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Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

Publié le lundi 6 juillet 2015 à 22h14min

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Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

Chers amis, frères et sœurs, nous sommes bien en train d’assister au déroulement d’un épisode sacré, un tournant important de la vie de la nation burkinabè. Il s’agit du destin d’un peuple, le peuple burkinabè, qui n’a jamais vendu son âme pour quel qu’intérêt qu’il soit. Notre peuple a toujours voulu tracer sa voie singulière, sans attendre quoi que ce soit de qui que ce soit, ni en imposer à qui que ce soit. Nous sommes connus pour cela, individuellement comme collectivement.

Les conditions de vie de chacun d’entre nous, à l’intérieur comme à l’extérieur, nous ont positionnés par rapport à une gestion des affaires publiques qui était en décalage avec la réalité. Je puis dire que ce n’est pas seulement le cas du Burkina, mais c’est le cas dans de nombreux pays en Afrique. Mais le peuple burkinabé a eu le courage de se lever, par le truchement de cette jeunesse informée et consciente, travailleuse qui cherche un bien-être, pour dire "Non" à un système de gouvernance, qui sert des intérêts autres que l’avenir que cette jeunesse se projette.

Le président Compaoré a été aux commandes d’un système (bon ou mauvais, c’est selon) qui a finalement été décrié et renversé par un peuple résolu et déterminé. N’oublions pas que ce même peuple s’est fortement mobilisé pour le soutenir quand l’intérêt de la Nation était en cause. Je me souviens de la marée qui l’a accompagné et accueilli à l’aéroport lors des discussions de Marcoussis sur la crise ivoirienne avec en toile de fond la question de l’avenir des Burkinabé de Cote d’Ivoire. Alors, gardons en tête que ce peuple n’est pas dupe, ni flegmatique quand l’intérêt de la nation est en jeu.

La crise post-insurrectionnelle en cours actuellement s’inscrit dans l’ordre normal des choses, selon moi. Et pour cause : un système de gouvernance (social, politique, économique, militaire) est fini, et doit profondément changer pour laisser place à de nouvelles pratiques. Ce nouveau système est en marche qui demande plus de lucidité, de sagesse et surtout de responsabilité.

Je trouve normal que des forces de l’ordre (RSP) soient frustrées du fait que leur "protecteur et bienfaiteur" ait été contraint de quitter le pouvoir. Et je comprends fort bien les conséquences à craindre derrière : pertes de privilèges, poursuites judiciaires, et autres questions de reddition de comptes qui peuvent s’en suivre. J’ai, dans des posts antérieurs, donné mon avis sur comment cette question peut être résolue pour le bien de notre nation.

Mais ai-je dit "Force de l’ordre" ? De quel ordre sommes-nous en train de parler ? L’"ordre ancien" synonyme de "cartel" ou "système", ou bien l’"ordre" simplement fondé sur le pacte social qui nous unit en tant que Peuple et Nation burkinabé.

Personnellement, j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour nos hommes de tenue, qui subissent des entraînements au-dessus des capacités du citoyen ordinaire, avec tout ce que cela a d’inconforts, de privations, d’humiliations parfois, mais qui les sort forts, dignes et respectables, prêts à se sacrifier pour nous défendre individuellement et collectivement. En particulier, des gens de l’unité spéciale RSP, dont je suis fier des performances, exclusion faite des missions d’ombre exécutées par certains d’entre eux (pas tous, il faut être clair sur ce fait).

Alors, de voir des éléments de cette unité d’élites militaires "foutre le bordel" dans la marche des institutions de la République me révolte au plus haut point. Je répugne et j’ai gravement honte de l’attitude de cette unité de l’armée de mon pays.

Soit dit en passant, est-elle partie intégrante de l’armée nationale ? Si elle l’est, qu’elle se conforme aux règles de soumission à la hiérarchie militaire, au chef d’état-major général des armées du Burkina, et au chef de l’Etat, chef suprême des armées.

Je n’ai jamais caché mon admiration personnelle pour le général Diendéré en tant que professionnel militaire. Le pays (je ne dis pas Blaise Compaoré) a fort bien de lui. Pas que lui d’ailleurs, beaucoup d’autres anonymes de notre armée sont importants pour notre pays. Mais s’il est la cheville ouvrière d’une unité que le peuple ne comprend pas, une unité dont le rôle et la discipline sont entamés par une érosion de l’exemplarité militaire la plus aigue, je dis avec beaucoup de mes concitoyens qu’il y a anguille sous roche, et que sa responsabilité personnelle est engagée.

Je salue et respecte le rôle du colonel Zida dans la conduite de la Transition sous l’autorité du président Kafando. Le colonel Zida est en bien mauvaise posture que de vouloir faire la volonté du peuple face à un système dont le "déboulonnement" oppose une résistance à la mesure de sa constitution.

