE JOUR-LÀ QUI EST PERDU POUR TOI
    Votre réaction bien médiocre contient une grande contradiction en elle même et particulièrement lorsque vous dites "En fait je veux dire que si jusqu’ici notre pays connait un calme et une paix inter ethnie sans égal, c’est du fait que les gens ne font pas de différence". Question simple à vous : le politique ne fait-il pas de différence lorsque le pouvoir central ne porte allégeance qu’au Mogho Naba ? Est-il le roi du Burkina tout entier ? Les autres chefferies traditionnelles dépendent-elles de lui ? La conclusion m’est évidente : il y a un ethnocentrisme qui ne dit pas son nom, et nous devons (les politiciens surtout) y prendre garde ! Le problème touareg au Mali n’est pas né d’un fait du hasard. Pour moi, cela résulte de la démence de gouvernance centralisée du colon francais s’appuyant systématiquement sur les grands groupes ethniques dotés d’un pouvoir centralisé et organisé : diviser pour régner. Nos différents pays francophones feront face aux mêmes problèmes dans le futur, surtout avec des individus aussi peu réfléchis tel que de par votre écrit. TOUTES LES ETHNIES DU BURKINA DOIVENT ÊTRES RESPECTÉES

  • Le 10 mars 2016 à 08:18, par KABRE En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Cher M Thiombiano,
    Merci pour ce intéressant article qui pose les bases d’un débat qui mérite d’être mené au sur la chefferie traditionnelle/coutumière.

    Je pense que toute la confusion actuelle sur la place du coutumier a a voir avec la colonisation qui s’est installée en parallèle a un système de gouvernance, et qui s’en est aller ensuite laissant irrésolues bien de questions.

    Par ailleurs je ne pense pas que les visites chez le Mogho Naba, ou chez l’empereur du Gourma, de certains ministres soient des signes d’allégeance. Alors ne faisons pas d’amalgame, autant de visites peuvent se tenir tant que les ministres restent maitres de leurs décisions, ce qui est toujours le cas jusqu’à preuve du contraire.

    Chaque pays construit son histoire, fait ces révolutions, coupe la tête de ses empereurs quand il le faut, alors laissons le temps au temps. Mais évitons que les intellectuels soient a la base d’une discorde dans la société sur des spéculations théoriques. Du reste, je soutiens l’idée que les chefs coutumiers devraient se garder de faire de la politique tout simplement. Cela restera une chance pour le Burkina si nous continuons a avoir des chefs coutumiers "neutres" capable de jouer un rôle tampon en temps de crise.

  • Le 10 mars 2016 à 09:25, par ngoonga En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Bonne analyse. Nous pensons qu’il faut recadrer les choses car nous sommes au 21è siècles. Le rôle que la chefferie a jouer pendant la crise est normal. Elle est une institution respectée dans nos traditions mais vouloir à tout prix la placer au dessus de la REPUBLIQUE peut créer un précédent.Le BURKINA FASO est un pays multiculturels. Je suis persuadé que celui qui est contre le ’’yes man’’ va abordé cette préoccupation au niveau de la Représentation Nationale

  • Le 10 mars 2016 à 09:33, par burkinabe En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Très belle analyse Pr mais je m’attendais en conclusion à des propositions de réorganisation du monde coutumier.
    Du reste M. WENDPANGA le texte attire l’attention sur un fait qui est réel. Promulguer un chef traditionnel sans l’aval de l’ensemble des acteurs pourrait jouer négativement sur la cohésion sociale. aussi lorsqu’un chef est directement ou par l’un de ces ministres membre dirigeant d’un parti politique, il deviens à la fois juge et parti. Il devient donc essentiel de revoir objectivement quel devrait être la place et le rôle de ses acteurs dans notre modèle démocratique. M. WENDPANGA, ce type de démarche est dite préventive, elle vient prévenir une défaillance. votre analyse si elle se voulait scientifique se devrait de suivre cette logique et d’apporter des solutions objectives. je vous renvois donc à vos vociférations "mesurer vos propos surtout quand c’est adresser à tout le monde".
    Bien cordialement

