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Dans la peau d’un policier municipal

Publié le jeudi 7 juin 2012 à 01h46min

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Lucky Luck le cow-boy solitaire grand chérif de l’Ouest, Starsky et Heutch les deux supers flics, Navarro…
Des noms et encore des noms de supers flics qui m’ont fait rêver depuis mon plus jeune âge. Je serai flic au pays des hommes intègres, je résoudrai des affaires compliquées, j’arrêterai des voleurs sur un cheval blanc comme Lucky Luck, je serai dans une belle tenue kaki avec un beau fusil sur les lieux du crime, à l’heure SVP (ça c’est très important puisque seul les supers flics font cela). Ah si c’est le rêve, j’ai rêvé.

Mon oncle Bernard alors flic peu admiré dans la famille était ma seule passion. Je le regardais cirer ses bottes tous les matins. Il était si beau et je ne comprenais pas pourquoi les autres parlaient si mal de lui. Sa femme le traitait de bon à rien, ma mère d’irresponsable et son logeur d’insolvable.

Quelques années plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui j’ai compris. Je suis comme mon oncle Bernard. Policier municipal ! Quelle ne fut ma fierté le jour où pour la première fois j’ai porté la tenue, le fameux uniforme kaki. Mes fantasmes allaient prendre vie.

Désillusions.

La police de Ouagadougou ce n’est pas comme dans New York unité spéciale ou Miami section criminelle. Dans ces séries, le policier roule en Hummer 4×4, sort avec une petite amie miss monde et dort dans un appartement de luxe. Policier du Burkina possède une poche trouée, une vieille moto et s’il a la chance, une femme. Salaire dérisoire ; patrons difficiles ; et usagers irrespectueux.

Pourtant je ne fais que mon travail. A la circulation je suis posté sous le soleil, avec pour seul abris mon béret, de 6h30 à12 h30 et de 15h à 17h30 presque 8heures de travail. Essayez de faire 1H au soleil de Ouagadougou (39 ou 40 degré) … Je suis et reste un être humain haut de 1mètre 80 âgé de 30 ans, policier certes mais toujours un être humain. Le soleil, la poussière, les fumées, les crachats, les insultes tous les jours … Si je tombe malade, je n’ai pas de réelle prise en charge, rien que 50%. C’est bien mais ce n’est pas arrivé. Mais bravo à la mutuelle qui souvent fait un effort de soutien. Mais à ce rythme c’est ma vie que je mets en jeu. Serais-je un jour un vieillard ?

Revenons sur le respect de mon corps. Voilà la phrase qui m’énerve le plus « petit si tu prends mes papiers tu viendras me les remettre à mon bureau ». Une phrase d’arriviste, mal éduqué qui me prouve que le sacrifice que je fais tous les jours ne sert à rien. Et un gars comme cela, si je ne fais pas attention, réellement le patron me renverra lui remettre ses papiers avec des excuses. Mais un citoyen hors la loi peut-il être au dessus de la loi ? Ici à la police municipale c’est possible. Ne cherche pas de problèmes. La politique et les accointances personnelles s’en mêlent, même un petit conseiller se gonfle la poitrine et te crache dessus pendant que Tébguéré, le maire de la ville, qui est une autorité ne fait pas cela. Yen a marre ! Je mérite du respect !

Après dix ans de service, y compris les avancements et augmentations de salaires, je n’ai pas 100000 FCFA de salaires. Je crois que j’ai le droit d’être aigri.

Pitié donnez nous nos concours professionnels chaque année avec des quotas bien déterminés.

Quant aux reclassements ils sont les bienvenus.

Dans le temps, le ministre de l’Administration territoriale avait promis des textes pour l’amélioration de nos conditions de vie en juin 2011… Jusqu’à présent ce ministre est aujourd’hui à la sécurité et à l’administration territoriale mais hélas rien n’est fait. C’est une honte pour moi d’être corrompu sur la voie publique mais c’est juste pour survivre. Surtout que les en haut de en haut, devant lesquels je serre les fesses, eux ont dit même qu’ils sont corrompus, ils sont la corruption personnalisée et magnifiée.

Le Burkina avance dit on, mais moi policier, je recule. Grâce à moi il y a moins d’acc idents, grâce à moi les gens arrivent dans une certaine mesure à vivre tranquille. Mais juste pour philosopher je fais le bien à tout le monde, mais à moi qui me fera du bien ? Y a t-il un avenir dans ce métier ?

Mais un big up aux enfants qui sont les seuls qui nous respectent. Mais hélas le comportement de leurs parents leur fera changer d’avis très bientôt. Juste une petite Raï’S qui s’est infiltré dans le corps d’un policier. Mais de réelles préoccupations à prendre en compte. Bye

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 7 juin 2012 à 10:26, par Ibrahim En réponse à : Dans la peau d’un policier municipal

    Simplement réel ce qui est dit dans ce texte. J’en ai honte de savoir que souvent dans la circulation, je me surprends à les considérer comme des emmerdeurs. Je suis vraiment désolé pour mon attitude. Bon courage les gars et vous pourrez compter sur moi pour tous les égards qui vous sont dus. Très sincèrement

  • Le 7 juin 2012 à 13:26, par opi En réponse à : Dans la peau d’un policier municipal

    Courage les gars, votre situation n’est pas enviable mais cela changera bientôt...

    Courage !!!

  • Le 8 juin 2012 à 12:54, par punisher En réponse à : Dans la peau d’un policier municipal

    du courage mon très cher policier tu me dira qu’on ta trop encourager et ça ne vas pas toujours .l’incivisme et l’impolitesse de individu m’indigne mais en Afrique l’incivisme est le quotidien bon vent au métier

  • Le 25 juin 2012 à 11:11 En réponse à : Dans la peau d’un policier municipal

    Bonjour mon frère. vraiment je me comportais mal avec mon pauvre mari Policier, croyant qu’il gerait un 2ème bureau. et pourtant non. la raison ! je pensais qu’il avait un bon salaire djàà je me tompais. avec les affectations, on avait nos trois parcelles nons loties, que nous avons tous payer. sommes 45 000 f non résident pourtant on l’était. vu les affectations. je vous assure que jusqu’à l(heure ou je vous parle, nous sommes revenues, plus de non loties, pas de parcelles loties et nous sommes en locations avec nos enfants et petits enfants pendent qu’il ne lui reste que quelques années pour aller à la retraite. et nous crions au secours aux conditions de vies de nos maris et nous mêmes.

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