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Convention collective des journalistes : La bataille est gagnée mais pas la guerre

Publié le vendredi 8 mai 2009 à 04h31min

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Les rapports entre patrons de presse et journalistes ont pendant longtemps été conflictuels, du fait de l’absence d’un cadre réglementaire. Aujourd’hui, c’est chose faite, avec la mise en place d’une convention collective de la presse privée. Signée depuis le 6 janvier dernier, cette convention collective devrait entrer en vigueur le 1er janvier prochain.

L’année 2009 a certainement bien commencé pour les journalistes burkinabè. Après moult difficultés, la convention collective des journalistes et assimilés a enfin vu le jour, le 6 janvier dernier, redonnant espoir à des centaines de journalistes burkinabè vivant dans la précarité absolue. Pourtant, il aura fallu vingt (20) longues années de négociations. A tel point que les plus pessimistes n’y croyaient plus ; l’inquiétude que certains patrons la rejettent est désormais du passé, puisque la convention collective est aujourd’hui une réalité, du moins sur papier.

Patrons et employés sont dorénavant liés par un contrat clair qui définit les droits et obligations de chaque partie. Ce qui est une grande avancée dans l’histoire des médias au Burkina Faso, quand on sait le désordre qui règne dans ce milieu.. La convention définit le cadre juridique dans lequel les journalistes professionnels évolueront désormais, à savoir le statut du journaliste, l’éthique et la déontologie professionnelles le contrat du travail, les rémunérations et classifications professionnelles. L’entrée en vigueur de la convention collective va mettre le journaliste à l’abri des besoins les plus élémentaires et de l’humiliation. Au-delà du traitement salarial, la convention collective est un gage de sécurité pour le journaliste qui pourra travailler désormais dans de meilleures conditions de travail.

Du côté des employeurs, l’entrée en vigueur de cette convention collective sous-entend une augmentation des charges de fonctionnement. La masse salariale des entreprises de presse privée pourrait connaître une augmentation de 30 à 40%. S’il ne fait aucun doute que certains patrons de presse, s’ils le voulaient, peuvent aller même au-delà des conditions minimales fixées par la convention, d’autres par contre, auront du mal à tirer leur épingle du jeu.

Toutefois, les observateurs optimistes et les défenseurs de la convention collective soutiennent que le rendement des entreprises va connaître à la longue, une nette amélioration, aussi qualitativement que financièrement. Une bonne condition de travail pourrait motiver l’employé à donner le meilleur de lui-même, à se former autant que possible et surtout, à surmonter les tentatives de corruption car il est évident que l’on ne peut parler de liberté de presse lorsque les journalistes vivent des conditions de corruption, de précarité et d’instabilité.

Une autre perspective de cette convention collective est l’assainissement progressif de la profession du journaliste. Autant les journalistes seront amenés à se professionnaliser davantage, autant des gens réfléchiront par deux fois avant de créer un journal ou d’ouvrir une radio.
En attendant, employeurs et journalistes appréhendent chacun à sa manière l’application effective de cette convention qui en principe, devrait être appliquée dès 2010. Les patrons vont-ils tenir parole ? C’est la question que les uns et les autres se posent actuellement. Quant aux patrons, ils n’hésitent pas à réclamer des mesures d’accompagnement. Ce sont entre autres un allègement fiscal, une répartition équitable de la publicité étatique et la dépénalisation des délits de presse.

C’est dire donc que le plus dur est à venir.
Autant l’adoption du texte de la convention a mis du temps, autant son application sera un processus de longue haleine. Seule une grande mobilisation des travailleurs des médias pourrait faire fléchir des patrons de mauvaise foi.
La difficulté est que certains journalistes ont pris l’habitude d’attendre que la manne leur tombe du ciel. Les responsables d’associations de journalistes ont joué leur partition. Grâce à leur endurance, ils ont pu aboutir à la signature de la convention. La balle est maintenant dans le camp des journalistes et assimilés. La lutte, avant d’être collective, est d’abord individuelle. Etant donné qu’il n’y a aucune mesure coercitive prévue contre les patrons réticents, il revient aux journalistes de se battre pour arracher progressivement tout ce que cette convention collective leur donne comme droit.

Cela est encore plus valable pour les journalistes du public qui ont été exclus de la convention collective. Leurs conditions de vie et de travail, sans être catastrophiques ne sont pas des plus enviables. Pour une plus grande liberté d’expression dans les médias publics, et surtout pour éviter les trafics d’influence des hommes politiques, un statut particulier devrait être envisagé pour les journalistes du public.

Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

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