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Autant le dire… : Blaise Compaoré a eu « vraie médiation » maintenant

Publié le mardi 15 mai 2012 à 02h00min

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Médiateur « en chef » dans la sous-région, et même au-delà, Blaise Compaoré et son ministre Djibril Bassolé ont eu « vraie médiation » maintenant au Mali. Entre les ambitions clairement affichées des putschistes de conduire la transition dans un délai jusqu’à présent inconnu, quoi qu’il advienne, et l’opposition d’une partie de l’armée et de forces politiques civiles à cette éventualité, ils doivent trouver le juste milieu. La situation est d’autant plus difficile et compliquée que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne l’a pas laissé travailler sur les bases de son premier accord-cadre de retour à une vie constitutionnelle. Les mesures prises au sommet d’Abidjan d’envoyer une force militaire de sécurisation du processus de transition et la fixation jugée unilatérale de la durée de cette même transition ont mis les putschistes hors d’eux.

Et depuis, ils ne décolèrent et ne fléchissent pas. Puis, la situation se complique davantage avec l’occupation de plus de 60 % du territoire malien par des islamistes, des touaregs et des bandes armées. Puisque nécessairement, il faut réunifier le Mali, procéder à des élections générales transparentes et équitables avant de parler de retour véritable à une vie constitutionnelle. En plus de tout cela, le médiateur doit tenir compte des pays du « champ », directement concernés par la crise et dont les approches par rapport à la résolution du conflit au nord malien ne sont pas les mêmes. Il s’agit de l’Algérie, de la Mauritanie (dont le chef de l’Etat s’est exprimé en début de crise sur la situation sur TV5Monde) et du Niger (qui fait partie de la CEDEAO).

Au Mali, comme ce fut en Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré doit être très prudent. Autant nous avons des ressortissants au Mali, autant le Mali en a chez nous. Le nombre déjà important de réfugiés au Burkina en dit long sur la qualité et la délicatesse de nos relations.
Seulement, pour réunifier le Mali et le remettre sur les rails de la démocratie et du développement, il faut parler « gbê* » à Haya Sanogo et sa bande. Les temps ont changé, et leur mentalité doit aller avec. Il y a 20 ans quand Amadou Toumani Touré prenait le pouvoir, le Mali n’était pas un pays démocratique. Il n’y avait pas de Constitution et de président démocratiquement élu. Autrement, rien ne prévoyait une transition. Si bien que ceux qui avaient perpétré le coup de force étaient les mieux indiqués pour assurer la transition.

Et cela était d’autant plus normal et accepté de tous qu’ils avaient donné la garantie d’assurer au Mali une véritable démocratie. Aussi, sans intervention extérieure ou intérieure aucune, ils ont organisé des élections, remis le pouvoir aux civils. Et sont repartis dans les casernes, comme ils y étaient venus.

Mais, dans le cas précis, Haya Sanogo et ses camarades veulent faire vraiment la force à tout le monde. Y compris le médiateur. En disant qu’ils sont sûrs que Blaise Compaoré ne va pas les trahir en tant que « Kôrô » dans l’armée et dans la vie politique tout court, et en faisant de l’accord-cadre leur seule feuille de route, ils cherchent des échappatoires. A moins que Blaise Compaoré leur ait promis quelque chose. Ce qui est évident, c’est qu’il est inadmissible de laisser les putschistes conduire la transition au Mali. A quel titre d’ailleurs ?
Aussi, la CEDEAO doit-elle rester ferme sur ses positions.

Les putschistes prennent leurs rêves pour des vérités. Si le 22 mai prochain, Haya Sanogo s’empare du pouvoir, il aura réalisé en trois mois son deuxième coup d’Etat. Il sera donc traité comme tel. Et le Mali sera soumis, une fois de plus aux sanctions y afférentes. Inévitablement, et c’est malheureux, c’est vers cette situation chaotique que le Mali est en train de tendre. Alors que le Nord du pays est occupé par des bandes islamistes qui font à la limite de la provocation. On a envie de dire tout simplement merde. Le Mali ne mérite pas un tel homme.