  • Le 10 mars 2016 à 10:51, par ngoonga En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Merci à l’internaute 10.
    A bon entendeur salut

  • Le 10 mars 2016 à 11:24, par DG En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    En voici au moins quelqu’un qui dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. felicitation, mon professeur. on a besoin de ce genre de contribution pour edifier notre nation

  • Le 10 mars 2016 à 11:25, par Yeral Dicko En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Quand on sait que dans la société Moaga on ne salut pas un chef les mains vident, je me demande parfois pourquoi nos journalistes d’investigations ou et même le Renlac ne s’intéressent pas a de pareille situation.

  • Le 10 mars 2016 à 12:34, par King En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Merci Professeur.Je tiens à faire un complément en faisant une clarification en interrogeant l’Histoire des formes d’organisations sociales dans notre pays.De grâce,il n’y a jamais eu d’empires dans notre pays quand la République de la Haute-Volta a été proclamé le 11 décembre 1958,donc pas d’empereur,mais plûtot des rois,des chefs de terres et des "ainés" de village".Ces royaumes sont entre autre le royaume du Gourma (chez les Gourmantché) ;les royaumes de Ouagadougou,de Boussouma,du Yatenga et de Tenkodogo (Pour le mogho,c’est à dire le pays moaga) ; Le Liptako (chez les Peuls) ;des chefs de terre dans le Lyolo (c’est à dire dans le pays gourounsi) ; des "ainés" de villages chez les peuples de l’Ouest du Burkina Faso (Lire à cet effet l’écrit de Fénémé OUATTARA ;"Bobo-Dioulasso : « Scandale autour de la rencontre des chefs coutumiers avec le CDP/Houet " publié sur le site "lefaso.net" le 21 mars 2014 à 15 h 22 min) .Par conséquent,laissons nos émotions,ressentiments,ego et frustrations de coté ;et débattons intellectuellement sur des bases scientifiques vérifiables et infalsifiables pour l’édification sereine et pérenne de notre République.M.Taladidia THIOMBIANO, à le mérite d’aborder un sujet sensible dont plusieurs intellectuels préfèrent ne pas s’y frotter. Après la mise à l’écart de l’armée de la scène politique,ce doit être au tour de la mise à l’écart de l’arène politique de la chefferie traditionnelle. "La réforme des institutions vient trop tard, quand le cœur des peuples est brisé" (M.Bernanos Georges) .Je termine mon propos par des passages de l’écrit de Fénémé OUATTARA suscité "(...) De quelle autorité sa Majesté Yacouba PA SANON peut-il dicter des ordres aux autres chefs alors que visiblement il n y a pas de lien hiérarchique entre eux ? Ou bien veut-on réécrire l’histoire de nos chefferies à l’Ouest ? Par exemple chez les Bobo, il n’y a pas un seul chef dans un village, il y a des ‘‘aînés" du village.
    Donc la notion de chef (de canton, chef suprême, etc.) nous parait tellement relative qu’il serait difficile d’imaginer que les autres ‘‘chefs’’ qui sont venus à l’appel puissent relayer sans état d’âme cet ordre.
    Les populations sont-elles obligées de suivre un mot d’ordre d’une telle nature pendant que l’on s’évertue à leur faire comprendre les tenants et aboutissants de la décentralisation, de la démocratie tout court (le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ), si ces mêmes populations ne sont pas libres de choisir leurs dirigeants ? (...) Nous demandons plutôt à nos responsables coutumiers de prier nos aïeux afin qu’ils inspirent la sagesse à ceux qui veulent s’éterniser au pouvoir de daigner nous épargner les affres d’une confrontation quelconque.
    Nos populations aspirent à un meilleur être et nos chefferies coutumières ont, autant que nos gouvernants politiques, la lourde responsabilité de ne pas faillir, car comme le disait un journaliste français au XIXème siècle, ‘‘nous sommes les Héritiers de ceux qui sont morts, les Associés de ceux qui vivent et la Providence de ceux qui naîtront’’.
    Que Dieu continue d’éclairer notre chefferie coutumière, qu’il bénisse le Burkina Faso, Terre de nos aïeux ! ".Merci.

