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<I>Une lettre pour Laye</I>(20/08/04) : Rencontre Blaise Compaoré-Joseph Ki-Zerbo à Ziniaré

Publié le vendredi 20 août 2004 à 08h01min

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Cher Wambi,

Je l’ai appris plusieurs jours après, mais l’affaire m’a semblé très importante pour qu’on n’en parle pas : le professeur Joseph Ki-Zerbo, naguère chef de file (non désigné officiellement) de l’opposition, a été reçu ces derniers temps par le président Blaise Compaoré. C’était à sa résidence de Ziniaré. Compte tenu du poids politique de ces deux personnalités, on présume bien que ce fut l’occasion d’un entretien de haute portée.

En effet, sauf erreur ou omission, il y a bien longtemps que les deux hommes ne s’étaient rencontrés à huis clos. Qu’est allé faire le président du PDP/PS de nuit à Ziniaré ? Je ne saurais vraiment le dire, car rien jusqu’à présent n’a filtré de leur entretien. Cependant, on imagine bien que la présidentielle de 2005 et le statut de chef de file de l’opposition reconnu à Gilbert Ouédraogo de l’ADF/RDA ont été à l’ordre du jour.


On dirait qu’il y a quelque chose qui se prépare... politiquement. Et la présidentielle de 2005 n’est peut-être pas étrangère aux randonnées et rencontres Cdépistes de ces derniers jours. Depuis plusieurs semaines, des responsables du CDP font des tournées provinciales pour mettre en place leurs structures notamment les unions. C’est ainsi que Bobo et Banfora ont reçu la visite de dirigeants du parti majoritaire, et que d’autres régions suivront.

Au Kadiogo, le secrétaire chargé de la Jeunesse du CDP, Salifou Sawadogo, et celle chargée des femmes, Fatou Diendéré, ont fait la ronde des 5 arrondissements de Ouagadougou. Les mêmes messages ont été délivrés aux militants : rappel des conclusions du Congrès d’août 2003, mais également de la directive portant modalités de mise en place des structures locales des unions. Une union comprend en fait :
le comité du village ou du secteur ;
la coordination départementale ou d’arrondissement ;
la coordination provinciale ;
l’union au plan national.


Seulement quelque un mois après la visite effectuée par le ministre des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat, Hippolite Lingani, sur le chantier à problèmes du tronçon Boromo-Pâ sur la nationale 1, les usagers en sont encore à grincer des dents. Tu n’es pas sans savoir que les bailleurs de fonds avaient élevé une vive protestation face à la mauvaise exécution des travaux de bitumage confiés à l’entreprise Razel. Sommée de les reprendre, elle est depuis donc sur le terrain, mais tout laisse croire que ç’en est fini de ce tronçon.

Les milliards engloutis n’auront en tout cas pas servi à quelque chose de tangible, puisqu’après les premières pluies de la saison, les nids-de-poules et autres dindons ont réapparu. Aussi bien au ministère qu’à la délégation de l’Union européenne, qui a financé les travaux, on doit bien se poser des questions. Pour ma part, j’ai hâte de connaître les conclusions qui en seront tirées. Car scandaleux, ce dossier semble l’être vraiment, et il va falloir tirer les choses au clair.


Les premiers jours du mois d’août, cher cousin, les habitants de Sampiéri et de Mantougou dans le Gourma ont déterré la hache de guerre. Selon une correspondance anonyme datée du 3 août 2004 et que j’ai reçue de Fada, la terre serait encore le mobile du différend entre les villageois qui se seraient battus à coups de fusils. L’auteur de l’écrit déplore la détention illégale d’armes à feu par certaines personnes, qui s’en servent pour tuer en toute impunité. Ce dossier, ajoute-t-il, peut être assimilé à celui de Sakoani et de Balgou, qui a fait lui aussi tant de morts, puisqu’il est classé sans suite dans les tiroirs de l’administration.

Le risque est grand que des individus en viennent à vouloir se faire justice eux-mêmes. J’en veux pour preuve cette menace de l’auteur de la lettre de se faire entendre : "...j’ai ciblé des gens que je vais assassiner s’il n’y a pas de suite ou si c’est mal tranché. Je ne comprends pas que des autorités soient sans pouvoir bien trancher les problèmes des gens.

Chaque fois, c’est le plus faible qui en pâtit. Ne soyez pas pressés de me connaître, car si...". Ainsi donc a-t-il parlé. Un message que recevra l’autorité certainement 5 sur 5 comme on dit. Mais une fois encore, cher cousin, a-t-on le droit de se faire justice soi-même ? Pour ta gouverne, cher cousin, Sampiéri et Mantougou sont les patelins du capitaine Ouali Luther Diapagri et de Benoît Lompo de l’Opposition burkinabè unie (OBU).


