LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

Publié le lundi 3 novembre 2014 à 15h18min

PARTAGER :                          
Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

Je voudrais commencer mon propos en m’inspirant fortement du célèbre poème de Joachim Du Bellay (Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage) qui fut écrit par l’auteur lors d’un séjour forcé à Rome. A travers ce sonnet, Du Bellay traduisait sa nostalgie de son pays natal en espérant, comme Ulysse, retrouver sa patrie et y vivre paisiblement le reste de sa vie au milieu des siens.

Heureux qui, comme la Haute Volta, a conduit une insurrection en 1966 qui mis fin au régime impopulaire de Maurice YAMEOGO.

Heureux qui, comme le Burkina Faso, instaura sa révolution en 1984 et qui, en 2014 à travers une insurrection populaire contraint Blaise Compaoré à la fuite et à l’exil, après 27 ans de règne sans partage.

La fin de ce poème se construit actuellement et est entre nos mains. Elle sera empreinte de regrets comme chez Du Bellay ou, de bonheur comme chez Ulysse en fonction de ce que nous aurons décidé de la période de transition qui se dessine aujourd’hui. Allons-nous laisser la victoire contrainte par un régime militaire ou allons-nous consolider les acquis de cette révolution en confiant la charge de la transition à ceux qui ont conçu et réalisé cette insurrection c’est-à-dire, les forces vives de la nation.

La question qui vaille la peine d’être posée aujourd’hui est celle de la conduite de la transition après le départ précipité et inattendu de Blaise Compaoré. Ce Président est parti poussé par le peuple qui, sous la direction des partis de l’opposition et de la société civile, a organisé et conduit une insurrection sans pareille.

Je suis très surpris par l’attitude de certaines des organisations et structures qui ont activement pris part à cette insurrection et dont la participation a été très déterminante dans la chute du régime et qui posent des actes susceptibles de miner la cohésion et l’unité d’action. Or, tout le monde en convient, l’unité d’action était très essentielle à la victoire finale. A l’étape actuelle de la lutte, faire cavalier seul est contreproductif et même suicidaire. Nous ne sommes pas à l’heure où il faut déterminer qui a fait plus que qui. Cela est secondaire puisque chaque acteur, chacun dans son rôle et à son poste a participé à la réalisation du succès. C’est la somme des actions de tous les acteurs des années durant, qui a façonné les esprits et incité la population, notamment sa frange la plus jeune, à organiser la résistance et à engranger les succès que nous connaissons aujourd’hui. L’heure doit être plutôt consacrée au recueillement car il y a eu des morts et des blessés. Encore plus, nous devons nous concentrer sur la meilleure façon de gérer la transition de sorte à ne pas souiller la mémoire des défunts, la mémoire des martyrs. La mort de ces martyrs ne doit pas être vaine.

Nous faillirons à notre devoir si nous laissons cette révolution confisquer par un régime militaire. Ceux qui ont organisé, conduit et réalisé l’insurrection sont ceux qui doivent être au centre de l’action de la transition. Il s’agit du peuple incarné par ce qu’il est convenu désormais d’appeler force vives de la nation. Et cela n’exclut pas l’accompagnement de l’armée car, il est vrai qu’au sein de l’armée, il y a de vrais patriotes, de véritables démocrates qui ne veulent rien d’autre que d’être aux côtés de leur peuple. Le plus emblématique de ceux-ci, pour ce qui est du Burkina Faso, est Thomas Sankara. A écouter l’équipe militaire actuelle, on pourrait dire qu’elle se réclame de cette catégorie de militaire. Si c’est cela, alors qu’elle choisisse d’accompagner le peuple en se mettant à son service. Ce sera alors, la fin du voyage qui comme Ulysse « …est retourné, plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge ». L’histoire de notre pays le retiendra et l’écrira certainement pour l’information des générations à venir.

Il faut aussi retenir que cette même armée a enfanté des dirigeants dont les comportements et les attitudes étaient aux antipodes de la démocratie et de l’amour de la patrie. Ce sont ceux-là qui ont des velléités de confiscation du pouvoir au détriment du peuple. C’est ce qui est arrivé en 1966 avec la prise du pouvoir par l’armée après l’insurrection populaire du 3 janvier. J’ose croire que cette fois ci le peuple restera maitre de son destin et décidera de qui va le diriger. J’espère que l’armée l’aidera dans ce sens. L’histoire de notre pays le retiendra et l’écrira certainement pour l’information des générations à venir.

