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Cinéma/Théâtre : « Les personnes qui souhaitent faire le cinéma ou le théâtre doivent se former », Laure Guiré, artiste comédienne

Publié le vendredi 8 septembre 2023 à 23h20min

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Cinéma/Théâtre : « Les personnes qui souhaitent faire le cinéma ou le théâtre doivent se former », Laure Guiré, artiste comédienne

Le cinéma et le théâtre, même s’ils ne sont pas classés dans le même art, font frontière. Le théâtre reste une école incontournable pour ceux qui souhaitent devenir de grands acteurs. Laure Guiré a embrassé le milieu du théâtre depuis près de 30 ans. En plus d’être artiste comédienne, elle est conteuse et metteuse en scène. Elle est également présidente de l’Association burkinabè des comédiens et comédiennes (ABCC) et initiatrice d’un projet pour impliquer les femmes dans les métiers dits réservés aux hommes dans le cinéma. Dans l’entretien qui suit, elle raconte ses débuts au théâtre et nous donne sa lecture du théâtre burkinabè.

Lefaso.net : En quelle année et comment avez-vous commencé le théâtre et le cinéma ensuite ?

Laure Guiré : Je me suis intéressée fortuitement au théâtre en 1996 lorsque je suis allée suivre une pièce de théâtre avec des amis du quartier. C’était une pièce qui avait été jouée par des Français qui relatait la vie des immigrés à Marseille. J’ai donc été touchée par le récit et toute l’histoire. C’est ainsi que j’ai approché les membres de la troupe qui m’ont emmené voir feu Jean Pierre Guingané. Ce dernier m’a référé à Mimi Diallo alias Kadi Jolie qui m’a fait commencer les répétitions en langue dioula suivie d’une petite tournée. Cependant, je faisais le théâtre et j’avais toujours les pieds à l’université, à la Faculté de sciences économiques et de gestion (FASEG). Pour mes parents, il fallait impérativement avoir la maîtrise. C’est donc après mes études que j’ai pu me consacrer au théâtre. Quant au cinéma, je l’ai commencé suite au théâtre avec un spot publicitaire en 2003 ou 2004.

Quels sont les rôles dans lesquels vous êtes le plus à l’aise ?

Je suis à l’aise dans tous les rôles qu’on me propose. Je refuse d’ailleurs qu’un comédien se laisse typer par un seul rôle. Selon moi, ce n’est pas conseillé car après les gens ne t’identifie qu’à ça. Je ne crois pas qu’il y’ait un rôle auquel je peux dire que je suis identifiée. A part mon rôle dans le film de l’As du lycée où les gens ont gardé l’image de la méchante femme. Sinon j’ai joué différents rôles.

Si vous deviez choisir entre le cinéma et le théâtre, quel serait votre choix ?

Si je devais choisir entre les deux je choisirai le théâtre. Le théâtre est plus vivant à mon avis et tu as l’occasion de voir les réactions de ton public qui te transmet des émotions. Au niveau du théâtre, tu peux jouer dix fois la même pièce mais de façon différente. Tout dépend des émotions, du cadre et de ce que tu as autour de toi. C’est ce que j’aime le plus dans le théâtre. Chaque jour tu te découvres et tu ajoutes de petites choses qui peuvent intéresser davantage. Alors qu’au cinéma tout est déjà en boîte et quand tu regardes c’est déjà fini.

Quelle appréciation faites-vous du théâtre et du cinéma burkinabè ?

Je trouve que dans les deux sens le cinéma a évolué et régressé. Il a évolué dans le sens où nous avons de plus en plus de grands produits sur le marché mais qui ne sont pas forcément de qualité. En tant que comédienne je pense que la façon de faire actuellement fait chuter la vie de l’artiste. Avant, les gens cherchaient de grands moyens pour réaliser les films, mais actuellement ce n’est pas le cas. Ce qui fait qu’on ne vit pas entièrement du métier. Les gens vont chercher leurs cousins, leurs amis et autres pour les faire jouer dans leur films, faute de moyens. Alors que normalement, le cinéma est une industrie qui doit pouvoir rapporter de l’argent.

Actuellement, ce n’est pas encore le cas. Il faut encore plus de formation car les jeunes qui le font ont besoin de formation. Quand les personnes qui sont formées travaillent, ça se sent. Avec de la formation, ce sont peut-être des personnes qui apporteront beaucoup au cinéma burkinabè. Sur le plan du théâtre il faut dire que les gens ne le considèrent pas trop comme un métier sérieux. Pour eux ce sont des plaisantins qui y sont. Et malheureusement ce que tu peux trouver comme investissement au cinéma tu ne le trouveras pas au théâtre. Et avec le covid 19 et la situation du pays, le théâtre a encore perdu de la valeur. Il faut donc des personnes résilientes qui vont se battre pour et faire avec. Néanmoins, il y a beaucoup d’écoles de formation en théâtre.

Quelle est votre actualité et vos projets en cours ?

Actuellement, nous venons de terminer le projet "Femme en création " qui nous a permis de former plusieurs femmes dans différentes régions du Burkina en théâtre. Elles ont reçu un renforcement de capacités en mise en scène et suite à cela elles ont pu écrire leurs propres textes et recruter des comédiens pour créer des spectacles. Nous cherchons actuellement des moyens pour faire la promotion de ces spectacles au grand public. Sur le plan cinématographique, je suis chargée de la direction du casting d’une série qui va bientôt se tourner.

Qu’avez-vous à ajouter ?

Les personnes qui souhaitent faire le cinéma ou le théâtre doivent se former. Il ne faut pas se laisser embrouiller par certaines choses. Il y a souvent des filles qui viennent faire des castings qui m’appellent en tant que présidente de l’Association burkinabè des comédiens et comédiennes suite à de petits soucis. Il arrive que le réalisateur leur demande de se mettre nues, de l’embrasser ou qu’il ne veut pas payer. Toutes ces situations sont, selon moi, dues au manque de formation. Pour éviter cela, je leur demande d’aller vers des écoles ou des centres de formation car entre le théâtre et le cinéma c’est juste un petit pont. Il faut se fixer des objectifs et savoir qu’il y a des gens qui peuvent les aider.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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