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Pasteur Marc Henri Vidal,responsable des paroisses francophones de Washington

Publié le samedi 23 décembre 2006 à 09h08min

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Canadien d’origine française, le Pasteur Marc Henri Vidal est arrivé aux Etats-Unis il y a quatre mois. Universitaire, il dirige une des rares paroisses francophones de Washington dont les ouialles sont originaires d’une vingtaine de pays.

Au début, l’Eglise était surtout européenne (France, Suisse, Belgique), mais depuis quelques années on retrouve beaucoup d’africains et aussi des américains d’expression française. La plupart des fidèles viennent des Ambassades et des Organisations intenationales.
A la veille de Noël, il a accepté s’entretenir avec nous pour parler entre autres des préparatifs de la fête, et de sa célébration aux Etats-Unis. Le Pasteur Vidal nous parle tout d’abord de la formation des Pasteurs.

PASTEUR VIDAL : L’Eglise protestante francophone de Washington est une Eglise de type congregationniste, c’est-à dire que c’est l’Eglise elle même qui décide de son Pasteur ou fait appel à son Pasteur sans qu’il n’y ait obligatoirement des critères extérieurs qui s’imposent.
Toutefois, quand une Eglise est rattachée à la Fédération protestante de France et à un sous /groupe qui sont les communautés d’expression française, il y a des attentes au niveau de la formation, car le minimun que l’on demande pour exercer le ministère, c’est six années d’études universitaires. Moi j’ai fait une formation universitaire de 6 ans au Canada à l’Eglise Prestybitaréenne, c’est vous dire que le critère est sévère.

Les pasteurs protestants reçoivent-ils une ordination ?

PASTEUR VIDAL. Oui et non, il n’y a pas de concept comme dans l’Eglise catholique romaine ou même dans l’Eglise orthodoxe, d’un ministère ou d’un sacrement particulier pour les prêtres qui les mettrait dans une catégorie à part.

Chez les protestants, il y a le principe qu’on appelle sacerdoce universel, toutes les personnes sont responsables devant Dieu et le Pasteur est là comme un animateur. C’est évident que de par sa formation, de par les attentes de la paroisse on verra le Pasteur très disponible pour parler. Et il me plait de dire que dans une Eglise, un Pasteur n’est pas nécessaire pour que les gens se rassemblent et adorent Dieu, un Pasteur est tout au plus utile, il n’est pas nécessaire.

Quelle est la composition du Conseil presbytéral ?

PASTEUR VIDAL. L’Eglise protestante est gérée par un Conseil Presbytéral, on l’appelle également le Conseil de paroisse et parfois le Conseil des anciens. Le mot presbytéral vient du grec qui veut dire ancien, et l’idée des anciens est un peu la même réalité qu’on retrouve dans certains villages où il y avait le conseil des anciens.
Ce sont des personnes qui ont une certaine expérience et auxquelles on confie une certaine responsabilité de direction et de gestion à la paroisse.

L’Eglise protestante francophone de Washington est composée d’une douzaine de membres qui se rencontrent une fois par mois pour discuter des projets et des nouvelles orientations. Bien entendu le Pasteur fait partie de ces membres, il y a un trésorier, un secrétaire, un vice /président. Si moi j’ai des projets ou des suggestions, je les soumets au Conseil et c’est ainsi qu’il y a un sens de communauté qui se développe.

Le Conseil presbytéral dans les paroisses protestantes a t-il un rôle identique à celui des autres confessions chrétiennes ? Quel est le rapport entre le pasteur et le conseil presbytéral ?

PASTEUR VIDAL : Nous avons des systèmes similaires dans le cadre de l’Eglise catholique romaine selon les pays et les régions. Il y a le Conseil des marguilliers qui est chargé la plupart du temps de gérer les questions administratives et financières. Toujours du côté catholique romain, le comité paroissial ou parfois pastoral s’occupe beaucoup plus des questions d’ordre spirituel, par exemple encadrer les fidèles pour la préparation des baptêmes, c’est un peu le parallèle de certains rôles que le Conseil de paroisse peut être appelé à jouer dans l’Eglise protestante.