  • Le 10 mars 2016 à 13:08, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    ’’Par ailleurs, dans certains Etats, elle a purement et simplement été supprimée (cas de la Guinée en 1957 et du Sénégal en 1960)’’.

    - Professeur, félicitation pour votre écrit. Et je vous connais bien autant que vous me connaissez un peu parce que j’ai déjà commenté un de vos documents dans un cadre bien précis. Prof. ce que vous dites est juste, mais pour le Sénégal, il y a que si la chefferie traditionnelle a été supprimée, progressivement les leaders réligieux ont occupé les espaces laissés par ces chefs. Ainsi en est-il du leader marabout mouride de Touba, descendant de Cheik Amadou BAMBA devant lequel Abdoulaye WADE est allé se prosterner juste après sa victoire aux élections présidentielles. Il en est aussi de même du leader marabout tidiania de Tivaouane et bien d’autre. Il en fut aussi de même en Casamence catholique avec l’Abbé Diamacoune SENGHOR qui a été même chef de guerre. Ces marabouts et prêtres sont très souvent impliqués dans la politique et donne même suvent des consignes de vote insidieusement. Ils ont simplement remplacé les chafe traditionnels supprimés. Merci profeseur.

    - Mais pourquoi vous dites ’’Professeur à la retraite’’ ? UN prof comme un médecin n’est jamais à la retraire. D’accord, il cesse de travailler pour la fonction publique mais il ne scesse pas de produire et cet article en est un exemple. Sans oublier que, comme le dit le dicton : ’’Ce sont les vieilles marmites qui font la bonne sauce’’ ou encore ce dicton italien qui dit ’’Gallina veeca fait bon brodo’’ ou ’’Ce sont les vieilles poules qui font le bon bouillon’’.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 10 mars 2016 à 13:32 En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    L’article interpelle mais il reste approximatif dans la mesure où il occulte un aspect fondamental à savoir l’apport potentiel du pouvoir traditionnel dans la construction même de l’Etat-Nation au Burkina. Je vous conseille à ce sujet de lire un excellent article sur la question, publié par le Docteur Léonce Eric OUEDRAOGO dans l’Observateur Paalga en juillet 2012. Je m’en inspire encore pour mes cours à mes étudiants.

  • Le 10 mars 2016 à 14:53, par Sidpayétka En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    BONSOIR A TOUS !
    BONSOIR A VOUS PROFESSEUR !
    BONSOIR ENFIN FISTON OU COUSIN C’EST SELON !
    Grace a ton écrit, je commence a mieux comprendre et a décolérer un peu !
    Il y avait un monsieur qui avait, a deux reprises,a eu a s’exprimer et je dirais de manière très maladroite en s’en prenant au Moogho Naaba ou en tout a ce qu’il représentait parce que soit disant qu’il voulait se substituer a la république, république qui d’ailleurs cherche ses lettres de noblesse tant les dérives que vous avez su bien développer étaient devenues insoutenables du fait meme de la cupidité de ses hommes politiques ignorants et ringards dans les valeurs sociales tissées au sein des communautés (en inter comme en intra) depuis la nuit des temps. Malheureusement j’ai été censuré par le webmaster que du reste je comprends d’ailleurs. Et comme les faits sont têtus comme le dirait l’autre, plaise au journal le faso.net que je republie encore ma vision que la lecture de l’écrit de l’autre avait suscité en son temps en moi. Que la recherche de la paix et de la stabilité politique et sociale soit notre let-motive phare. Aminaaaa !!!!!!!!

