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Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

Publié le vendredi 29 mars 2024 à 19h00min

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Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

Dans cette tribune, l’ancien ministre de la culture, Abdoul Karim Sango, s’est exprimé sur la « crise énergétique » que vivent les Burkinabè. Dans l’urgence, il recommande au président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré de mettre en place un comité d’experts indépendants comprenant tous les anciens directeurs généraux, y compris les ministres, pour lui proposer un plan de sortie de crise à court, moyen et long terme. "Ayant tous conduit les politiques publiques en la matière, ils ont une expérience qui peut être utile en cette période. Chacun d’eux a dû développer des initiatives spécifiques pour faire face à la situation que nous vivons en ce moment", soutient-il.

« En ce mois de mars finissant, alors que les Chrétiens catholiques s’apprêtent à fêter la Pâques, les Burkinabè sont confrontés à une des pires crises énergétiques de leur histoire. La situation est devenue quasi intenable puisqu’avec les changements climatiques, la température est très élevée. Cette crise a l’avantage de placer tous les Burkinabè sur un pied d’égalité, les apatrides et les non-apatrides, ceux des villes et ceux des villages. Avec les délestages, on se souvient qu’il n’y a qu’un seul Burkina Faso pour tous.

A cela, il faut ajouter la crise sécuritaire devenue assez préoccupante en dépit des réels efforts nés du volontarisme du chef de l’Etat à résoudre la question, et de l’intervention des forces de défense et de sécurité, et des nombreux volontaires pour la défense de la patrie. On a le sentiment que les Dieux nous sont tombés sur la tête ! Tous ces signes appellent à plus d’humilité pour construire le pays dans l’unité de ces filles et fils. Face à cette crise énergétique, la solution facile, c’est de s’en prendre à la SONABEL et à ses premiers responsables. Or, le problème est plutôt systémique. La réalité est que le Burkina Faso, tout comme plusieurs pays africains, ne dispose d’aucune capacité énergétique autonome pour satisfaire sa population. Le Ghana, le Nigeria, et la Côte d’Ivoire rencontrent des difficultés, sans doute de moindre degré. Ces dix dernières années, en Afrique de l’Ouest, je peux citer le Bénin et le Sénégal comme des modèles qui ont réussi à juguler les délestages avec une relative efficacité.

Voilà pourquoi, il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale. Dans l’urgence, le président pourrait mettre en place un comité d’experts indépendants comprenant tous les anciens DG, y compris les ministres, pour lui proposer un plan de sortie de crise à court, moyen et long terme. Ayant tous conduit les politiques publiques en la matière, ils ont une expérience qui peut être utile en cette période. Chacun d’eux a dû développer des initiatives spécifiques pour faire face à la situation que nous vivons en ce moment. Il n’est pas superflu de rappeler encore une fois que les défis de la nation doivent être gérés en faisant appel à l’intelligence collective des filles et fils. Le sectarisme ne produit que de la médiocrité.

Les problèmes de développement sont suffisamment complexes et exigent de l’intelligence et de l’expérience. Le premier ministre et son gouvernement devraient plutôt s’atteler à rassembler toutes les intelligences du pays pour chercher des solutions durables à ce type de défis plutôt que d’ajouter des fragilités à la fracture sociale déjà béante. Pour survoler la question, puisque je ne suis pas un spécialiste, je voudrais partager quelques idées.

A mon sens, il faut renforcer les actions régionales pour produire plus d’électricité. Le Millénium challenge Corporation était engagé sur un important projet de cette envergure. Hélas, le mécanisme a été suspendu  ! Le financement était évalué à un peu plus de 500 milliards de francs CFA. L’option du nucléaire à l’échelle nationale ne me paraît pas pertinente, peut être une perspective intéressante dans le long terme. L’Afrique du Sud qui est une des plus grandes puissances industrielles africaines, dispose de l’énergie nucléaire, mais fait face à une crise énergétique plus importante que la nôtre.

Nous devons renforcer les centrales solaires en encourageant l’investissement privé national et international avec un peu plus de flexibilité et de transparence dans les procédures. Nous devons, dans ce domaine, encourager la recherche à travers les partenariats sud-sud ou avec les institutions universitaires du nord. J’ai pu observer que nous avons de nombreuses lacunes dans la maîtrise de cette technologie.