Pr Idrissa M. Ouédraogo
Enseignant-Chercheur, Université Ouaga II

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 3 novembre 2014 à 19:45 En réponse à : Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

    il le savent bien, car sans transition civile nous allons descendre dans la rue pour leur dire de nous tuer tous.Je pense qu’il est temps Y. I. Y. aille prendre conseil avec DADIS qui est toujours au BURKINA ensuite il passe un coup de fil à SANOGO au Mali, ils vont le dire qu’ils sont entrain de le pousser dans trou. Il ne faut pas te salir Y. I. Y en essayant de protéger les salles besognes des uns et des autres. Rassurez vous que tous ceux qui sont morts lors de cette insurection du 30 devant le domicile de François les militaires qui etaient de garde ce jour là doivent repondre de leurs actes.

  • Le 3 novembre 2014 à 21:35, par Mme Ouédraogo En réponse à : Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

    Très belle analyse, Professeur !

  • Le 4 novembre 2014 à 06:52, par Jeanine Debo En réponse à : Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

    c’est bien l’heure du positionnement politique !
    Ma cousine Djénéba Djan de Nouna veut aussi être ministre et pourquoi pas présidente de transition !

  • Le 4 novembre 2014 à 09:01, par Feu En réponse à : Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

    Merci Professeur pour ce message plein d’enseignement. Félicitation au peuple et à ces militaires qui sont du coté du peuple.

  • Le 4 novembre 2014 à 09:46, par Le progressiste En réponse à : Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

    Merci bien Professeur pour cette hauteur de vue. Que cette transition soit le parchemin d’une démocratie populaire au service du développement et du bien-être dans notre cher Burkina.

  • Le 4 novembre 2014 à 10:35, par Koudraogo Ouedraogo En réponse à : Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

    Je dois avouer ma grande déception lorsque, en pleine révolution du peuple, Boukary, le « lion du Bulkiemdé » fonçait a la radio pour un communique ! Putsch manque ? L’histoire nous le dira. Toujours est-il que, peu après la foule a commencé à scander “Louge, au pouvoir !” L’armée a tellement conditionne les esprits que personne ou presque ne s’imagine un civil diriger ce pays ! Moi j’ai 40 ans et je ne me rappelle que les Saye-Zerbo, Jean-Baptiste, Sankara et Compaore !
    J’ai déjà dit que je me suis mis de côté pour voir la révolution de 1998 être sapée par les accords de 2000 ! Cette fois, que les uns et les autres soient avertis ! Si Jamais …
    Quand certains écervelés , disent que c’est leur victoire et que nous verrons notre capacité de mobilisation, je pense qu’ils ont vite compris dimanche pas deux fois !
    L’armée, c’est dans les casernes pour toujours ! Simple maintien de l’ordre à la TNB, ils ont déposé un cadavre par des tirs de sommations en plus ! Quand même ! Même mon fils qui n’a que 3 ans saurait effectuer un tel tir si je lui expliquais !

  • Le 4 novembre 2014 à 10:39 En réponse à : Consolidons les acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014

    Vraiement triste Pr. Vous aviez profité ce ce système vous faire tous les diplômes et titres académiques sans considérations par vos étudiants qui cherchent jour et nuit avoir des bourses pour faire un troisième cycle. Vous etres devenu consultant international sans avoir créer une vraie entreprise qui reduit le chomage. De quel droit vous vous presenter ? Vous n’aviez pas écrit pour nous donner une autre manière d’apprécier la situation économique catastrophique du regime. On ne vous ait pas vu à la place de la nation de peur de vous faire tuer . Vous aimez trop la vie pour mourir facilement. Nous connaissons nos intellectuelle ayant contribuer à la chute du REGIME FASCISTE DE BLAISE.
    Se sont sans doute les premiers : DABIRE, SOME, KAM, et IBRIGA, LOADA, ainsi que les vrais patriotes KORO YAMYELE, KA et autres dont je pourrai finir la liste . Vos analyses actuellement sont inutiles. Vous faites honte à la jeunesse. Vous n"’etes pas un modèle.......... De grâce épargner nous de vos histoires à dormir debout et démissionner tout simplement ou aller les accompagner en cote d’ivoire...... YELKAYE

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme