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Ayons foi en l’avenir !

Publié le mardi 4 novembre 2014 à 17h13min

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Ayons foi en l’avenir !

Dans quelques heures, le soleil de la première semaine de notre vie politique, sociale, culturelle et économique va se lever depuis la démission forcée du président Compaoré. A ces moments historiques, je voudrais rendre un vibrant hommage aux martyrs de la démocratie et de la liberté qui ont accepté offrir leur vie pour la construction d’un Burkina fondé sur plus de démocratie, plus de liberté, plus d’égalité et plus juste.

Dans mon post qui a suivi immédiatement la chute de l’ex président Compaoré, j’indiquais que si nous avions franchi un pas de géant, les défis qui nous attendent demeurent gigantesques. En écrivant cela, j’étais profondément inquiet sur les risques de délitement total de l’Etat si les forces de défense et de sécurité ne s’organisaient pas pour garantir l’ordre et la sécurité.

En effet, il est impossible de construire quoique ce soit dans le désordre, dans l’anarchie. Grande fut ma joie de constater qu’en moins de 48 heures, la vie avait repris son cours normal dans notre pays. Vous l’aurez remarqué comme moi que dans la matinée d’hier les boutiques, les stations, les petits commerces avaient repris leur activité. Hélas, tout allait vite se dégrader avec l’épisode des présidents auto proclamés ! Pour ironiser, certains ont dit que nous avons reçu l’exploit en moins de 48 heures d’avoir cinq chefs d’Etat. Il nous faut réfléchir par sept fois avant d’agir aux conséquences de nos actes en cette période critique de notre histoire. Aucune ambition personnelle fut-elle légitime ne doit se substituer à l’intérêt général. Je fonde l’espoir que les écoles vont ouvrir ce matin et que nos enfants pourront retourner en classe dans le calme avec une reprise totale de l’activité économique.

Beaucoup de nos compatriotes et des amis à l’étranger, y compris moi-même se posent des questions sur la conduite de la transition. Est-ce que notre révolution démocratique a-t-elle été prise en otage par les militaires ?

Pour ma part, je puis répondre non à cette question. Je reste optimiste sur les perspectives de notre lutte car nul ne peut s’opposer durablement à la soif de démocratie et de liberté d’un peuple. Les militaires qui sont aussi nos frères ont conscience que personne ne peut nous voler cette victoire arrachée de haute lutte. Mais ce qui est arrivé avec cette prise de pouvoir par les militaires étaient inévitables en raison de la nature de notre système politique. Si la révolution tunisienne qui présente de nombreuses similitudes avec la nôtre n’a pas connu l’intrusion de l’armée dans la gestion de la transition c’est parce que dans ce pays il existait une armée républicaine. Chez nous, à côté de l’armée républicaine, le président compaoré s’était construit son armée à lui plus puissante que celle du peuple. Il faudra tôt ou tard rebâtir cette armée du peuple en fusionnant les différentes entités. Mais, les militaires savent que la communauté internationale dont une partie avait observé un silence coupable face aux dérives du régime Compaoré n’acceptera jamais un pouvoir militaire.

Toutefois, dans la phase critique actuelle de notre transition, nous devons avoir de la patience avec nos frères militaires qui se sont installés au pouvoir. Ils sont là pour nous accompagner comme ils ne cessent de l’affirmer. En effet, demander aux civils de trouver un chef d’Etat, je puis vous assurer que vont éclater au grand jour les ambitions démesurées des uns et des autres et des palabres à n’en pas finir alors que le temps urge !

Une transition comme celle là est conduite par des organes et des instances avec un cahier de charges à exécuter dans un délai limité (au plus tard novembre 2015). La réalité du pouvoir devra être confiée à ces organes composée principalement de civils capables de mettre l’intérêt général au dessus des intérêts partisans et mis en place de façon consensuelle. La tradition qui se dégage en Afrique et ailleurs dans le monde en cette matière c’est que tous ceux ou celles qui participeront à l’animation de ces organes doivent être exclus des compétitions politiques prochaines (présidentielles et législatives).

Il faut faire vite car le temps est court. Il me semble que les militaires qui nous dirigent ont adopté la bonne méthode en entamant un processus de consultation tous azimuts avec toutes les forces vives de la nation qui ont permis la chute de Compaoré. Chaque entité doit y aller pour exprimer sa vision et sa conception de la transition en restant dans son rôle. Au-delà de ceux-ci, nous devons rester ouverts même à nos frères qui se sont trompés en soutenant Blaise contre vents et marées. On ne peut pas mener une lutte démocratique dans l’exclusion d’une frange de la société. C’était là un défaut du système compaoré, ne reproduisons pas les mêmes erreurs.