Considéré comme une source d’énergie propre, le pays pourra sans doute bénéficier des financements internationaux liés au fonds vert. Les centrales pourraient se spécialiser par région. On pourrait disposer ainsi d’une autonomie énergétique régionale. Le choix d’investir en région doit être accompagné de facilités fiscales. Par exemple, le groupe minier Essakane dispose d’une grande capacité solaire qui devrait profiter un peu plus à la région du Sahel. Et son expérience doit être mise à profit pour les autres mines. »

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Vos commentaires

  • Le 29 mars à 15:25, par Indjaba En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    La déclaration de Sango n’est pas valable seulement dans le domaine énergétique. Elle est aussi valable dans les autres crises et même le développement de façon générale. La souveraineté et le nationalisme ne veulent pas dire vivre en autarcie. On ne pourra jamais s’en sortir seul et surtout en faisant palabres avec les voisins qui s’en sortent surtout.

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  • Le 29 mars à 16:13, par Rodriguez En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    Une contribution bien à propos et riche ; surtout demunie de tout dénigrement !

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  • Le 29 mars à 16:54, par DAY En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    Une bonne lecture de la situation, la contribution de toutes les intelligences, surtout les expérimentés peut apporter beaucoup. On ne demande pas de prendre les propositions pour argent comptant. Mais essayons de nous rassembler sur l’essentiel pour trouver les solutions pour le Faso. Merci au Professeur

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  • Le 29 mars à 17:05, par lamoussaa En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    Ce monsieur, avec tout le respect que je peux lui devoir, raconte sa vie
    Je ne me souviens pas que quelqu’un ait préconisé de vivre en autarcie !
    La preuve, nous sommes interconnectés en électricité avec la Cote d’Ivoire et le Ghana et personne n’est contre cela.
    Les délestages de ces derniers sont consécutives à un incident du coté de l’approvisionnement du Ghana et n’ont rien à voir avec ceux vécus de manière permanente pendant 27 ans !!
    Enfin concernant les anciens experts à réunir en comité, il faut faire le tri. les anciens techniciens et ingénieurs qui peuvent être honnêtement utiles au pays doivent être sollicités.Par contre les anciens mauvais gestionnaires ne sont pas concernés Par exemple si des gens ont acheté un moteur d’un vieux bateau en complicité avec les réseaux mafieux internationaux en lieu et place d’une turbine pour centrale électrique, ils n’en seront pas concernés.
    Et puis ce n’est pas le Niger privé d’électricité pendant des mois qui vous dira que le tout régional est une solution fiable !!

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  • Le 29 mars à 17:26, par Obliviator ! En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    Je suis pourtant persuadé que le Burkina Faso doit bien résoudre ses devoirs de maison d’abord, avant de compter sur les autres pays. Il faut seulement laisser travailler des personnes vraiment compétentes sur la question, et nous verrons bien s’il n’y aura pas des solutions satisfaisantes. Une seule société d’électricité est même très insuffisante pour résoudre tous les problèmes du pays à ce sujet. Et ce n’est point dans des assises générales qu’on résoudra les problèmes du pays.

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  • Le 29 mars à 17:53, par Sans rancune En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    Donc depuis les indépendances jusqu’à nos jours c’est à ceux qui nous ont mis dans cette situation énergétique qu’il faut faire appel ? Changer de paradigmes mon cher. Vous ne maîtrise pas grand chose du nucléaire et de surcroit croyez-vous que les pays dits développés utilisent le solaire à grande échelle ? Moult d’entre eux ont voulu y renoncer sous la pression de gens comme vous mais ils sont revenus à la raison. Leurs centrales nucléaires fonctionnent toujours. Rien ne vous empêche d’approcher les bonnes personnes à la SONABEL pour mieux comprendre le problème d’électricité. Sous votre gouvernance par exemple le contrat pour des mini centrales à Gounghin en dit long.