Dabaoué Audrianne KANI

L’express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 15 mai 2012 à 08:41 En réponse à : Autant le dire… : Blaisepaoré a eu « vraie médiation » maintenant

    j’aime bien que blaise s’occupe des maliens ; mais a-t-il fini de s’occuper de nous ? de nos populations qui crèvent déjà de faim ? de la vie chère au faso ? Non !!!
    or pourtant, comme dirait l’autre, c’est cette frange de la population démunie qui l’a installé à kosyam ; car ayant voté pour lui seulement par reconnaissance faciale pour beaucoup ou par recommandation d’un fils ou d’une fille "éclairé (e)".
    Il est temps que blaise pose ses valises pour s’occuper plus que jamais des burkinabé

  • Le 15 mai 2012 à 09:54, par Aliende En réponse à : Autant le dire… : Blaise Compaoré a eu « vraie médiation » maintenant

    Le ministre des affaires "compliquées" de l’espace UEMOA !!!
    On ne se démène pas pour éteindre le feu chez le voisin quand chez soi même n’est pas sécurisé !!!
    Et avec trop de non-dits !!!
    Bon vent à lui !!!

  • Le 15 mai 2012 à 10:00, par Alain En réponse à : Autant le dire… : Blaise Compaoré a eu « vraie médiation » maintenant

    Je crois que la CEDEAO tient un double langage. En Guinée Bissau elle a accepté qu’un putchiste dirige la transition. Au Mali, elle ne l’entend pas de cette oreille.
    Il appartient à la CEDEAO d’être cohérent dans sa démarche dans l’espace CEDEAO. Il y va de la survie de la démocratie dans sous région.

  • Le 15 mai 2012 à 10:14 En réponse à : Autant le dire… : Blaise Compaoré a eu « vraie médiation » maintenant

    Je partage bien ton avis, mais comme dirait l’autre : "tous les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent". Si le peuple malien a été salué pour avoir renversé Moussa TRAORE, il lui appartient également de renvoyer SANOGO et consort là d’où ils viennent. On ne peut être plus royaliste que le roi...

  • Le 15 mai 2012 à 13:34, par GOIKO Madarne Sidnoma 2 En réponse à : Autant le dire… : Blaise Compaoré a eu « vraie médiation » maintenant

    je crois que les gens ne voient pas la réalité. Dans de nombreux pays, des militaires ont pris des armes et en fin de compte ils se sont faits de la promotion. Combien de militaires ivoiriens ont grandi en grade dans cette crise sans passer par les procédures normales ? c’est ce que convoitent aussi les maliens ; ils veulent bien de la promotion et renoncer au pouvoir. Mais ,il ne faut pas encourager ces genres de choses, sinon l’Afrique sera un continent de coup d’Etat. Attention Blaise, ce que tu as promis en bas, il faut gérer sinon l’étau va se resserrer sur toi.

  • Le 15 mai 2012 à 14:36, par coul En réponse à : Autant le dire… : Blaise Compaoré a eu « vraie médiation » maintenant

    sale capitaine apatride, il a perpétré un coup inutile qui a précipité la partition de son pays et mis son armée, en débandade, dans une situation qui ne lui laisse aucune possibilité de reconquir le Nord aux mains des bandits armés.

    Il faut qu’on soit clair dans la fermeté avec cet individu. Il ne fait rien pour son pays et au contraire il lui nuit gravement.
    S’il s’entête à reprendre le pouvoir, que la CEDEAO envoie des forces le chercher car de toute façon, c’est inévitable ; les groupes armés ne vont jamais renoncer à leurs velléités sécessionnistes et islamistes tant qu’ils ne seront pas acculés par une force contraignante et il faut le dire haut et fort, l’armée malienne est dans l’incapacité totale de reprendre le contrôle du Nord du pays.

    A la CEDEAO de prendre ses responabilités

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