Le système du Conseil presbytéral est un système qu’on retrouve surtout dans les grandes traditions protestantes : Eglises luthérienne, réformée, méthodiste. Dans cette grande tradition on utilise parfois le terme anglophone « mainline Church » qu’on traduit par église historique, donc il y a souvent une structure plus étalée. Nous avons des gens venant de plusieurs milieux, batisptes, pentecotistes, etc.. mais l’essentiel de la mouvance du culte que nous avons le dimanche est surtout dans une optique un peu plus réformée. Nous avons des chants modernes également, et nous essayons d’avoir un certain équilibre du côté des chansons.

C’est une idée reçue, que les protestants se refusent à représenter la Nativité par une crèche préférant maintenir la tradition du sapin de Noël, arbre qui symbolise le paradis d’Adams et Eve et le dicernement du bien et du mal ?

PASTEUR VIDAL : Je dirais qu’un des grands principes du protestantisme est que rien n’est sacré en soi.
Lorsqu’on dit que nous refusons de représenter la Nativité, je dirais que ce n’est pas tout à fait exact, nous en avons, mais c’est à la liberté de chaque personne d’avoir une crèche ou ne pas en avoir, car nous nous disons que quel que ce soit la représentation que vous aurez, cela ne devrait pas devenir un objet de prière ou un objet sacré. C’est la même chose pour le sapin , il y a des chrétiens qui sont contre et inversement.

Comment entendez-vous célébrer Noël dans votre paroisse ?

PASTEUR VIDAL : Les préparatifs ont commencé depuis longtemps. Il y a une tradition que l’on retrouve dans plusieurs grandes églises protestantes que l’on appelle la couronne de la dent. Les quatre dimanches qui précèdent Noël, on allume des bougies, et il y a des textes particuliers qui sont lus.
Le 1er dimanche c’est la bougie de l’espérance, le 2è, la bougie de la paix, le 3è, c’est la bougie de la foi, le 4è est celle de l’amour.

Dans la nuit du 24 ou 25 décembre on allume la dernière qui est la bougie centrale, celle du Christ, donc 4 bougies avant, et la cinquième le jour J.
Noël ce n’est pas seulement une fête pour les enfants, ou de cadeaux, mais Noël c’est aussi un rappel de l’irruption de Dieu dans le monde, dans l’aventure humaine.
Nous avons au niveau de notre église organisé un service spécial Enfants avec des chants particuliers, du théatre et de distribution de cadeaux. Ce sont les enfants eux-mêmes qui ont fait les prières et les lectures.

Le 24 décembre nous allons avoir un culte où une partie se déroulera uniquement avec la lueur de chandelle, il y aura également la communion, et comme vous le savez les protestants ne prennent pas la communion à tous les services religieux, et donc le 24 au soir je ferai du spécial en ouvrant la communion à tous les enfants de tous âges dans l’optique de mettre l’accent sur l’amour et la grâce de Dieu qui précèdent les décisions de l’être humain.

Quel regard portez-vous sur la manière générale de célébrer Noël aux Etats-Unis

PASTEUR VIDAL : Je constate qu’en Amérique du Nord et probablement dans plusieurs autres pays, Noël prend l’aspect commercial, ce n’est pas méchant, mais il y a cette réalité qui est qu’on oublie parfois l’esprit et le sens de Noël.

Je suis souvent triste quand je vois toute cette consommation qui tourne autour de l’évènement et je prends l’exemple des enfants qui vont jusqu’à réclamer un cadeau précis en découpant dans les catalogues ce qu’il faut leur offrir. Le geste d’offrir ne compte plus et personnellement cela m’agace, car je me dis qu’il faudrait pouvoir rechercher une simplicité en trouvant une autre façon d’offrir des cadeaux.

A la veille de Noël, quel message avez-vous à lancer aux fidèles

PASTEUR VIDAL : C’est un message de paix et d’amour. Je viens d’ailleurs d’envoyer un texte à ce sujet à tous les amis et membres de mon église.
C’est une année qui se termine, un autre chapitre du livre de notre vie est complété. Une nouvelle année va se pointer et nous apporter espoir et confiance. Alors à nous d’en faire la plus belle histoire possible, à nous de remplir ces pages de joie de vivre, de courage et d’amour.
Meilleurs voeux de bonheur.

Haba BARRY
Ambassade du Burkina à Washington

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