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COOPERATION AVEC TAIWAN : Le Burkina tire-t-il le meilleur parti ?

Publié le mardi 10 avril 2012 à 02h00min

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Chose promise, chose due. Le président taïwanais avait promis à son homologue burkinabè, Blaise Compaoré, qu’il braverait monts et soleil pour fouler un jour la terre des « Hommes intègres » dont on parle tant. C’était lors du séjour du président du Faso à Taïpei en octobre dernier, dans le cadre de la célébration du centenaire de Taïwan. C’est désormais chose faite, puisque Ma Ying Jeou, le président taïwanais, est arrivé au pays des « Hommes intègres » au moment où les fidèles chrétiens du pays célébraient la résurrection du Christ. L’homme a donc tenu promesse. Il a compris, comme le dit l’adage, que les meilleurs amis sont ceux qui, en dépit de la distance physique qui les sépare, se rendent visite.

Et c’est pourquoi douze jours durant, il se rendra successivement, bien entendu après le Burkina, en Gambie, à Sao Tomé et au Swaziland. Comprenez donc qu’il s’agit d’une visite de courtoisie à tous ces pays africains qui ont décidé de coopérer avec l’ancienne île de Formose, s’attirant ainsi la furie de la Chine continentale qui reste constante dans sa logique : « Quiconque coopère avec la Chine Taïwan est contre moi ». C’est donc un choix politique qu’ont fait ces différents pays africains, avec le Burkina comme chef de file des soutiens de Taïwan dans sa quête permanente de reconnaissance internationale.

On se demande parfois, toutes proportions gardées, si le soutien politique et diplomatique qu’apporte le Burkina Faso à la République de Chine Taïwan est comparable à ce que cette dernière fait comme investissements au pays des « Hommes intègres ». Question à plusieurs tiroirs. En tout état de cause, depuis la reprise de la coopération bilatérale entre le Burkina et la Chine Taïwan en février 1994, beaucoup d’œuvres sociales ont été réalisées. Parmi ces réalisations, on dénombre des centres sanitaires, la plaine aménagée de Bagré, le centre de formation professionnelle de Ziniaré, sans oublier le célèbre hôpital national Blaise Compaoré. Au fait, il serait ingrat de ne pas relever les dizaines d’étudiants burkinabè qui, au nom de cette coopération, vont d’année en année se former en Taïwan. Et pas plus tard qu’en octobre dernier, il a été signé un nouvel accord sur le régime de visas entre le Burkina et la Chine Taïwan en vue de permettre la libre circulation entre les peuples des deux pays. Que de retombées positives ! Seulement, à l’analyse, on se demande si le Burkina ne pouvait pas tirer plus que ce qu’il en gagne actuellement. D’autant que la Chine Taïwan n’assortit pas son aide de conditionnalités comme le font bien des pays européens ou américains. Sans courir le risque de se vassaliser, le Burkina pourrait gagner plus dans sa coopération avec Taïwan pour autant qu’il renforce sa politique de valorisation du capital humain. C’est le seul moyen de pouvoir un jour devenir autonome.

Boundi OUOBA

Le Pays

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