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Programme de développement local de la Komandjari (PDLK) : la réalité du terrain

Publié le mardi 8 juin 2004 à 07h35min

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Faisant de la lutte contre la pauvreté, son cheval de bataille, le PDLK en collaboration avec ses partenaires, finance, supervise et suit de près les différentes réalisations des acteurs ruraux sur le terrain : agriculture, élevage, environnement, renforcement des capacités et infrastructures structurantes.

Dans son approche du "faire-faire", le PDLK n’impose aucune activité aux acteurs ruraux, principales cibles du programme. La réalisation d’un micro-projet par un individu ou un groupement n’est possible que lorsque ceux-ci, après avoir exprimé le besoin d’être promoteur d’une activité, ont vu leur requête acceptée par le Comité d’octroi départemental ou provincial. Mieux, chaque promoteur d’une activité se sent impliqué dans sa démarche, dans la mesure ou il contribue au financement de son micro-projet à des taux variables.

Ainsi, dans le volet pastoralisme du PDLK, l’une des activités-phare dans le cadre de la promotion des filières porteuses, est sans conteste, la production laitière. Dans le département de Bartiébougou, à une cinquantaine de km de Gayéri (chef-lieu de la province de la Komondjari), Sobou Binanbé fait office de néo-producteur laitier. Depuis février 2004, ce promoteur "modèle" trait environ 20 litres de lait par jour avec ses cinq (5) vaches (ce qui est une performance en saison sèche). Si ce liquide nourricier est en grande partie destinée à la commercialisation, le promoteur n’oublie pas ses enfants pour lesquels le lait contribue pour beaucoup à l’amélioration de leur santé.

Un double gain pour le propriétaire des vaches qui se réjouit d’avoir "pu économiser 90 000 FCFA" en cinq mois d’exercice. "Un début satisfaisant par rapport à d’autres promoteurs", estime le pastoraliste du PDLK, M. Adama Maïga. Au regard de ce résultat, Sobou Bimanbé ne regrettera pas de sitôt d’avoir contribué à hauteur de 25% au financement de son activité, elle-même, estimés à 440 000 FCFA. Par ailleurs, le promoteur de Batierbougou a bénéficié grâce au PDLK, d’une formation en fauche d’herbe de qualité, élément essentiel pour une production laitière optimum.

A quelques encablures de Gayéri, Goudima Thiombiano, une solide femme de la cinquantaine, entretient fièrement son poulailler. Assurément, rien ne manque en termes d’alimentation à la quarantaine de poulets et de poussins qui s’y trouvent : mil, mil germé, mil concassé, asticots, farine de poisson, etc.

Goudima Thiombiano s’est destinée à l’élevage de la volaille dans le cadre du PDLK, parce que dit-elle : "Cette activité est rentable dans un bref temps", et est d’un coût à ma portée". Et ce n’est pas les 49 300 FCFA qu’elle a pu "mettre de côté en une année" qui la contrediront. En attendant, la brave promotrice attend du PDLK, des couveuses, des races améliorées de poules, une réhabilitation du poulailler, pour une rentabilité plus accrue de ce domaine d’activité qu’elle affectionne.

Fosses fumières et maraîchage aussi

Le groupement Yanidagri (entente en langue gulmalcéma) de Batierbougou, a choisi de s’investir dans la réalisation de fosses fumières. Et cela, après avoir remarqué la grande dégradation des sols de culture.

Entreprise difficile, soit-elle, la réalisation des fosses fumières, a été privilégiée au sein du groupement, à cause de sa destination bienfaitrice : la fertilité des sols, source d’une grande moductivité agricole.

Depuis début 2004, les 15 membres du groupement Yamidagri s’emploient à remplir 4 fosses fumières d’une mixture hétérogène : cendre, argile, déchets d’animaux, (vache, chèvre ou mouton), herbe et eau. Finalité ? Obtenir de la fumure organique, qu’ils déverseront dans le champ commun de sésame d’une superficie de 1,5 ha. Avec cette matière organique, Mwetintoa Thiombiano et ses camarades du groupement, entendent se procurer un "sésame ouvre-toi" à travers la culture du sésame.

A quelques dizaines de kg de la frontière du Niger, Penkatougou à l’Est de Gayéri. Dans ce village, un groupement féminin de 55 membres attend avec impatience, la finition d’un puits de 8 m de profondeur et de 2 m de hauteur d’eau. Malheureusement, la saison pluvieuse qui s’installe et les travaux champêtres qui suivront, remettront l’activité de maraîchage, auquel l’ouvrage est destinée, à plus tard (octobre-novembre). N’empêche Mouyeba Diano, la présidente du groupement féminin mesure déjà le travail qui les attend, elle et "ses femmes". "Nous allons produire, consommer et vendre des oignons, des tomates, du choux, des aubergines, du maïs et des courgettes". Et tous ces produits seront écoulés dans les différents marchés avoisinants et au Niger. Une activité en aval, qui permettra au groupement féminin de Penkatougou de renflouer ses caisses et à chaque membre de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Pour ce micro-projet de 2 millions de FCFA, la contribution des femmes est de 15% pour l’acquisition du matériel et de 2% pour la construction du puits proprement dit.

L’analphabétisme, le gros handicap

Cadres de l’Unité de coordination (UC) du PDLK et animateurs sur le terrain sont unanimes à le reconnaître : l’analphabétisme des populations rurales consiste la plus grande entorse au bon fonctionnement des micro-projets.

Et pourtant, le besoin de les réaliser est venu des promoteurs eux-mêmes. Il y a aussi les multiples retards dans le démarrage ou dans la poursuite des activités de micro-projets. Ils s’expliquent soit par le fait que certains promoteurs ont du mal à mobiliser leur contribution, soit par le fait que d’autres ne donnent pas leurs vrais objectifs.

Pour Mme Chantal Lompo, agronome à l’UC du PDLK, des acteurs ruraux sont plus intéressés par les équipements qu’il reçoivent que par la réalisation de l’activité dans le cadre de leurs micro-projets. Ce qui dénote de l’avis de Mme Lompo, d’un manque d’ouverture d’esprit. Même avis de Abdoulaye Ouédraogo, chargé du renforcement des capacités de l’UC. Pour lui, l’analphabétisme du public-cible est l’une des grandes difficultés dans la mise en œuvre du programme sur le terrain. Heureusement note-t-il, des sessions d’alphabétisation sont assurées par des partenaires techniques.

A ces difficultés, il faut ajouter celles de collaboration avec les services techniques au tout début du programme dues à une insuffisance de compréhension du "faire-faire" par le privé. Nonobstant ces "épines", la philosophie du "faire-faire" du PDLK n’a point été ébranlée et l’autonomie des populations à terme, constitue le leitmotiv du programme.

Gabriel SAMA
Sidwaya

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