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« Laabli, l’insaisissable » au Fespaco 2023 : Lucarne sur « un fou » que le Burkina n’a pas assez honoré

Publié le lundi 13 février 2023 à 22h36min

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« Laabli, l’insaisissable » au Fespaco 2023 : Lucarne sur « un fou » que le Burkina n’a pas assez honoré

« La tête n’est pas faite pour porter des fardeaux. Elle est faite pour penser, réfléchir, sortir des idées, inventer », aimait à dire Moustapha Laabli Thiombiano, l’homme aux mille idées, qui a rejoint les étoiles, le 6 avril 2020, à l’âge de 74 ans. En dépit de l’immense héritage qu’il laisse dans le monde de la culture, des médias et de l’événementiel, Moustapha Thiombiano n’a pas encore été honoré à sa juste valeur par l’Etat burkinabè.

C’est du reste l’avis de Luc Damiba, réalisateur du documentaire « Laabli, l’insaisissable », en compétition dans la catégorie « Burkina » à la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Dans un entretien qu’il nous a accordé, le samedi 4 février 2023, le cinéaste parle des moments forts du tournage de ce documentaire de 72 minutes. Plus d’un ont écrasé une larme.

Lefaso.net : Quel est votre parcours scolaire, académique et professionnel ?

Je suis né dans la région de l’Est, plus précisément à Pièla, dans la province de la Gnagna. J’ai fait l’école primaire dans cette ville et progressivement à Bogandé qui était la capitale de la province et qui recevait tous ceux qui voulaient faire l’école secondaire. Le seul lycée de toute la province se trouvait donc à Bogandé. Après le BEPC, il fallait encore continuer pour faire le secondaire ailleurs. On a fait les caravanes d’éducation à Fada.

Après le Bac, il fallait venir à Ouagadougou pour faire l’université. Je me suis intéressé au journalisme et à la communication. Après l’université, j’ai fait mes premiers pas à la radio nationale en tant que pigiste. On faisait des reportages pour le journal et quelques émissions qu’on a créées parce qu’on avait le sang chaud. On était curieux. Il y avait des questions qui nous intéressaient notamment la lutte contre la corruption. Pour mon premier boulot, j’ai été coordonnateur des programmes au RENLAC (Réseau national de lutte anti- corruption, ndlr). De là, je me suis intéressé aux questions de développement.

J’ai poursuivi mes études universitaires approfondies en Suisse à l’université de Genève. Je prépare depuis un moment une thèse sur les politiques de lutte contre la corruption dans trois pays. Il faut dire que j’ai toujours eu le cinéma collé à la peau. Je me suis intéressé au cinéma comme une activité de revendication, d’engagement. Avec trois camarades, nous avons créé l’association Semfilms qui veut dire « semer les films ». Nous produisons des films engagés, militants qui dérangent. Pas tout le temps, mais on a parfois envie de faire ces films-là.

Lefaso.net : Quels sont les réalisateurs qui vous ont inspiré ?

On a côtoyé Saint Pierre Yaméogo car, il incarnait ce modèle de cinéaste qui nous fascinait. Saint Pierre Yaméogo était un cinéaste révolté. Ses films étaient de vraies sagas. Saint Pierre Yaméogo a été le parrain de la première édition du Ciné Droit Libre que nous avons créé à la suite de la censure d’un film que nous avons fait sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Vous voyez jusqu’où nous avons voulu nous inspirer de lui. Paix à son âme. A son décès, nous étions vraiment tristes.
Outre Saint Pierre Yaméogo, il y a les grands iconoclastes du Burkina et de l’Afrique comme Sembène Ousmane, autodidacte, qui était aussi un cinéaste engagé. Il y a Idrissa Ouédraogo, Gaston Kaboré et des jeunes que nous avons aussi côtoyés qui sont la fierté du cinéma burkinabè.

