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Géopolitique : L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire

Publié le mercredi 26 avril 2023 à 12h00min

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Géopolitique : L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire

Si l’Afrique veut survivre dans un environnement international anarchique, elle doit travailler à augmenter sa sécurité pour éviter d’être envahie par des puissances mondiales expansionnistes qui voudraient étendre davantage leur influence. C’est la conviction de Sylvestre Poda, écrivain, spécialiste en affaires internationales et en analyse économique, qui s’explique dans cette tribune.

Le dilemme de sécurité

A la fin de la seconde guerre mondiale, de fortes tensions géopolitiques caractérisent les rapports entre les deux grandes puissances de l’époque, notamment les Etats-Unis et l’URSS. Ces tensions s’expliquent par la différence des régimes et idéologies politiques. Les Etats-Unis et le bloc de l’Ouest sont de l’idéologie démocrate et prônent le libéralisme, tandis que l’URSS et le bloc de l’Est épousent le communisme comme idéologie.

Ces différences idéologiques vont conduire à ce qu’on appellera plus tard la guerre froide. Le terme « froide » est attribué à cette guerre car les leaders des deux blocs, en l’occurrence les américains et les soviétiques, vont éviter à tout prix un affrontement direct de peur de déclencher un Armageddon nucléaire. Néanmoins, ces deux Etats procèdent à une course à l’armement. Pourquoi s’armer davantage si on a peur de se détruire mutuellement ? C’est un véritable dilemme dont nous allons parler aujourd’hui.

Le dilemme de sécurité est un concept utilisé en théorie des relations internationales. Elle stipule que lorsqu’un État accroit sa puissance militaire pour garantir sa sécurité, cela va être perçu comme une menace par un autre État, qui va à son tour renforcer sa puissance militaire. Les origines de la guerre froide remontent à la guerre civile russe (1917-1921) et à la création de l’Union Soviétique en 1922.

Durant cette guerre civile, les américains et les britanniques ont intervenu militairement pour tenter de stopper les bolcheviks communistes mais sans succès. Cette intervention armée des Etats-Unis et Alliés va accentuer la méfiance des soviétiques communistes qui vont augmenter leur capacité défensive pour contrecarrer les américains au cas où ils tenteraient à nouveau d’attaquer le communisme. La course à l’armement des soviétiques vont à leur tour inciter les américains à s’armer davantage.

En général, un Etat accroit sa puissance militaire pour anticiper une future menace. Si un Etat A attaque ou annexe un autre Etat B à cause de conflits d’intérêts, les autres Etats vont se sentir menacés et s’armer davantage car chacun d’eux pourrait être le prochain sur la liste. Les guerres injustifiées menées par les Etats Unis un peu partout dans le monde ont ouvert les yeux des autres puissances et accru leur méfiance.

C’est pour anticiper la menace américaine que des pays comme l’Inde, la Corée du Nord et le Pakistan ont travaillé à posséder l’arme nucléaire, en plus des cinq membres permanents du conseil de sécurité qui la possédaient depuis la guerre froide. Aujourd’hui, quand un Etat possède l’arme nucléaire, il ne peut plus être menacé par un quelconque Etat.

Et comme beaucoup d’Etats s’arment pour rétablir l’équilibre des puissances, les Etats Unis tentent de conserver leur hégémonie en augmentant leur budget militaire. Par exemple, le 09 Mars 2023, l’Administration Biden a présenté un projet de budget militaire de 835 Milliards de dollars pour l’exercice 2024, ce qui constitue l’un des plus gros budgets militaires en temps de paix.

Le dilemme de sécurité s’explique par l’inexistence d’autorité supérieure, de supra-nation, qui puisse contraindre les Etats à respecter le droit international et à stopper la course aux armements. Généralement, c’est l’Etat hégémonique qui, de par sa puissance militaire ou politique, joue le rôle d’Etat gendarme pour obliger les autres à respecter le droit international. Sauf que parfois, l’hégémon lui-même poursuit la course à l’armement.

