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Vote des maliens de l’étranger : Ça fait des envieux au Burkina

Publié le lundi 30 avril 2007 à 07h47min

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L’élection présidentielle malienne s’est aussi jouée dans notre pays où près de 16 500 électeurs étaient appelés aux urnes dans 34 bureaux de vote disséminés à travers le Burkina. Donc comme au bord du Djoliba, les Maliens vivant sur notre sol ont pu accomplir leur devoir civique ce 29 avril 2007.

Vu du Faso, ce « privilège » accordé aux Maliens de l’étranger fait forcément des envieux quand on sait que la diaspora burkinabè n’a pas encore droit de vote depuis l’étranger.

« On ne vit plus permanemment au Mali, mais on se préoccupe beaucoup de l’avenir de notre patrie. C’est pour cela que nous devons voter pour quelqu’un qui est capable de bâtir le pays ».

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alassane Ongoiba, l’auteur de ces propos, n’est pas seulement un beau parleur, puisque ce vieil homme, qui a pris ses quartiers au Burkina depuis 1974, a toujours participé aux scrutins électoraux maliens. Pour cela, il ne rechigne pas à faire des sacrifices : « J’ai d’abord été dans le bureau de vote situé au quartier Ouidi.

Après vérifications, je n’étais pas inscrit dans ce bureau. J’ai alors poursuivi la marche jusqu’à Dapoya. Là, on m’a informé que c’est à l’ambassade que je devais voter. Heureusement qu’une voiture y allait, et j’en ai profité pour me faire déposer ». Et de fait, c’est au consulat, sis au rez-de-chaussée de l’immeuble abritant l’ambassade, du côté de l’avenue Bassawarga, que notre interlocuteur a pu voter, au bureau N°2.

Comme lui, près de 16 500 Maliens vivant au Burkina sont inscrits sur les listes d’électeurs. Un chiffre non négligeable qui suscite légitimement la convoitise des candidats à la présidentielle, chacun ayant déployé son filet pour réaliser une grosse prise à cette pêche aux voix au Faso.

Si au Mali, la fièvre électorale est montée et s’est manifestée par les meetings géants et les rassemblements forains, au Burkina, les représentants des candidats ont surtout misé sur la campagne de proximité, le porte-à-porte, voire le bouche-à-oreille. Ainsi, dans les localités comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Banfora, Dori, Ouahigouya et Kompienga, les mandants des huit candidats ont fait une cour assidue aux Maliens.

Dans le camp du président sortant, Amani Toumani Touré (ATT), on est confiant. « Notre candidat va gagner dès le premier tour », a déclaré Aïssata Sangaré/Sow de l’ADP, ce conglomérat de partis soutenant ATT. C’est aussi la conviction d’Ali Badara Traoré, représentant du candidat ATT au Burkina.

Il croit dur à la victoire. « Contrairement aux autres, nous, nous sommes organisés depuis longtemps, car une élection, ce n’est pas une surprise-partie ». Il faut dire que 45 partis politiques soutiennent ATT, dont l’ADEMA d’Alpha Omar Konaré (ndlr : actuel président de la Commission de l’Union africaine et ancien président du Mali) et l’Union pour la république et la démocratie (URD) de Soumaïla Cissé (ndlr : actuel président de l’UEMOA). De son côté, Sidi Sidibé, délégué du candidat Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), croit aux chances du président du Rassemblement pour le Mali (RPM) de remporter cette élection.

« On espère beaucoup, mais il faut que les choses se passent dans la transparence, sans pressions et sans fraudes. Déjà, dans certains bureaux de vote hors de Ouagadougou, nos délégués nous signalent des tentatives de fraudes ». L’accusation de fraude est, selon Ali Badara Traoré, un disque rayé : « C’est l’habitude des opposants de crier à la fraude. Sinon, en réalité, chacun connaît ses forces. Le candidat ATT, lui-même, a dit que ce serait une honte pour lui s’il devait frauder pour remporter ce scrutin ».