La lutte qui a abouti à la fin du règne de Compaoré est une lutte collective dont personne ne peut s’approprier la paternité. Une avancée comme le disait Nelson Mandela n’est jamais le résultat d’un effort individuel. Comme dans toute société, la lutté a été menée sous le leadership du CFOP et des partis qui lui sont affiliés depuis au moins un an et en cela il faut reconnaitre à César ce qui lui appartient. Dans sa dernière étape, on a assisté à un activisme plus prononcé de quelques organisations de la société civile dont le Balai citoyen. Une campagne de dénigrement a été orchestrée contre eux ces derniers jours, si nous voulons éviter les erreurs du passé, il faut savoir être reconnaissants envers ceux qui ont osé braver de multiples risques dans la lutte. Comme dans toute action humaine, il peut y avoir des erreurs. Nelson Mandela écrivait « seuls les hommes politiques qui gardent les bras croisés sont à l’abri des erreurs. Les erreurs sont inhérentes à l’action politique ».

Aussi, pour terminer, je voudrais interpeller de façon particulière les dirigeants actuels de la transition sur la nécessité de rétablir très rapidement les dispositions constitutionnelles compatibles avec l’ordre actuel, je pense en particulier au titre relatif aux droits et libertés. Tout en préservant l’ordre et la sécurité, ils doivent se garder de réprimer de façon violente les manifestations des citoyens.
Dieu bénisse notre patrie !

Abdoul Karim SANGO, juriste

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Vos commentaires

  • Le 4 novembre 2014 à 18:09, par doudouno le cobra En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    Je suis désole c’est pas le CFOP qui a fait tombé Blaise mais la société civile.Si on partait aux élections Blaise allait vous battre comme d’habitude.
    Maintenant il faut barrer la route à des anciens voleurs comme Roch, Simon et Salif Diallo ;les plus gros voleurs de la quatrième république.Que chacun rembourse ce qu’il a volé

  • Le 4 novembre 2014 à 19:35 En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    tu bottes en touche sans oser dire que les militaires, c’est le prolongement de Blaise. Ce n’est meme pas l’ armee mais l’armee de Blaise qui continue de diriger. Tuy penses que si on avait pas defier le pouvoir de Zida, les choses se seraient passees ainsi ? Donc il ne faut pas non plus croire que les sceptiques en font trop. L’ histoire n’ avance pas dans le bon sens grace aux acquiesceurs mais a ceux qui doutent dans la bonne foi.
    Mais tout ce que tu as dis est vrai. Mais il est est toujours vrai si l’ armee se met de cote et assure la securite. Est- ce impossible a faire ? Pourquoi le RSP devrait passer du poste de bourreau a celui qui sauve en l’ espace de 24 heures ? Et il pensait que le peuple allait acceopter ca comme ca ? A cause de pourquoi ? Dans une semaine on en veut plus de lieutenat colonel a la tete de notre etat. Le rsp fait parti de la raison de la ou on est aujourd’ hui. Si toutes les armes n’etaient pas confisquees dans leurs mains, tu penses qu’ un petit lieutenant colonel, sans avoir combattu, pouvait faire la nique a un General ? C’est quelle armee meme qu’ on a comme ca ?

  • Le 4 novembre 2014 à 19:37 En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    Avoir foi ne veut pas dire donner carte blanche. On est touours vigilant comme un cdr georgraphique. Pardon, j’ aime l’ armee , mais dans les casernes.

  • Le 4 novembre 2014 à 19:52 En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    "Toutefois, dans la phase critique actuelle de notre transition, nous devons avoir de la patience avec nos frères militaires qui se sont installés au pouvoir. Ils sont là pour nous accompagner comme ils ne cessent de l’affirmer. En effet, demander aux civils de trouver un chef d’Etat, je puis vous assurer que vont éclater au grand jour les ambitions démesurées des uns et des autres et des palabres à n’en pas finir alors que le temps urge !"
    je suis parfaitement d’accord avec vous !!! Rien à ajouter.

  • Le 4 novembre 2014 à 21:17, par Obama En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    Très propre M.Sango. Personne ne peut oser une sorte de compaorisme encore ici. Comme vous l’ avez si bien dit ayons foi en l’avenir.

  • Le 4 novembre 2014 à 22:31, par king En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    Merci monsieur SANGO. Avant de réagir à cet présent article,je tiens tout d’abord à marquer ma fierté et ma déférence à cet ainé que vous êtes.Dès le projet de loi modificatif de l’article 37 querellé,vous avez dénoncé un coup d’état constitutionnel.Votre courage est d’une portée historique,juridique et morale inestimable pour l’émergence d’un état de droit réel pour le peuple burkinabé.Chapeau à toi.Aujourd’hui tu nous viens avec "ayons foi en l’avenir".Merci pour cette réhabilitation ou voulu à travers ton écrit ;malgré les quiproquo partisans ou organisés ; des forces insurrectionnelle et révolutionnaire qui ont permis de projeter notre pays au devant des pays anti-révisionnistes et anti-révisions des constitutions en Afrique.Merci aussi pour tes esquisses de solutions pour l’édification nouvelle de notre chèr pays.Mais dis moi,avec ces temps consacrés à tes écrits ;as tu toujours le temps d’apprivoiser tes esclaves gourounsi ?