Ce n’est certainement pas pour demain le retour de la paix dans les pays des Grands Lacs, où le Burkina compte nombre d’officiers militaires parmi les forces onusiennes. Tu as dû sans doute l’apprendre, plus d’une centaine de Congolais réfugiés en territoire burundais viennent d’être froidement abattus. Evidemment, les forces congolaises et burundaises en sont à se renvoyer la balle. Qui sont les auteurs de ces crimes ?

En tout cas en RDC et au Burundi, la colère monte et on parle même d’une reprise imminente des combats. Les forces onusiennes stationnées en zone frontalière sont aujourd’hui la cible des Congolais, qui se demandent à quoi elles servent vraiment, si elles sont incapables de protéger les populations civiles contre les exactions des rebelles. A ce qu’on dit, pour éviter l’irréparable, l’ONU aurait rappelé ses éléments à Kinshasa, la capitale de la RDC, juste le temps d’arrêter une nouvelle stratégie d’intervention.

Les éléments du contingent burkinabè qui s’y trouve seraient sains et saufs. Cher cousin, ce qui arrive aujourd’hui aux pays africains en conflits m’impose une interrogation. Pourquoi nos grands-parents, eux, ont-ils pu batailler dur pour sauver la France en 39-45, alors que ses soldats déployés ou débarqués chez nous au 21e siècle sont incapables d’y maintenir l’ordre et la paix ? Triste est l’Afrique, qui ne cesse de compter ses morts et qui semble abandonnée de tous les dieux.


Avant de feuilleter avec toi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, je t’informe de l’invitation à toi adressée par les grandes familles Kalenzaga, Sawadogo et Ouédraogo à Ouaga, Kaya, Bobo, Oualga, Légoué et Delga aux cérémonies commémoratives du décès de Christophe Kalenzaga (1910-1994), de son fils André Kalenzaga (1942-1994), et de son épouse Maria Kalenzaga (1917-1997) ce week-end à Ouagadougou.

Ces cérémonies seront marquées par :
une veillée de prières au domicile familial à Koulouba (secteur 4) ce samedi de 21h à 22h 30 ;
une messe en la cathédrale de l’Immaculée Conception à partir de 9h 00 le dimanche ;
un repas du souvenir au domicile familial à l’issue de la messe à partir de 12h 00. Pour mémoire, Christophe Kalenzaga, un des hommes politiques burkinabè de la toute première génération, fut sénateur et premier ambassadeur de notre pays à Bonn en République fédérale d’Allemagne. Cela dit cher cousin :


- Sur demande du gouvernement, Roch Marc Christian Kaboré a convoqué les députés pour une session extraordinaire qui débutera le 1er septembre prochain. Ce retour à l’hémicycle sera consacré à l’examen de plusieurs projets de lois importants notamment : un projet de loi portant code du travail ; un autre portant promulgation de la loi sur l’organisation judiciaire du Burkina Faso ; un troisième portant loi de finances rectificative, gestion 2004 ; un projet de loi portant création des Tribunaux de grande instance (TGI) de Bogandé, Boromo, Kongoussi, Léo, Manga, Yako et Ziniaré ; enfin un projet de loi portant création d’un Fonds séquestre qui modifiera l’article 607 du code de procédure civile. Un Fonds séquestre est en fait un Fonds dans lequel on conserve les droits que les entreprises doivent verser aux travailleurs en cas de conflit du travail.

Ainsi si les droits d’un travailleur ont été reconnus en première instance lors d’un jugement, l’entreprise paye ses droits à l’intéressé. Mais l’entreprise peut aller en appel ou en cassation et dans ce cas il faut attendre que l’affaire tombe dans la chose jugée avant de décider de quoi que ce soit. Et bien sûr en attendant que la procédure soit achevée, le travailleur va traverser son désert qui lui paraîtra interminable.


- De mémoire de Burkinabè El hadj Oumarou Kanazoé est le tout premier des nationaux à avoir réalisé un ouvrage gracieusement au profit de la cité. J’en veux pour preuve l’avenue qui porte son nom au secteur 2 de la capitale et le barrage de Yako dont le Tout-Passoré peut s’enorgeuillir. En attendant qu’ils courent les rues les opérateurs économiques qui acceptent d’investir de leur propre poche pour le bien-être de leur prochain, c’est Zouhair Michel Fadoul qui semble emboîter le pas au viel El hadj de Pissy.

Après le jardin Le challenge, le Rond-point du cycliste sur le boulevard du Tansoaba, Zouhair Michel Fadoul, le plus Burkinabè des Libanais, vient de lancer gracieusement la reconstruction de la rue qui scinde la zone commerciale de Gounghin, et qui, en saison pluvieuse, défie les usagers. Un geste qui sera certainement apprécié à sa juste valeur quand on sait qu’à l’instar du Groupe Fadoul, d’autres entreprises sont situées sur cet axe, telles SOGEA-SATOM et la SOFITEX. Maintenant à qui le tour de délier les cordons de la bourse ?


