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Lettre ouverte au premier ministre : "Démissionnez, le peuple n’attend plus rien de vous"

Publié le jeudi 5 avril 2007 à 09h13min

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Foi de Paramanga Ernest Yonli, le Premier ministre recordman de Blaise Compaoré, le Burkina avance. Un évangile que n’épouse pas l’auteur des lignes qui suivent, pour qui le peuple souffre aujourd’hui de la mal gouvernance des dirigeants. Ce n’est donc pas étonnant qu’il indique à "l’enfant terrible" de Tansarga la porte de sortie.

C’est avec un cœur meurtri que nous avons appris que le Burkina Faso avance et que vous êtes fier de l’avoir conduit à ce stade.

Monsieur le Premier ministre, dans tous les secteurs du développement de notre pays, vous avez échoué. Quelques exemples : au niveau de la justice, le Burkinabé réel (c’est-à-dire pauvre) est convaincu d’une seule chose : la justice n’est pas faite pour lui, mais pour les riches.

Nos prisons au Burkina Faso sont remplies de voleurs de poulets et de boucs. Où sont les voleurs de deniers publics ? Où sont les assassins de Norbert Zongo, Thomas Sankara, Henri Zongo, Jean-Baptiste Lingani et bien d’autres ? Car la liste est longue et très loin d’être exhaustive. La liberté d’expression est toujours une quête permanente.

Ceux qui font honnêtement leur travail sont menacés de mort et les griots sont acclamés et chaque jour décorés. En témoignent les récentes menaces contre "L’Evénement", "Le Citoyen", "Bendré", "L’Indépendant". Tous les nantis, vos ministres et vous-même, arnaquez le peuple par de beaux discours à la télévision et à la radio.

Pendant que le peuple meurt de faim et les enfants, de méningite et de paludisme, vous préférez aller soigner vos rhumes en Europe et payer la scolarité de vos enfants à l’étranger en mettant dans leurs esprits qu’ils sont nés pour gouverner. Excellence, la lutte contre la pauvreté est un échec total ; depuis que vous avez initiez cette lutte, le nombre de pauvres croit de jour en jour. Pensez -vous que la lutte contre la pauvreté peut trouver une solution dans les colloques, les séminaires et les ateliers ?

Pensez - vous qu’un riche peut trouver une solution à un mal qu’il n’a jamais connu et dont il n’a jamais entendu parler ? Pardon, vous osez ! Nous vous demandons de bien revoir votre politique au bonheur de la population.

Une pauvreté difficilement justifiable

Dans les rues du Burkina Faso, on voit des jeunes qui tirent des charrettes lourdement remplies, de cartons, de ferraille et d’objets en plastique, côtoyant les véhicules luxueux des voleurs du peuple ; des millions de personnes souffrent de faim chaque jour. Quand vient le soir, ils se couchent sur des cartons et s’abritent sous des charrettes. Ils semblent ne pas être dérangés par les bruits des voitures et des bus qui vont et viennent.

Celui qui demande ‘’pourquoi’’ cherche parfois du réconfort autant que des réponses. En effet, cette question jaillit après une angoisse ou un drame, un accident qui a tué ou blessé un être cher ; ces dernières années nous ont saturés de telles catastrophes, et chaque fois, a été lancé vers Dieu ce même cri : ‘’pourquoi’’ ?

Des millions de personnes au Burkina Faso connaissent une misère noire, les mendiants sont partout, qu’il s’agisse d’infirmes, d’aveugles ou de femmes allaitant leurs enfants. Aux feux rouges, les enfants se précipitent sur les voitures à l’arrêt pour tenter de vendre des sucreries contre quelques piécettes.

Pareille pauvreté est difficilement injustifiable au Burkina Faso, car la plupart des pays sont prêts à donner de l’argent en de milliards pour lutter contre la pauvreté, mais force est de savoir que ça ne parvient jamais à ceux qui en ont vraiment besoin. Au Burkina Faso, les fléaux que sont la pauvreté, l’injustice, la gabegie, la délinquance et l’oppression sont ainsi érigés en système de gouvernance et donnent donc un classement honteux par le PNUD.

Excellence, l’une des principales causes de la pauvreté est le faible taux de participation au marché du travail et plus particulièrement de celui de la population jeune, 65,3% des chômeurs ayant moins de 24 ans. Les périodes de lancement des concours de la fonction publique l’attestent. Dans les zones urbaines, le manque d’emplois augmente le nombre de pauvres.

