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Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

Publié le mardi 2 décembre 2014 à 12h17min

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Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

Il y a une littérature abondante sur le Président Thomas Sankara, en passe de devenir intarissable, tant chaque jour, de nouvelles initiatives et œuvres naissent. Cependant, rare sont les œuvres (même en peinture, dessin) émanant de l’enfance ou de l’enfant. Rien de plus normal, quand on sait surtout que nous sommes dans un pays où la langue maternelle est rarement écrite, que la langue officielle, le Français, est d’origine étrangère et enfin, que le lecteur, souvent très exigeant par ses critiques virulentes sur la forme, au détriment de l’intention des auteurs, du contenu et de la portée de leurs œuvres (...)

Combien d’enfants savent caricaturer le portrait en image de nos illustres anciens Chefs d’Etat ? C’est la preuve que nous fuyons souvent nos propres Histoires nationales au profit de l’Histoire occidentale et en même temps, nous crions souvent sur tous les toits, que nous n’avons pas de leçon à recevoir d’autrui, encore moins de l’Occident ! C’est ce qui ressort des dernières interviews de l’ancien Président Blaise Compaoré avant sa chute, sur les médias internationaux (BBC, RFI, France 24, Jeune Afrique) et de la récente sortie de l’ancien député, Mélégué Maurice Traoré (Lire le lien : http://www.lefaso.net/spip.php?article60847 ). Avec de tels programmes d’enseignement inadaptés, comment ne pas s’attendre à la démotivation à l’école
(même chez l’enseignant), et à des résultats scolaires minables ?

I. Le 15 octobre 1987, comme si elle datait d’hier seulement

Je me souviens du 15 octobre encore, comme si c’était ce matin. C’était un jeudi et comme d’habitude, ces jours, les classes sont fermées à l’école primaire, et j’étais en classe de CM1. Avec des amis, nous passions un moment particulier. La radio avait cessé d’émettre, - si ce n’était la musique qui retentissait longuement - ce qui à cette époque, suscitait des interrogations, dans la mesure où ces signaux constituaient des indicateurs pertinents de coups d’Etat qui faisaient légion en Afrique. Aussi, le climat politique tendu à l’époque, pouvait justifier de tels questionnements. D’ailleurs, ces flopées de coups d’Etat avaient inspiré l’artiste-musicien Alpha Blondy (jadis en vogue) dans ses prises de positions, et dans ses chansons, d’où le titre « Coup d’Etat en Afrique ! »

II. La mort de Thomas Sankara, jadis refusée par l’enfant, puis par l’adolescent !

Sans avoir une dent contre autrui, je n’avais pas accepté la mort de Sankara. Pour moi, il allait revenir ! Et cet espoir a été nourri incroyablement pendant longtemps, jusqu’en classe de 3ème ! Certains diraient : « mais, tu étais assez jeune » !
Cette jeunesse était une raison de plus au contraire ! Les enfants ou certains, ne connaissent pas la mort ou ne l’acceptent pas facilement ! N’est-ce pas pour cela qu’on leur raconte des diversions, à la disparition d’un proche ? A ce titre, il semble utile d’ouvrir une petite parenthèse sur une page de la vie de l’illustre révérend Martin Luther King. Déjà à l’âge de cinq ans, King a failli se suicider en se jetant du haut d’un étage, suite à un malaise (syncope) de sa Grand-mère chérie !

Plus tard, à la mort réelle de cette dernière, il va tenter à nouveau cette expérience suicidaire ! Par ces actes, le don de soi pour autrui s’affichait très tôt, sinon précocement chez King, trait majeur qui va le caractériser tout le long de son combat. C’est dire en d’autres termes, que l’engagement civique et politique naît de sources plus éloignées qu’on ne l’imagine quelque fois et, s’affiche d’une manière ou d’une autre, le long du parcours de l’individu, qu’il soit peintre, artiste, musicien, journaliste, agent public, universitaire, etc. ! (Lecture utile au sujet de « l’ambition politique » au lien :http://www.lefaso.net/spip.php?article61677 ).

Pour fermer cette parenthèse de l’engagement, plus tard en classe de 3ème, je suis sorti définitivement de l’illusion, laissant derrière dans l’oubli, cette perspective du retour de Sankara. Voici tout le sens de cette tribune, dans les lignes suivantes, et qui vise aussi à susciter des témoignages via le forum.