Lefaso.net : Combien de films documentaires avez-vous réalisés jusque-là ?
Je suis à près de huit films documentaires. Je ne fais pas de la fiction pour l’instant. Ça ne m’intéresse pas. Je pense que tout ce qu’on vit au quotidien mérite d’être documenté. Ceux qui regardent nos films pensent souvent même que c’est de la fiction. Nous avons fait un film documentaire intitulé « Koglweogo Land » au moment où l’insécurité était grande et que des groupes d’autodéfense ont fait appel à l’Etat sans succès. Nous avons mis nos caméras à l’intérieur de ces groupes d’autodéfense. Nous étions les tout premiers à être arrivés après l’attaque terroriste de Kerboulé où cinq Koglweogo ont été assassinés. Nous sommes arrivés à Kerboulé avec nos caméras alors que la tension était toujours vive et que les assaillants étaient prêts à revenir attaquer les lieux. Il y a eu des jours où nous avons dormi sur des arbres pour sauver nos vies. Filmer des Koglweogo sur des voies et qui tendent des embuscades à des bandits, eh bien, les armes pouvaient crépiter à tout moment et ça crépitait.

A l’inhumation des cinq Koglweogo, nous étions au cimetière avec nos caméras. Tout le cimetière était encerclé par près d’une centaine de Koglweogo. Il faut dire qu’eux tous ne maîtrisaient pas encore les armes. Alors que nos deux caméras tournaient, un Koglweogo a mal manipulé son arme et a tiré sur son pied. Personne n’a bougé parce qu’on ne savait pas ce qui s’était passé. J’ai vu le Koglweogo, l’arme sur le pied. Il n’osait pas bouger. S’il bougeait, les autres pouvaient le considérer comme un traître et le descendre. Les autres Koglweogo ont compris qu’il avait fait une mauvaise manipulation de son arme. Ils l’ont secouru, enlevé sa chaussure pour voir la blessure qu’il s’était faite à l’orteil. Dans ce genre de situation, le danger est permanent. Quand on filme des documentaires de cette nature, il y a des situations où vous êtes assez surpris. On a filmé des arrestations de bandits, ce n’était pas facile. Je ne dirai pas que c’est un film d’anthologie ou que c’est le meilleur film que j’ai fait, mais c’est l’un des films les plus difficiles que j’ai réalisés.

Koglweogo Land a été réalisé par Luc Damiba et Ismaël Compaoré

Lefaso.net : Que faut-il pour être un bon réalisateur de films documentaires ?

Il faut déjà être curieux, être patient. Pourquoi être patient ? Pour faire un documentaire, il faut avoir la confiance de ceux que vous allez filmer. Il faut que vous arriviez à les filmer jusqu’à ce qu’ils oublient la présence même de la caméra. Nous avons suivi les Koglweogo pendant deux ans. Dès qu’ils avaient un événement, ils nous appelaient immédiatement. A un moment donné, ils ne se rendaient même plus compte de la présence de nos caméras. Les gestes étaient tellement naturels qu’on croirait à une fiction. Quand les Occidentaux ont vu ce film, ils nous ont demandé si c’était une fiction. Dans la fiction, il faut un acteur principal, une trame…Ce sont des aptitudes cinématographiques que l’on apprend soit à l’école soit sur le tas. En faisant les films, on se rend compte qu’on a une façon de raconter l’histoire qui peut être un langage universel. On peut faire des films pour soi, pour satisfaire sa curiosité, mais de façon générale, on fait des films pour l’univers. Le film d’un Burkinabè doit être lu par un Chinois, un Japonais même s’il ne comprend pas la langue. De manière pratique, pour faire un bon documentaire, il faut épouser le sujet soi-même.

Lefaso.net : Que représente pour vous la sélection de votre film documentaire « Laabli, l’insaisissable » au Fespaco, film qui rend hommage à Moustapha Thiombiano ?

C’est déjà rendre justice à ce grand acteur culturel, multifacette, multidimensionnel. Un homme de média, un musicien, un acteur de l’événementiel, etc. Nous étions fascinés par ce créateur, cet inventeur. Il faisait la fierté des Burkinabè et était la preuve qu’on pouvait faire beaucoup de choses avec peu de moyens. Il a créé une radio en 1986 sous la révolution. Tout le monde ne concevait pas qu’une radio privée soit créée sous la révolution qui était un régime d’exception. Horizon Fm est la première radio privée d’Afrique. On ne le dit pas assez. Avec 50 000 francs, Moustapha Thiombiano a ouvert la première radio libre pour donner la parole aux citoyens. Aujourd’hui, il laisse un héritage de près de onze stations de radio et une station de télé au Burkina.

