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Autant le dire… : Que faire de notre université publique ?

Publié le mercredi 23 mai 2012 à 03h07min

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Au Gabon, les étudiants de l’Université Omar Bongo (UOB) ont marché pour demander aux hommes politiques de les laisser étudier. « Nous ne voulons plus être des objets à votre solde », « Halte à l’instrumentalisation des étudiants » ; « Nous voulons une universitaire du savoir et non de politiciens ». Ont scandé des centaines d’étudiants qui sont allées rencontrer le Premier ministre pour manifester leur ras-le-bol. Parce qu’ils ne pouvaient plus. L’année universitaire est constamment en retard consécutif aux multiples grèves des étudiants et des enseignants. Des grèves souvent peu justifiées car certaines ne valent pas du tout la peine. Autrement, pour un oui ou pour un non, les étudiants vont en grève.

Pour un oui ou pour un non, les enseignants vont en grève. Avec comme substrat des revendications politiciennes guidées par des politiciens tapis dans l’ombre. La conséquence est que le temple du savoir s’est transformé en temple de querelles politiciennes dont les premiers perdants sont les étudiants eux-mêmes. On comprend donc qu’au Gabon, ils aient compris que leur intérêt ne se trouve pas pour l’instant dans la politique.

En Côte d’Ivoire, à son arrivée au pouvoir, Alassane Ouattara a dû procéder à la fermeture des universités. Pour d’abord refaire les mentalités, mais également les infrastructures. Pour que l’Université, avec grand U, retrouve sa vocation première qui est de former des cadres compétents pour assurer la relève tant dans l’administration que dans le domaine politique assaini. Il est en passe de réussir son pari. Car l’université en Côte d’Ivoire était suffisamment infiltrée par les politiciens qui y recrutaient. Tant au sein des étudiants que des enseignants. Tant et si bien que progressivement, celle-ci s’est muée en un lieu d’affrontement politique, mais surtout physique. Au détriment de la formation, de l’encadrement et de la recherche.

Au Burkina Faso, si nous ne sommes pas encore à ce stade, nous n’en sommes pas très loin. L’année scolaire et universitaire 2011-2012 tire à sa fin. Si au scolaire cela est bien réel, au niveau universitaire les fortunes sont diverses. A l’Université de Bobo-Dioulasso, les cours quand bien ils ont été perturbés en début d’année, se déroulent normalement. Si bien que le calendrier universitaire est en passe d’être respecté. Mais dans les autres universités, notamment à Ouagadougou, la situation est très peu enviable. Elle interpelle plus d’un. Au jour d’aujourd’hui, des étudiants qui ont réussi au baccalauréat en 2011, inscrits à l’université pour l’année 2011-2012 n’ont pas encore franchi le seuil des amphithéâtres.

Parce que l’année universitaire 2010-2011 n’est pas encore achevée. Et elle est loin de l’être d’autant plus que dans des unités universitaires, les sessions ne sont pas encore terminées. C’est dire à quel point le retard est considérable. Peut-on véritablement rattraper tout ce retard-là ? Pendant que les plus optimistes parlent de deux ans pour rentrer dans un calendrier universitaire normal, les plus pessimistes pensent que va falloir casser pour remettre de l’ordre. Dans un cas comme dans l’autre, les premiers perdants sont les étudiants. Dont certains sont en train de perdre inutilement du temps à l’université alors qu’ils auraient dû finir leurs études et se mettre à la vie active. Pendant ce temps, les politiques qui ont passé leur temps, depuis 1983, et même avant à les instrumentaliser pour assouvir leurs intérêts progressent dans leur vie professionnelle et politique.

C’est pourquoi, il va falloir qu’à un moment donné, les étudiants comprennent que leur bonheur se trouve plutôt dans les études et que leurs intérêts peuvent être défendus par des organisations syndicales estudiantines véritablement débarrassées des politiciens. Car de la manière dont se présente la situation, même s’il faut attendre deux ans, au bout du compte, on finira par s’arrêter pour reprendre. Ce sera dommage puisque chacun de nous aura contribué négativement à une telle situation.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 23 mai 2012 à 09:25 En réponse à : Autant le dire… : Que faire de notre université publique ?