Un transporteur de nationalité ivoirienne dont le nom n’est pas encore rélévé a été écroué en début de semaine à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso. Il lui est reproché d’avoir détourné dans la zone rebelle en Côte d’Ivoire un chargement de coton.

L’arrestation de ce transporteur fait suite à une plainte du richissime malien du groupe Aiglon SA, Kagnassi, qui a en charge une bonne partie de la production et du transport des produits agricoles du nord ivoirien (zone rebelle) vers le Mali, le Burkina et l’Europe. En fait de détournement, il s’agirait plutôt d’un règlement de comptes entre le groupe Aiglon et les Forces nouvelles, qui exigeraient de tous les opérateurs exerçant sur leur territoire une ristourne de 10 000 F par tonne de produits agricoles vendus.

A ce qu’on dit, cette convention ne semble pas être respectée par le groupe Aiglon, et c’est pour recouvrer leur dû que les Forces nouvelles auraient alors procédé à la saisie d’une partie du coton du groupe Aiglon, qu’elles ont par la suite vendue à d’autres opérateurs. Et c’est de là que provient le chargement du transporteur qui a été arrêté à Bobo.


- Une affaire rocambolesque de détournement de fonds, qui met en cause un certain Traoré Djarkardia, un ancien banquier à Bobo-Dioulasso, dit-on : il est aujourd’hui poursuivi pour détournement de fonds, faux et usage de faux et concurrence déloyale. L’affaire remonte à l’année dernière lorsque la Coopérative agricole Djiguiya de Ouagadougou (CADO) signa une convention avec le MPCI (aujourd’hui Forces nouvelles) pour le transport du coton graine des zones dites rebelles vers d’autres pays d’Afrique et d’Europe. Djakaridia Traoré devait dans cette affaire représenter les Forces nouvelles et défendre les intérêts du Mouvement pour ce qui est des ristournes.

Mais vite il va séduire, de part ses compétences en matière de commerce international, les responsables de la CADO, qui vont l’utiliser dans leurs transactions avec d’autres partenaires comme la SOFITEX, la CMDT au Mali et même HOUNYO en Allemagne. En tant que négociateur de contrats, Djakaridia Traoré réussira ainsi à se bâtir une solide réputation auprès de ses employeurs, qui avaient placé en lui toute leur confiance. Mais c’était sans connaître cet homme qui était plutôt de mauvaise foi et qui fomentait un complot.

Ainsi, c’est avec stupeur que les responsables de la CADO apprendront que Djakaridia Traoré avait ouvert des comptes bancaires parallèles à la BOA au Burkina et au Mali au nom de la CADO. Les virements destinés à la coopérative échouaient désormais dans ces comptes parallèles et le négociant se la coulait douce. Il s’est même payé le luxe de créer sa propre société, dénommée SOCOFIL (Société de coton et des fibres de la Léraba) pour s’approprier tous les marchés destinés à la CADO. Mis aux arrêts, Djakaridia Traoré devra répondre de ses actes. Il lui est reproché le détournement de plus de 160 000 000 FCFA.


- Le lieutenant Nitiéma Hermann, c’est ce commandant de l’escadron n°3 de la gendarmerie de Kaya, qui, depuis le mois passé, est aux arrêts pour avoir bazardé les armes de son escadron. On se rappelle, 6 autres personnes avaient été mises aux arrêts dans le cadre de la même affaire, à savoir :
Drabo Sékou, gendarme à la retraite ;
Cissé Moussa, garagiste à Ouaga ;
Fadoul Ralph, étudiant au CEFIG ;
Séré Issouf, gérant de station ;
Kafando Boureima alias Mick, chauffeur mécanicien ;
Derra Mohamadi, jardinier.
Aux dernières nouvelles, il aurait fallu de peu pour que le lieutenant Nitiéma Hermann échappe aux enquêteurs, puisqu’arrêté seulement trois jours avant sa désertion pour les USA. Décidément !


- Les ressortissants de la province du Kourittenga, réunis au sein de l’ADK, tiennent une assemblée générale extraordinaire ce samedi 21 août 2004 à partir de 8h 30 à la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO). L’ordre du jour est d’une telle importance que les absents se feraient du tort. Voudrait-on par hasard y envisager l’exportation des "cailloux blancs" ? Rien n’est moins sûr. Ceux qui semblent être dans le secret des dieux susurrent qu’il pourrait être question du programme d’activités 2004-2006 de l’Association pour le développement du Kourittenga (ADK).

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie
Au revoir

Ton cousin Passek Taalé

L’Observateur Paalga

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