La sélection de ce film au Fespaco est un hommage à ce grand Monsieur. N’oublions pas la marque indélébile que Moustapha a laissée au Fespaco. La rue marchande, c’est son innovation. C’est avec lui que le premier SIAO a été préparé sous Sankara même si ce dernier n’a pas vu la première édition. Il a marqué la culture burkinabè de façon indélébile. Peut-être que c’est aussi la façon de raconter son histoire qui a intéressé le jury pour sélectionner ce film. On a commencé le film de son vivant, malheureusement on n’a pas pu le terminer de son vivant. Moustapha Thiombiano a filé à l’anglaise, que dis-je, à l’américaine parce qu’il était plutôt américain avec le style cowboy qui va avec.

Au départ, il avait refusé qu’on réalise un film sur lui. Pendant un ou deux mois, on l’a poursuivi, négocié. Voilà, pourquoi je vous parlais tantôt de patience pour réaliser un film documentaire. Il faut de la patience même pour obtenir l’accord de quelqu’un. Ce sont des nuits de travail, de contact et de recherche.

Lefaso.net : Avez-vous le sentiment que Moustapha Thiombiano n’a pas reçu l’hommage qu’il méritait de la part de l’Etat burkinabè ?

Jusqu’à présent, c’est presque un goût d’inachevé, un goût amer. Nous autres, ses enfants, sentons que l’Etat ne l’a pas encore honoré à sa juste valeur. Il y a eu un projet de faire un buste à son image. Je dénonce ce qui s’est passé. Ils ont pris la statue pour la déposer au Wassa, qui a un autre nom aujourd’hui.

Si vous connaissez l’histoire du Wassa, c’était le dépotoir d’ordures du grand marché de Ouagadougou. Revenu de ses différentes aventures, Moustapha a vu le Wassa et est entré en contact avec la commune pour transformer ce lieu. Il a nettoyé le dépotoir et en a fait un lieu culturel (Wassa club, ndlr) où tout Ouagadougou se retrouvait pour écouter les artistes et danser, etc.

Au fil du temps, la mairie a voulu forcer Moustapha pour lui retirer le coin. Pourtant, il y a beaucoup investi. Ils lui ont retiré le lieu. La statue a été installée sur les lieux alors qu’il y a un contentieux entre la famille de Moustapha et la mairie de Ouagadougou sur cet endroit. Moi, j’aurais préféré qu’on dépose le buste dans un endroit public accessible plus tôt que dans un lieu géré par un opérateur économique qui exploite l’endroit au nom de la commune. Il y a déjà une injustice. Je dénonce ce fait. Si cela peut être corrigé, il est important que l’Etat rende un hommage à Moustapha.

Moustapha Laabli Thiombiano est décédé le 6 avril 2020

Pourquoi pas une rue, une place Moustapha Thiombiano ? La nouvelle rue marchande qui fait face à la cathédrale de Ouagadougou pourrait par exemple être baptisée « Place ou rue marchande Moustapha Thiombiano ». On peut déplacer le buste dans un lieu convenable où les Burkinabè pourront l’honorer. Il y a beaucoup de possibilités pour faire de Moustapha un héros.

En Côte d’Ivoire, Moustapha Thiombiano est un homme qui compte beaucoup pour les Ivoiriens. Avez-vous déjà vu un grand artiste venir au Burkina sans que Moustapha ne soit impliqué dans sa venue ? Alpha Blondy ne venait pas au Burkina tant que Moustapha n’était pas au-devant de l’organisation. Il y a plein d’autres artistes. Il faut que l’Etat reconnaisse Moustapha Thiombiano. Il lui faut lui rendre un hommage national. Il a laissé un héritage incommensurable pour le pays.

Lefaso.net : Avez-vous une anecdote sur la réalisation de ce documentaire ?