Aussi, l’absence d’une politique agricole réelle handicape l’élan de nos producteurs, qui voient régulièrement pourrir leurs produits maraîchers (tomates surtout) sans débouché commercial. Une situation de plus en plus exacerbée par la migration des jeunes des zones rurales vers les zones urbaines.

Nous ne nous lasserons pas de poser la plus difficile des questions ‘ : ’pourquoi ?’’

Le Sanmatenga recule

Monsieur le Premier ministre, le Burkina Faso n’est pas Ouaga, Bobo, Fada et Ouahigouya seulement. Le pays n’est pas non plus à l’image de Ouaga 2000, Kossyam ou du Projet Zaca. Le Burkina Faso, c’est aussi Guendbila, Tinakoff, Pensa, Bomboré v2 (sûrement que vous ne connaissez pas ces villages, car ils ne relèvent pas de Paris ou d’une partie de l’Amérique). La population souffre de votre mal gouvernance.

Pendant que les pauvres paysans vendent des animaux, anticipe la récolte de leur mil pour payer la scolarité de leurs enfants, peinent à trouver des places dans les établissements secondaires, les enfants de vos ministres s’amusent avec des sommes colossales injustement camouflées par leur papa et produite sûrement par la sueur des enfants des papas qui souffrent. Alors, nous avons aussi le droit de combattre tous ceux qui sont à l’origine de notre misère, en optant pour le terrorisme national.

Nous sommes proche du peuple et nous vous informons qu’a l’heure actuelle, le peuple n’attend plus rien de vous que de vous dire : démissionnez !

Dans les AVV (Aménagement des Vallées des Volta) de Ganzourgou, l’or blanc est toujours stocké dans les concessions de cotonculteurs et ils n’ont que leurs yeux pour pleurer. Ils sont des laissés-pour-compte, la pluie battra ce coton sous les yeux de nos défenseurs de la subvention du coton à l’extérieur. Quel paradoxe ?

La pauvreté s’accentuera, et tans pis pour eux. Nous n’oserons pas parler de leur voix défectueuse dans cet état. Ils attendent impatiemment, mais le mois de juillet arrivera sans qu’ils touchent la moindre somme, alors que des rencontres et le tour cycliste (boucle du coton) seront organisés à coup de millions.

Monsieur le Premier Ministre, dites-nous ce que vous pensez du Sanmatenga, une province complètement oubliée par ses députés et acclamée par votre Exécutif. Ma province est aujourd’hui celle qui recule le plus, car nos députés ont peur de vous dire la vérité. Nous sommes l’une des grandes provinces ne disposant pas d’écoles de formation, de stade, et de maison de jeunes digne de ce nom.

Nous sommes des Burkinabè de l’ère révolutionnaire. Si votre poste de premier ministre est pour votre bonheur et celui de votre clan, restez pour asphyxier le pays. Au contraire, si vous vous faites des illusions en croyant défendre le peuple, démissionnez.

La dette extérieure, de nos jours, se chiffre à des milliards et est payable dans 50, 60 ans. Dans la dette, des milliards ont été prévus pour lutter contre la pauvreté, j’allais dire sans me tromper contre les pauvres. Monsieur le ministre, comment comptez-vous alors payer la dette ?

Nous vous rassurons donc que les fils de pauvres que nous sommes ne payeront jamais une telle dette, dont nos papas n’ont jamais eu les dividendes et au mode de payement duquel ils n’ont jamais été associés. Prenez donc vos responsabilités avant qu’il ne soit trop tard, car il est déjà très tard ; une seule alternative s’impose à vous. Soit vous démissionnez avec tous vos ministres pour que le pays vive, soit vous restez dans vos fonctions et le pays meurt.

Thomas Sankara disait : « Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple et cherchent à lui imposer le silence ».

