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Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout

Publié le samedi 7 février 2015 à 16h27min

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Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout

Au lendemain du second mouvement d’humeur d’éléments du RSP (que j’espère être le dernier) qui a été la cause du report de l’hebdomadaire conseil de ministres du mercredi 4 février 2015, et à la veille de meetings qu’organisent des OSC au plan national pour réaffirmer leur soutien a la transition, j’ai jugé opportun de partager la réflexion suivante avec l’ensemble des forces vives, des partis politiques, de la population dans son ensemble.

La question du RSP en tant que corps me semble complexe. Je suis d’avis avec un internaute qui dit, parlant de ce corps, que « le nom de la hyène est gâté depuis son enfance » D’autres diront que c’est un seul âne qui mange la farine et blanchit la bouche de tous les autres. Les raisons de la triste renommée du RSP en tant que corps date de depuis les lendemains de sa création, faisant au passage du Conseil de l’Entente un lieu ‘sinistre’. Les ‘hauts faits’ d’éléments de ce corps en termes d’exactions et de tortures, pour ne parler que de cela, défraient de plus en plus la chronique depuis la fuite de M. Compaoré.

On n’oubliera pas de sitôt ces caporaux qui commandaient à des plus gradés, qui mettaient à genoux des ministres de la République, sans compter des disparitions inexpliquées et non encore élucidées. Généralement pourtant, les exécutants de certaines missions courent à leur perte, car les commanditaires ne laissent jamais de témoins capables de raconter un jour ce qui s’est passé.

La phobie générale à l’égard du RSP en tant que corps se comprend donc aisément. Malheureusement, à écouter certaines déclarations et à lire certains écrits, on a le sentiment que c’est tous les éléments de ce corps qui sont voués aux gémonies, sans discrimination. Et pourtant, ce n’était pas tous les éléments du RSP qui ont pris part aux mouvements, tant au premier qu’au dernier.

Avant de me mettre à partager cette réflexion, j’ai lu un article d’une dame, article signé « Une burkinabè préoccupée par la situation nationale », a qui je tire mon chapeau. L’article, publié ce jour 6 février 2015 par lefaso.net, est intitulé « Et si on sensibilisait la population sur la question du RSP avant de l’appeler à manifester ! » Qu’elle me permette de lui emprunter ce passage, car elle a exprimé mieux que moi ce que je pense : « Des faits très malheureux et regrettables sont attribués dans le passé au RSP et c’est ce qui est mis en avant pour exiger son démantèlement. Si l’on ne peut pas dissocier le RSP en tant que structure de ses animateurs que sont ces militaires, peut-on nous dire combien d’éléments du RSP étaient dans ce régiment au moment où certains évènements ont eu lieu ? Ces militaires ont des familles, des pères, mères, époux, épouses, enfants, sœurs, frères… qui font partie de cette population que vous appelez à manifester. Evitez d’opposer inutilement des Burkinabè contre d’autres Burkinabè ce n’est certainement pas ça l’agenda post insurrectionnel ; en tout cas pas pour le peuple burkinabè intègre et sincère »

Je tiens à souligner que ma préoccupation n’est pas la dissolution ou le maintien de ce corps, quand bien même je suis pour une redéfinition de ses missions, la sécurité du Président devant être confiée a la gendarmerie.

En effet, tout comme les autres corps, le RSP regorge de jeunes dynamiques pleins d’avenir, comme la capitaine qui a lu leur déclaration le vendredi 6 février à la télévision, qui ne sont mêlés ni de près ni de loin aux exactions reprochées à leur corps. Seulement, qu’ils « sachent s’envoyer si quelqu’un les envoie », pour ne pas hypothéquer leur avenir. Beaucoup d’entre eux avaient su s’envoyer les 30 et 31 octobre en ne retournant pas contre le peuple les armes que le peuple leur a confiées.