Le 18 janvier 2014, pendant la 1ère marche gigantesque de la classe politique contre la modification de l’article 37 de la Constitution, une belle image de Thomas Sankara, brandie par un marcheur, frappa mon attention, et réveilla spontanément cette vieille illusion, ce vieux souvenir enfoui aux oubliettes et me connecta à ce passé, à cet espoir ! Je compris alors, qu’il s’agissait du retour de Thomas Sankara ou sa réhabilitation nourri du CM 1 à la classe de 3ème ! Les choses s’arrêtaient là à mon sens, ignorant que l’avenir réservait encore mieux !

Le couronnement et la consécration devait venir de cet illustre discours du nouveau Président Michel Kafando, lors de la passation de charge à la tête de l’Etat le 21 novembre. Ce discours marquait un raccordement direct du présent, à l’époque CNR et à ses valeurs et référents et parallèlement, la fermeture de la « page Blaise Compaoré », délibérément mise entre parenthèse ! Rien d’étonnant pour ces mesures fortes et volontaristes du nouveau Président, eu égard au contexte. Aussi, c’est surtout parce que chacun de nous porte dans ses attentes une dose de « sankarisme » à des degrés divers, simplement parce que la philosophie politique de Sankara s’efforçait tant bien que mal, d’avoir comme supports et ressorts, les réalités quotidiennes et intrinsèques du Peuple et de la nation burkinabè !

Entre nous chers lecteurs, y a-t-il une réhabilitation et un retour de Thomas Sankara qui vaille plus que les projets annoncés dans le discours solennel du Président Kafando ? Ceux qui soutiennent que les rêves se réalisent, n’ont pas toujours tort semble-t-il !

III. L’avènement de la révolution « sankariste » : l’instruction civique au quotidien dans l’espace public

Pour un enfant à l’époque, trop de changements, sinon de bouleversements intervenaient en un temps record ! A la télé, il y avait beaucoup de « bruits », c’est-à-dire des slogans, discours « forts » et enthousiastes dans la communication directe et en communion avec le Peuple en face.

Ce qui était aisé à retenir, c’étaient les expressions du genre : le néocolonialisme ; à bas ! Pouvoir ; au Peuple ! La Patrie ou la mort ; nous vaincrons ! Merci camarades ! X ou untel « dégagé » ! Telle structure ou organe dissout, etc.
Cher lecteurs, jeunes frères et sœurs qui n’ont pas connu cette époque, et même chers aînés, c’est la perception reçue d’un enfant de l’époque qui vous est livré ici ! C’était émouvant !

Le drapeau de couleur « noir-blanc-rouge » que l’on connaissait de la Haute Volta disparaît et place est faite à d’autres couleurs, les actuelles couleurs nationales. Et entre temps, on apprend que le nom du pays, c’est désormais le Burkina Faso !
Avec le recul, une conscience politique était déjà vécue, et cette conscience ne venait pas de l’école ! Elle était forgée en temps réel dans le quotidien social et à travers la radio avec les multiples discours harangueurs. Un autre facteur stimulateur de cette conscience dans l’environnement familial est que mon oncle était un admirateur presque« inconditionnel » de Thomas Sankara.

Aux côtés des images de football, c’était les multiples posters de Thomas Sankara (quelques fois issus de coupures de journaux) qui jonchaient les parois de sa chambre. Sa radio était toujours en marche, soit pour le football, soit pour écouter les sujets politiques. Il aimait prononcer les discours de Thomas Sankara « tous azimuts » ! Aussi bien sur son mur que dans ces discours récurrents, j’apprenais ceci que je « paraphrase » : « le jour où vous apprendrez que Blaise Compaoré prépare un coup d’Etat contre moi, inutile de me prévenir parce qu’il sera trop tard, car ce que je sais, Blaise le sait et ce qu’il sait, je le sais aussi ! »

Les autres faits marquants de cette époque étaient entre autres, le sport national les jeudis, le port de la tenue traditionnelle, l’avènement d’une musique nationale de par entre autres, les « Les petits chanteurs aux poing levé », « les Colombes de la Révolution » - d’où l’artiste Sami Rama est issue -, le « Faso bara » (travaux d’intérêt public), les actions de salubrité publique appelée « opérations mana-mana » (propreté en langue dioula), les « opérations commando » interpellant et impliquant tous, les tenues scolaires devenues obligatoires pour tous (kaki et chemise verte aux motifs fleuris), l’entretien des jardins dans les établissements scolaires, la traditionnelle montée et descente des couleurs nationales, respectivement chaque matin et soir.

