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Editorial de Sidwaya : Perdre ou gagner dignement

Publié le mercredi 5 décembre 2012 à 00h55min

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Editorial de Sidwaya : Perdre ou gagner dignement

Le Burkina Faso a franchi ce 2 décembre, une étape importante de son processus démocratique. En effet, plusieurs millions de Burkinabè se sont rendus dans des bureaux de vote pour élire leurs représentants à l’Assemblée nationale et dans les différents conseils municipaux. Dans les annales de l’histoire politique de notre pays, ces présentes élections sont classées dans le registre du « jamais-vu » ! Un double scrutin (élections législatives et municipales) ; participation record des partis politiques (74 partis en lice pour les législatives et 81 pour les municipales) ; introduction de la biométrie, du VSAT et non des moindres, une pluie rafraîchissante en ce mois de décembre, etc.

Sur le terrain politique, on a constaté par moments, des bouchons. Les voies et les pistes autrefois très dégagées semblent désormais plus étroites. Le Burkina Faso n’est pas devenu plus grand ou plus spacieux mais les ambitions des partis et leur nombre sont allés crescendo. L’enjeu est tel qu’on a craint des débordements. Mais, il y a eu plus de peur que de mal.

Pendant les deux semaines de campagne, chacun des partis a pu mener librement ses activités de conquête de l’électorat. La tension est par moments montée mais pas au point de déboucher sur des actes malheureux, des actes regrettables. On a vu se côtoyer à Bobo-Dioulasso et ailleurs, des meetings CDP et UPC sur des espaces mitoyens…Chacun des acteurs y est allé de sa stratégie, de ses propositions réalistes, réalisables, superflues, utopiques… Bref ! C’est de bonne guerre, surtout que pour Georges Clémenceau , « On ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse ».

Les petits piques à l’endroit des adversaires, de même que des témoignages de militants transfuges de partis ont agrémenté, fait rigoler ou jaser pendant les meetings. Tous les moyens étaient mis en œuvre pour attirer le public vers les points de rassemblement : animations musicales, prestations d’artistes ou de masques,… Chose inédite, on a vu un meeting commencer par une démonstration de Kung-fu. Etait-ce une simple innovation ou un message ? La question reste encore posée. Au final, comme le dirait un observateur, « la campagne s’est globalement bien déroulée ».

On peut en dire de même pour le scrutin. Malgré quelques ratées constatées ça et là, les élections se sont bien déroulées. Dès 6 heures, la plupart des bureaux de vote étaient opérationnels. Même si la pluie s’est invitée à ce scrutin par endroits, force est de constater qu’après avoir mis leurs récoltes à l’abri, les électeurs sont allés accomplir leur devoir citoyen. Tout porte à croire que la démocratie, progressivement, s’installe confortablement dans les habitudes du Burkinabè. Plus le temps passe, plus le processus démocratique conquiert du terrain et l’esprit.
Les étapes d’enrôlement, de confection de listes, de campagne et de vote passées, reste maintenant celle non moins importante, la proclamation des résultats provisoires et définitifs. Une étape décisive et très sensible.

En politique, la vision selon laquelle « qui sème le vent récolte la tempête » est souvent balayée du revers de la main par les acteurs politiques. Pourtant, des atrocités vécues par des pays voisins et frères devraient nous instruire. Certains d’entre eux, malgré le fait qu’ils n’ont pas réussi à convaincre l’électorat, crieront au vol et au scandale quand viendra le moment de la proclamation des résultats ! Tout se passe comme si on pouvait récolter des carottes en semant des tomates ! Ceux-ci ignorent que faire une campagne électorale, c’est raconter une histoire de telle sorte que l’enfant qui sommeille, croit que le candidat est le seul héro crédible de l’histoire. Réussir cela, c’est se donner de fortes chances de succès. Rarement en politique, les plaintes, les complaintes, le louvoiement et autres ont produit des résultats tangibles et durables. Même en politique, les chiens ne font pas des chats. L’échec à une élection n’est pas l’échec de l’élection.

Aussi, un échec n’est pas forcément une mauvaise chose pour qui veut réussir. En cas de désaveu, au lieu de se lamenter et de chercher des boucs émissaires, mieux vaut tirer des leçons pour ne pas revivre la même chose. Chaque échec laisse une cicatrice et chaque cicatrice raconte une histoire. Une histoire qui dit : « j’ai compéti, j’ai perdu ».
Les présentes élections visent la consolidation de la paix, le renforcement de la concorde nationale et non le contraire. « Au cours des siècles, écrit Emile Zola, l’histoire des peuples n’est qu’une leçon de mutuelle tolérance ». Le Burkina Faso ne doit pas sortir de ces élections, divisé, affaibli. Car en réalité, ce qui unit la classe politique est plus fort que ce qui la divise. Les observateurs saluent déjà le calme et la sérénité qui ont caractérisé ce scrutin. Et nous, nous saluons le grand bond en avant de la démocratie dans notre pays. Un pays qui, malgré ses petits moyens, réussit de grandes choses.

La vérité des urnes ne doit faire rougir les yeux d’aucun candidat qui rêve de devenir un homme d’Etat. Un homme d’Etat, c’est celui qui domine ses sentiments et surtout ses pulsions de vengeance destructrice. Les hommes politiques burkinabè doivent être des hommes d’Etat. Et comme le recommande Voltaire, « Le seul moyen d’obliger les hommes à dire du bien de nous, c’est d’en faire ». Comme dans les vieilles démocraties, Etats-Unis, France…, que le vaincu félicite le vainqueur dans sa zone de conquête électorale afin de donner la leçon de fair-play électoral au peuple burkinabè. En tous les cas, les populations ont déjà montré la voie en se rendant massivement dans le calme, la sérénité et la convivialité aux urnes.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 5 décembre 2012 à 22:04, par yack79 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Perdre ou gagner dignement

    Bla bla...parlant des pays voisins ,vous avez oublié que les ivoiriens appelaient leur pays ;"pays de paix" ,mais nous avons tous vu ce qui s’y est passé.La paix ne signifie pas abuser du silence des autres.Quand c’est ainsi ,mon cher ami du SDWYA,ca se termine pas bien quand bien meme personne n’aurait interet à ce que notre cher BURKINA se retrouve dans la situation des autres .

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