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  • Le 29 mars à 18:17, par Citoyen LAMBDA En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    Hélas Monsieur ,nombre de burkinabè de bonne foi et compétents ont choisi de se renfermer sur eux et elles mêmes, parce que pour une petite contradiction avec les WAWIAN ,tu es classé apatride . Il est regrettable que le président du FASO et le chef de gouvernement semblent se référer aux réseaux sociaux et au griots de tous acabits pour conduire l’action gouvernementale .
    De nombreux burkinabè techniquement compétents par peur de ne pas être compris ou d’autres frustrés dans leur ministère, préfèrent se replier dans le silence et l’observation ,se taire et ne rien tenter même sous forme de suggestions .
    Espérons, que le président IB dont personne ne doute de la bonne volonté et de la détermination à reconquérir tout le territoire national et à impulser une nouvelle dynamique au développement du pays, pourra avoir la force de se démarquer de toutes ces intrigants et manipulateurs , dont certains habitant à l’étranger ( USA ,France ), qui ,par leurs actes ,déclarations et propos, mettent à mal et même en danger l’unité ,et la cohésion nationales .
    Ce pays regorgent de ressources humaines de qualité dans tous les domaines pour s’en sortir .
    La preuve est que actuellement ,il semble que beaucoup de cadres burkinabè de façon discrète se font facilement recrutés dans les organismes internationaux et dans certains pays en déficit de personnel de qualité et de haut niveau .
    Que Dieu inspire notre cher président et lui donne la force d’unir notre Nation dans la paix des cœurs après avoir débarrassé le pays de la vermine terroriste .

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  • Le 29 mars à 20:00, par PARAT-YELLÉ En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    Beau discours.
    Mais ce sieur a été ministre et doit savoir que notre pays est interconnecté avec la Côte d’Ivoire et avec le Ghana. Il doit savoir aussi qu’il y a le projet dorsale nord pour amener le courant jusque dans les parties nords du pays. Et, cette dorsale nord devrait être alimentée par l’électricité des pays dont j’ai parlé plus haut, du Burkina et plus tard de l’interconnection avec le Nigéria.
    ÇA NE VA PAS PRESENTEMENT ET POURQUOI ?
    Le Ghana connait des problèmes de production donc n’est pas capable de nous fournir les quantités que nous demandons ; les quantités livrées par la côte d’ivoire ont baissé car le niveau des eaux on baissé là-bas aussi et leurs barrages hydroélectriques ne vont pas à 100%.
    Le dernier problème est celui qui est notre. Oui, combien des machines installées ici sont fonctionnelles et pourquoi ?
    La solution de cet ancien ministre de rassembler les anciens directeurs de SONABEL n’apportera rien comme solution par ce que ce que nous connaissons aujourd’hui comme problèmes de nos installations, eux devraient le savoir à leurs temps et l’éviter de loin.
    A mon humble avis, pour ce qui concerne le problème xoté Burkina, il faut que les dirigeants écoutznt plutôt les ’’petits techniciens’’. C’est eux qui voulaient, qui votent mais ne pouvaient et ne peuvent parler. Ils auront l’occasion de parler. Même si il va leur être demandé de donner les réponses sous plis fermé sans noms.

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  • Le 29 mars à 20:35, par Marco En réponse à : Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser que nous pouvons avoir une solution exclusivement nationale », déclare Abdoul Karim Sango

    Oh là là
    Encore une piqure de rappel. Les choses n’iront mieux que si toutes les intelligences seront réunies autour de la marmite et surveilleront de bout en bout le processus de cuisson du plat.
    Extraordinaire de la par d’un ministre du MPP.
    Quel est le seul domaine de la vie publique qui fonctionnait sous le MPP pour que de telles propositions n’aient été faites en son temps ?
    Mieux, le MPP n’avait-il pas exclu les militaires de son gouvernement pendant que nous étions en guerre ? Monsieur SANGO était peut-être absent du pays en ce moment. Mais nous étions là.
    De grâce, laissez ces jeunes là, travailler. Ils en ont la volonté, contrairement à tous ceux qu’on a vu défiler toutes ces années sans résultat et que vous vous évertuez à appeler experts et qui curieusement hors de l’appareil étatique, perdent tous les repères car sevrés de la sève vitale.
    En fait, l’Etat a moins besoin de vos fameux experts qu’eux n’ont besoin de l’Etat, d’où leurs cris d’orfraie répétitif d’exclusion. Ces gens ont largement eu l’occasion en première ligne d’être utiles et ne l’ont pas été. Laissez au moins la chance à d’autres d’essayer autre chose.

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