Au son de la cloche à l’école primaire, on se bousculait entre camarades pour aller descendre les couleurs nationales, en entonnant l’hymne nationale dans une discipline « militaire » ! Une fois descendues, les couleurs étaient tenues avec soin sur les deux bras comme un bébé. Le Directeur de l’école à l’époque, appliquait ces consignes avec un sérieux, voire une sévérité incroyable !

Tous les ménages étaient aussi tenus de peindre leurs clôtures en blanc, de même que les pieds des arbres dans la cité. A ce niveau, il y eut toutes sortes de fantaisies sur les murs, images vivantes du « folklore », on pourrait le dire ! La chaux blanche sur les murs en banco, sur des murs délabrés, donnait un spectacle particulier avec l’impact de la pluie sur ces murs, etc. En tout cas, une certaine pression était ressentie par les familles. Aucune misère ne pouvait expliquer qu’on ne se conformât pas à cette consigne. Ce serait de la « réaction » ! Ce serait de l’indiscipline ! Ce serait une attitude contre-révolutionnaire, non tolérable !

Les CDR, présents dans chaque bout de quartier dans des sièges appelés à l’époque « Permanences », étaient présents pour veiller à la discipline. Ainsi, nos villes (mon cadre de vie) étaient devenues des « villes blanches », de par la couleur des arbres et des murs. Et aujourd’hui, il n’est pas question pour moi de dire que ce n’était pas beau ! N’est-ce pas que toute révolution a un prix, chose qui interpelle aujourd’hui chacun, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat !

Mais à la période révolutionnaire sous le CNR (Conseil national de la Révolution), tout n’était pas forcément « beau », même pour l’enfant que je fusse, à l’image de bien d’autres, surtout friands des produits importés ! Les mets ivoiriens que l’on consommait couramment en famille et installés dans les habitudes, au regard des flux migratoires de parents en provenance de la Côte d’Ivoire, avaient subitement disparus ! Plus « d’attiéké », plus « d’alloco », ni d’avocat, ni de poisson sec ou encore maquereau (« Abidjan djiguè ») ! Il fallait désormais se contenter des mets locaux et les valoriser, selon le concept, « consommons burkinabè » !

Par ces témoignages, il est aisé de comprendre, que sous le CNR, le citoyen apprenait dans l’espace public au quotidien, des leçons de civisme d’une qualité et d’une portée inestimable pour sa conscience politique, que certains cours de Science politique ne suffisent pas toujours dans les amphithéâtres pour les inculquer !

L’image du Président Saye ZERBO de cette époque, dans sa tenue bleue reste encore vivace ! Le Président Sangoulé Lamizana lui, ne ressortait surtout que dans certains discours dans la vie sociale, surtout quand on veut interpeler et mettre à sa place un interlocuteur qui veut jouer trop à l’important ou à l’autorité, dans le style suivant : « devrait-on comprendre de par vos agissements, que vous vous prenez pour le Lamizana ? » Quant au Président Jean Baptiste, il était plus aisé pour les aînés de le connaître, tant son séjour a été bref à la tête de l’Etat, sans compter que son leadership était disputé par Thomas Sankara, alors Premier ministre.

Après tous ces faits marquants dans un temps record dans la vie d’un enfant, ce dernier pouvait-il rester indifférent à la mort brusque du leader qui incarnait la figure emblématique de cette Révolution vécue au quotidien ?

Ouagadougou, le 30 novembre 2014.

Idrissa DIARRA
Géographe, politologue.
Membre-fondateur du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/F).
Mobile : (+226) 66 95 04 90
Courriel : diarra.idrissa@rocketmail.com

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Vos commentaires

  • Le 2 décembre 2014 à 12:49, par Tassabia En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Coup d’Etat d’Alpha Blondy, paru en 1989, sur l’album "The prohets". Thom Sank assassiné deux ans avant.

  • Le 2 décembre 2014 à 13:28, par N’dabi En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Tout ce que que vous avez raconté, je me reconnais sur certains points et me donne plutôt la nostalgie de cet époque que j’ai vécu avec beaucoup d’engagement . Et qui plus est, avec un espoir que la révolution avait pu faire naitre en moi, en tant que pionnier de la révolution.
    Pionnier : osez lutter savoir vaincre ; vivre en révolutionnaire, combattre en révolutionnaire, mourir en révolutionnaire, les armes à la mains. "La patrie ou la mort, nous vaincrons".