Mais les délégués de l’opposition persistent et signent : le scrutin est biaisé et tout est fait pour conditionner les électeurs à voter ATT ; pour preuve, cette photo officielle du président candidat qui surplombe les membres du bureau de vote n°2 au consulat. « A Ouidi, par exemple, une photo d’ATT était accrochée dans un bureau de vote. Nous avons demandé qu’elle soit décrochée, mais on nous a dit qu’on pouvait aussi venir mettre une photo de notre candidat. Nous avons refusé, car nous sommes pour le respect des textes.

Finalement, la photo a été enlevée ». A Ouagadougou on dénombre huit bureaux de vote, répartis dans quatre quartiers : Ouidi, Hamdalaye, Dapoya et à la Cité An II (ambassade et consulat). Avec près de 500 votants par bureau, les électeurs maliens dans la capitale burkinabè sont donc près de 4 000.

Pour les partisans d’ATT, la majorité des électeurs sont pour « notre candidat ». Cependant, « nous pouvons être victimes de l’agencement, de la forte centralisation des bureaux de vote. On craint que beaucoup d’électeurs refusent de parcourir des dizaines de kilomètres, voire une centaine, pour glisser un bulletin dans l’urne. A part ça, rien ne nous inquiète ».

Evidemment, dans nos contrées, les difficultés ne manquent pas dans l’organisation des élections. Il y a comme un cafouillage dans la préparation du scrutin, car beaucoup de personnes éprouvent du mal à trouver leur lieu de vote. Ainsi, à l’ambassade, on se bouscule devant le tableau d’affichage pour voir si son nom figure sur la liste des votants. Et quand on est analphabète, il faut qu’un ami, un parent ou une bonne volonté vous aident à vérifier l’existence de votre nom sur les listes. Tout cela crée un embouteillage devant le tableau et même ralentit beaucoup le rythme du vote.

Présidente du bureau de vote n°1, Kadiatou Touré avoue que « beaucoup d’électeurs viennent sans pièces d’identité. Il y a aussi les travailleurs saisonniers qui sont de passage et qui veulent voter alors qu’ils ne se sont pas préalablement fait enregistrer.

Certains viennent, mais on ne trouve pas leur nom sur les listes ; ceux-là, nous les renvoyons vers d’autres bureaux de vote ». Ce sont les mêmes problèmes que l’on rencontre au bureau de vote n°2, présidé par Gaoussou Fofana. « Beaucoup viennent directement à l’ambassade pour voter sans prendre le soin de voir où se trouve leur bureau de vote. Au finish, cela crée des désagréments pour tout le monde ».

Comme au Mali, le scrutin a débuté à 8 heures et était prévu pour prendre fin à 18 heures. L’affluence, qui était « très timide » au départ, a gagné en intensité au fur et à mesure que le temps passait.

Venu voter à 10h30, l’ambassadeur, Toumani Cissoko, s’est dit heureux d’avoir accompli son devoir civique, puis, il a appelé les Maliens du Burkina à suivre son exemple, car « le choix d’un président est très important et doit être une affaire qui concerne tout le monde ». Le diplomate a dit que l’organisation a connu quelques difficultés mais que tout est vite rentré dans l’ordre et que le scrutin se déroulait de façon normale.

Cette présidentielle a été l’occasion, pour le Mali, d’expérimenter le bulletin unique. Lorsqu’un électeur se présente au bureau de vote avec tous ces papiers en règle, on lui remet l’encrier et un bulletin unique, sur lequel figurent les photos de tous les candidats ; après le vote, l’électeur doit ramener l’encrier, qu’il remet aux assesseurs ; quant au bulletin de vote, il le glisse dans l’urne transparente avant d’aller plonger son annulaire de la main gauche dans une encre « indélébile ».

Avec ce signe, il lui est difficile de pouvoir voter de nouveau. Le fait de ramener l’encrier permet d’éviter qu’un étourdi ou un malintentionné disparaisse avec, perturbant ainsi le déroulement du scrutin.

A la fermeture des bureaux de vote, le dépouillement devait se faire sur place et les résultats être affichés. En 2002, c’est au second tour qu’ATT avait été élu président. En 2007, réussira-t-il l’exploit de se faire élire dès le premier round ? On le saura dans les jours à venir. C’est, en tout cas, tout l’enjeu de cette élection apparemment jouée à l’avance.

