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L’économie de l’intégrité chez les Hommes intègres : Passer de la "gestion de stock" et du "laissez-produire" actuel vers la pleine production

Publié le jeudi 6 août 2015 à 00h37min

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L’économie de l’intégrité chez les Hommes intègres : Passer de la

Les solutions classiques habituelles que nos dirigeants nous offrent pour résoudre nos maux sociaux et pour promouvoir l’intégrité au Burkina Faso consistent à l’adoption de nouvelles lois, la création de nouveaux organes, l’augmentation et le renforcement des capacités des organes chargés de faire respecter nos lois et de sanctionner ceux qui agissent contre elles. Ces actions qui résument notre état des lieux au Burkina Faso depuis trop longtemps en ce qui concerne le comportement du gouvernement vis-à-vis de l’intégrité s’apparentent à une gestion du stock actuel de l’intégrité.

Elles traduisent également une sorte de "laissez-faire" ou "laissez-produire" dans la production de l’intégrité puisque l’état ne se fait pas sentir dans la production de l’intégrité. Et ce alors que nous avons besoin de la participation active de tous et de l’état dans tous les domaines et surtout dans le domaine de la production de l’intégrité si nous voulons être efficace et assure un approvisionnent constant et efficace et efficace de l’intégrité.

Pour avoir des chances de production optimale et d’approvisionnement efficace d’intégrité au Burkina Faso, la participation effective de l’état est cruciale. L’état a l’autorité nécessaire et d’importants moyens pour accompagner nos familles, nos communautés et nos sociétés dans leurs efforts de production de l’intégrité et de et d’approvisionnement de l’intégrité. Il peut utiliser les infrastructures scolaires qui constituent un outil très important d’éducation et de formation et bien d’autre outils pour soutenir la production d’intégrité tels que la dépolitisation de l’intégrité et des sujets d’intérêt général, la promotion des libertés et des droits individuels et publiques, et un partenariat avec la société civile et la chefferie traditionnelle pour avancer l’intégrité.

Il est très important que nos enfants entendent certaines choses directement de leurs enseignants, ceux-là même qui sont officiellement mandatés de les enseigner en plus de l’éducation qu’ils reçoivent de leurs familles. Les enseignants en général font partie des premières personnes qui nous impressionnent dans la vie après nos parents et nos familles et ont une influence très importante sur leurs élèves et les communautés d’accueil des enseignants. De nombreuses activités et de nombreux programmes de développement ont connu du succès grâce à l’apport et à la contribution effective des enseignants.

L’état peut enseigner l’intégrité, les droits de l’homme, les devoirs et les responsabilités de l’état et des citoyens dans les établissements scolaires. Le rôle des enseignants est également la construction de caractères nécessaires pour une société épanouie. Nous avons réussi à incorporer le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) dans nos curriculums lorsque le SIDA est devenu un fléau en Afrique. Et depuis le début des années 1990 les élèves ont très souvent des questions sur le SIDA dans leurs examens scolaires. Nous pouvons faire la même chose avec l’intégrité, les droits de l’homme et les devoirs et les responsabilités de l’état et des citoyens. Ce n’est pas trop demander de demander un état qui utilise le nom Pays des Hommes Intègres de participer activement au développement de l’intégrité de ses enfants plus tôt que de rester indiffèrent et de les laisser non préparés face à la vie avec toutes les tentations et les risques de récupération et d’intoxication qu’elle comporte surtout pour nos jeunes.

La politisation et la marginalisation de l’intégrité est une longue réalité au Burkina Faso qui doit changer si nous voulons assurer la pérennité de l’intégrité. On ne peut pas accepter que certains personnes ou groupes de personnes collent injustement de mauvais noms à des personnes ou à des groupes de personnes qui disent la vérité ou qui exercent simplement leurs droits ; ou accepter que certaines personnes ou groupes de personnes clament ou pensent avoir seuls le monopole de l’intégrité. Sinon nous risquons de ne pas reconnaitre de bonnes idées ou l’intégrité en une personne ; de sanctionner injustement de bonnes personnes ; et d’accorder un sanctuaire à de mauvaises personnes.

L’intégrité ne peut pas être le monopole d’un parti ou d’un groupe de gens et nous ne devons surtout pas l’utiliser pour nous diviser et pour promouvoir la médiocrité. Elle n’est même pas une constante ni dans la vie d’une personne ou d’un groupe encore moins dans un espace géographique. D’ailleurs tous les pays du monde estiment partager l’intégrité comme valeur même si ils ne s’appellent pas tous Pays des Hommes Intègres. Mais tous ces traits de l’intégrité ne constituent pas une raison pour ne pas s’impliquer dans sa production ou dans l’enseignement de l’intégrité ; si tels devaient être le cas, nous n’enseignerons que les sciences exactes dans nos écoles.