  • Le 2 décembre 2014 à 14:31, par Raogo En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    CM2 a l’époque chez Soré Halidou,J’en étais aussi !
    Pionnier : osez lutter savoir vaincre ; vivre en révolutionnaire, combattre en révolutionnaire, mourir en révolutionnaire, les armes à la mains. "La patrie ou la mort, nous vaincrons".

  • Le 2 décembre 2014 à 14:33, par le Pardonneur 1er En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Réponse forumiste n°1 :
    cette erreur s’il en est une, est belle et et bien la preuve qu’il s’agit d’un souvenir. Dans un souvenir, les temps sont emmêlés. une marge d’erreur de 2 ans n’est pas un problème en soi, surtout si l’intéresse dans ses perceptions, renvoie cela à la même période ! Un souvenir, c’est de la subjectivité, ce n’est pas forcement la rigueur scientifique, ok ! Où est le problème donc ? Donc tu veux mettre en cause le souvenir des gens aussi quoi ! Toi qui connais bien les dates là, dis pour toi aussi !
    Ce sont les remarques de forme comme ça qui sont critiquées dans l’introduction de cet article.
    le Pardonneur 1er

  • Le 2 décembre 2014 à 15:14 En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Merci pour ce rappel si édifiant, tout un programme de société à valoriser sur nos tropiques.

  • Le 2 décembre 2014 à 15:56, par Moktar En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Le Burkina nouveau doit s’appuyer sur la quintessence des idéaux de Sankara et permettre à ce valeureux peuple guerrier de connaitre un développement équitable et solidaire !

  • Le 2 décembre 2014 à 17:08, par omar En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    en classe de 5ème au lycée municipal de DEDOUGOU, c’est véritablement le vendredi 16 octobre que j’ai su que sankara avait été réellement tué par son soit disant ami Blaise COMPAORE et jusqu’à présent je ne suis pas prêt à pardonner ce tyran en fuite au Maroc. Oser lutter savoir vaincre, produisons et consommons burkinabé, récolte commando de graine ... comme si c’était hier

  • Le 2 décembre 2014 à 17:57, par Burkinbi En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Bonjour,
    Merci pour ce témoignage. ça me fait revivre beaucoup d’émotion.
    J’étais au CP1 à l’époque et nous étions fier de nous mettre en rang tous les matins & soirs pour la levée & descente des couleurs.
    Le 15 octobre a été une date terrible pour nous !
    On n’a pas tué seulement SANKARA mais on a tué aussi le BURKINA ce jour là.
    C’est pour cela l’histoire s’est chargé de rétablir le BURKINA dans sa dignité en mettant hors d’état de nuire ce sangunaire blaise et sa clique !
    A bas les hibous au régard fuyant !
    A bas les corrompus !
    Oser inventer l’avenir !
    La Patrie ou la mort, Nous vaincrons !

  • Le 2 décembre 2014 à 18:55, par Dieudonné En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Merci pour ce cours d’histoire. je ne l’ai pas connu Sankara. ce sont des histoires de la sortes qui nous permettront, nous de la generations apres sankara, de voir les bonnes et les mauvaises actions qu’il a posé. car comme vous le dite si bien, on apprend des discours de Thomas, sa vision politique, mais en pratique comment la revolution s’est passée j’en sais peu. j’ai ds jugements de valeurs du fait de mon admiration a ce monsieur, mais au dela je ne peux pas trop pousser le debat. vraiment de la chair de poule en vous lisant. merci enormenent.

    • Le 9 septembre 2022 à 23:02, par Jessie Stackhouse En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

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  • Le 2 décembre 2014 à 20:55, par Barister Smith Edouard En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    1983, CM2 à l’école Centre A de kaya, puis octobre 1984 en 6ème au lycée provincial.
    Pionniers, nous avons reçu la visite du président Sankara en 1985. plein de souvenirs.
    Les petits chanteurs au poing levé, les colombes de la révolution et les F4, l’orchestre de la GNR.
    Nous l’attendions à la grande foire régionale le 16 octobre 1987 à kaya à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation. Après avoir préparer la fête pendant plusieurs jours, tout était fin prêt.
    malheureusement l’après midi du 15 octobre 1987, nous avons entendus des tirs dans la ville et les habitants sont rentrés chez eux. J’ai été obligé de dormir chez mon ami au secteur 2 de kaya Lankoandé A. dont le logeur était gendarme. J’ai trop pleuré quand j’ai appris la mort de Thom Sank. je collectionnais à l’époque ses discours. je tirais des charrettes les jours de dimanches marchés à kaya pour me payer soit le journal l’Observateur ou Carrefour Africain.
    Trop triste jusqu’à ce jour d’autant plus que j’ai grandi dans un famille Sankara à Kirsi, puis Bissiga, puis Tagala. Thom Sank envoyait une carte de vœux au mari de ma tante chaque nouvelle année.
    En Europe, je me suis tatoué le buste de ce Grand Homme sur la gauche de ma poitrine. (Mon cœur quoi. RIP