  • Le 4 novembre 2014 à 22:37, par king En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    Merci monsieur SANGO. Avant de réagir à cet présent article,je tiens tout d’abord à marquer ma fierté et ma déférence à cet ainé que vous êtes.Dès le projet de loi modificatif de l’article 37 querellé,vous avez dénoncé un coup d’état constitutionnel.Votre courage est d’une portée historique,juridique et morale inestimable pour l’émergence d’un état de droit réel pour le peuple burkinabé.Chapeau à toi.Aujourd’hui tu nous viens avec "ayons foi en l’avenir".Merci pour cette réhabilitation ou voulu à travers ton écrit ;malgré les quiproquo partisans ou organisés ; des forces insurrectionnelles et révolutionnaire qui ont permis de projeter notre pays au devant des pays anti-révisionnistes et anti-révisions des constitutions en Afrique.Merci aussi pour tes esquives de solutions pour l’édification nouvelle de notre chère pays.Mais dis moi,avec ces temps consacrés à tes écrits ;as tu toujours le tremps d’apprivoiser tes esclaves gourounsi ?

  • Le 5 novembre 2014 à 04:34, par Tapsoba®(de H) En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    Le retour à la normale rapide ,c est tout ce que nous souhaitons .Dès lors que le nouvel homme fort semble se plier aux injonctions nationales et internationales,ayons foi en l avenir,effectivement.Un professeur à science-po de Paris,Francis Kpatindé avait affirmé que ce colonel aurait été un temps,dans l affaire Tuina en aout 2013,interné pendant 48 heures en guise de sanction et donc par conséquent ,il pouvait avoir des raisons d en vouloir à son président via sa hiérachie,car soupçonné d être derrière son coup.Sa proposition de rebaptiser l hopitale BC en Hopital Hama Arba Diallo tente à le prouver,populisme mis à part.Moi j ajouterai qu on peut supposer que son choix par ses pairs du RSP pour prendre la tête de la transition n est pas annodin,Gilbert ne voulant pas apparaître comme traitre.Qui sait si le RSP s est libéré par la meme occasion du joug de son patron ? Ils ont promis une transition d ici deux semaines,prenons les aux mots,pour peu que les politiciens accordent leur violon.

  • Le 5 novembre 2014 à 09:52 En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    Ayons foi en l’avenir
    Merci monsieur Sango, tu ne fais que dire la pure vérité. Les jours qui ont suivi la démission du président Compaoré nous ont donné beaucoup à voir de la par des uns et des autres. Des agissements aux antipodes de l’intérêt général. Chacun pense que c’est maintenant ou jamais de profiter de la brèche ouverte et oubli que seul le peuple est souverain.

  • Le 5 novembre 2014 à 16:18, par king En réponse à : Ayons foi en l’avenir !

    Excusez.Je reviens avec un autre angle de vision.Le doute d’une fraction du peuple l’égard de l’armée et des tentatives de confiscation ou récupération de cette révolution sont fondés. L’histoire a toujours prononcé de véritables arrêts de cassation. Et ses faits sont têtus. Pour mémoire, un certain 13 mai dans les années 1950 en Algérie française, il y a eu une insurrection qui a vu la mise en place d’un Comité de salut public dirigé par le Général Massu qui était secondé par Léon Delbecque. Cette révolution n’a pas été voulue concrètement ; elle a échappé au contrôle des Gaullistes, qui ont voulu juste empêcher la confirmation par l’Assemblée nationale française, du Gouvernement de Pierre Flimnim en organisant une marche en Algérie française. Au cours de cette marche organisée par Michel DEBRE et ses amis qui sont les hommes du Général, le nom de Charles DE GAULLE allait être scandé, et le vote devrait donc se fait en défaveur de Flimnim. Ce qui allait permettre donc à DE GAULLE d’être réclamé par le peuple français. Ce plan a échoué. Flimnim a été confirmé avec son gouvernement par les parlementaires français. Flimnim a voulu ouvrir des négociations avec le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie française pour une indépendance algérienne. Mais les gaullistes ont trouvé cela dangereux pour leur plan car selon eux « la France sans l’Algérie n’est pas la France ». C’était donc sans compter avec la haute trahison qui sera fait pas ces derniers un certain 15 mai, soit deux jours après l’insurrection. En effet à l’issu d’un grand rassemblement en Alger, le Général Raoul Salan et ses acolytes ont scandé « Vive de GAULLE », le faisant donc passer pour le héros de cette révolution, et positionnant de facto DE GAULE comme un grand homme d’Etat en France. Voilà donc, comment les gaullistes ont volé la victoire du peuple algérien, maintenir l’Algérie dans leur giron ; et mis Flimnim à l’ecart.IL est bon d’avoir confiance à notre armée, certes. Mais il est meilleur de maintenir la pression populaire et rester vigilants pour ne pas nous fait voler notre révolution -par qui que ce soit-obtenue au prix du sang et du sacrifice. Restons donc vigilants. Nous saluons toutefois les initiatives du Lieutenant-Colonel ZIDA par le fait qu’il n’écarte aucune composante de notre vie nationale dans les concertations en cours, pour le retour à une vie constitutionnelle normale à l’issu d’une élection présidentielle future dans notre pays. Chapeau pour tes écrits que je prends du plaisir à lire en m’instruis

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