    BONSOIR TOUS !
    Bonsoir Internaute 12,
    BONSOIR internaute 1
    Internaute 12, je pense qu’il n’est si nécessaire d’épiloguer avec internaute 1.
    Si c’est un parent a plaisanterie, il n’y a que le silence pour lui signifier notre mépris de sa façon de lire l’histoire et de vouloir créer un chaos lui permettant de réaliser ce que des gens comme lui n’ont jamais réussis a réaliser depuis la nuit des temps. Même les explorateurs, Ibn Batouta, Binger...., ont reconnu tous dans leurs chroniques la parfaite organisation et structuration sociale des royaumes mossi depuis le 13 eme siècle au moins.
    Si ce n’est pas un parent a plaisanter, et que c’est le gout du lucre et du pouvoir qui le pousse a s’en prendre tant au Mogho Naaba, alors qu’il se référe encore a l’histoire de la colonisation ou c’est au prix de nombreux compromis que le blanc (la colonne Voulet et Chanoine) ont réussi a pénétrer dans le Mogho. La résistance dans les collines de la cité Bafougui constitue également une page de l’histoire a revisiter. Des sociétés sans chefferie, il n’y a pas au Burkina Faso et tout le monde se respecte et respecte le chef tout comme le chef respecte tout le monde. Dans son premier écrit, les réactions n’ont pas produit l’effet escompté par ce Mr et cette fois ci encore, il ne fera que flop !!!!!!!!!!!!
    Si le MOGHO NAABA peut réussir facilement ou ces délinquants a col blanc armés ou civils échouent lamentablement en voulant singer le blanc, ce n’est tout de même pas lui qui les rejoint ou les appelle chez lui. Ce sont ces gueulards qui accourent chez lui après avoir violé les principes élémentaires du savoir vivre : le respect ne se commande pas encore moins ne s’achète. Çà se mérite. Alors internaute 1 profites- en et fais toi respecter plus que le MOGHO NAABA et on va voir. On sera se voir comme le disent les ivoiriens.

  • Le 10 mars 2016 à 16:45, par Naboho Lassina En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Toute cette situation ne m étonne gère ,que voulez vous si les autorités eux memes, ont transposée la tradition sur la république.Comme pour dire, que la référence c est l empereur des moosis, en posant certains actes.Si les Tahirou et consor ne vont pas faire allégeance,tout de suite des personnes souffrantes d inculture verront cela d un mauvais oeuil.Non seulement leur carrière politique, prendra un coup.Nous sommes condamnés à vivre ensemble tous les Burkinabés issus de toutes les ethnies.Chaque groupe ethnique, se reconnait à son chef,c est un problème sensible à gérer avec respect et sagesse.Merci

  • Le 10 mars 2016 à 17:10, par Le sage En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Merci tonton que Dieu tout puissant vous donne longue vie.

  • Le 11 mars 2016 à 11:14, par Yempabou En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    C est un sujet sensible, mais il faut ne pas craindre d en parler justement, car tout ce qui est sensible peut se developper en cancer si on garde le silence.

    Pour ma part, je crois que c est une bonne chose pour nos intellectuels, de partir saluer les chefs, cela marque que nous commencons en tant qu africains, et particulierement pour les organisations hierarchiques, a reconnaitre et respecter et notre culture et notre histoire... toutes proportions gardees.

    Lorsqu on parle de chef, et qu on le salue, on ne doit pas avoir honte de le faire en tant que sujet, puisque le chef regne sur des sujets, et la salutation a un protocole bien precis qu il faut respecter.

    Si nous restons dans ce cadre, meme le President de la Republique s il va saluer un chef, il doit suivre le protocole et saluer en tant que sujet.

    Du plus petit sujet au noble de premier rang, devant le chef on est tous des sujets, et la salutation a valeur d allégeance en effet. En retour, on recoit des benedictions, on demande des graces ou des faveurs, on apporte des nouvelles etc... et le chef y repond comme il peut.

    Je n ai aucune honte ni gene a le faire a ce titre, si je considere que je suis devant un chef et le salue a ce titre.

    Apres tout, nous allons adorer Dieu dans les eglies, les mosquees ou les fetiches ancestraux sans pour autant cesser d etre republicains non ???