Je vous raconte comment je l’ai convaincu d’accepter de se faire filmer. Je suis allé chez lui à plusieurs reprises. On a l’avantage de parler la même langue, le gulmancema. Je lui ai dit que je voulais faire un film sur lui. Il m’a répondu : « Non ! » Une seconde fois, je suis allé, on a pris un café et on a bavardé. Je lui ai dit que j’étais au sérieux sur le projet de film. Là, il me regarde et me dit « Ok ! Mais tu vas me payer ». Je lui ai demandé « Combien ? », parce que je n’avais pas d’argent. ». Il a dit que je devais le payer parce qu’il était une star. Et que mon film documentaire serait bien vendu. Je lui ai donc répondu que son prix était le mien. Il sait très bien que je n’ai pas d’argent pour payer un protagoniste dans un film. Dans un documentaire, on ne paye pas les protagonistes. On négocie et gagne leur confiance. On a rigolé et la semaine suivante, je lui ai proposé qu’on commence le documentaire dans sa région natale à Fada N’Gourma.

Il a marqué son accord et m’a dit qu’il souhaite venir à Fada avec son propre véhicule. Je lui ai dit qu’on allait le devancer pour préparer le terrain, visiter sa radio et voir ses amis. On l´a donc devancé et puis le jour de son départ, il m’appelle pour me dire qu’il ne viendra plus. Il a avancé que la route était en mauvais état et qu’il ne se sentait pas bien. Comme son nom Laabli l’indique, Moustapha Thiombiano était insaisissable, imprévisible. J’ai contacté le directeur de sa radio, Salif Guigma, pour lui dire de convaincre son patron (Moustapha Thiombiano, ndlr) de se rendre à Fada. Il l’a donc appelé et Moustapha Thiombiano a fini par accepter. Il a appelé son chauffeur et ils ont bougé pour Fada. Tout s’est bien passé et il était content. Il a effectivement été sonné par l’état de la voie mais tout s’est vraiment bien passé. Nous avons passé trois jours ensemble, il a rencontré des jeunes et a donné des conférences. On a suivi des films ensemble.

Là où j’ai été vraiment marqué, c’était en Côte d’Ivoire. J’ai fait l’interview avec Alpha Blondy. Ce dernier nous a raconté comment ils se sont rencontrés depuis les États-Unis, comment ils se sont retrouvés à Abidjan à la RTI. Vers la fin de l’interview, Alpha Blondy a fondu en larmes. Il ne tenait pas face à la caméra qu’il a claquée. Il s’est levé et a couru dans sa chambre. Il a pleuré pendant un bout de temps avant de sortir. Il nous a dit avoir reçu un message de Moustapha qui le félicite pour son mariage. Moustapha lui a dit qu’il aurait dû l’inviter à son mariage, puisqu’ils étaient vraiment de grands amis. Et c’est quelques semaines après ce message, qu’Alpha Blondy dit avoir appris la mort de Moustapha sur les réseaux sociaux. Dans ces moments douloureux, il a décidé d’écrire une chanson d’hommage à son ami. Il était sur la table de travail en train d’écouter la voix de Moustapha qu’il a mis dans l’intro de sa musique. Ça l’a beaucoup marqué.

Aïcha Koné aussi a dit que Moustapha Thiombiano était son plus grand ami, son confident. On a fait 20 minutes d’interview et alors que j’avais encore beaucoup de questions à poser, la bonne dame a fondu en larmes. Les liens qui la liaient à Moustapha étaient forts. Personnellement, je crois que j’ai dû verser des larmes à deux ou trois reprises. C’est vrai que je l’ai pleuré à son décès, mais ce n’était pas suffisant. Quand je vois des gens importants qui ne tiennent pas lorsqu’ils racontent leur histoire avec Moustapha, alors par moments, il m’arrive aussi de craquer.

Lefaso.net : Si vous devez résumer l’homme, que direz-vous ?

Non, on ne peut pas résumer Moustapha Thiombiano en quelques mots. Son nom le définit. Laabli, un mouvant, un insaisissable. Il aimait répéter cette phrase qui le résume : « La tête n’est pas faite pour porter des fardeaux. Elle est faite pour penser, réfléchir, sortir des idées, inventer ». Il a dit quelque chose à la fin du film que je retiens également. « Je ne me repose jamais. Ceux qui se reposent sont partis. ».

