En effet, depuis la nuit des temps, l’être humaine (tout comme les autres animaux) s’est battu et a combattu ses semblables pour des raisons de défense de ses intérêts de reproduction pour ne pas dire son instinct de reproduction qui se confondait avec sa sexualité jusqu’à un passé récent.

En toute vraisemblance, depuis que « l’émancipation » de l’être humain s’est accrue sur tous les plans, lui donnant l’illusion de croire que le sous élément « plaisir sexuel » de son instinct de reproduction était un « instinct » différent, réprimé par la censure sociale, les dérives actuelles en matière de sexualité qui étaient minoritaires, bien connues, bien contrôlées et bien tolérées (surtout en Afrique) ce sont accrues. C’est plutôt la promotion directe ou indirecte de ces dérives qui posent problème surtout en Afrique. Une de ces dérives telle que l’homosexualité est d’actualité et d’une extrême sensibilité que je préfère m’en arrêter là et présenter mes excuses à ceux qui ne partagent pas mon point de vue.

Toutefois, je reste convaincu que le sous élément « plaisir sexuel » de l’instinct de reproduction, donne à ce dernier toute sa force, sa prédominance (comme l’a décrit Freud) dans un souci de préservation de la fonction de reproduction de l’espèce humaine quelque soit l’adversité (catastrophe, maladie contagieuse mortelle, guerre, etc.). Ceci est également valable pour les autres animaux voir pour les plantes.

Cela étant, l’être humain s’est également battu et combattu ses pairs et continue de le faire à l’image des autres animaux pour satisfaire ses besoins fondamentaux de base que sont entre autres : l’alimentation, la protection et la sécurité. Tout en ignorant ou en négligeant parfois que son combat individuel (de survie, de satisfaction des besoins fondamentaux) est source d’insécurité pour ses semblables voir des autres animaux. Ce cercle vicieux se perpétue depuis des millénaires comme le démontre les résultats des études archéologiques. Dans la théorie religieuse venant du moyen orient, ce combat pour la survie a commencé depuis qu’Adam et Eve ont mangé la pomme interdite…

Pour sortir de ce cercle vicieux de l’insécurité parfois créé par l’espèce humaine elle-même, des courants de pensée, des esprits divins pour certains ont donné les bases des organisations humaines de plus en plus apaisées à travers les règles de bonne conduite, de morale, de justice tels que les 10 commandements et bien d’autres qui ont précédées ou succédés. C’est le contrat social sans lequel la vie humaine en société est impossible dans le contexte actuel de rareté croissante des ressources surtout alimentaires au regard de la pression démographique sur l’écosystème.

Ces courants de pensée, pacifistes ce sont toujours heurtés à ceux animés par leurs instincts primitifs, grégaires faisant la promotion de la terreur avec pour fondement illusoire que l’équilibre de la terreur, l’esprit de vengeance constituent les moyens efficaces pour instaurer la paix. Des anecdotes comme œil pour œil, dent pour dent se sont rendus célèbres, populaires avec leur conséquences désastreuses…

Personnellement, je pense que ces vieilles théories qui ont été développées depuis des millénaires ont fait la preuve de leur limite. En effet, nous reconnaissons de plus en plus que toute guerre finisse par une négociation autour de la table. Si cela est de plus en plus partagé par tous. Pourquoi alors faut-il laisser commencer la guerre pour négocier après. Pourquoi ne pas commencer à négocier franchement dès le début des crises ?

Cela est facile à dire qu’à faire car l’être humain dit-on est égoïste de nature alors que négocier, c’est faire des compromis, c’est renoncer à certains avantages de part et d’autre, c’est reconnaître l’existence des autres, leur place, leur utilité, leurs intérêts, etc. Négocier c’est faire preuve de partage, de solidarité envers les autres…

Nous devons pour cela, nous investir davantage dans la préservation de la paix qui ne saurait s’obtenir de façon efficace et durable par l’équilibre de la terreur. C’est-à-dire par le surarmement, la démonstration de la force, le déni de l’existence des autres, le refus de reconnaître leurs droits, etc. pour des raisons égoïstes. L’esprit de vengeance entraine toujours un cycle infernal de violence, de guerre…

Je reste convaincu que les foyers de tensions qui existent actuellement dans le monde sont causés ou attisés par cette fausse théorie. Celle qui consiste à croire que l’équilibre de la terreur ramènera la paix dans certains coins du globe voir dans le monde entier. Cette théorie est d’autant fausse car les vaincus d’aujourd’hui chercheront à se venger tôt ou tard d’une manière ou d’une autre tant que la raison du plus fort restera le principe de base de gouvernance, de développement des relations entre les sociétés, les nations.

Le Burkina Faso est entrain de sortir d’une révolte populaire démontrant ainsi une fois de plus que la terreur maintenue par le régime déchu, durant une trentaine d’années, sur la population n’a pas pu assurer une paix durable. Cela démontre également qu’une paix durable doit se bâtir sur des fondements de justice, de solidarité, d’équité et non sur l’équilibre de la terreur. En effet, tout les burkinabè qui ont vécu durant les 27 ans de règne de Blaise Compaoré ne sauraient de façon objective et consciente nier le fait que la paix apparente qui régnait n’était qu’un équilibre de la terreur. Cette paix apparente, ventée en longueur de journée par les différents responsables nationaux et l’opinion internationale a fini par montrer ses limites et volée en éclat les 30 et 31 octobre 2014, dates désormais historiques pour le Burkina Faso.

Respectueux des principes d’une paix durable basée sur l’élévation des consciences humaines à travers une bonne éducation civique et morale sur fond de justice, de solidarité et d’équité, je souhaite que tous les burkinabè sans exception évitent de tomber dans l’erreur c’est-à-dire à développer la haine, la vengeance à l’endroit des anciens dirigeants et leurs sympathisants. Nous devons saisir l’opportunité pour leur démontrer comment cultiver une paix durable fondée sur l’application d’une justice réelle, de la solidarité et de l’équité.

Dans cette logique, je reste convaincu que la justice et le pardon sont indispensables à une paix durable au Burkina Faso. J’adhère entièrement aux propositions faites par le Front de résistance citoyenne du Pr Ibriga dans un article paru le 18 novembre dans NetAfrique.net relatives surtout aux dispositions à prendre immédiatement pour ne pas laisser brouillées les pistes nécessaires à une justice véritable.

Toute parodie de justice, toutes dépenses pour dédommager les familles des victimes, pour ériger des monuments à la mémoire des martyrs, pour organiser des journées de commémoration qui se feront sans une justice véritable en vue de déboucher sur un vrai pardon seront contre productifs surtout à moyen et long terme. Ce sera une fois de plus un gaspillage ou un pillage des ressources publiques savamment orchestré au nom du peuple et contre ses intérêts réels.

Je reste convaincu jusqu’à preuve de contraire que les nouvelles autorités qui s’installent progressivement ont bien compris cela et y veillent déjà pour l’intérêt supérieur de la nation.

Dr SOURA Yorba
Médecin, Economiste de la santé
Consultant indépendant
Actuellement en mission au Bénin
Mai : souraba@yahoo.fr
Téléphone : +229 67 48 43 81