En dépolitisant l’intégrité, nous aiderons nos populations à apprécier librement l’intégrité sans préjudice et permettrons également d’accroitre l’influence de la vie et de la qualité morale de nos icones qui se sont distingués par leur intégrité sur les jeunes de tous les bords. L’état doit avoir le courage d’inviter, d’aborder et d’invoquer l’intégrité dans la conduite officielle des affaires de l’état, et d’instituer un dialogue national permanent et inclusif sur l’intégrité et ses applications. C’est très bien de dire à nos populations que l’intégrité veut dire être honnête ; mais c’est encore mieux de dire comment l’intégrité s’applique à leurs vies et à leurs domaines d’activités. C’est notre devoir à nous tous et celui de l’état d’aider à préparer nos populations pour une vie active intègre.

Parler d’intégrité c’est aussi parler des libertés et des droits de l’homme. On admire très souvent les accomplissements des pays occidentaux dans certains domaines tels que le respect des libertés et l’épanouissement de leurs citoyens et on se demande comment ils en sont arrivés. C’est certes parce qu’ils ont plus d’expérience que nous mais c’est aussi parce qu’ils ont fait du respect des libertés individuelles et publiques une culture sociale. Donc en plus de multiplier les efforts pour la promotion des droits de l’homme, de la femme, des handicapés, de l’éducation civique et des sports, l’état ne doit pas ignorer l’atmosphère dans les familles et dans nos sociétés, nos communautés et tout ce qui contribue au développement du caractère de l’individu.

L’état doit aider nos sociétés, nos communautés et nos familles à bannir certains complexes et préjudices et à promouvoir d’avantage l’humanisme, le respect la dignité humaine, la solidarité et la fierté. Il peut donner l’exemple en traitant les citoyens avec égalité et dignité, et en respectant et associant le peuple dans les prises de décisions importantes. Pour assurer une production et un approvisionnement continuel et efficace de l’intégrité sans interruption, il faut avoir et préserver une atmosphère propice à l’épanouissement de nos familiales, de nos communautés et de nos sociétés.

Notre contexte socioculturel nous exige à engager le leadership de la société civile et de nos autorités coutumières pour la cause de l’intégrité et pour une harmonisation des efforts de promotion de l’intégrité. Malheureusement cela ne peut pas se faire efficacement sans un état partenaire. Un état partenaire formerait un partenariat réel et efficace avec nos leaders coutumiers, la société civiles, nos églises et nos mosquées, etc. pour que ces institutions sensibilisent leurs populations sur l’intégrité. Nos autorités coutumières et les leaders religieux exercent une influence importante sur nos populations et sont même souvent plus respectes que nos politiciens. C’est d’un énorme travail de partenariat et de relais et mutuel entre l’état et ses partenaires dont nous avons besoin si on veut promouvoir efficacement l’intégrité.

On n’a toujours pas de monument de l’intégrité au Burkina Faso ou de représentation de l’intégrité dans nos symboles nationaux trente et un ans après que nous ayons change le nom de notre pays en Pays des Hommes Intègres. Et ce alors que de tous nos idéaux nationaux, l’intégrité fait partie des idéaux les plus unificateurs. Nous avons beaucoup de monuments au Burkina Faso, mais aucun monument ou aucun symbole ne s’appelle monument de l’intégrité ou symbole de l’intégrité. L’état peut changer cela en nous accordant dès que possible un monument de l’Intégrité au Burkina Faso. Le Faso Dan-fani me semble aussi éligible comme un possible symbole de l’intégrité.

En conclusion, l’état ne pourra pas tout résoudre dans ses palais de justice, ses commissariats de police et ses maisons de correction. Si nous voulons continuer à récolter assez d’intégrité, en plus de défendre nos lois, on a besoin de participer tous activement dans la production de l’intégrité. En plus, s’appeler Pays des Hommes Intègres n’est pas suffisant. Cela doit interpeller l’état qui utilise ce nom à être actif et exemplaire dans la défense de l’intégrité mais aussi dans la production de l’intégrité. Le monde est prêt à nous aider à continuer d’être le Pays des Hommes Intègres et à servir de modèle pour les autres pays.

Par Etienne Yonly
De la Diaspora Burkinabè de la Région de Washington, DC - USA

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