LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Techniques de communication : Briser la barrière entre journalistes et statisticiens

Publié le jeudi 9 juillet 2009 à 02h33min

PARTAGER :                          

Des journalistes et des statisticiens venus de plusieurs pays d’Afrique ont expérimenté la spécificité du travail des uns et des autres, en deux semaines d’activités à travers des exercices pratiques et des séances plénières. C’est à la faveur d’une session de formation, en anglais organisée par InWent à Abidjan du 22 juin au 3 juillet 2009 sous le thème : "Relations publiques et statistiques : construire un pont entre les producteurs et les utilisateurs de données statistiques".

Le manque ou l’insuffisance de dialogue entre les producteurs et les utilisateurs de données statistiques entraîne souvent des préjugés, voire de la méfiance entre ces groupes pourtant complémentaires. Face à cette situation, l’institution internationale allemande dénommée InWent a organisé une cours en anglais sur la question regroupant à la fois lesdits producteurs et utilisateurs de données statistiques.

"D’une part, les hommes de médias ne sont pas toujours des experts en chiffres et n’ont forcément pas le réflexe d’aller vers les statisticiens avant de publier de telles données dans la presse. Et d’autre part, les statistiques non plus ne font pas l’effort de traduire les données chiffrées en un langage simple et cohérent pour les journalistes", a déploré l’un des formateurs, M. Daniel Byk. Celui-ci estime qu’il était plus que nécessaire de réunir les journalistes et les statisticiens pour leur donner l’occasion de travailler ensemble, pour renforcer leurs compétences grâce à des jeux de rôle et des exercices pratiques afin que chacun comprenne la complexité de la tâche de l’autre.

Les travaux ont permis aux journalistes d’avoir un niveau minimum de connaissance de la lecture d’informations statistiques et de calcul de base de données tandis que les statisticiens se sont enrichis en techniques de communication de base, en temps normal et en période de crise. Ils se sont exercés à l’organisation de conférence de presse aux interviews, à la rédaction de communiqués de presse, entre autres. Au sortir des travaux, les participants ont recommandé que les instituts de statistique des pays africains adoptent une approche orientée vers les besoins des médias afin que les journalistes puissent rendre compte des politiques publiques, à l’aide d’informations fiables.

Pour Mme Monika Hoegen, une experte en communication pour le développement, la communication est au cœur de toute entreprise humaine. "Il faut que chacun de vous demeure dans sa profession et y persévère qu’il soit journaliste ou statisticien. Il n’est pas question de changer de métier mais de comprendre celui de l’autre", insistera-t-elle à l’endroit des participants. "J’espère que chacun a compris maintenant son rôle et son travail et que c’est le début d’un partenariat à vie en vous", a-t-elle suggéré. La formation à Abidjan a été précédée d’une session préparatoire via internet durant laquelle les participants s’étaient préparés à affronter la phase pratique.

La formation se poursuivra grâce à l’outil électronique d’autant plus que les organisateurs ont décidé d’accompagner les participants durant les douze mois à venir à travers des activités de suivi-évaluation.
Les journalistes et statisticiens sont venus de la Zambie, de l’Afrique du Sud, du Swaziland, de la Sierra Leone, du Nigeria, de l’Ethiopie, du Ghana, du Bénin, du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Ghana, du Sénégal et du Gabon.

Aimée Florentine KABORE (Participante)


Statisticiens et journalistes se prononcent

Patricia Ghislaine Etomé, démographe à la direction générale de la statistique du Gabon et chargée de communication dudit service

"Cette formation d’InWent sur la construction d’un pont entre les journalistes et les statisticiens m’intéresse à plus d’un titre. Parce que ça touche à mes deux domaines d’activité que constituent la statistique et la communication. Dès le départ, j’étais convaincue qu’un pont pouvait être érigé entre ces deux parties qui ne sont pas opposées puisqu’elles sont complémentaires. Les médias nous aident à toucher la population et sans eux, nous ne

pouvons pas rêver de promouvoir la statistique, ni faire comprendre à la population l’importance des chiffres. Tout le monde fait des calculs pour gérer son argent et ses besoins quotidiens, c’est donc dire que la statistique fait partie de la vie de chacun.
J’ai apprécié le partage d’expériences des autres participants. Mieux, cette formation nous permettra d’être continuellement en contact les uns avec les autres pour toujours échanger sur nos expériences parce que l’Afrique c’est 53 Etats.