    Pour conclure sur ce premier point, disons que cette facon d etre et de me comporter ne doit pas etre seulement pour tel ou tel chef, mais c est envers tout chef, du plus petit au plus grand, quelque soit l ethnie, dans mon pays ou dans un autre. Et pour tout citoyen, qui accepte cette culture comme une valeur. Donc ce qui est fait a Ouaga pour un chef, doit etre la regle pour tout chef, ou toute valeur equivalente en quelque lieu que ce soit.

    Mais en tant que citoyen d un etat democratique et de droit , je vois mal tout chef quel qu il soit, pretendre autre chose que l egalite des droits et le respect des institutions qui nous gouvernent tous, et ceci quelque soit son pouvoir et ses capacites particulieres. Toute personne dans ce cadre, chef ou non, suit egalement le protocole, et ce n est pas le lieu d avoir honte.

    Quand on joue warba, dansons du warba, soulevons la poussiere et poussons des cris comme il se doit.... C est du warba. Quand on joue du slow, pardon, il faut etre classe et danser langoureusement aux mains de sa cavaliere... c est le slow.

    Donc, soyons clairs avec nous memes pour commencer. Cela nous evitera de trop verser dans la division de fond deja....

    En attendant que l Etat ait l intelligence de legaliser une chefferie qui existe bien avant elle- et d ailleurs a laquelle elle devait en toute honnetete remettre le pouvoir, puisque c est a elle qu il a ete retire- prenons la mesure en tant que citoyens, de reflechir aux rapports que nous voudrons conserver avec elle.

    Car une chose est claire, nous ne sommes plus sous la loi des bobos, des mossis, des peuls, etc, des musulmans, des chretiens, des fetichistes etc, je suis en tant que citoyen, sur la loi du Burkina Faso. Cette loi ecrite et adoptee par nos propres deputes, dans une constitution jugee honorable par nos juristes, et enterrinee par la communaute internationnale... qui veille...

    Bon, c est vrai, si nos citoyens continuent a reflechir en mossi, en gulamnce, en musulman ou en chretien etc... si nos deputes ecrivent des lois avec lesquelles ils ne sont pas d accord, si nos hommes politiques versent dans l amalgame, ouille !!!!

    Bon ce n est pas desespere, c est juste que nous avons encore du travail.

    Et bravo au professeur, car il mis la cognee au bois...

  • Le 15 octobre 2016 à 00:15, par Omega En réponse à : Rôle de la chefferie dans le processus démocratique au Burkina Faso

    Merci à tous ceux qui ont exprimé leur sentiment. Seulement, il ya un Mr qui veut donner un notre sens au mot Moro mais il doit savoir que quelque soit la signification, il a été à un moment donné sous l’autorité de ces Moghos qui sont devenus la pierre angulaire .lui, même s’il me dit de quelle ethnie il est, je lui dirais qui, il est. J’attends sa réponse pour développer sa pensée... Au Mali Hier tout près c’est le Président malien même qui a été sur les lieux de l’intronisation du chef des Niarre à Bamako. À chaque fois que le président ou les ministres se déplacent, Ils partent saluer et donner des cadeaux de tout genre. Même s’ils viennent à tomber malade c’est l’état qui les envoies se soigner à l’extérieur .Quand les griots se trouvent en présence de quelqu’un il connaît, il se met tout de suite à faire ses éloges exemple Si c’est le Mogho Naaba :on va lui dire ceci (Oh ! véritable descendant de Riale, Yennenga de Diaba Lompo, c’est à vos ancêtres que nous devons la reconstitution de notre cher pays, Quand votre grand père,,, le Naaba Oubri venait, à Ouaga beaucoup de jeunes filles ont pris la clé des champs car ils ne veulent pas devenir esclaves, c’est ainsi que certains peuples comme suit mon regard... se sont. retrouvés vers le Mali
    Ceux qui sont restés se sont soumis en apportant des

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