Lefaso.net : Un mot sur le thème du FESPACO, « Cinéma d’Afrique et culture de la paix » ?

C’est un bon thème, mais je n’aime pas les thèmes à connotation politique bien que je suis engagé. On aurait pu trouver un meilleur thème, plus fort. C’est vrai qu’on a une sous-région un peu en ébullition, mais on aurait pu trouver mieux.

Lefaso.net : C’est peut-être un rappel que le cinéma peut lui aussi participer à la promotion de la paix ?

Le cinéaste le fait déjà. Le cinéaste africain n’est pas un cinéaste à qui on ordonne de faire quelque chose. Personne ne m’a ordonné de faire un film sur Moustapha Thiombiano ou sur les Koglweogo. J’ai le flair, je m’intéresse au sujet, je fais des recherches et je fais le film. Les cinéastes ont déjà abordé à maintes reprises des sujets sur la culture de la paix. C’est juste pour satisfaire à une logique politique.

Lefaso.net : Cela expliquerait-il le remplacement du Togo par le Mali comme pays invité d’honneur à cette 28e édition du Fespaco ?

Je ne connais pas les profondeurs de la décision. Je préfère m’abstenir. C’est peut-être pour des raisons de bon voisinage. Il y a eu le Rwanda, la Côte d’Ivoire. On aurait pu prendre l’Afrique du Sud, l’Ethiopie qui vit aussi une crise. Comme je l’ai dit, le FESPACO ne se limite pas à nos péripéties politiques. Le Fespaco va au-delà de tout cela. Je vois un Fespaco vraiment panafricain. Si on avait un Fespaco idéaliste comme les fondateurs l’ont imaginé, aujourd’hui on n’aurait pas un problème de financement du cinéma et d’organisation du Fespaco.

Le Burkina finance seul à près de 90% le Fespaco, alors que c’était prévu que les autres pays envoient leurs contributions. Selon les textes fondateurs du Fespaco, chaque État membre de l’Union africaine doit envoyer sa contribution pour l’organisation pratique du Fespaco. L’administration aussi devait être une administration panafricaine. A mon avis, ce sont tous ces éléments qu’il faut refonder au niveau du Fespaco. J’aurai souhaité une administration où l’on aurait par exemple des Sud-africains, des Kenyans, des Ghanéens, des Sénégalais, des Ivoiriens, des Marocains, des Égyptiens, etc. Ce n’est pas le cas pour l’instant et c’est dommage. C’est pour cela que ces influences politiques tropicalisées peuvent se produire.

Toutefois, je tiens à féliciter le Fespaco pour sa tenue malgré ces crises locales que nous connaissons. Malgré la crise politique, la situation sécuritaire délicate du pays, on arrive à tenir le Fespaco. On peut féliciter le politique, l’équipe du Fespaco. Même dans une crise, la culture et le cinéma doivent continuer d’exister. C’est paradoxal, mais c’est tout ce qui nous restera quand on aura tout perdu.

Lefaso.net : Votre documentaire a-t-il déjà été présenté à d’autres festivals

Pour l’instant, c’est seulement au Fespaco qu’on l’a présenté. Après, il va faire le tour de l’Afrique. Après le Burkina, Moustapha Thiombiano était Ivoirien, Togolais, Nigérien, Sénégalais. Il a vécu dans tous ces pays-là. Il est né au Togo, a étudié au Ghana, a vécu en Côte d’Ivoire, a fait des concerts dans tous les pays que j’ai cité parce que c’était un grand musicien. Il a été Américain pendant 19 ans.

Lefaso.net : Un mot de fin ?

Je voudrais qu’on retienne que Moustapha Thiombiano a aimé le Burkina et qu’il s’est fait adopter. Même étant né au Togo, il a choisi le Burkina. Il a aimé le Burkina et a tout donné pour ce pays. Il mérite qu’on lui soit reconnaissant pour cela. Il faut lui rendre hommage.