Je m’en voudrais de ne pas relever l’importance du recensement. C’est une mine d’or d’informations sur la population dans tous les domaines durant une décennie. Ainsi, le recensement permet d’avoir une grosse base de metadonnée qui est un recueil d’informations générales sur un échantillon à la taille de la population. Pendant dix ans, c’est dans cette mine d’or que l’on tire tous les renseignements sur la population. Plus la taille de l’échantillon est grande, plus on a des résultats qui sont susceptibles d’être réalistes et touchant la plupart des citoyens. Il faut donc que les gouvernements, les populations, les chercheurs, etc., prennent conscience de l’importance du recensement et que tout le monde prenne le temps de répondre honnêtement à toutes les questions. Personne ne devrait avoir peur du recensement puisque c’est anonyme. Si la population ne donne pas les informations aux agents recenseurs, lors de la collecte, les statisticiens ne pourront pas faire correctement leur travail. Que chacun prenne donc le temps de bien accueillir les agents recenseurs et de répondre à toutes les questions. Cela permet d’avoir une photographie de la société dans tous les domaines, à l’instant T".

Mamadou Niang, directeur du management et de l’information statistique, Sénégal

"Mes attentes ont été comblées. Nous avons appris de nouvelles méthodes qui relèvent beaucoup plus de la communication que du métier de statisticien. Ces aspects sont importants mais ne font pas partie du programme de formation à l’école de la statistique. Au Sénégal, nous avons réalisé la réforme de la statistique depuis 2004-2005. Notre agence nationale fonctionne depuis 2006 et, dès lors, le challenge a été de mettre en œuvre la reforme de la

statistique au Sénégal. Nous avons réalisé un grand pas en ce qui concerne la production des données statistiques mais au niveau de la diffusion, les difficultés demeurent. Je salue donc cette formation alliant relation publique et statistiques et axée sur la construction d’un pont entre les producteurs et les utilisateurs des données statistiques".

Guy Yovo, journaliste à la radio Métropolis Togo et responsable de la Rédaction du journal West africa revue

"En venant à ce cours, je m’attendais vraiment à faire de la mathématique et approfondir mes connaissances en statistiques. Nous venons de terminer et mes attentes ont été comblées.
J’ai appris à interpréter les données statistiques dans un journal, comment informer les lecteurs et auditeurs des données statistiques en fonction des connaissances de mon audience. Nous avons échangé avec les participants des divers pays.

Les échanges entre journalistes et statisticiens nous ont permis de parfaire nos compétences dans nos domaines d’activités respectifs. Nous pourrons maintenant bien travailler les données statistiques pour les rendre compréhensibles par le citoyen lambda".

Fahd N’Diaye, statisticien sénégalais

"Actuellement, nous sommes en train de préparer la publication d’un autre produit. En fait, ce sont les comptes nationaux trimestriels qui seront, pour la première fois, publiés au sein de la zone UEMOA. Le Sénégal sera le cinquième pays à pouvoir publier ce genre d’ouvrage après le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et l’Afrique du Sud.
Nous sommes donc en train de nous préparer, non seulement pour la publication de comptes mais aussi, pour toutes les ambitions en terme d’image, de communication et de stratégie de dissémination d’informations, afin d’être le plus proche possible des utilisateurs des données statistiques. Notamment le public général, toutes les institutions gouvernementales, les chercheurs et étudiants. A ce titre, notre venue à cette formation est doublement bénéfique. Premièrement, elle va nous permettre de mieux comprendre les attentes de nos utilisateurs et de répondre à leurs besoins. Deuxièmement, elle permet de nous préparer à entrer de plain-pied dans cette communication que nous voulons promouvoir. Entre autres, prendre part aux émissions radio, télévisuelles et être présent dans les colonnes des journaux, d’autant plus que nous sommes entraînés pour de telles exercices durant cette formation que nous venons de terminer. Merci au gouvernement allemand, à travers InWent, pour ce cours en anglais. Car, si nous ne savons pas expliquer aux utilisateurs les choses les plus complexes dans l’expression la plus simple, notre travail sera inutile".

Christophe Assogba, directeur de la Rédaction de la Nouvelle Gazette/Bénin

"Cette formation est très importante pour ma carrière de journaliste parce que je suis un journaliste économique. A ce titre, je travaille avec des données chiffrées. En réalité, les chiffres sont incontournables, dans la vie quotidienne, face à toutes les situations qui s’imposent à nous. Pour nos besoins personnels, nous calculons, ne serait-ce que pour la popote, les ordonnances, etc.
Personnellement, je peux dire grâce à cette formation, j’ai désormais une plus grande connaissance sur le traitement des données statistiques".

Propos recueillis par Aimée Florentine KABORE

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Votre journal Courrier confidentiel N° 51 vient de paraitre.