En quittant l’ambassade, nous avons rencontré, au parking, Moussa Kaboré. Il avait déposé un ami, un Malien qui était dans la file, attendant son tour de voter. Notre interlocuteur n’a pas hésité à nous exprimer son vœu de voir les Burkinabè de l’étranger prendre part aux différentes élections nationales à l’instar des Maliens de l’étranger.

Mais pour cela, il faut que la loi change. Est-ce que la nouvelle Assemblée nationale qui sera mise en place après le 6 mai va se pencher sur ce vœu exprimé de façon itérative par certaines formations politiques et même par des Burkinabè de la diaspora ? Difficile de le savoir pour l’instant. Mais l’avenir nous le dira.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2007 à 14:02, par Le Gonze En réponse à : > Vote des maliens de l’étranger : Ça fait des envieux au Burkina

    Dire qu’au Burkina, les compatriotes expatriés ne votent toujours pas, depuis 1991 que la Constitution est en vigueur...

    • Le 9 mai 2007 à 20:14, par Grace Bado En réponse à : > Vote des maliens de l’étranger : Ça fait des envieux au Burkina

      Les Burkinabe de l’etranger ne votent pas car parait-il cela est administrativement tres difficile a organiser. Pour un pays qui se presente comme un bon exemple en matiere de democratie en Afrique, nous devons avoir honte de ne pas pouvoir permettre a nos freres et soeurs a l’etranger de participer au renforcement de notre democratie ! Nos hommes politiques aiment a dire " Dans la sous region le Burkina est en avance sur tel ou tel plan.." Cette fois-ci ils doivent reconnaitre que dans la sous region nous sommes les derniers dans ce domaine. Pourquoi ? Vous avez peur de quoi ? Si ce n’est pas de la peur alors permettez a vos concitoyennes et concitoyens de la diaspora d’excercer leur droit de vote. Si vous ne savez pas vous y prendre rendez visite a nos freres du Mali, du Senegal pour echange et partage d’experiences.

  • Le 30 avril 2007 à 18:24 En réponse à : > Vote des maliens de l’étranger : Ça fait des envieux au Burkina

    le titre de l’article est COMPLETEMENT FAUX ! Personne n’envie les Maliens de l’Etranger qui ont la possibilite d’exprimer leur suffrage et de participer a la vie politique de leur pays.

    Il faut titrer plutot "LE BURKINA A HONTE !"

    Au Burkina nous sommes champions dans la recherche des excuses et des alilbis pour empecher nos compatriotes de l’Etranger de voter. Blaise et son pouvoir ont des ouvriers specialises pour ce sale travail. Quel honte ! Le Senegal, le Mali et tous les autres pays de la sous-region nous donne des lecons ! Mais chez nous il n’y pas d’oreille suffisamment democrate pour ecouter.

    Il faut qu’on nous dise enfin de quoi les pseudo-democrates burkinabe ont peur ! Pourquoi les Burkinabe de l’Etranger font-il si peur ? Pourquoi la nomenclaura politique "mouille" quand il s’agit de faire voter les Burkinabe de l’Etranger ? Nous EXIGEONS des reponses !

    • Le 26 juin 2007 à 14:51, par yeral En réponse à : > Vote des maliens de l’étranger : Ça fait des envieux au Burkina

      Que ceux qui veullent voter viennent voter. les frontieres du faso m’ont jamais été fermer, qu’ont nous épargne des commentaires inutiles. le vote es un acte souverain et national je ne sais pas comment on peut faire un choix de programme et d’individus en vivant loin de toute les realités du pays sinon c’est du populisme. Ici au faso la vie est dure que ceux qui sont a l’abri de ses intempries nous aident avec des partennaires aux developpement et des ong’s et pour ca on n’a pas besoin de bureaux de votes.

  • Le 30 avril 2007 à 20:04, par José à Paris En réponse à : > Vote des maliens de l’étranger : Ça fait des envieux au Burkina

    En tout cas, bravo au Gouvernement Malien ; on voit que lui au moins, il aime vraiment son Peuple...

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