Bien évidemment lorsqu’il augmente sa propre sécurité, cela diminue la sécurité des autres. Et pour anticiper la menace, ces derniers vont également accroître leur sécurité. Le dilemme de sécurité est un cercle vicieux.
L’influence du dilemme de sécurité est intimement liée à l’équilibre entre politiques défensives et offensives. Lorsqu’un Etat accroit sa capacité offensive, cela diminue la capacité défensive des autres Etats qui se sentiront menacés.

Par exemple si un Etat A met en service un nouveau missile balistique plus performant, la capacité de l’Etat B à se protéger devient obsolète et inadaptée. Pour essayer de rétablir l’équilibre, l’Etat B va tenter d’augmenter sa capacité défensive en créant un missile antibalistique qui puisse intercepter et détruire le missile ennemi. Mieux, il va aussi développer ses recherches afin de concevoir à son tour des missiles balistiques encore plus performants que ceux de l’adversaire, pour être en mesure d’attaquer les premiers.

En stratégie militaire, tout le monde aime attaquer en premier. C’est le culte de l’offensive. Selon les croyances, attaquer en premier dans une guerre, permettrait de gagner une victoire. Ce qui n’est pas toujours vrai. Et c’est d’ailleurs cette attitude offensive dans la sécurité des Etats qui accélère la course aux armements. Si l’attitude défensive prenait le dessus sur l’offensive dans la sécurité des Etats, la course à l’armement ralentirait considérablement.

Mais malheureusement le réalisme offensif vient nous rappeler que dans la condition d’anarchie internationale, la meilleure façon de maximiser sa sécurité est d’être prêt à l’offensive afin de dissuader les potentiels agresseurs et même d’augmenter ses chances de victoire au cas où la dissuasion ne fonctionnerait pas.

L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire et à la merci des interventions militaires injustifiées. L’idéal aurait été qu’un processus de désarmement international soit appliqué pour planifier la paix dans le monde. Mais la réalité est tout autre. La paix qui caractérise les relations internationales est en vérité une « paix armée ». Cette notion provient de la doctrine selon laquelle la force militaire est la première ou la principale garantie pour maintenir la paix.

Fort de ce constat, l’Afrique si elle veut survivre dans cet environnement international anarchique, doit travailler à augmenter sa sécurité pour éviter d’être envahie par des puissances mondiales expansionnistes qui voudraient étendre davantage leur influence. Elle doit réunir toutes les ressources humaines et intellectuelles pour utiliser son uranium et créer un arsenal nucléaire. Si ce n’est fait, elle continuera d’être pillée au grand dam des populations africaines.

Sylvestre Poda
Ecrivain, spécialiste en affaires internationales et en analyse économique

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Vos commentaires

  • Le 26 avril 2023 à 17:50, par Bajazet En réponse à : Géopolitique : L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire

    @Poda
    Monsieur Poda, vous avez commis une erreur factuelle en écrivant :
    « C’est pour anticiper la menace américaine que des pays comme l’Inde, ... et le Pakistan ont travaillé à posséder l’arme nucléaire, »
    - Vous ne semblez pas savoir que l’Inde n’a jamais été menacée par une puissance occidentale depuis sa création en 1947, pas plus que le Pakistan. L’Inde est une des seules véritables démocraties du Tiers-Monde, la Pakistan ne mérite guère le noble titre de démocratie, mais un peu plus que la Chine, dictature totalitaire impitoyable... et ouvertement colonialiste.
    - Depuis 1949, c’est la Chine qui a constamment menacé et même attaqué l’Inde. La Chine est la menace n°1 contre l’Inde, il y a eu plusieurs guerres dans les hautes montagnes, en particulier après la gravissime invasion du Tibet. Le Tibet est, culturellement bien plus proche du Népal et de l’Inde que de la Chine, c’est une colonie annexée par une guerre injuste de la Chine. À rapprocher des cas de l’Ukraine, de la Finlande des Pays Baltes et de la Pologne. L’Inde a toujours été non-alignée et plutôt en bons termes avec les occidentaux. L’accession de la Chine à la bombe atomique en 1964 a donc puissamment motivé l’Inde à suivre la même voie.
    - Le Pakistan, état né d’une sorte de sécession ultrasanglante de l’Inde a lui aussi connu de nombreuses guerres et batailles avec l’Inde. Cela a conduit à la terrible guerre de 1971, où le Pakistan a perdu le Bangladesh et plus de la moitié de sa population avec de nombreuses atrocités. Le Pakistan ayant systématiquement eu le dessous, il a lui aussi construit sa bombe. Mais pas pour se prémunir des Occidentaux, plutôt contre l’Inde.
    NB
    Enfant né dans les années soixante, j’ai presque été « bercé » par l’écho de ces guerres entre Chine, Inde et Pakistan.

