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Cinéma : A seulement 23 ans, Gaston Bonkoungou compte deux films sélectionnés au Fespaco 2023

Publié le mardi 21 février 2023 à 22h30min

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Cinéma : A seulement 23 ans, Gaston Bonkoungou compte deux films sélectionnés au Fespaco 2023

Gaston Bonkoungou fait partie des rares réalisateurs à avoir deux films sélectionnés à la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou : SOUK est en compétition au Fespaco dans la section « Films des écoles de cinéma » et « Papa Éric le tendre », dans la section « Burkina ».

« SOUK » a déjà reçu plusieurs prix : Stylo d’or au festival panafricain du film d’école de Yaoundé, meilleur son et meilleure photographie en 2022 au festival Clap Ivoire, un festival de courts-métrages réservé aux jeunes cinéastes ouest africains. Gaston Bonkoungou est un jeune réalisateur prometteur qui fait partie de cette relève du cinéma burkinabè à suivre de près. Entretien !

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter davantage à nos lecteurs ?

Gaston Bonkoungou : Je réponds au nom de Wendkoagnda Gaston Bonkoungou. J’ai vu le jour à Ouagadougou à l’aube de ce présent millénaire. Je suis un grand amateur de film. J’ai rejoint l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS-SE) en 2019, tout juste après l’obtention du baccalauréat. Je suis particulièrement intéressé par les thèmes de l’environnement, l’immigration, la liberté et bien d’autres. En résumé, je suis un jeune réalisateur.

Pourquoi avoir choisi de faire carrière dans le cinéma ?

Je ne saurai dire pourquoi j’ai choisi de faire le cinéma. Quelques années plutôt, je me voyais évoluer dans le domaine de l’informatique, peut-être développeur d’application, web ou hacker éthique. Dès la base, je savais que je n’étais pas conditionné à un poste bureautique. J’aime découvrir de nouvelles choses et je n’étais pas prêt à cette routine de vie professionnelle. Tout est fait de paramètres que je ne maîtrise pas, tel l’homme étant un être de conscience et d’inconscience. Par exemple, ma première participation au Fespaco date de 2005 quand j’avais 5 ans mais ces images sont restées gravées dans ma mémoire. Regarder un film faisait partie de mes loisirs. J’ai également participé à des ateliers de formation et des ciné-clubs. Je pense que mon choix de faire du cinéma mon métier est une combinaison de ce que je sais et de ce que j’ignore.

Avez-vous des modèles dans le domaine qui vous ont inspiré et qui continuent de vous inspirer ?

Je souhaite rendre hommage aux réalisateurs burkinabè qui ont contribué par leurs films à nourrir ma culture cinématographique et tout particulièrement à Michel K Zongo qui m’a enseigné, conseillé et m’a permis de découvrir le documentaire de création. J’aime les films de Ken Loach, Damien Chazelle, Michel K. Zongo, Dieudo Hamadi, Hassen Ferhani, Alejandro Gonzales Inarritu, Wong Kar Waï, …

Combien d’œuvres avez-vous à votre actif ?

Pour le moment, « Souk » et « Papa Eric le tendre » sont mes deux films.

SOUK est en compétition au Fespaco dans la section « Films des écoles de cinéma » et « Papa Éric le tendre », dans la section « Burkina ». Qu’est-ce que cette sélection représente pour vous ?

J’étais vraiment très heureux d’apprendre cela. Au Fespaco dernier, je participais à « Yennenga Academy » en tant qu’aspirant cinéaste. Avoir deux films sélectionnés au Fespaco est un pas significatif. Au départ, c’était des bribes d’idées que j’ai réussi à traduire en images avec l’aide de mes camarades étudiants. Cette sélection montre que certaines personnes s’intéressent à ce que je fais. Même s’il y a dans chaque premier film quelques bons moments, l’ensemble n’est pas parfait. Cependant, je sais que je dois travailler davantage pour développer et aiguiser ma vision de réalisateur.

De quoi parlent ces deux films ?

Souk est un film d’école produit en partenariat avec L’Unicef-Burkina. C’est un court-métrage de fiction dont le protagoniste, Binta, une préadolescente, vit dans un camp de déplacés internes avec sa mère et sa petite sœur. Un jour, voyant qu’il n’y a plus d’eau dans leur tente, elle part à la recherche de l’eau, cette eau qui représente la vie. C’est un film que j’ai narré en privilégiant le visuel, le silence et les regards.

Papa Eric le tendre est un court-métrage de 10 mn que j’ai réalisé dans le cadre de l’université d’été de la FEMIS. C’est un portrait documentaire où je pars à la recherche de Papa Eric, un homme qui vit en France depuis plus de 30 ans. Papa Eric est là pour apporter de la joie et de la bonne humeur dans une ville où tout le monde semble triste.

Qu’avez-vous rencontré comme difficultés dans la réalisation de ces films ?

Dans la vie quotidienne, il y a toujours des problèmes qu’il faut résoudre. Chaque film est particulier et regorge de problèmes qu’il faut résoudre. Pour reprendre des mots de François Truffaut : « Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. ». Comme dans un avion, je suis le pilote, Je n’ai suivi qu’une formation théorique en aviation et de surcroit je n’ai pas encore le permis mais il y a des passagers qui croient en mon projet et qui montent dans l’avion avec moi. Je dois décoller et atterrir à bon port. Vous vous imaginez ? Dans un tournage, on voit les limites entre théorie et pratique, nos rêves et la réalité. On fait des erreurs, On en tire des leçons, on s’adapte, on se forge un mental et on passe à un niveau supérieur. Mais à côté de cela, on oublie la souffrance après l’aboutissement du projet.

Des anecdotes à raconter ?

A Paris, il fallait une autorisation de tournage indiquant le lieu de tournage, les rues qu’on souhaite filmer et les heures d’occupation, le droit à l’image... La consigne de l’école est très claire : « Si vous vous faites attraper par la police dans un lieu où l’autorisation n’est pas valable, débrouillez-vous et ne mentionnez surtout pas le nom de l’école ». Lors du tournage de mon film « Papa Eric le tendre », je partais pour un entretien dans un square et je suis tombé sur une manifestation de sans-papiers qui ne se déroule qu’une fois par an. J’ai immédiatement sorti ma caméra et j’ai rejoint la manif. J’ai été bien accueilli et certaines personnes me questionnaient pour savoir si je travaille à BFMTV.

Quels sont vos projets ?

J’ai un projet de court-métrage et un projet de long métrage documentaire en développement. Rien n’est sûr et gagné d’avance, mais je crois fermement que ces projets verront le jour.

Un mot de fin ?

Un grand merci à ma famille qui m’a toujours soutenu et au journal Lefaso.net pour cet l’entretien. Je tiens également à remercier l’équipe technique et artistique sans quoi mes films n’auraient pas vu le jour. Je m’abstiens de citer des noms pour éviter d’oublier certaines personnes.

J’invite tout le monde à venir massivement regarder les films pendant le Fespaco, car c’est grâce au soutien de la population et des cinéphiles que nous résistons toujours. C’est par vos encouragements que l’on s’améliore et se bonifie. Vous transformez nos petits pas en de grands pas. Grand merci.

Entretien réalisé par Fredo Bassolé
Lefaso.net

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