Fredo Bassolé
Lefaso.net


FILMOGRAPHIE DE LUC DAMIBA

LAABLI : L’INSAISISSABLE, 2021 (Burkina Faso)

Dans ce film, il s’agit de restituer la riche vie de ce personnage atypique dans le domaine de la promotion des médias libres au Burkina et en Afrique, du cinéma, des évènements cultures urbains populaires. Le film met en lumière la vie du personnage fascinant de Moustapha Laabli Thiombiano. Ce film documentaire est un hommage à cette icône de la jeunesse africaine, décédé́ le 6 avril 2020.

ILS N’ONT PAS CHOISI, 2018, (Sénégal)

De Yaoundé et Douala à Dakar en passant par Abidjan, ce film documentaire retrace les causes et les effets de l’homophobie en donnant la parole aux personnes de tous bords. Ce film pose le débat sur une réalité certes délicate mais difficile à ignorer : l’homosexualité dans la société Africaine. Il y a celles et ceux qui ont choisi, mais il y aussi et surtout celles et ceux qui n’ont pas choisi ce statut de LGBTI.

KOGLWEOGOLAND, 2018, Burkina Faso

Les koglweogo sont des groupes d’autodéfense opérant dans plusieurs localités du Burkina Faso. Ils sont spécialisés dans la traque des voleurs et autres bandits de grand chemin. Ces dernières années, les populations subissent des braquages sur les routes, dans les marchés voire dans leurs domiciles. Cette situation met à rude épreuve l’État républicain qui peine à assumer ses prérogatives régaliennes de garant de la sécurité.

Face à cette insécurité généralisée et quasi-quotidienne, les Koglweogo constituent une réponse endogène inventée par les populations, surtout dans les régions où le niveau d’insécurité avait atteint des piques. Malgré la présence des forces de défense et de sécurité dans certaines localités et leur rôle d’assurer le droit à la sécurité pour tous, une grande majorité du monde rural et certains citadins approuvent et soutiennent ces groupes d’autodéfenses...

DEIDA HYDARA, SILENCED BY THE GANT, 2014 (Gambie)

Ce film repasse au rétroviseur l’engagement et la vie d’un Journaliste d’investigation hors pair, Deyda Hydara assassiné par le régime Yaha Jammeh en décembre 1994. Des témoignages de membre de sa famille et de ses anciens compagnons montrent une vie de militant, pionnier pour la liberté d’expression en Gambie et en Afrique.

TELE GUERRE, 2006 (Côte d’Ivoire)

Le film documentaire "Télé guerre" est un portrait journalistique sur une chaîne de télé opérant en Côte-d’Ivoire, pays déchiré par une guerre civile depuis plusieurs années. Il s’agit de "Télé-Notre Voie", installé à Bouaké dans la zone rebelle, transformée en machine de propagande au profit des rebelles devenus plus tard "forces nouvelles". Dans ce film on suit le travail difficile des journalistes de cette télé, on voit la pression à laquelle, ils sont soumis pour "colorer" leurs reportages. Ce film donne également la parole à de nombreuses personnes ressources, dans le milieu journalistique ivoirien comme dans le milieu des droits de l’homme et de défense de la liberté de la presse. Ce film qui se veut un regard neutre et inédit sur la vie quotidienne en "zone rebelle", donne également la parole aux simples citoyens dont certains expriment leur ras-le-bol.

BORRY BANA, LE DESTIN FATAL DE NORBERT ZONGO, 2003

“Borry Bana” est une expression en langue bambara qui veut dire "la fuite est terminée". Déjà utilisée par le célèbre combattant africain Samory Touré, Norbert Zongo l’utilisa lors de la fondation de son journal “L’Indépendant”, marquant du même coup la fin de son nomadisme circonstanciel et sa décision d’affronter son destin. En créant son propre journal, il pouvait défendre librement ses points de vue, même si cela fut au péril de sa vie. Il affirmait lui-même : "L’Indépendant sera indépendant ou ne sera pas ". Comme son modèle Samory Touré, Norbert Zongo engagea la lutte finale et "L’Indépendant" fut sa dernière bataille.

SANS TITRE, OU L’ART DE L’ORDINAIRE, 1999, Burkina Faso

Sans titre est un film retraçant des portraits de trois artistes contemporains habitant paisiblement à Ouagadougou, la capitale de Burkina Faso. Sans intervention ni commentaire, le documentaire suit ces jeunes artistes dans leurs activités de routines journalières. À un rythme africain le documentaire conte l’‘histoire d’une vie à une l’autre.