  • Le 3 décembre 2014 à 07:07, par barkbiga En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Salut mon jeune frère seydou. Ton grand frère de kirsi

  • Le 3 décembre 2014 à 09:07, par Medio hamed En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Bébé en son temps !je ne l’ai pas connu Sankara.Ce sont des histoires de la sortes qui nous permettront de connaitre les actions d’homme intègre qu’il a posé. Merci a vous

  • Le 3 décembre 2014 à 11:10, par Kombouss En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Je venais de quitter la classe de CM2 de l’école centre A de Kaya pour mes premiers pas en 6ème au Lycée Provincial de Kaya.

    Je n’ai pas cru à la réalité des faits. Après, la réalité fut comme une glaive qui vous fend l’âme et vous laisse tout tétanisé tout le restant de votre vie.
    tous les jours pour le voleur et un seul jour pour le propriétaire. Ce seul jour, ce fut ce 31 octobre à 12 heures (plein midi) où le voleur et sa bande ont fui et libéré notre très chère patrie de la charogne !
    Vivement que notre très grand Président, Thomas SANKARA et les vrais révolutionnaires qui l’ont accompagnés soient réhabilités et qu’on organise solennellement le retour triomphal de sa femme et de ses dignes fils Philippe et August après tant d’années d’exil contraint loin de la patrie de leur père et de leur grand père !

    Merci à tous et Dieu bénisse le Burkina Faso !

  • Le 3 décembre 2014 à 12:37, par Fouché Françoise En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Voici un texte écrit en 1994 par Ouedraogo R.Oumarou, alors élève en 5ème B au CEG de Tita.
    Ce texte fait partie d’un recueil de 24 travaux d’élèves (textes et illustrations) collectés par Adama Ouedraogo, leur professeur de français de l’époque dans le cadre du jumelage entre le CEG de Tita et le Collège Pasteur de Saint-Rémy en France. Le thème choisi par les professeurs de cette époque et proposé aux élèves était celui des souvenirs d’enfance.
    Une copie de ce recueil doit encore être disponible à la bibliothèque du Lycée de Tita. Et pour la petite histoire, les deux établissements scolaires de Tita et Saint-Rémy sont toujours jumelés.
    Voici le texte d’Oumarou qui se reconnaîtra peut-être.

    Un évènement s’est déroulé dans mon pays quand j’étais petit, à l’âge de sept ans.
    Le 15 octobre 1987, j’étais au champ avec ma mère. Dans son champ d’arachides.
    A midi, ma mère ouvrit sa radio et j’entendis les sons de musiques que je n’avais jamais entendues. Quand elle a ouvert la radio, elle-même était étonnée. Brusquement nous rejoignîmes la maison. Arrivée, ma mère demanda à mon père :
    - Pourquoi les militaires chantaient-ils à la radio aujourd’hui ?
    Mon père lui répondit :
    - Peut-être est-ce Monsieur le Président qui a un décret à annoncer aux membres de son gouvernement ou bien est-ce un coup d’état.
    Je demandais à ma mère :
    - Qu’est-ce qu’un coup d’état ?
    Elle ne répondit pas.
    A 20 heures, toute la ville était pleine de militaires. Les coups de fusil commençaient à résonner ; les gens couraient de gauche et de droite. Le lendemain je fus le premier à sortir de la maison. Du haut du mur, je voyais deux infirmiers qui ramassaient des gens morts. Je tremblais. Le lendemain, vers 15 heures, cinq militaires vinrent chez nous pour fouiller la maison. Comme j’avais vu que les militaires tuaient les gens, je crus qu’ils allaient me tuer aussi. Des gens disaient qu’on avait tué l’ancien président. Quand j’entendis cela, je me mis à pleurer.
    Depuis ce jour-là, si je vois un militaire, j’ai peur de lui, croyant qu’il va me tuer.