    Merci d’évoquer ce sujet. On ne sait plus à quel saint se vouer. Dans quelques jours, ce sera le baccalauréat 2012 ! Où iront les admis si on sait que ceux de 2011 n’ont pas encore commencé les cours ? J’ai les larmes aux yeux !! Surtout pour les étudiants dont les parents n’ont pas les moyens pour les envoyer étudier à l’extérieur. pauvre de nous !!

  • Le 23 mai 2012 à 12:05, par l’étranger venu de loin En réponse à : Autant le dire… : Que faire de notre université publique ?

    tout a fait daccord avec cette analyse

  • Le 23 mai 2012 à 12:32, par highlander En réponse à : Autant le dire… : Que faire de notre université publique ?

    je partage partiellement votre point de vue. si on peut être d’accord qu’il y a un travail de conscientisation au niveau des étudiants, il y a egalement a fustiger la politique de l’education des dirigeants qui est sans vision et sans prevision.

  • Le 23 mai 2012 à 14:08, par un médecin en privé En réponse à : Autant le dire… : Que faire de notre université publique ?

    Bonjour,
    j’ai l’impression que pour ce journaliste, il va falloir fermer l’université comme ADO l’a fait en CI. je suis sur qu’il n’a aucun enfant dans cette université, sinon, il ne parlerait pas ainsi. toutes les solutions doivent etre envisagées sans passer par une immobilisation totale de l’institution. on connait les conséquences de l’année invalidée sur les jeunes de l’époque et sur l’université en général ; d’ailleurs, ce sont ses conséquences qui continuent de se faire sentir jusqu’à ce jour. il est clair que la fermeture n’est pas une solution ; sinon nous n’en serions pas là aujourd’hui.gare au régime s’il décide encore de brimer les enfants des autres ; leurs enfants ne sont pas à l’uo. nous serons tous dans la rue avec nos enfants
    Merci

  • Le 23 mai 2012 à 14:30 En réponse à : Autant le dire… : Que faire de notre université publique ?

    Vous avez tout à fait raison. Les politiciens ont tout tué dans ce pays. L’administration est aujourd’hui paralysé à cause d’eux. Plus rien ne marche. Dans mon ministère, c’est le chaos total. On ne sait pas où on va. Les services ne disposent de rien. Les gens pillent le peu qui est là. On ne peut plus fonctionner.
    On ne peut que prévoir réagir un jour contre tout ça.

  • Le 23 mai 2012 à 15:47, par Croyance En réponse à : Autant le dire… : Que faire de notre université publique ?

    Dur dur d’être étudiant au Faso. J’ai un ami qui attend depuis 2008 pour soutenir son DEA qu’il a entamé en fin 2006. Une fois, il s’est plaint auprès de son Directeur de Mémoire qui lui a fait savoir qu’il était en son pouvoir de le faire soutenir ou non. Il a rencontré le Directeur adjoint de son UFR, le chargé des études doctorales ; envoyé des médiateurs : rien n’y fit. Tous ont peur de ce Prof "Tout puissant" qui fait et défait l’avenir des étudiants. Alors, vous pensez qu’on va avancer comme ça, avec cette université qui marche contre le temps ? En tout cas, mon ami n’est pas prêt à entamer une thèse dans cette université où les anciens ne préparent que leurs propres enfants pour la relève et pas nous, les enfants de "Yirimoaga".

  • Le 24 mai 2012 à 17:11 En réponse à : Autant le dire… : Que faire de notre université publique ?

    M. le journaliste, je ne partage pas totalement votre point de vue. Car si vous avez été étudiant, vous devriez comprendre que ce sont les conditions de vie et d’étude qui contraignent à la grève. Aucun étudiant sérieux ne peut souhaiter une grève sans raison valable. Il faut savoir aussi que c’est à l’université qu’on forme les grands hommes politiques. On doit ressortir de l’université avec un bagage politique et ce n’est pas dans la vie active qu’on apprend à faire la politique ; mais je précise tout de même que dans certains pays, il ya des interférences qui font échouer l’université dans sa mission de former.

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