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Vos commentaires

  • Le 14 février 2023 à 08:08, par BROO En réponse à : « Laabli, l’insaisissable » au Fespaco 2023 : Lucarne pour « un fou » que le Burkina n’a pas assez honoré

    HOMMAGE BIEN MERITE A UN PATRIOTE QUI S’EST INVESTI
    QUE LE TOUT PUISSANT L’ACCEPTE DANS SON AMOUR ETERNEL

  • Le 14 février 2023 à 09:10, par Stalinsky En réponse à : « Laabli, l’insaisissable » au Fespaco 2023 : Lucarne pour « un fou » que le Burkina n’a pas assez honoré

    Merçi Luc Damiba pour cette initiative car effectivement Mustapha n’a pas assez été honoré à sa juste valeur. Effectivement nous avion pensé àprès son décés à l’occasion du Fespaco passé de refaire jouer son groupe musical "les Djinaroux" ou il était le batteur avec Jimmy N’goran Hyacinthe comme soliste, Rato Mobio Venance comme organiste et Jean Tapsoba Boozoos le bassiste. Ce groupe qu’on appellait à l’époque les Beatles de l’Afrique a fait tremblé l’harmonie Voltaïque de Maurice Simporé considéré comme le meilleur orchestre de la Haute Volta. C’es ce groupe qui s’est transformé en Bozambo avec Georges Ouédraogo qui a remplacé Mustapha qui était allé au Canada puis aux USA.
    Actuellement Jean Boozoos est là au quartier St Léon, Rato Venance est en France et ils étaient tous d’accord pour venir au Fespaco jouer les morceaux qu’ils ont eu à composer avec Mustapha. Malheureusement nous n’avons pas eu de sponsors. Je vous prie si possible de réaliser cela à ce Fespaco si ce n’est pas tard en contactant Jean Boozoos au quartier St Léon. je vais l’informer
    Il a écrit un livre intitulé "Une vie exceptionnelle Jean Auguste Tapsoba dit Boozoos" qui renferme beaucoup de photos des Djinaroux avec Mustapha.
    Encore une fois merçi.

  • Le 14 février 2023 à 14:59, par ElMagnifico En réponse à : « Laabli, l’insaisissable » au Fespaco 2023 : Lucarne sur « un fou » que le Burkina n’a pas assez honoré

    Article pertinent, percutant et instructif ! Je suis navré d’apprendre que les valeurs intrinsèques du géant Laabli Moustapha n’ont pas été honorées par son pays ! Il faut donc que l’État Burkinabè à travers le ministère de la culture se rachète ! Laabli Moustapha était et demeure un monument dans nos cœurs. Vraiment il avait une tête pleine d’idées. La course de piroguiers au barrage de Tanghin était sa trouvaille. Laabli s’en est allé, la course des piroguiers aussi. Le barrage n’a pas tari. Seules les méninges se sont dilatées !
    Merci à l’Internaute Stalinsky qui nous administre des connaissances sur l’histoire des Djinaroux.
    Merci à Monsieur Luc DAMIBA pour son audace. Que Dieu vous récompense et vous illumine davantage.
    Merci au journal lefaso.net, toujours net, avec la griffe de l’inimitable Fredo Bassolé !

  • Le 20 février 2023 à 11:01, par Adama ILBOUDO En réponse à : « Laabli, l’insaisissable » au Fespaco 2023 : Lucarne sur « un fou » que le Burkina n’a pas assez honoré

    Déjà il faudra dénommer "Toute rue marchande" établie à l’occasion de manifestations publiques nationales à caractère étatique, RUE MARCHANDE LAABLI THIOMBIANO, car il est l’auteur et principal promoteur de cette forme de vulgarisation et propagande (commerce et vente) de produits locaux. Ensuite créer un PRIX LAABLI THIOMBIANO DE LA CULTURE et suivra une place LAABLI THIOMBIANO ! Il mérite tant d’honneurs et de considération pour tout ce qu’il a fait pour le bien-être des burkinabè ! Paix à son âme !

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