    Contact : fouche.françoise@free.fr

  • Le 3 décembre 2014 à 12:47, par Sienkaon En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Ce jour fatidique du 15 octobre 87, j’avais juste 7 ans et un oncle maternel débarqua dans la cours criant que Thomas Sankara a été assassiné suite à un coup d’état et que c’est Blaise qui a pris le pouvoir, pufffffff. Jusqu’à présent, je me rappel comme si c’était hièr. Avec le temps j’ai appris à connaître l’homme, sa passion, ses sacrifices,.... pour son peuple. J’ose espérer que ses restes seront bientôt identifiés et qu’il aura la place de la Révolution comme dernière demeure !!!!

  • Le 3 décembre 2014 à 14:41, par ID En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Témoignages d’une même personne sur tweeter
    1. Thomas Sankara était mon idole.
    Durant son règne on l’avait surnommé Thom Sank, le diminutif de Thomas Sankara.
    Jusqu’à présent j’ai mémorisé certains de ses discours et déclarations. Des exemples, j’en ai abondamment. Il disait : celui qui vit en comptant sur l’aide étrangère est un prisonnier perpétuel.
    2.
    Lors d’une interview, un journaliste à poser cette question à Thomas.
    Quelle est la place que la révolution burkinabè accorde à la Libye dans sa politique extérieure ?
    SANKARA a répondu : il y a trois catégories de personnes qui coopèrent avec la Libye du COLONEL kadhafi :
    -  la 1ère catégorie, ce sont eux qui, malgré eux, refusent de traiter avec la LIBYE du colonel kadhafi ( c’était pour indexer Houphouet Boigny de RCI).
    -  La 2ème catégorie à laquelle nous appartenons . ce sont eux qui traitent avec la LIBYE du colonel Kadhafi et qui ont le courage de le dire à leur peuple.
    -  La 3ème et dernière catégorie, ce sont eux qui traitent avec la Libye du colonel Kadhafi, mais n’ont pas le courage de le dire à leur peuple. Ceux là, sont les pions de Kadhafi. Les pions de Kadhafi, vous savez où ils sont ? Vous êtes des journalistes et lorsque chacun de vous rentrera chez lui, je lui demande par honnêteté professionnelle, par honnêteté de citoyen de s’interroger dans quelle catégorie son pays doit se placer.
    3.
    Sankara disait : s’il existe bien le paradis et l’enfer, peu importe là où j’irai, j’organiserai toujours des meetings.
    4.
    Sankara avait dit :
    « Ce que je sais, Blaise le sait et ce que je sais il le sait ; mais le jour où vous apprendrez que Blaise Compaoré prépare un coup d état contre moi , ce ne sera pas la peine de chercher à vous y opposer ou même de me prévenir. Cela voudra dire qu’il est trop tard et irréparable. »
    5.
    Sankara a dit que celui qui mange devant un affamé est en insécurité.
    Plus loin encore, au moment du couvre-feu, certains CDR (membres du Comité de Défense de la Révolution) abusaient des filles qu’ils attrapaient à l’heure du couvre feu.
    Sankara a levé le couvre-feu en disant : nous allons lever le couvre-feu pour que nous soyons tous à égalité. Tous ceux qui doivent échouer par leurs incapacités, échoueront ( il voulait dire que certains CDR NE POURRONT JAMAIS GAGNER DE COPINE SI C’est pas à cause du couvre-feu ).

  • Le 3 décembre 2014 à 22:24, par Pablo En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Bon article. J’étais en 2nd le 15 octobre 1987.les coups de feu m’ont trouvé à la cité en 3.J’ai pu passer la nuit chez un ami et capter africa N°1 et rfi. La nouvelle tant redoutée a été enfin annoncée. Thomas sankara a été assassiné.Quel gachis ? quelle perte ?quelle cruauté ?
    Bref tout se paie d’ici bas et le blaiso ne nous dira pas le contraire.Reste à present son acolyte DIENDERE

  • Le 8 décembre 2014 à 16:08, par Barké En réponse à : Souvenir d’enfance de Thomas Sankara

    Souvenir pour souvenir, moi, j’avais 8 ans et j’étais au CE1. C’est le matin du 15 octobre 1987 que je l’ai appris de mes maîtres qui s’étaient regroupés ce jour dans la cour de l’école. Ils nous ont libéré ce jour et nous sommes repartis tristes à la maison. Malgré ma jeunesse, je n’ai jamais pardonné à Blaise ce crime. Je me rappelle même que dès les élections législatives de 1992 c’est-à-dire à 13 ans, j’ai battu campagne pour les partis d’opposition comme l’UDS de ZEBA Dasmané (paix à son âme). En somme, je veux signifier là que je n’ai jamais porté l’homme Blaise dans mon coeur.

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