  • Le 27 avril 2023 à 08:23, par kwiliga En réponse à : Géopolitique : L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire

    Ah bon ? L’Afrique ? Mais de quelle Afrique parlez-vous ?
    De la super puissance que constitue notre fédération en gestation avec le Mali ?
    Ne vous inquiétez-vous donc pas de quel putschiste caporal pourrait un jour appuyer sur le fatidique bouton ?
    Et puis, les trois premiers producteurs d’uranium au monde que sont le Kazakhstan, le Canada et l’Australie, ne possèdent aucune arme nucléaire et personne ne les envahit...?
    Bon, ce texte était à mon sens dispensable, on y nage en pleine utopie "Kyelémesque".

    • Le 27 avril 2023 à 22:19, par Unité En réponse à : Géopolitique : L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire

      Voici un titrologue de plus. L’auteur parle de l’Afrique et vous deformez ses propos. Ce texte revêt une réalité internationale incontestable. Il évoque une Afrique unie et non uniquement une confédération de 2 états. Avec des gens comme vous, le chemin est encore long !

      • Le 28 avril 2023 à 07:34, par kwiliga En réponse à : Géopolitique : L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire

        Bonjour Unité,
        Ben, ce que j’essaye d’expliquer, c’est que ce sont des nations qui ont l’arme nucléaire, pas des continents, surtout pas des continents qui sont tellement loin d’envisager un début d’unification.
        Si l’auteur soutenait que l’Afrique du Sud, l’Algérie, ou quelque grande puissance de notre continent, puisse prétendre à l’accession à la dissuasion nucléaire, j’aurais entendu le propos, mais là, on nage en pleine utopie.
        Alors, avec des gens comme moi, ou pas, le chemin sera long, très long, surtout si l’on n’a ni carte ni boussole.

      • Le 28 avril 2023 à 11:41, par Renault HÉLIE En réponse à : Géopolitique : L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire

        Quand on voit l’acharnement avec lequel vos populistes torpillent l’UMOA et la CDEAO, vos fantasmes d’Afrique Unie font sourire les gens sensés.
        Les Burkinabè étant infiniment jaloux de la Côte-d’Ivoire, le pays le plus riche par tête d’Afrique de l’ouest, ils ont toujours torpillé les mécanisme d’union.

  • Le 28 avril 2023 à 05:34, par Bajazet En réponse à : Géopolitique : L’Afrique est malheureusement à la traine de la dissuasion nucléaire

    Ce texte est DÉLIRANT. De plus, il comporte de graves erreurs.
    L’auteur ne semble pas réaliser le niveau d’industrialisation nécessaire, l’arme atomique n’est pas un joujou qu’on acquiert dans un magasin chinois.
    Des pays :
    - où les femmes font 5, 6, 7 enfants,
    - où l’armée est assoiffée de pouvoir,
    - où l’administration est totalement INCAPABLE,
    - où l’on importe l’essentiel de sa nourriture,
    - où le chemin de fer est décrépi,
    et ça rêve de bombinette ?
    FAUT ARRÊTER DE FUMER LA MOQUETTE !

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