Mais au fait, qui perd quoi et qui gagne quoi dans ce tumulte politico-militaire qui ébranle la sérénité de la transition ? Bien chers amis, frères et soeurs, ce n’est pas la Nation, et ce n’est certainement pas l’anonyme citoyen de Gorom Gorom, de Batié ou encore de Solenzo, etc. Non, ce tumulte résulte d’un conflit d’intérêts entre des gens bien connus, qui, un bien beau jour disparaîtront comme ils sont arrivés. Longtemps après, qui se souviendra des pécules ou avantages qu’un tel ou un autre a pu gagner de ce conflit ? Mais au contraire, tout le monde et chacun retiendra ce que le pays a gagné. Le pays a-t-il avancé ou a-t-il reculé dans la mise en place d’un système de gouvernance qui nous protège tous et chacun individuellement ? Ne nous y méprenons pas ; nous serons tous comptables devant l’Histoire.

Enfin et surtout à l’endroit de mes frères et sœurs, jeunes de la société civile et politique, animateurs de premier ordre de cette période de transition, je crois en la sincérité de l’engagement militant originel qui vous a conduit à ce stade du combat politique. Mais pour ceux qui se laissent corrompre, manipulés par tel ou tel camp, je puis vous assurer que si votre avidité pécuniaire est le fondement de vos prises de positions actuelles, rien absolument rien ne survivra de vous quand la malédiction silencieuse du peuple vous frappera.

Je parle sans haine pour personne, seul l’avenir de mon pays et de ses citoyens me guide dans mes propos. Que la sagesse et l’intérêt premier de la Nation nous guident vers une sortie de crise apaisée, avec à la clé des élections qui permettront au peuple souverain de s’exprimer.

Salutations fraternelles.

6 Juillet, 2015
Ali Kabré,
Journaliste
Lagos – Nigeria / kabareli@yahoo.fr / +2348060131366

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2015 à 14:03, par souroukoulogo En réponse à : Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

    si l’intérêt général était le souci majeur des uns et des autres , nous n’en serons pas là.

  • Le 6 juillet 2015 à 15:11, par Patriote En réponse à : Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

    C’est profond ce que je viens de lire. On sent l’amour que m. Ali KABRE porte pour sa patrie. Merci d’attirer l’attention de tout un chacun, merci de secouer "l’amour propre " de tout ceux qui auront la chance de te lire. Ce qui compte et ce qui doit compter d’abord, c’est le BURKINA FASO
    VIVE LE BURKINA FASO
    QUE DIEU BÉNISSE LE BURKINA FASO

  • Le 6 juillet 2015 à 15:27, par WHISKY En réponse à : Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

    Le MYTHE de ce cout d’état politico-militaire de l’opposition décrit et dépeint FALLACIEUSEMENT comme une insurrection du PEUPLE ne tardera pas à TOMBER

  • Le 6 juillet 2015 à 18:41, par Mokar En réponse à : Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

    Un article profond. Et j’espère comme vous que ce peuple burkinabé sera fidèle à sa réputation. La jeunesse a déjà compris, si on se fie aux commentaires des internautes sur cette crise

  • Le 6 juillet 2015 à 20:28 En réponse à : Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

    Whisky, c’est toi qui tombera, le Burkina lui avancera. Ouvre les yeux et comprend, l’opposition existait depuis mais elle n’a jamais pu faire grand chose face au pouvoir. Meme si tu veux pas comprendre fait un effort et sache que c’est le peuple qui a agit
    Excellente nuit

  • Le 7 juillet 2015 à 02:53, par Jackou En réponse à : Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

    La situation actuelle est l’oeuvre de certains officiers qui savent que la justice est entrain d’avancer vers eux et a pas de géant. Le premier ministre est le Monsieur qui refuse de se laisser intimider. Le general et sa suite devraient comprendre que les nuits tranquilles de l’air Compaore sont derriere nous. Le dossier Sankara avance a grand et certains acteurs cles sont toujours au Burkina. La verite va éclater un jour et des masques vont tomber. Des intouchables risquent d’etre touches. Sankara a été tue pour ses idéaux de justice et d’égalité pour tous. Apres sa mort on lui colle tous les noms d’oiseaux. Sankara demeure aux yeux de beaucoup de burkinabé la personne qui a travaille a l’eveil des consciences. Il a mené une vie utile pour tous. Cependant ceux qui on dirige après lui ont mené une vie utile pour des clans.
    Aujourd’hui, le problème que le premier ministre a avec certains officiers de la RSP est relatif a la perte de privilege de certaines personnes et la peur bleue de la justice. Tot ou tard, ils doivent répondre. Tout récemment, on a vu des officiers Nazis en chaise roulante devant la justice. A bon attendeur, salut.

  • Le 7 juillet 2015 à 14:24, par Rodrigue En réponse à : Transition menacée, quid de la volonté populaire ?

    Je pense que les jeunes soldats du rsp doivent commencer à réfléchir sur leur avenir car ils n ont rien à s inquiéter parce que bcp n étaient même pas nés au moment des forfaits de leurs officiers.
    Seulement l erreur qu ils ne doivent pas commettre c est de devenir eux aussi auteurs de crimes, si non ces jeunes ont leur place dans une armée républicaine

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