Mais en vérité, avaient-ils d’autre choix, dans ce village planétaire qu’est devenu le monde ? Ce n’était pas une affaire de caserne à caserne ! C’est tout un peuple qui a décidé de prendre en main son destin. C’est irréversible, que chacun se le tient pour dit. Qu’ils évitent donc de se laisser instrumentaliser car seules des personnes qui ont des choses à se reprocher ont peur de l’aboutissement heureux de la transition. Ce qui fait sens aujourd’hui pour chacun, c’est de négocier sa place dans le Nouveau Faso en réédification. Tout projet visant à contrecarrer le processus est voué à l’échec.
Vivement que la mobilisation pour les meeting du samedi soit a la hauteur du défi du moment, juste pour passer un message fort a tous et a toutes, que les forces vivent ne permettront à personne de saborder le processus engagé.

Une question qui vaut son pesant d’or : pourquoi faut-il que d’autres personnes, de surcroit celles qui ont été au premier rang des garants de la longévité au pouvoir et de l’entement de l’ancien président, décident de qui doit assurer le rôle de Chef d’Etat Major particulier de la présidence de la transition et celui de Commandant du Régiment de Sécurité Présidentielle pendant la transition ? Le Président ne peut-il pas nommer lui-même les personnes qu’il préfère pour sa sécurité ?

Cynthia Benao
Benao_cynthia@yahoo.com

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Vos commentaires

  • Le 7 février 2015 à 23:18, par Colonel Tampouré En réponse à : Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout

    Comment peut-on faire une analyse aussi intelligente et tout foutre en l’air avec une malheureuse phrase sans queue ni tête. Pourquoi dites-vous que la sécurité du Président doit être confiée à la gendarmerie ? Pourquoi ? Dans la plupart des démocraties c’est la Police qui s’en occupe. Pourquoi voulez-vous qu’au Burkina ce soit la gendarmerie ?
    Dans ce cas pourquoi pas le RSP ?

  • Le 8 février 2015 à 04:33, par Waro Maguy En réponse à : Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout

    Madame, je ne sais comment vous le dire.Vous croyez qu’un capitaine ou je ne sais pas peut agir seul ? N’est il pas aux ordres ? Vous avez déjà tout dit en faisant reference au conseil de l’entente.Madame, pour couper court, le très respecte college de sages qui avait été mis en place en 1999 avait fait un travail remarquable en donnant des pistes de solution dans son rapport. Et parmi elles, il avait recommande la dissolution pure et simple du Rsp.Ils avaient releve que ce corps echappait à l’autorité de l’etat major.En d’sutres termes, une armée dans l’armée. Et puis on le dira jamais assez, ils étaient au service d’un individu.Cette personne n’est plus la. Pourquoi les garder dans cette configuration atypique ? Dans tous les pays du monde la sécurité du président est assumée par des unités speciales de la police ou la gendarmerie. Et puis si on a été élu democratiquemen pourquoi se barricader dans une forteresse entouré de barbouzes même pour aller faire pipi ? Francois Hollande ne circule-t-il pas en scooter à Paris ? Aah nos républiques bannières !

  • Le 8 février 2015 à 12:19, par Une mère En réponse à : Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout

    Belle analyse. Que Le Seigneur et les dignes fils de ce pays vous entende

  • Le 9 février 2015 à 18:17, par ACHILLE DE TAPSOBA En réponse à : Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout

    Belle démonstration magistrale. Tout est parfait rien à dire. Félicitations à vous Cynthia Benao toujours plus intelligente dans vos articles
    .

  • Le 10 février 2015 à 22:34, par l’observateur En réponse à : Mouvements d’humeur au sein du RSP : Evitons le risque de prendre la partie pour le tout

    A l’intervenant 1, la sécurité du président doit être confiée à la gendarmerie car tout simplement elle la plus républicaine !
    Les différents sauts d’humeur ont démontré le bien fondé de cette arme d’élite qui ne se mêle pas aux conneries. C’est une force humaine au service du peuple. CQFD
    Qu’on l’aime, la craigne ou la j’a jalouse, elle est et sera toujours la chape de tout gouvernement.
    VIVE LA GENDARMERIE, POUR TOUJOURS !

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