Par Samdpawendé Ouédraogo,
Espoir du Sanmatenga
Président de la Fédération
UNIR-MS du Sanmatenga

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 5 avril 2007 à 17:50 En réponse à : > Lettre ouverte au premier ministre : "Démissionnez, le peuple n’attend plus rien de vous"

    * Mon frere, j’ai lu avec stupefaction dans un article recent le montant faramineux des salaires des deputes. J’imagine que les ministres et tous ceux qui sont appeles a la mangeoire beneficient des meme faveurs alors que la majorite de la population se meurt au quotidien.
    * Je vais vous choquer mais les derniers evenements inhumains (tuerie, vengeance populaire, charcuterie humaine....) dont la presse a fait echo, ne m’etonnent pas enormement : quand la justice est au service de la force et de la violence dans une societe, quand les lois de la republique s’appliquent seulement au pauvre et a celui qui n’est pas "un grand quelqu’un", quand on peut tuer, violer, voler les biens publiques, griller les gens...et "il n’y a rien"....eh bien personne n’est dupe, personne n’est bete : chacun se rend justice.
    * Si ceux qui gouvernent ne se ravisent pas a temps, je crains que le pire ne soit a venir. Mais osons esperer, que ceux qui, il n’y a pas si longtemps, pretendaient defendre les interets du peuple s’en souviendront dans un elan de fierte et de patriotisme retrouves.
    * Comme ils pretendent aussi qu’ils sont democrates, il faut que le peuple use aussi de ce creneau, du vote, des greves, de la desobeissance civile pour dire son ras-le bol : chaque peuple merite ses dirigeants dans une certaine mesure.

    • Le 11 avril 2007 à 10:30, par Sergeo En réponse à : La chimère

      Le 17 mars, quand le 1er ministre devait se rendre à Tougan pour une cérémonie, on a vite fait de "racler" l’axe Ouahigouya-Tougan. On a rendu la circulation agréable en faisant disparaître "les escaliers" que brave le commun des citoyens chaque jour. Et avec ça, on veut que le 1er ministre apprécie le pays de la même manière que nous. Tout est beau au pays quand on voyage dans un véhicule climé, escorté, ... sur une voie nouvellement entretenue. Ce n’est qu’une infime facette des choses....

  • Le 6 avril 2007 à 01:49, par BS En réponse à : > Lettre ouverte au premier ministre : "Démissionnez, le peuple n’attend plus rien de vous"

    C est vraiment de bonnes guerre je dirai .Ce Monsieur semblait reveiller les intelos burkinabe s il etait un simple citoyen burkinabe.Je dirai qu il n a pas rate le premier ministre mais helas ! Il n est pas comme moi qui ne parle pas politique.Il est UNIR/MS ca se comprend des lors.Si ce monsieur veut etre compris qu il se degage de son etiquette politique sinon le peuple l assmilera a un Laurent Bado qui a decu plus d un burkinabe.C est vrai ce qu il a dit mais il le fait pour le compte de son part.

  • Le 9 avril 2007 à 22:17, par balby En réponse à : > Lettre ouverte au premier ministre : "Démissionnez, le peuple n’attend plus rien de vous"

    tout est vrai ce que vous venez de dire mon frere .Mais ce serai mieux si vous etiez une simple personne et non un homme politique .le pays a besoins des gens comme vous a l’assemblée mais a vu que vous restez constant.

  • Le 18 avril 2007 à 10:29, par Somazib En réponse à : > Lettre ouverte au premier ministre : "Démissionnez, le peuple n’attend plus rien de vous"

    j’AI BEAUCOUP AIME VOTRE ARTICLE. MAIS CE QUE VOUS LUI DEMANDE ME PARAIT ILLUSOIRE. Tu sais au Burkina, dure au pouvoir celui qui se comporte mal. Positionnement aux postes juteux a ceux qui se comprtent de mal en pire. Que dire d’autre ? Tu as deja tout dis sur le pays, sur la situation et sur le ministre ? La vaste majorite du peuple est malheureusement illetree et meconnaissable en matiere de droit, la corruption est une gangraine imboutable qui s’enracine de plus en plus au fur et a mesure que les atteliers, les forums et autres se tiennent contre elle, la paraisse administrative couvre tout le pays a tel point que les gens dorment sur leur travail alors des milliers de jeunes competents dorment chez eux avec leurs diplomes si non, prennent du the avec...Ce sont autant de maux que l’on ne peut citer qui etranglent le Burkina Faso, un pays connu pour "l’intrigrite" de son peuple et de sa "bonne gouvernance". Je suis fier d’etre Burkinabe mais j’ai honte des dirigeants Burkinabes. le vrai probleme est que ceux qui ne sont pas au pouvoir et critiquent le pouvoir, deviennent comme le pouvoir lorsqu’ils sont appeles a gouverner, alors que faire ? Que dire ? A qui faire confiance ? Ainsi va la vie...C’est donc le sauve-qui-peut. But you know, there is always a time for every thing - Time will tell.

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